Citations de Stéphanie Bodet (89)
Souviens-toi
Tu es cela
Poussière d'étoile et graine d'univers
Souviens-toi
Tu es cela
Petit poisson voguant dans le vaste océan Souviens-toi
Tu es cela
L'arbre des forêts et la douceur du vent Remember... Tat Tvam Asi...
Elle rêvait d'un avenir désirable. Elle aspirait à une épidémie de rêves, Ur contagion d'idées !
Faites en sorte que votre existence soit un contre-frottement qui arrête le mouvement de la machine.( HENRY DAVID THOREAU)
lI ly aura toujours un couple frémissant
Pour qui cette aube là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau, le vent, la lumière...
Il ne faut jamais revenir au temps caché des souvenirs, du temps béni de son enfance. Car parmi tous les souvenirs, ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous déchirent...
Et souviens-toi que l'ombre est plus légère que celui qui la porte. (NICOLAS BOUVIER)
Lorsque tu crées, laisse-toi porter, m'a-t-elle dit un jour. Mais avant tout, soigne ta technique. La technique est essentielle. C'est la porte de la liberté. Sans elle, tu serais impuissant. Mais une fois acquise, sache t'en libérer. Ne la laisse jamais devenir un but en soi, sans quoi ton ceuvre n'aura pas d'âme.
Nous avons tous des ruminations inexplicables. Impossibles à partager...
En voyageurs, nous avions restreint nos murs et notre toit auX frontières de notre corps, tout à la joie de laisser filtrer le vent et la grande rumeur du monde dans nos chambres intérieures. Heureux de nous laisser dépoussiérer, désencombrer. Le sentiment d'étrangeté que nous éprouvons à l'égard de notre logement, de notre vie, lorsque nous rentrons, n'en est que plus fort. Tout nous parait soudain trop grand ou exagérément meublé.
C'est cette impression de « trop » qui domine. Trop de tout. De linge, de meubles, de vaisselle, de relations, de rendez-vous... Toutes ces choses que nous possédons et qui nous possèdent bien davantage. La plupat du temps, ce flottement entre notre univers et nous, cette incertitude face aux objets, à ce qui façonne notre vie, ne dure pas. Très vite, trop vite peut-être, nous préférons oublier cette sensation inconfortable pour chausser nos pantoufles. Réintégrer l'image familière que nous nous faisons de notre existence. Notre empreinte sur les choses nous rassure. Elles sont bien à nous, nous sommes bien à elles. Sentiments d'appartenance mutuelle et d'identification apaisants...
Certaines fois, plus rares, il se produit une rupture soudaine, un craquement net, que seul peut percevoir celui qui le vit. Aux yeux des autres, rien n'a changé. Mais pour soi, tout est différent. Inquiétante étrangeté. Ce sentiment de séparation est si fort qu'on est prêt à tout abandonner sur-le champ. En réalité, ce qu'on prend pour un brusque chavirement de tout l'être n'est que la rupture de cette étoffe fragile qui noUs reliait au passé et qui avait commencé son lent travail| d'usure en silence. Pour se déchirer tout à fait, il ne lui manquait que l'occasion de se distancier. Ce que procurent le voyage, la rencon tre. L'occasion de poter un regard neuf sur l'existence. Est-ce bien cela ma vie, la vie ? se dit on soudain. Lorsqu 'on en doute, un point de non-retour est atteint.
On n'en revient jamais.
Je me suis laissé prendre à cette présence absence (..). (NICOLAS BOUVIER)
Redonner à l'espace intime sa intime sa valeur primitive de refuge et d'ancrage, d'accueil et de partage. Revenir à l'essentiel au fond, une vie simple, fondée sur Une conscience vigilante. Apprécier le luxe authentique. Le temps, le silence, l'amour et la nature...
Le jardin est une école de philosophie !
- Je suis d'accord, mais en partie seulement. Je crois surtout que vous avez eu la chance de transformer vos corps de songe en corps de logis Vous ôtes un privilégió, ce qui explique que vous soyez aussi sévère et aussi blasé face à la proprióté, qui est, reconnaissez- le, un voeU universel, sourit Emily. Les hommes ne se sont-ils pas de tout temps battus pour un teritoire ? Même les nomades, dont on a soUvent eu tendance à idéaliser le mode de vie, ont besoin d'ancrages. La transhumance de pâturage en pâturage n'a rien de romantique. Elle est seulement dictée par la nécessité de survivre à des climats rigoureux dans une nature aride. Rien à voir avec l'errance extravagante du Wanderer dans le romantisme allemand ! Vous pourriez lire, à l'occasion, L'enracinement, de la philosophe Simone Weil...
- On croit que la maison a le pouvoir de panser les blessures de l'insatisfaction. Les images sur papier glacé nous renvoient à la nostalgie d'un temps suspendu, à la douceur de ces instants que nous qurions do vivre. Des volets bleus, une vieille fontaine dont on imagine le chant apaisant, la poésie d'une glycine en fleur... Nous voilà transportés. Découlent de ces lectures une passivité, une velléité qui se meut en mélancolie doUce et amère. Ce banc, sous la treille, qui attend le contemplatif, parviendrons-nous jamais à nous y arrêter ?...
Prenez l'image du hamac. Le hamac, c'est un concentré de farniente, c'est de l'on irisme à portée de main. C'est une sandale qui glisse nonchalamment du pied quand le sommeil envahit le rêveur... Mais le hamac, comme la chaise longue, n'est en réalité qu'un simulacre de repos, une habile mise en scène, davantage destinée à apaiser I'eil et l'esprit que le corps tout entier.
- Si je puis me permettre, avance Emily, je ne crois pas que "tenir" soit le terme approprié. Thoreau menait Une expérience. C'est très clairement exprimé dans Walden. Il ne voyait sans doute pas l'intérêt de persévérer dans une existence qui n'avait plus rien à lui offrir et dans laquelle il était seul engagé. Il en avait tiré la substantifique moelle, et si elle lui avait appris beaucoup, sur lui- même et les hommes, la poursuivre l'aurait empêché de mener à bien la suite de ses réflexions. Peut-être était-ce également le cas de Rimbaud qui arrêta brusquement d'écrire de la poésie pour s'aventurer à Harar...
- En revanche, j'ai en horreur ces mausolées de béton aUX multiples baies vitrées oUvrant sur la mer oÙ se cognent les oiseaux. La vue, toujours la vue. La lumière, d'accord, mais la vue... La vue sans intelligence et une lumière trop intense et directe pétrifient. Elles condamnent et enferment à l'intérieUr. La maison est le lieu oÙ s'affrontent nos polarités. Se blottir ou sortir. Il faut choisir.
- Mais tout de même, j'ai vu des images de votre maison. C'est un lieu splendide qui reflète un art de vivre singulier, une façon d'être au monde originale et harmonieuse.
- Vous avez dit le mot.. "reflète"... On peut créer I'illusion pour soi-même et les autres mais rappelezvous qu'il s'agit d'un décor. Procurer I'illusion, c'est mon métier. Habiter vraiment, c'est autre chose. C'est une qualité, une disponibilité d'âme que je regrette de ne pas cultiver davantage.
Il faut être à l'écoute de l'espace et de la nature environnante. Et toujours privilégier ses décoration.
-Oui, en effet, i'aime la terre et les nuances qu'elle décline. J'ai peu d'attrait pour le style scandinave en vogue aujourd'hui. Le blanc ne m'émeut pas. Il manque de caractère. L'utiliser, c'est ne pas parvenir à choisir. Et en décoration, comme dans la vie, il faut être capable de faire un choix, de l'assumer. Pour moi, ce n'est pas une couleur. Dans la nature, il n'existe pas, d'ailleurs. Il n'est jamais absolu.
Voyez les nuages, ils ne sont pas blancs, ils sont en perpétuel mouvement et restituent une palette de nuances variées selon la position du soleil. Quant à la neige, elle se définit avant tout par sa substance, plus que par sa couleur. C'est la densité de ses cristaux qui crée ces sensations feutrées, poudrées oU au contraire scintillantes qui en font une matière si propice à la rêverie.
C'est seulement lorsque nous savons habiter que nous pouvons bâtir. (MARTIN HEIDEGGER)