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Citations de Stefan Platteau (76)


Chacun s’écartait de ses voisins, guettait anxieusement les premiers signes du sortilège autour de soi. Les mourants s’accrochaient désespérément à leurs proches, et ce faisant, les condamnaient au même abominable trépas. Un souffle, un effleurement, une éclaboussure de sang y suffisait.
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Pour la première fois, j'ai vraiment l'impression que le Roi-diseur est à notre portée. Le sentiment aussi, de faire partie d'une vaste communauté tissée à travers le temps, unie par un lien fort : celle des milliers de pèlerins partis un jour à la recherche d'une destinée, de leurs obsessions, ou peut-être simplement d'eux-mêmes.
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Entre l'enfant des fées et nous, une sorte de pacte aurait pu naître : provisoire, peut-être, mais sincère, comme le sont tous ceux qui sont perdus ensemble sur le seuil d'un monde terrifiant.
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Un peu plus loin, la monture et son cavalier bifurquent en s'éloignant de la rive, et s'enfoncent dans les profondeurs de la forêt sauvage, la vieille et puissante forêt qui s'étire sur des lieues et des lieues, serrée entre l'Angmuir et les montagnes; la gardienne des choses passées, le pays des troncs millénaires.
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Dans les bois alentours, ne souffle pas le moindre vent ; et pourtant, une brise surnaturelle secoue les feuilles du chêne, qui vibrent comme des ailes de papillon. Elles produisent un froissement agréable à l'oreille: une lente expiration qui module dans ses nuances l'esquisse de mots oubliés.
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« Très bien. Au conteur de mener le chant. Livre ton récit sans crainte : je suis l’oreille courtoise, la réponse silencieuse, l’âme et le cœur qui écoutent…
— Et la mémoire plus durable que le chêne » ajouta-t-il, montrant ainsi sa connaissance des rituels élémentaires de l’art bardique – et ce disant, un sourire subtil vient étirer les commissures de ses lèvres. « Tu es donc barde. Quel honneur d’avoir l’oreille d’un homme du Vrai-dire ! Me croiras-tu en tous points, si je te raconte des choses, disons, hors du commun ? »
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Entre deux rafales, je viens l'entourer de mes bras amicaux, comme si je pouvais le protéger du souffle voleur. Je colle la bouche près de son oreille :
— Je comprends ton désarroi, ami Dipran, murmuré-je. Je le comprends du fond du coeur. Mais il faut laisser s'en aller le passé, se débarrasser des vieilles pelures. Le Roi-diseur te veut nu, sans masque et sans artifice. Sans béquille aussi... juste Dipran.
Le petit homme halète, les épaules secouées de sanglots.
— Tu es bien plus que ton cormoran, l'encouragé-je. Ce manteau n'est qu'un mirage ; il t'empêche de te découvrir. Laisse-le se démembrer...
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— Nous sommes dans les archives de l'Oracle... C'est fascinant !
Elle se laisse flâner entre les arbres écorchés, effleurant les troncs du bout des doigts, comme s'il s'agissait de livres précieux. La voilà qui s'arrête ; avec précaution, elle déroule une nouvelle pelure de bois ciré. Je viens me placer derrière son épaule pour découvrir avec elle quelques lignes d'une écriture élégante :
« Je sais que je suis femme, mais mon corps prétend le contraire. Dis-moi qui je suis, Roi-diseur, et comment faire comprendre au monde que ma chair est mensongère ? »
Elle relève le nez, rêveuse.
— Faire comprendre au monde que ma chair est mensongère..., répète-t-elle, comme si elle cherchait à recueillir les échos de ce cri du coeur.
Elle se tourne vers moi :
— Ces arbres, de quels drames anciens sont-ils dépositaires ? Si nous prenions la peine de lire toutes les écorces, qu'apprendrions-nous sur la nature humaine ?
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Le capitaine chasse tout le monde du dortoir arrière, pour que le blessé y demeure seul avec ses fièvres. Cela porte malheur, de dormir auprès d'une personne qui est la proie de la pourriture : les esprits morbides qui s'en extirpent pendant la nuit risquent de venir languir vers vous. S'ils vous effleurent dans votre sommeil, ils vous portent la guigne pour une septaine ; au mieux ils se contentent de vous happer dans leurs sombres songes tourmentés. Moi seul ai l'autorisation de rester pour veiller sur notre patient. Je ne crains rien des mauvaises âmes : je sais des accords de sitar capables de les tenir à distance.
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La paternité est un sacerdoce sans concession.
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Je leur construisais de vaniteux châteaux d'avenir ; mais moi, moi j'étais juste une vieille ombre qui rôdait au pied de leurs tours.
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Au fil des ans, j'avais soigneusement tué le peu qu'il y ait jamais eu en moi de conquérant. A cause de mes dispositions d'esprit, jamais rien d'inattendu ne m'arrivait plus, tout n'était que stérile répétition. Ah cette longue et monocorde procession des jours, je m'y abandonnais comme le noyé à l'abîme.
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Alors les Géants se tournèrent vers le soleil levant;ils chantèrent pour que poussent les montagnes ,et pour qu'elles protègent désormais de leurs ennemis, eux et leur terre d'exil.
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Stefan Platteau
Plus fondamentalement, si j’écris quelque chose qui n’est pas manichéen et où l’on suit des héros multiples qui ont leurs failles, leurs moments de lumière et d’ombre, je le dois avant tout au corpus mythologique, ou plus précisément, aux grandes épopées. L’Iliade, la Razzia des vaches de Cooley, le Mahabharata hindou, sont des oeuvre qui m’ont beaucoup formé. Il y a de grandes guerres, des bons et des salauds dans les deux camps, des héros qui s’écroulent et deviennent fous par orgueil, divers aspects de la nature humaine qui surgissent. Cette façon de raconter qu’on avait dans l’Antiquité est infiniment plus riche que celle qu’on a actuellement à Hollywood et qu’on a sans doute depuis l’avènement du monothéisme. Pourquoi ? Parce que ce qui permet d’avoir des bons dans les deux camps, c’est qu’il y a des dieux dans les deux camps, et que ces dieux et déesses sont les pères et mères de héros. Ce n’est plus possible avec le monothéisme où Dieu est dans un seul camp et où les autres sont forcément des mécréants qui doivent être détruits.

https://www.lagardedenuit.com/entretien-avec-stefan-platteau/
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Je sais bien ce que tu penses, vieux brigand ! Tu penses que j'ai fait quelque chose d'horrible. Ça te ressemblerait bien, de penser ça. Pourtant j'en avais le droit : c'étaient mes propres petites filles, les miennes ! Chacun dispose de ses enfants comme il l'entend. C'est la loi... non ?
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C'est quand il est venu la chercher. Il l'a soulevée par la taille pour la serrer très fort contre sa poitrine. Elle était toute menue entre ses gros bras, ses pies battaient dans le vide loin du sol. Il faisait très sombre, mais j'ai quand même bien vu ce qu'il faisait. Il a pris son poignet pour le poser contre sa bouche ; il s'est mis à le couvrir de baisers, puis à le suçoter doucement, les yeux fermés, comme si c'était un quartier de melon. Il ronronnait comme un chat. Et puis soudain, il a fait une affreuse grimace et il a commencé à ronger, comme ça, du bout des dents.
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Les premiers temps de l'absence sont plus faciles à supporter qu'elle l'aurait cru. On s'habitue, sans doute, à l'intermittence du bonheur, comme on s'habitue à la succession des saisons.
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L'assemblée fit silence ; les bardes bruissèrent leur reconnaissance, car Evonwë venait de leur offrir un récit perdu depuis longtemps, même pour les plus sages d'entre eux. Pareil trésor ne se révèle pas tous les jours.
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Tu devines pourquoi je l'emporte ? glissa-t-il au moribond. Parce que j'ai rêvé de ce trône. Je me suis projeté dedans. Je savais qui je voulais être et ce que je ferais de mon règne. Toi, tu n'as pas passé suffisamment de temps à y songer. Ta femme, tes enfants, ton sitar et ta contemplation des Astres : voilà ce qui t'animait. Nous devenons les choses que nous caressons du regard.
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- Ne me remercie pas, le vin libère la parole ; or j'entends bien apprendre de toi ce soir, toutes les vérités que tu m'as tenues cachées la nuit passée.
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