Citations de Stefano Massini (82)
Le silence se fit.
Le silence se fait toujours
quand le hasard et l’humanité trouvent un terrain d’entente.
Si nous persuadons
le monde entier
qu'acheter, c'est vaincre,
alors acheter signifiera vivre.
Car l'être humain, messieurs,
ne vit pas pour perdre.
Vaincre est son instinct.
Vaincre, c'est exister.
Si nous persuadons
le monde entier
qu'acheter, c'est exister,
nous briserons, messieurs,
la vieille barrière qui se nomme besoin. Notre objectif est une planète Terre
où l'on n'achète pas par besoin
mais où l'on achète par instinct.
Ou si vous voulez, en conclusion, par identité.
Alors seulement les banques,
et avec elles Lehman Brothers,
deviendront immortel. (p.848, 10-18)
La menace d'une nouvelle guerre mondiale
est comme un herbicide sur la pelouse de la finance:
ceux qui ont de l'argent le dissimulent
ceux qui en manquent n'essaient pas d'en gagner.
Bref, tout le monde retient son souffle.(p.770-771, 10-18)
Une loi presque mathématique
exige d'autre part
qu'il y ait dans toute famille nombreuse
un membre qui passe au second plan.
En général le caractère le plus calme
ou celui qui donne le moins de souci.
Pour le récompenser, on l'ignore.
C'est une forme d'équité ancestrale
contre laquelle il n'y a pas d'appel qui vaille :
juste une acceptation résignée. (p.631, 10/18)
Ce fut comme si elles se rappelaient soudain
qu'elles existaient vraiment
par elles-mêmes.
Car si jusqu'à présent elles avaient bien eu un rôle
c'était leur rôle à l'usine, à la chaîne de montage,
ou leur rôle domestique : fille, épouse ou mère.
Enfin : un air nouveau !
« Cher monsieur dow
la farine de votre question
n’est
ni le commerce
ni le café
ni le charbon
ni le fer des rails :
ni mon père ni mon oncle ici présents
ne craignent de vous dire que nous sommes
commerçants d'argent.
Les gens normaux, voyez-vous,
n'utilisent l'argent que pour acheter.
Mais ceux qui - comme nous - possèdent une banque
utilisent l'argent
pour acheter de l'argent
pour vendre de l'argent
pour prêter de l'argent
pour changer de l'argent
et c'est avec tout cela
que
croyez-moi
nous pétrissons notre pain. »
page 397
Il se trouve
en effet
qu’une étrange mode
s'était frayée un chemin dans les bureaux de la Bourse :
les banques
qui étudiaient de toutes les façons
d'amputer les salaires américains
s'étaient laissés saisir
par des sentiments de culpabilité sociale
et rivalisaient depuis un certain temps
à celle qui offrirait les cadeaux les plus beaux
aux veuves, aux mendiants et aux paralysés.
Le retour, en termes de pureté éthique,
était fabuleux
page 527
« Tu auras cinquante années pour devenir sage. Tu en auras soixante pour devenir savant »
Le fait est qu'ici, à New York, certes
on nous a accueillis avec tous les égards
mais la vérité, c'est que je suis matière instable.
Il n'y a qu'une seule règle
pour survivre à Wall Street
et elle consiste à ne pas succomber
ce qui signifie
que le financier ne doit pas
lâcher prise un instant :
qui s'arrête est perdu
qui reprend son souffle est mort
qui s'installe est piétiné
qui réfléchit peut le regretter amèrement
et donc courage, Sigmund :
chaque banquier est un guerrier
et ceci est le champ de bataille
Et avec nous les environs.
« À ses yeux, le football prenait de plus en plus l’allure d’une vengeance féministe. » (p. 43)
« Si onze ouvrières se mettent à jouer au football en tapant dans une bombe une demi-heure durant, peut-on imaginer que cela donnera lieu à une histoire normale ? » (p. 87)
« Cela devint une obsession. La moindre raison était bonne pour taper dans le ballon. » (p. 51)
Olivia Lloyd avait le don
de s'approprier les phrases d'autrui ;
elle le faisait sans préférence :
à ses yeux le vétérinaire des vaches valait le ministre des Affaires étrangères
si bien qu'avant chaque match
elle disait aux autres filles
"Les possibilités de perdre ne m'intéressent pas",
et c'était les mots de la reine Victoria
avant la guerre des Boers.
Mais bon.
Tout le monde tombait dans le panneau.
Le seul mâle sur le terrain? Le ballon.
... « Crèèève, salope ! » hurla la secte des Mamans qui aurait volontiers empoigné une mitraillette si elle en avait eu une...
mais rien n'aurait arrêté Sherill Bryan : elle était là pour se réapproprier toute la lumière de vingt années d'ombre,
elle contourna un défenseur, en évita un autre, visa la lucarne,
bien haut, bien haut,
là où elle était certaine que le mini-gardien jamais au grand jamais - pas même avec un escabeau n'arriverait,
et plaça un coup de canon,
unique,
indélébile,
gravé dans le marbre de l'histoire du football et de l'humanité entière.
On était le 4 novembre 1917.
Sur la façon de procéder
Philip n'eut aucun doute :
son cousin avait besoin
d'une école intensive
- de méthode allemande -
qui lui inculquât une bonne dose
de violence, férocité, cynisme
et donc
en d'autres mots
Oui monsieur
une école qui fasse de lui un financier.
Les patates en général réfléchissent calmement :
la longue période qu'elles ont passé sous terre
limite
largement
leurs soubresauts à la surface.
Une seule chose distingue l'homme des dieux :
c'est le fait que le premier se fatigue.
Les dieux ne se dépensent pas
Les dieux ne s'essouflent pas
parce qu'ils ont de toute évidence
aux étages supérieurs
une forme ininterrompue d'énergie.
Parfait.
Inspirons-nous de ce modèle.
Copions-le.
En d'autres termes, donnons à tous les hommes
un combustible divin !
L'humanité n'aura plus de limites
car nous fournirons de l'énergie aux moteurs.