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Citations de Stefan Platteau (76)


Les premiers temps de l'absence sont plus faciles à supporter qu'elle l'aurait cru. On s'habitue, sans doute, à l'intermittence du bonheur, comme on s'habitue à la succession des saisons.
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Peyr lui a dit un jour: "La lumière des étoiles est une chose vivante, Aube, comme l'air, le feu ou les créatures animées d'un souffle. Lorsqu'elle tombe sur nous, quand pleuvent sur nos demeures ses esprits chatoyants, elle éveille d'anciennes, de très anciennes choses dans l'âme humaine."
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Dans les bois alentours, ne souffle pas le moindre vent ; et pourtant, une brise surnaturelle secoue les feuilles du chêne, qui vibrent comme des ailes de papillon. Elles produisent un froissement agréable à l'oreille: une lente expiration qui module dans ses nuances l'esquisse de mots oubliés.
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Le capitaine chasse tout le monde du dortoir arrière, pour que le blessé y demeure seul avec ses fièvres. Cela porte malheur, de dormir auprès d'une personne qui est la proie de la pourriture : les esprits morbides qui s'en extirpent pendant la nuit risquent de venir languir vers vous. S'ils vous effleurent dans votre sommeil, ils vous portent la guigne pour une septaine ; au mieux ils se contentent de vous happer dans leurs sombres songes tourmentés. Moi seul ai l'autorisation de rester pour veiller sur notre patient. Je ne crains rien des mauvaises âmes : je sais des accords de sitar capables de les tenir à distance.
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Il suffit qu'un seul ogre s'en vienne pour que tous les pères cessent aussitôt d'être des valeurs sûres. L'ombre qui protège devient celle qui menace, la terre se délite sous les pieds de quelques pauvres gosses, et leurs racines les tirent au-dedans pour les étouffer. Alors tous les autres mômes lèvent vers l'auteur de leur jour des regards soupçonneux, hantés par une seule et même angoisse : Et le mien ? Est-ce qu'il choisira un jour de me croquer ?
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Des huit grandes planètes, les astres majeurs, Vâli est sans conteste la plus étrange. Les meilleurs astronomes peinent à prévoir son mouvement céleste. Discrète, elle affectionne le crépuscule et l'aurore, mais décrit dans le ciel des ellipses inconstantes. Insaisissable par nature, toujours mouvante, elle détient les clés du voyage.
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Les Chants primordiaux, c'est l'or mystique des bardes : nous passons la moitié de nos vies à les rechercher, et l'autre moitié à les maîtriser. Ils sont les poèmes originels, les tout premiers qui furent faits par le verbe et la note, quand l'homme n'était encore qu'une bête balbutiante. Ils narrent les primes aurores du monde, l'émergence des forces élémentaires, et ces temps mythiques où les planètes emplissaient le ciel de leurs orbes gigantesques. Le Chant de l'océan. Le Chant du feu. Les Séries de la lune. La Geste des bêtes et celle de la Naissance du fer. Ils n'ont pas changé d'un seul soupir depuis des siècles, sans doute des millénaires.
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La lumière des étoiles est une chose vivante, comme l'air, le feu ou les créatures animées d'un souffle. Lorsqu'elle tombe sur nous, quand pleuvent sur nos demeures ses esprits chatoyants, elle éveille d'anciennes, de très anciennes choses dans l'âme humaine.
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Car de par le vaste monde, il n'existe pas de lac, rivière, colline ou montagne qui ne soit animé de sa propre conscience ; et bien que la plupart de ces âmes, depuis les commencements du monde, aient faibli et se soient endormies, il en reste toujours une étincelle plus ou moins vivace ; s'il en allait un jour autrement, le monde deviendrait bien triste.
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Croque, craque, mords et ronge !
Griffes d'ébène et crocs de fer,
Parfum de tombe et patte en pierre,
A l'heure où les ombres s'allongent.

Souffle, racle, grogne et gronde !
Gueule saisit, mâchoire enserre,
S'offre la chair au croque-cerf
La mort qui rôde dessous l'onde.

Je plie bliaux sur mes genoux
J'incline front, et ploie le cou
Pour saluer comme il se doit
L'ourse seigneur de ce bois.
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Cela fait plus de cent vingt ans que mes frères m'ont trouvé devant le portail, mais j'en vivrai volontiers cinquante de plus. En fait, je ne m'arrêterai pas tant que j'aurai au cœur cette envie insensée de boire mes nuits et dévorer mes jours, bénir les étoiles, bâtir des cités de connaissance et de paix, graver dans ma mémoire des visages, des voix, des instants et des songes. Tant de merveilles et de tourmentes à contempler en ce monde, ah, cela ne te rend pas ivre ?
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Nous avons quitté Yvachrir sur le lac, dernière communauté au nord du monde, trois bonnes semaines après la fonte des neiges, à bord des deux gabarres turquoises rachetées aux pêcheurs freyanthi. Dans mon souvenir, ce ne sont que de longs chalands vaguement rectangulaires qui traînent leur coque plate à contre-courant ; mais je sais que Varagwynn, et d'autres compagnons, n'en reparleraient pas ainsi. Ils diraient : « c'était les meilleurs bateaux que l'on puisse trouver pour remonter le Framar vers sa source. Leurs flancs étaient bardés d'esprits protecteurs, des poissons ors accompagnaient leur course, les ondines et les nixes chevauchaient leur sillage. Leurs girouettes étaient d'ivoire finement ajouré, et dans ces girouettes, le vent chantait des mantras. » Qui suis-je pour les contredire ?
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Pour qu’une nouvelle vie puisse voir le jour, il faut obligatoirement qu’une ancienne s’efface quelque part sous les étoiles. (P. 232)
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Flammes amies, dévorez-moi !
Ma chair est digne de vos crocs.
Elle fut aimée, elle fut meurtrie,
Elle m'a conduit en maints arpents.
Délavez mes vieilles couleurs,
Élevez-les en nouvelle aube
Et dansez pour mon souvenir.
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Ainsi débute mon chant : par l'éveil du fleuve à la fissure de l'hiver. Des morceaux de glace se détachent de ses berges, ses flots se gonflent du produit de la fonte, sa panse s'arrondit et devient navigable. Et, tandis qu'il chevauche le Nord, la forêt tout entière reprend vie. Des ombres muettes se préparent à ranimer leurs vieilles chasses, les esprits prisonniers de la terre gelée s'en échappent en sifflant pour sinuer le long des racines.
Puis, un certain jour de printemps, le Vieux fleuve s'avise de nous offrir un présent.
Aux premières brumes matinales, il charrie dans ses doigts glacés un homme aux jambes brisées qui dérive, fiévreux, sur un entrelacs de branches au milieu du courant.
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C’est une sorte d’oracle, ajouté-je sur un ton détaché. Un immortel. Son regard perce la pierre, la brume et les eaux : rien ne lui reste scellé lorsqu’il le lance au loin, depuis son trône du Nord. Il connaît le passé, le présent, l’avenir, et bon nombre de secrets perdus.
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Fourbe est le Vieux fleuve, et fol qui prétend lire le cours de ses eaux. Allez
savoir quelle surprise il nous couve encore...
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C'est un bonhomme plein de surprises, Varagwynn. Tou en l'écoutant, je l'observe du coin de l'oeil. Comme il a l'air tourmenté ce soir ! Tout son corps est tende, contracté, voûté. Or, ce n'est pas un menu corps que celui-là : Varagwynn le long, une arche humaine qui s'élance vers le ciel, se courbe et puis retombe, vaincue par la pesanteur - à vous fendre l'âme, un tel élan brisé !
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Fourbe est le vieux fleuve, et fol qui prétend lire le cours de ses eaux. Allez savoir quelle surprise il nous couve encore...
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Il me reste à chanter les Rois. Les géants de la troisième génération, qui s'élevèrent si haut que les vents se déroutèrent, que des empires d'oiseaux se bâtirent, et que l'on crut toucher les Astres. A ces mots, la forêt se rengorge ; elle s'enivre de sa propre majesté. Je sais alors que j'ai gagné son cœur. Mon conte a flatté l'auditoire ; le barde peut exiger sa récompense. Point de banquet ni de vins fins ; ni de riches présents ni de soie douce. Ce que désire le conteur, en ce moment, c'est la force des branches et la vigueur des racines, c'est le piquant des épines et le bouclier de l'écorce.
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