Cet ouvrage décortique la place et le rôle des reines de France de la dynastie des capétiens directs de 987 à 1305. Il ne s'agit pas d'un ensemble de biographies, mais bien d'une recherche sur le choix des reines, leur mission – perpétuer la lignée dynastique par la naissance d'un héritier, leur pouvoir – souvent plus grand lors de leurs régences, ou leur apport aux oeuvres religieuses ou profanes ( par des fondations d'abbayes par exemple…) ...
Le sujet est ardu, car il s'agit de reines peu ou pas connues (aux notables exceptions de Aliénor d'Aquitaine et de Blanche de Castille), à une époque où les sources manquent et où chroniqueurs s'attardent peu sur les présences féminines aux côtés des rois (à l'exception du trio Marguerite de Bourgogne, Jeanne de Bourgogne et Blanche de Bourgogne, qui se sont rendues célèbres, à des titres divers, dans l'affaire de
la tour de Nesle, qui servira de trame aux Rois Maudits et à une pièce d'
Alexandre Dumas).
Pour remédier à cette méconnaissance, l'auteure a ajouté une série de courtes notices biographiques à la fin de son ouvrage. A titre personnel, j'aurais préféré que ces présentations soient opérées avant de débuter la lecture du fond de l'ouvrage, car, sur chaque sujet abordé,
Sophie Brouquet illustre ses propos d'exemples tirés de leur vies respectives.
Tour à tour, l'auteur va s'intéresser à : comment choisir une reine (quels sont les objectifs ? Alliance politique, diplomatique ? Choix d'une nouvelle souveraine en l'absence de naissance d'héritier ?…), qu'est ce qui fait la reine (les mariages... et les répudiations, avec notamment toute une partie sur le rejet immédiat par Philippe Auguste de sa deuxième femme Ingeburge de Danemark, et les excommunications et interdits religieux prononcés alors par le Saint-Siège), les maternités (multiples, et parfois suivies de la mort en couche de la reine), l'hôtel de la reine, ses pouvoirs (variables en fonction de leur personnalité et de celle de leur mari), les reines gardiennes du royaume (avec en premier lieu Blanche de Castille bien sûr), la famille de la reine (ou comment elles concilient leur rôle de reine de France avec les intérêts de leur famille ou pays d'origine), leur apport en tant que diplomate, les reines douairières à la mort de leur époux (cette période de veuvage étant celle ou elles sont le plus libre dans leur action), leur relation à la religion catholique, leurs sépultures, et in fine la façon dont l'histoire se rappelle d'elles.
Ce livre s'adresse donc en priorité à ceux qui veulent aller dans le détail, qui suivent des études d'histoire ou qui s'intéressent à la place de la femme au moyen-âge. Si le contenu est riche et informatif, la construction des chapitres est parfois décousue et entraîne des répétitions. D'étranges coquilles d'impression n'ont manifestement pas été repérées avant diffusion du livre. La lecture de livre mérite une certaine attention et, encore une fois, à moins que ne connaissiez très bien Jeanne de Navarre ou Agnès de Méran, je vous invite à commencer le livre par la fin : les notices biographiques.