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Critiques de Stéphanie Coste (96)
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Le passeur

Victime du contexte géopolitique de l’Erythrée, Seymoun est un passeur important du trafic de l’espoir qui est désormais son fonds de commerce. Sur la côte lybienne qu’il a rejointe, dans son paradis artificiel créé par le khat et l’alcool, il achète des rafiots craquants de la coque au pont pour y faire s’entasser des familles qui, à n’importe quel prix, tentent de traverser les eaux bleues vers l’Europe, espérant poser les pieds à Lampedusa pour marcher vers un enfer différent.

Stéphanie Coste n’accorde aucun répit au lecteur qui se trouve très vite aux côtés du passeur. Il faut dire que son roman est court, et qu’il n’est pas nécessaire de tergiverser pour raconter l’histoire d’un homme brisé par son passé : les sévices, l’emprisonnement, séparé de la femme qu’il aimait… et, dépouillé de toute humanité ?

L’approche factuelle de ce roman assène une violence qui dérange forcément. Je me suis souvenue de « Encore » de Hakan Günday, écrivain turc, sur les mêmes sujets brûlants et dans lequel la cruauté était insoutenable.



Il est essentiel que les écrivains s’emparent de cette actualité.

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Le passeur

Dans ce court roman, on se prend en pleine figure la noirceur la plus profonde de l’humanité. Les passeurs qui, depuis la côte libyenne, envoient à une mort presque certaine les milliers de migrants essayant de rejoindre l’Italie.



Le roman est centré sur Seyoum, Érythréen chef d’un réseau, et on découvre petit à petit comment il a pu en arriver là, profitant à ce point de la misère humaine.

Est-il toujours un être humain, reste-t-il une once de lumière dans cet homme que la vie s’est appliquée à détruire ?



Ce qui fait l’originalité de ce roman, et aussi sa force, est d’être « à la place » du passeur, on est véritablement dans sa tête. L’auteure ne porte aucun jugement, ce que j’ai apprécié.

À nous de décider si on lui octroie un peu de compassion.



Je ne m’y attendais pas vu le propos mais ce livre est un coup de coeur. C’est un vrai tour de force de la part de l’auteure d’arriver à nous faire aimer une histoire aussi noire.

C’est aussi un livre qui pousse à la réflexion et sitôt refermé, je me suis renseignée sur les guerres entre l’Érythrée et l’Éthiopie, pays oubliés où « Dieu marche dans les chaussures du Diable ». Et envie d’en savoir plus est toujours pour moi un signe de qualité.


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Le passeur

Quelle histoire !



Le passeur, c est un court roman qui laisse sans voix. En à peine plus de 100 pages, l autrice parvient à dépeindre une triste réalité.

Seyoum est un passeur, contre de l argent, il fait traverser des gens dans des bateaux de misère de la côte lybienne à l Italie.



Ce livre met une claque. En nous montrant la vie du passeur, l écrivaine parvient à nous plonger dans l envers du décor.

Comment Seyoum en est-il arrivé à jouer la vie de centaines de personnes contre leur argent ? Comment peut-on être si indifférent au sort d êtres humains ? C est un récit poignant, qui montre l horreur traversée par les migrants, en quête d une terre qui ils l espèrent tiendra ses promesses. C est une traversée vers l espoir. L espoir d un avenir meilleur.



Je ne vous dévoile rien de plus mais n hésitez pas à lire ce court récit, qui ne vous laissera pas de marbre .



Un coup au cœur !
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Le passeur

Une plongée quasi immersive dans le monde sordide des passeurs, qui font de la détresse humaine leur fond de commerce... Violence, drogue, exploitation, tout un cortège qui accompagne celui de la migration. Une oeuvre nécessaire que je salue, car elle donne une vision réelle de ce monde que nous avons tendance à voir à travers nos lunettes un peu aseptisées. Un magistral premier roman, une auteure à suivre !
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Le passeur

Seyoum n’en a rien à foutre de ses « cargaisons » de Soudanais et d’Erythréens faméliques qu’il trimbale de camions en bateaux pourris et envoie à la mort en leur soutirant leurs espoirs et leurs millions. Tout ça, c’est du business, il s’en fout pas mal qu’ils arrivent sains et saufs en Europe, l’essentiel reste la liasse de billets qu’il dépose dans son coffre à chaque nouveau départ. Jusqu’au jour où son passé le rattrape en s’incrustant par surprise sur un bateau en partance. Forcé de confronté ses pires cauchemars, le passeur cynique choisira-t-il de sacrifier son juteux commerce, ou ce qu’il lui reste d’humanité ?



Dans ce premier roman, Stéphanie Coste choisit de nous raconter une histoire incroyablement difficile, celle du malheur de toutes ces populations fuyant leurs pays devenus inhospitaliers, au premier rang desquels l’Erythrée, gangrené par la guerre civile contre l’Ethiopie pendant trente ans, puis par la dictature totalitaire imposée par le président Afwerki depuis 1993. Cette « prison à ciel ouvert« , Seyoum l’a fui lui aussi, ce qui ne l’empêche pas de traiter les autres migrants comme du bétail, leur refusant de l’eau et de la nourriture pendant des jours. Comment un homme peut-il en arriver à traiter ses semblables ainsi ? Qu’est-ce qui le hante derrière les planches mal assemblées de sa cabane sur la plage, quand il se noie dans l’alcool et la drogue ?



Malgré l’énorme claque que j’ai prise en lisant les premières pages de ce livre, révulsée par le traitement infligé aux migrants, ces gens que je côtoie au quotidien dans mon travail, et que j’aide du mieux que je peux, je dois dire que j’ai aimé cette lecture. J’ai été totalement happée par le style d’écriture de Stéphanie Coste, incroyablement juste et percutant pour raconter l’injustice, mais aussi tremblant de sincérité pour parler des hommes et de leurs faiblesses. Elle décrit l’horreur avec énormément de doigté, mais arrive tout aussi bien à raconter la rédemption, l’éveil des sentiments enfouis, et cette part d’humanité qui vit en chacun de nous, même ceux qui semblent être les plus pourris. Bravo !
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Le passeur

Le Passeur, c’est Seyoum Ephrem, le narrateur, un érythréen de 30 ans qui vit du trafic d’êtres humains depuis 10 ans. C’est un des plus importants passeurs de la côte libyenne.

Nous sommes le 15 octobre 2015 sur une plage de Zouara, et il s’apprête à effectuer la dernière traversée de la saison, soit entasser 115 migrants dans une embarcation de fortune, vétuste, rafistolée avec les moyens du bord, au mépris total de la vie des passagers.

Il faut dire qu’il ne s’attendait pas à ce que les Somaliens et les Soudanais soient aussi nombreux à survivre à la traversée du Sahara...

Parqués dans un entrepôt désaffecté fait de tôle dans lequel ils cuisent depuis des jours, ils attendent une cargaison d’Erythréens qui vont embarquer avec eux. Alors qu’ils n’ont plus de nourriture mais seulement de l’eau, s’ils tentent le moindre mouvement de révolte ou de protestation, ils se font tabasser.

Une tempête est annoncée, mais Seyoum n’envisage pas de repousser la traversée. « A cause des prévisions météo cette fois, j’estime à 2 chances sur 10 le succès de l’expédition. »

Ni Seyoum ni même un de ses hommes ne compte effectuer le voyage.

Il va comme à son habitude confier la manoeuvre de l’embarcation à un des migrants, qui comme ses prédécesseurs n’a aucune notion de navigation, avec seulement pour aide un GPS et une indication: « c’est tout droit. » Son choix a été dicté par la ruse et sans le savoir, s’est porté sur un Érythréen, qui tente de faire appel à sa fraternité.

Vous l’aurez compris, la voix de Seyoum, c’est celle d’un homme cynique dont le désespoir humain est le fond de commerce, celle d’un homme qui apparaît cupide, sans pitié et sans états d’âme, s’autorisant une seule émotion: la cruauté, indispensable dans ce commerce juteux, celle d’un homme au cerveau anesthésié qui mâche du khat à longueur de journée tout en s’imbibant de gin.

Un tel homme est-il encore capable d’humanité?

Si le roman se déroule sur moins de 2 jours, grâce à ses souvenirs, nous avons accès à son passé, nous ramenant à des périodes clés de sa vie, un passé qui va s’inviter lors de cette dernière traversée (de façon inattendue).

Ce premier roman remarquable nous plonge dans la réalité insoutenable des conditions dans lesquelles les candidats africains à l’exil tentent de rejoindre les côtes européennes mais dénoncent aussi les conditions de vie des pays qu’ils fuient, pays où règnent le chaos, la violence, pays plongés dans des guerres civiles sanglantes et des dictatures abominables.

Ces désespérés n’ont que 2 options: arrivés au péril de leur vie dans un « pseudo-paradis » ou être « coincés du mauvais côté du monde pour toujours. »

Un roman court qui se révèle puissant, poignant, haletant et dont on ne peut ressortir que bouleverser. Il évite tous les écueils, le pathos, la simplicité, le manichéisme, le jugement, l’absolution. La plume, fluide est au diapason de la voix de son protagoniste. Des phrases souvent courtes donnent un rythme effréné au récit qui se lit d’une traite.

Une lecture indispensable à plus d’un titre car elle nous invite à déconstruire les discours simplistes et à nous interroger sur notre propre humanité et sur la responsabilité de nos Etats qui privilégient un traitement sécuritaire à une approche humaniste.

Il est bon de rappeler que ces passeurs ne sont que le symptôme et non la cause de ces catastrophes humanitaires, que s’il ne s’agit pas de pardonner, il faut essayer de comprendre et éviter de les diaboliser car cette diabolisation pourrait nous détourner d’une réflexion nécessaire sur les causes de l’exil et sur les effets de la politique migratoire de l’Europe.

« Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l’innocence. » (Ernest Hemingway)

Un exergue qui éclaire parfaitement le roman.
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Le passeur

Récit éprouvant sur le quotidien d'un passeur de candidats à l'exil. Le récit fait des allers-retours entre le présent où Seyoum prépare la traversée de sa nouvelle cargaison de migrants, et le passé de cet homme, dont les épisodes viennent éclairer ce qu'il est devenu, et donnent à voir la transformation d'un enfant en un bourreau cynique détruit par les épreuves, l'alcool et le khat. La plume de l'autrice est aiguisée, ses phrases claquent et n'épargnent pas le lecteur.
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Le passeur



Un livre choc qui ne laissera aucun lecteur indifférent.

Percutant

Sans tremolos, ni jugement, il aborde la question des migrants sous un angle inédit, nous interrogeant aussi quant à nos propres responsabilités - via nos gouvernements aveugles

Notre place d'Occidentaux nantis soucieux de notre confort, au mepri de notre humanité.



L'écriture, nerveuse, simple, sans fioriture , ne laisse aucun répit. Les phrases sont cinglantes, dans un récit bref, couvrant quatre jours d'un drame devenu aujourd hui quotidien..permanent.

Il depeint à merveille, sans larmoyer la terrible détresse des migrants, dessinant un tableau sans fard et sans manichéisme des violences et de l'inhumanité que leur réservent tous les protagonistes de ce malheur :

passeurs, autorités complices prétendument aveugles.

Océan de noirceur brutale et insoutenable, ou luit faiblement une lueur d'espoir, qui permet de croire que, peut-être, l'âme humaine reste toujours capable d'un minimum de rédemption.



Premier roman remarquable

Un nouvel auteur à suivre.
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Le passeur

Au cœur des trafics où les passeurs gagnent beaucoup d'argent en organisant les traversées des migrants jusqu'en Italie, Stéphanie Coste écrit un court roman en forme d'uppercut, rythmé. Dans une langue économe et sans détour, l'autrice dresse un portrait réaliste d'un commerce où l'humanité a déserté. En arrière plan on y distingue des pays abimés notamment par les guerres (entre l’Éthiopie et l’Érythrée par exemple) qui favorisent ces passages.



Seymoun est passeur sur la côte Libyenne et son commerce fonctionne jusqu'au jour où un passé inattendu refait surface lors de l'organisation d'un énième passage. Un évènement le ramène dans le passé et sa carapace face aux émotions vacillent. Les souvenirs le submergent et font volet en éclat le sinistre quotidien qu'il a construit. On comprend petit à petit lors de plusieurs flash back dans le roman que Seymoun a perdu sa famille à cause de la dictature en Érythrée, qu'il a séjourné dans l'ancienne base militaire de Sawa avant de devenir passeur ou encore qu'il a eu une relation à l'époque qu'il peine à oublier. Stéphanie Coste livre une réflexion en sous texte sur les différents acteurs qui participent aux passages et parfois il suffit d'un rien pour faire ressurgir un semblant d’humanité ou un passé meurtri. Un récit important, toujours d'actualité.
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Le passeur

Un petit livre très impressionnant. On y découvre Seymoun qui fait passer des réfugiés de toutes nationalités vers l'Italie. Les embarcations sont en de moins en moins bonne qualité et les accidents se multiplient mais peu lui importe... ou pas. A travers l'organisation compliquée de la dernière expédition de la saison, on découvre la jeunesse de Seymoun dans son Erythrée natal - fils de bonne famille - son père est journaliste et connait des membres du gouvernement, il aime la belle Madiha. C'est sans compter la violence du pouvoir, du service militaire. Cette violence est permanente. Aucune dignité pour les hommes de ces pays qui souhaitent trouver la paix ailleurs même s'il faut risquer de mourir.

Un livre témoignage, un livre fort qui se lit d'une traite
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Le passeur

Le passeur de Stéphanie Coste

Quand on fait comme le dit Seyoum avec cynisme , «  de l'espoir son fonds de commerce » qu'on est devenu l'un des plus gros passeurs de la côte Libyenne et qu'on a le cerveau dévoré par le Khat et l'alcool est-on capable d'humanité ?

C'est toute la question que se pose Seyoum lors de ce dernier convoi de candidats au départ avant de fermer son commerce pour les migrants en ce 18 octobre 2015.

Dans ce tout petit livre de moins de 120 pages, Stéphanie Coste, nous place en observateur. Nous sommes là au fil de cette belle écriture des témoins de ces destins croisés de migrants avec leurs passeurs. Nous sommes entraînés dans des camions bennes déversant après un périple dans une chaleur étouffante et dans les excréments sa cargaison de candidats aux départs vers l'Europe, un eldorado Italien qui pour beaucoup sera leur dernier voyage. «  je me tourne enfin vers le camion dans lequel les Érythréens sont toujours entassés, trop amorphes pour réaliser que la première étape est terminée. Je jette un rapide coup d’œil par dessus la paroi de la benne. Merde, il y a pas mal de gosse tout même. Un vagissement d'un bébé affamé troue l'air. Il déverrouille le cadenas de la porte qui retient les passagers... Ils se déversent sur le sol … 45 zombies me fixent de leur regard suppliant, des ombres d'épreuves irracontables. Ils ont lourdé leur dignité quelque part dans le Sahara. » Leur épreuve est loin d'être finie, se retrouvant entassés dans un hangar sans rien à manger. «  On leur file juste un peu de flotte pour les garder en vie. » Si des gens meurent cela permettra de les prendre tous sur le rafiot rafistolé, dont la conduite sera donnée à un pauvre bougre en pleine mer qui devra suivre un cap fixé par un GPS, le pilote initial repartant à bord d'un zodiac vers la côte pour engranger un peu plus de bénéfice avec une prochaine cargaison. Si tous n'arrivent pas à destination parce que le moteur n'aura pas tenu dans une mer démontée leur cadavre rejoindra bien là côte au grand dam des gardes-côtes corrompus qui en ont marre de nettoyer les plages «  Vous achetez les bateaux aux mêmes endroits et vous les charger à raz bord de migrants prêt à couler direct. C'est de pire en pire , on a toutes les ONG sur le dos !  À partir d'aujourd'hui pour chaque naufragé qu'on récupère, il y aura une amende de 500 dollars. Je te laisse faire le calcul. »

Outre cette histoire particulièrement sordide, vient s'intercaler chapitre après chapitre, l'histoire de Seyoum avant qu'il ne devienne ce passeur . Là on comprend comment ce jeune Erythréen est devenu ce passeur violent, sans foi ni loi hormis celle de l'argent facile.

Des années 90 à celles de l'an 2000 nous serons témoin la aussi de l'ignominie humaine. Par bribes

Stéphanie Coste, nous fournit un début d'explication sur le comportement de Seyoum, bien que cela ne l’exonère aucunement de son attitude actuelle. Du 27 septembre à Asmara en Erythrée au 9 juin 2005 nous le parcours de Seyoum et de son amie Madiha, dont la famille sera détruite parla dictature en Erythrée , victimes de bourreaux militaires lorsqu'ils seront déportés, Stéphanie Coste par d'embrigadement et torturés dans le camp de Sawa  «  Figure toi que ta copine a été très vilaine ! Elle n'a pas voulu coucher avec son chef de bloc et elle la mordu là où ça fait très mal. Ce manque de coopération mérite une punition tu crois pas ? Alors on va en expérimenter une qui nous vient tout droit de Corée du Nord. » Puis se sera la fuite, l'emprisonnement et de la trahison particulièrement machiavélique que vous découvrirez la perte d'un amour . Mais quelque fois lorsque le destin s'en mêle provoquant bien des retournements de situation. Celui que vous lirez, n'est pas prêt de quitter votre mémoire. Le passeur de Stéphanie Coste est assurément un premier roman qui restera dans ma mémoire, comme est resté L'opticien de Lampédusa d' Emma-Jane Kirby qui évoque une sortie en bateau au large de Lampedusa de cet opticien et de ses amis qui va se transformer en cauchemar lorsque les cris des migrants en train de se noyer vont se faire entendre. Le passeur de Stéphanie Coste est une photographie implacable sur une déchirante actualité. Bien à vous.
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Le passeur

Seyoum chiqueur de Khat a fait de « L’espoir son fonds de commerce » : passeur sans pitié à la frontière Libyenne il n’hésite pas moyennant des sommes indécentes à faire embarquer sur des chalutiers en mauvais état, proches de l’épave, les réfugiés venus de Somalie d’Erythrée ou d’ailleurs, vers l’Italie porte de l’Europe tant espérée à laquelle ils ne parviennent pour la plupart jamais, leur bateau sombrant en pleine mer.

Seyoum est sans foi ni loi et semble n’avoir aucune conscience, il noie son affect dans le gin et le Khat. Pourtant un événement surgit de son passé, laissant remonter alors à la surface son humanité perdue, enfouie au plus profond de son être, qui va bouleverser son existence pour la faire chavirer de l’autre côté des rives.

Ce roman a reçu le prix de la closerie des Lilas mais également le prix littéraire du Barreau de Marseille 2021, remis par Laurent Petitmangin, lauréat en 2020 avec « ce qu’il faut de nuit ».

On peut dire sans trahir les délibérations que le jury a été sensible à la qualité de l’écriture, à la construction impeccable du roman, à sa progression romanesque sans faille et surtout à l’humanité qui se dégage du personnage de SEYOUM qui alterne entre passé et présent, du statut de victime à celui d’acteur de l’infâme.

Un roman d’actualité qui ne pouvait que toucher au cœur ceux pour qui l’humanité est au nombre des valeurs énoncées par leur serment . Un roman à ne pas manquer et malheureusement tellement d’actualité.



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Le passeur

Seyoum, passeur abject qui considère ceux qu'il fait traverser comme de la marchandise, ces pauvres hères fuyant vers ce qu'ils espèrent être un monde meilleur.

Seyoum, qui s'abrutit de khat et de gin, s'en embrouille le cerveau, et ne tient plus à rien qu'à sa drogue.

Qu'a-t-il traversé, Seyoum, pour en arriver à être autant dépourvu d'humanité ?



Petit à petit, nous allons remonter dans le passé de Seyoum, aller à la rencontre de celui qui a d'abord été un petit garçon, puis un jeune homme amoureux, les tortures et maltraitances dont il a été victime, pion anonyme dans une guerre qui ne laisse plus de place à la compassion et à l'entraide.



Le Passeur est un roman qui prend aux tripes, qui présente une vision réaliste de ce continent meurtri qu'est l'Afrique, qui dénonce la déshumanisation, les guerres, les violences.

C'est un premier roman dur et éprouvant mais aussi puissant, que je vais garder longtemps en tête.
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Le passeur

Lire pour découvrir une histoire comme celle-ci, lire pour prendre des claques, des gifles. Lire pour savoir, pour faire face à la réalité. Lire pour être plus humain, plus altruiste. Voilà pourquoi je lis, pour tomber sur des livres comme celui-ci…

J’ai lu cette courte histoire en une fois (128 pages) parce que j’ai été imprégné. Seyoum est un monstre, qui a bâti son commerce sur le malheur de l’humanité. Mais peut-on détester cet homme qui a tant souffert, dont le passé est si tourmenté. Peut-on pardonner à ce bourreau, et finalement même s’attacher à lui ?

Ce livre va venir bousculer votre humanité. L’histoire est cruelle, les mots sont durs, mais ils sont reflets d’une réalité.

L’autrice nous livre ici son premier roman et je l’ai trouvé merveilleusement bien écrit. C’est percutant, juste, intense. Elle n’est pas allée trop loin dans la noirceur de la situation, rendant la lecture accessible malgré l’horreur.

La fin est parfaite. Une vraie belle découverte, j’ai été conquise.

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Le passeur

J'ai été à la fois surprise et emportée par cette histoire. Est-il possible de s'attacher à un passeur drogué, cruel, avide d'argent et dénué d'empathie? Sous la plume incroyablement talentueuse de Stéphanie Coste, on découvre le passé de Seyoum, et on lui pardonne son présent, sans jamais s'ennuyer. En révélant les dessous de ce marché abjecte qu'est l'exploitation de la misère des migrants, l'auteure nous emporte dans une aventure qui, au fil des pages, dissout peu à peu la frontière entre le bien et le mal. A lire absolument.
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Le passeur

Cette lecture m a bouleversée. Seyoum est un passeur qui a fait fortune, on comprend peu à peu son histoire, comment il est arrivé "là".

Ce sont les rêves et les désespoirs des qui poussent les migrants à tenter la traversée.

La traversée qui se prépare aura quelque chose de particulier et la construction narrative et romanesque du roman est très réussie. Ce roman est court mais très très dense. J avoue avoir eu bcp de peine pour ce couple victime de son pays, des injustices et obligé de survivre.

Chaque migrant doit certainement partir de son pays avec cela, le désespoir, la non maîtrise de sa vie et donc l espoir d "autre chose".
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Le passeur

Il est des livres que l'on aimerait ne pas avoir lus, non pas qu'ils sont mal écrits (il y en a aussi !) mais parce qu'ils nous parlent de choses qu'on aimerait ne pas entendre. Des livres qui nous rappellent la dureté de certains destins, qui nous rappellent que l'abominable se passe là, juste à notre porte, qui nous mettent mal à l'aise dans notre peau d'occidentaux privilégiés. Des livres qu'on aimerait qu'ils ne soient qu'une fiction. Des livres comme le passeur.



Seyoum est passeur depuis 10 ans, il est même devenu le plus puissant de cette partie de la côte libyenne. Venu d'Érythrée, il n'a plus de famille. Sa seule famille désormais c'est l'argent. Son humanité, il l'a aussi perdue en route. Ce qui lui reste c'est cette boule, et quand elle remonte en lui, il la fait disparaitre à coup de khat et de gin.

Pour nous parler de ceux qui quittent tout pour survivre, quitte à tout perdre, leur argent, leur famille, leur dignité ou même leur vie, Stéphanie Coste choisi le point de vue le plus sombre, le plus dur, celui du passeur.

Pour mieux comprendre ce narrateur qu'on n'a pas vraiment envie de porter dans son coeur, l'autrice fait des aller-retours entre 2015 et 1995 et mêle son histoire personnelle à une histoire politique bien réelle celle-ci (celle de l'Érythrée et son basculement dans la dictature).

Sans tomber dans le documentaire ou le témoignage, le texte prend une force réaliste par un style vivant, direct qui nous plonge au coeur de la vie de Seyoum et des migrants prêts à tout endurer pour atteindre l'eldorado européen.



Alors oui, il y a des livres qu'on aimerait ne pas lire parce qu'on sait qu'ils ne sont pas que fiction.

L'Érythrée existe bien, sa dictature est toujours en place et sa population fuit toujours.

L'actualité est toujours là pour nous rappeler que des migrants se noient toujours en Méditerranée, les survivants toujours repoussés des côtes, renvoyés chez eux ou (au mieux) parqués dans des camps dans nos pays dans lesquels ils avaient placés tous leurs espoirs.



Court, intense et brillant, il y a des récits comme le passeur qui nous percutent.

Il y a des livres qu'on est content d'avoir lus, même si cela fait mal !

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Le passeur

J’aime beaucoup lire sur les histoires des migrants, ces hommes et ses femmes qui mettent leur vie en danger pour espérer avoir une vie meilleure dans un autre pays en prenant d’énormes risques pour essayer d’atteindre leur rêve. Tout ce que j’avais lu jusqu’alors, c’était du point de vue des migrants. Avec Le passeur, c’est du point de vue de celui qui aide les migrants à accomplir leur rêve qu’on se place. Oui mais voilà, Le passeur n’est pas un gentil dans l’histoire.



"J’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce .Tant qu’il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d’or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d’en face"



Seymoun, le plus puissant passeur de migrants de la côte libyenne vers Lampedusa, est un homme détestable, dépourvu de toute humanité, qui ne voit ces hommes, ces femmes et même ces bébés, qui, au péril de leur vie, tentent le voyage vers un monde qu’ils espèrent meilleur, que comme des marchandises à convoyer. C’est une lecture difficile car criante de réalise et de vérité.



A la veille d’une énième traversée, « la cargaison » c’est-à-dire le groupe de migrants qui se présente va perturber Seymoun et faire remonter des souvenirs de son passé. Le lecteur découvre alors tout ce qu’a vécu Seymoun et cela apporte un peu de lumière à cet homme si sombre, froid et inhumain.



"la résilience finit par capituler sous le poids des chagrins"



J’ai eu beaucoup de mal, émotionnellement, au début avec la personnalité de Seymoun, cette inhumanité, cette façon de traiter ses compatriotes, de rester complètement insensible, dénué de toute empathie. Et puis, quand on découvre ce qu’il a vécu avant, page après page, on se surprend à éprouver nous même un peu d’émotion positive pour cet homme que la vie n’a pas épargné.



"On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du Diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?"



C’est une histoire marquante, forte en émotions qui décrit de façon directe et très réaliste ce que vivent les migrants mais d’un point de vue totalement différent de ce qu’on lit habituellement sur le sujet. C’est une lecture que j’ai énormément aimée. L’autrice a une plume précise et directe qui donne toute sa force à cette histoire et est très agréable à lire. Je ne m’attendais pas à ressentir autant d’émotions différentes pendant cette lecture que j’ai terminée complètement scotchée.



Ce roman a été une très belle découverte pour moi et je vous recommande vivement de lire à votre tour cette histoire.
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Le passeur

Wahou ! Une belle claque ce livre. On ne peut se décoller de cette histoire, ces destins.

Ça m a poussé à faire des recherches, de lire d autres livres sur ce sujet.

Il y a des récits comme ça qu on ne peut pas oublier, qui nous marque. Ce livre en fait parti.

On suit le passé, le présent, le futur de Seyoum, la peur, la boule au ventre avec lui, l angoisse et surtout l espoir. A peine 150 pages pour nous faire passer tout ça.
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Le passeur

Après avoir vécu l’emprisonnement en Erythrée, Seyoum est arrivé sur les côtes libyennes pour devenir passeur, il achète des bateaux de fortune pour la traversée des migrants tout en faisant payer le prix fort aux passagers. Ravagé par l’alcool et son addiction aux feuilles de khat, est-il encore possible de faire preuve d’humanité devant la misère du monde ? Un convoi l’amènera pourtant devant une réalité autre, celle d’un passé tragique qui surgit.



Ce roman n’était, au départ, absolument pas un thème de prédilection. Je me suis donc lancée dedans avec beaucoup de curiosité, et peut-être un peu d’appréhension. Pourtant, j’ai été tout de suite happée par l’histoire de Seyoum et sa psychologie complexe. Loin d’être un simple personnage dépourvu d’humanité, Seyoum est la personnification du trauma des Erythréens et de toutes les victimes de la guerre. Après avoir vécu l’emprisonnement, l’embrigadement, mais aussi la dictature, un monde différent s’ouvre à lui. Un monde dans lequel les sentiments n’existent pas, peut-être par protection mais surtout par amertume de la vie. On déteste ce personnage et on ne peut pourtant qu’indéniablement le comprendre.



Stéphanie Coste nous plonge dans cet enfer où le besoin d’argent et celui de refaire sa vie coûte que coûte prime sur tout. Son écriture est magnifique, jouant çà et là de figures de style très poétiques pour imager ce bateau qui tangue terriblement sur la mer impétueuse ressemblant fortement au déluge biblique. Cette arche de Noé humaine et complètement dystopique fait vibrer de tristesse. Elle vogue à travers les mots de l’auteure comme un espoir, pourtant minime, vers un jour et une terre meilleure pour tout reconstruire.



Mieux que cela encore, Le passeur raconte l’indicible vérité, celle de millions de migrants qui tentent tout pour protéger leur famille de la misère. Il raconte les cris de détresse, les corps échoués sur le sable, la faim, la soif, mais l’espoir. Ce n’est pas toujours facile d’être devant une vérité criante à travers la fiction, même quand on la connaît déjà, car poétisée elle fait bien plus mal encore. Insoutenable et sublime à la fois, Le passeur narre l’humanité moderne comme jamais.
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