Citations de Sri Aurobindo (409)
La science, l’art et la technique sont du ressort de Mahâsaraswatî. Elle contient dans sa nature et peut toujours donner à ceux qu’elle a choisis la connaissance intime et précise, la subtilité, la patience, l’exactitude de l’esprit intuitif et de la main consciente, et le regard pénétrant du travailleur parfait.
Mais la nature humaine limitée, égoïste et obscure est inapte à recevoir ces grandes Présences ou à supporter leur action puissante.
Tout d’abord, ce n’est peut-être qu’un vif intérêt intellectuel, une puissante attraction pour l’idée et quelque forme imparfaite de pratique. Ou peut-être y a-t-il un effort, mais il n’est pas favorisé par la nature entière ; peut-être est-ce une décision ou une orientation imposée par une influence intellectuelle ou dictée par l’affection et l’admiration personnelles pour quelqu’un qui lui-même est consacré et dévoué au Suprême. En ce cas, il se peut qu’une longue période de préparation soit nécessaire avant que la consécration irrévocable se produise, et il est des exemples où elle ne se produit pas.
Pour autant même ce très imparfait yoga n’est pas perdu, car aucun effort vers le haut n’est vain.
Le secret du succès dans le yoga est de le considérer non pas comme l’un des buts à poursuivre dans la vie, mais comme le tout de la vie.
C’est une relation plus grande et plus intime que la relation entre Gourou humain et disciple qui relève d’un idéal mental plus limité. Néanmoins si l’intellect a encore besoin de cette conception mentale, qui lui est plus familière, elle peut être conservée tant qu’elle est nécessaire.
Seulement, ne permettez pas à l’âme de s’y attacher, ne laissez pas cette conception mentale restreindre l’afflux d’autres relations avec le Divin et de formes d’expérience plus vastes.
La relation entre Gourou et disciple n’est qu’une l’une des nombreuses relations que l’on peut avoir avec le Divin et dans notre yoga, où le but est une réalisation supramentale, il n’est pas habituel de lui donner ce nom.
Même en Europe, on admet très fréquemment aujourd’hui l’existence de « quelque chose » derrière la surface ; mais on se trompe sur la nature de ce quelque chose et on l’appelle « subconscient » ou « subliminal », alors qu’en réalité il est très conscient à sa façon et qu’il n’est pas subliminal, mais seulement derrière le voile.
Selon notre psychologie extérieure, cet être intérieur est relié à la petite personnalité extérieure par certains centres de conscience que nous pouvons percevoir par le yoga. Un peu seulement de l’être intérieur s’échappe par ces centres et passe dans la vie extérieure, mais ce peu est la meilleure part de nous-mêmes ; c’est à lui que nous sommes redevables de notre art, notre poésie, notre philosophie, nos idéaux, nos aspirations religieuses, nos efforts vers la connaissance et la perfection.
Et si ces offrandes sont symboliques, les autres doivent nécessairement l’être aussi; le sacrifice extérieur lui-même ne peut que symboliser un don de soi intérieur.
Allumer la Flamme divine, offrir le ghṛta et le vin de Soma et chanter la Parole sacrée, voilà ce qui caractérise essentiellement le sacrifice.
L’esprit est maître de son mouvement, unique, immuable, libre, stable, éternel.
Le mouvement, avec toutes ses formes, est créé pour fournir une demeure à l’Esprit qui, étant un, habite innombrable dans la multitude de ses demeures.
C’est l’unique Seigneur qui réside dans le tout et dans ses parties, dans la totalité cosmique comme en chaque être, force ou chose, du Cosmos.
Il est un et indivisible, Être unique en toutes les formes ; et leur multiplicité est un jeu de sa conscience universelle.
Chaque être est donc, dans son essence, un avec tous, libre, éternel, immuable, seigneur de la Vie.
En ce qui concerne la vie éthique et la nécessité de réaliser Dieu, cela dépend de ce qu'on considère comme l'accomplissement des objectifs de la vie. Si une ouverture à la vie spirituelle en fait partie, alors la morale seule ne vous la donnera pas.
La sâdhanâ se fonde sur le fait que la transformation de la nature inférieure s'effectue par une descente de Forces venant des plans supérieurs, et par une ascension de la conscience inférieure jusqu'aux plans supérieurs; mais naturellement cela prend du temps et la transformation complète ne peut s'opérer que par la descente supramentale.
Dans l'être humain, qui est le mental incarné dans la matière vivante, toute la conscience doit s'élever afin de s'unir à la conscience supérieure; il faut aussi que la conscience supérieure descende dans le mental, dans la vie, dans la matière. Ainsi, les barrières seront renversées et la conscience supérieure pourra prendre en main la nature inférieure tout entière et la transformer par le pouvoir du Supramental.
La terre est un champ matériel d'évolution. Le Mental et la Vie, le Supramental, saccidānanda, sont en principe "involués", contenus dans la conscience terrestre; mais seule la matière s'organise tout d'abord; puis la vie descend du plan vital pour donner une forme, une organisation et une activité au principe de vie dans la matière, elle crée la plante et l'animal; ensuite, le mental descend du plan mental et crée l'homme. À présent, le Supramental doit descendre afin de créer une race supramentale.
a réalisation doit, vous le savez, se fonder sur trois mouvements:
(1) l'ascension de la conscience jusqu'à une position au-dessus du mental et l'ouverture de la conscience cosmique;
(2) l'ouverture psychique, et
(3) la descente de la conscience supérieure et de sa paix, de sa lumière, de sa force, de sa connaissance, de son Ânanda, etc. dans tous les plans de l'être jusqu'au physique le plus matériel.
Tout cela doit se faire par l'action de la Force de la Mère, soutenue par votre aspiration, votre dévotion et votre consécration.
Tel est le Sentier. Quant aux autres questions, elles se régleront sous l'effet de ces réalisations et pour cela, vous devez avoir foi en l'action de la Mère.
Les réalisations fondamentales de notre yoga sont:
1. La transformation psychique, afin qu'une dévotion complète devienne le mobile principal du cœur et régisse la pensée, la vie et l'action, en union constante avec la Mère et en sa Présence.
2. La descente de la Paix, du Pouvoir, de la Lumière, etc., de la Conscience supérieure, d'abord dans la tête et le cœur, puis dans l'être tout entier, emplissant jusqu'aux cellules du corps.
3. La perception de l'Un et du Divin infiniment partout, de la Mère partout, et le fait de vivre dans cette conscience infinie.
L'humanité étant ce qu'elle est, l'amour divin n'est peut-être pas encore en mesure de se manifester sur le plan physique avec autant de plénitude et de liberté qu'il pourrait le faire en d'autres circonstances; il n'en reste pas moins aussi intime et aussi intense que l'amour humain. Il est là, attendant d'être compris et accepté, et dans l'intervalle il vous donne toute l'aide que vous pouvez recevoir pour vous élever et vous élargir jusqu'à la conscience où ces difficultés et ces malentendus ne pourront plus se produire, jusqu'à l'état où l'union pleine et parfaite sera possible.
Apporter dans le monde l'Amour, la Beauté et l'Ânanda du Divin est en vérité le couronnement et l'essence de notre yoga tout entier. Mais cette réalisation m'a toujours semblée impossible à moins que la Vérité divine — ce que j'appelle le supramental — et son Pouvoir divin ne viennent pour la soutenir, l'établir et la protéger. Sinon l'Amour lui-même, aveuglé par la confusion de notre conscience actuelle, pourrait bien s'égarer dans ses réceptacles humains; et même s'il n'en était pas ainsi, il se verrait méconnu ou rejeté, ou dégénérerait rapidement et se perdrait dans la fragilité de la nature inférieure de l'homme. Mais quand l'Amour divin descend dans la vérité divine et le pouvoir divin, il commence par revêtir un caractère transcendant et universel; à partir de cette transcendance et de cette universalité, il s'individualise selon la Vérité et la Volonté divines, créant ainsi un amour personnel plus vaste, plus grand, plus pur que tout ce que le mental ou le cœur humain peut à présent imaginer. C'est quand on a ressenti cette descente que l'on peut véritablement devenir un instrument de l'Amour divin pour qu'il prenne naissance et agisse dans le monde.
Dans l'individu, il dévoile son existence totale par l'unité avec tous dans l'universalité. Dans l'individu, il dévoile aussi sa transcendance en tant qu'Éternel en qui se fonde toute l'unité universelle.
Cette sorte de méditation peut mettre le mental dans un état favorable de prédisposition où, par une déchirure ou un retrait du voile, la vision supramentale pourra inonder la mentalité et changer complétement toute notre vision. Une fois ce changement de vision opéré et à mesure qu'il grandit en puissance et en insistance et qu'il occupe toute notre conscience, il se produit finalement un changement dans notre devenir, si bien que nous devenons ce que nous voyons. Dans la conscience de notre moi, nous ne serons pas tant cosmiques qu'ultra-cosmiques, infinis. Dès lors, le mental, la vie et le corps seront seulement des mouvements dans l'infini que nous sommes devenus, et nous verrons que ce qui existe n'est pas du tout le monde, mais seulement cet infini de l'Esprit en lequel se meuvent les grandioses harmonies des images de Son Devenir conscient.