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Critiques de Stéphanie Coste (96)
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Le passeur

Seyoum est un passeur sur les côtes libyennes. Pour lui la cargaison même si elle n'atteint pas Lampedusa, ça ne l'empêchera pas de dormir. Aucune humanité ne s'échappe de lui, jusqu'à sa dernière cargaison.

Un roman très puissant où les mots durs reflètent la triste réalité des migrants.
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Le passeur

Une claque! J'ai adoré chaque mot de ce livre. Un petit livre avec beaucoup d'émotion. On réfléchit, on frémit, on grince les dents mais à la fin on regrette pas le voyage avec ce personnage.



L'auteur est renseigné. Le rythme est fantastique.

Je ne pouvais pas lâcher le livre tellement je me sentais impliqué.e. On rentre dans la psychologie d Seyoum. Il est complexe mais englué dans une routine malsaine avec son traffic de passage entre la Libye et l'Italie.

On voit son évolution pour rentrer dans ce réseau de son enfance à 2015.

J'ai adoré le personnage de Madiha. J'ai aimé son rite psychique et son emprise sur Seyoum.

Quel livre! A lire une fois dans sa vie. Un classique en devenir.

On voit que Stéphanie Coste s'est renseigné avant d'écrire. Merci à elle pour son excellent travail.





J'ai regardé des vidéos seule la guerre d'Éthiopie et l'Érythrée avec courrier international afin de mieux comprendre le livre.

https://youtu.be/1fbEkPaNF3E



Je vous recommandé également ce mini entretien avec Stéphanie Coste. Hâte de lire d'autres livres de cette écrivaine.

https://youtu.be/x1qr12v5CEs

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Le passeur

Cruelle beauté que celle de l'histoire, très actuelle, de cet intermédiaire aussi médiatisé qu'invisible : le Passeur. Censé aider à traverser clandestinement la mer pour fuir guerres ou dictatures, il représente le dernier espoir de milliers de persécutés, contraints de quitter leur terre et leurs proches dans des conditions pire que précaires. Mais cet homme, qui va les aider à marcher sur l'eau, est-il leur sauveur ? Ou une épine de plus sur leur chemin de croix, un homme extorquant leurs économies pour n'organiser que leur naufrage ?





« « J'ai fait de l'espoir mon fonds de commerce. Tant qu'il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux oeufs d'or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d'en face. » »





Stéphanie Coste explore la question dans la peau de l'un d'eux : Seyoum. Après une nuit chargée d'alcool et de khat, contre la boule d'angoisse, de désespoir et de solitude qui l'étouffe un peu plus chaque jour, Seyoum reçoit sa dernière cargaison de migrants pour la saison. Pour engranger un max de pognon, il a un peu forcé sur le recrutement : si quelques-uns ne meurent pas dans les prochaines 24 heures, le bateau ne pourra pas tous les contenir. Alors il les parque dans sa réserve hermétique jusqu'à la nuit, sans eau ni nourriture histoire que la nature fasse son travail, baignant dans leurs excréments comme des cafards dans une boîte. Pour la der, le bateau acheté est un peu miteux mais une fois en pleine mer, ce n'est plus son affaire : il laissera le GPS à l'un de ces désespérés et rentrera peinard dans son zodiac, comme d'habitude. Faudra juste penser à retaper la coque, histoire que le bateau ne coule pas trop vite : Quand les morts reviennent s'échouer sur la côte, le garde-côte qu'on paye grassement pour fermer les yeux est sur les dents et augmente ses commissions… « Ce mec se prend pour Dieu. Il négocie même les cadavres ».





« « Une chauve-souris vampire est entrée dans ma tête, puis deux, puis vingt, et leur vol de pensées morbides se cognent sur les parois de mon cerveau en sang. » »





Seyoum n'est-il qu'un businessman insensible qui empoche le prix de la traversée, économise en achetant du matos chinois et tabasse sans sourciller les rares migrants ayant la force de se rebeller ? « Une fois que je les ai tous bien regardés et que chacun a baissé les yeux, je repose mentalement sur ma tête la couronne du roi tout-puissant de ces abrutis, et je quitte la pièce soumise. » le fait-il pour survivre ou par amour de l'argent facile? « Ma seule famille c'est le pognon. Dans ce monde y a que ça qui compte et qui te met à l'abri. » Est-il inhumain, où ce qu'il a vu et vécu l'a-t-il changé ? Lui-même s'interroge : « Je me demande quand exactement ma peur s'est transformée en résignation. A quel moment précis j'ai arrêté de me sentir humain. Je ne suis pas tout à fait une bête. Je suis une mécanique bien programmée ».





Stéphanie Coste y répond en alternant le récit de cette dernière traversée, des côtes libyennes à destination de l'Italie en 2015, avec le récit foudroyant et brutal du passé de Seyhoum (Érythrée), dans les années 90 puis 2000. Il y a de quoi perdre la raison lorsqu'on vous arrache tout, jusqu'à votre humanité. Alors elle achève de nous fait basculer dans l'horreur lorsque les deux époques se rejoignent. Preuve que le passé demeure toujours présent, tapi en chacun d’entre nous…





« « Le magma des formes entassées les unes sur les autres geint d'une seule voix épuisée, moquée par les rafales. Des bras et des jambes s'agitent dans le bordel, en quête d'espace et de respiration. Toujours les mêmes gestes inutiles entamant le processus habituel. L'asphyxie ne fait que commencer et avec elle, une fois en mer, viendront la panique, les piétinements, les affrontements, la loi du plus fort, les premiers morts balancés par-dessus bord. A ce stade, la notion d'être humain aura aussi été balancée dans les tréfonds marins. » »





Heureusement pour le lecteur, la plume sublime amortit le choc ; Paradoxalement, elle met aussi en lumière, par le contraste de beauté qu'elle apporte, l'atrocité de ce qu'elle décrit. En seulement 120 pages, elle nous livre un roman complet, addictif et puissant, sur une situation délicate dont les intrications échappent complètement aux protagonistes, pour leur plus grand malheur.





« « Un cri plus fort que le vent troue la tempête. Je vois à peine le mec tomber. Il a déjà été avalé par la mer ogresse. Puis un autre. Et combien encore ? le bateau se vide, et comble l'appétit de la mer. » »





Sombre histoire, où la plume apporte le souffle nécessaire pour lire l'indicible. Tandis que celle brute et épurée de Takiji Kobayashi dans le Bateau-Usine ne nous était d'aucun secours, nous sommes ici portés par une plume poétique comme une caresse, un baume sur les plaies profondes de ces âmes anonymes et des nôtres, martyrisées par leurs innommables et innombrables épreuves. Comme si l'auteure voulait repêcher chaque âme avec le son de ses mots. C'est dur bien sûr, mais c'est à lire. Parce que la littérature a aussi cette fonction merveilleuse de nous révéler ce qu'on ne voit pas des gens ou des situations, notamment derrière les faits divers qui nous semblent parfois trop lointains pour être incarnés et nous interpeler vraiment.





« Alors, qu'est-ce que tu décides, Seyoum ? Tu foires tout ou tu prends les choses en main ? »

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Le passeur

« Des groles défoncées et des lambeaux de vêtements sont éparpillés un peu partout sur le sable blanc, la mer turquoise en arrière-plan. Ils ont à peine nettoyé après le dernier naufrage ».



Je viens de me recevoir une claque…Comme si l'auteure, Stéphanie Coste, m'avait prise par le cou et avait tenté de me mettre la tête dans ce sable, bien profond, pour que je comprenne et surtout que je puisse garder longtemps des images terribles en tête. Oui, « le passeur » fait partie de ce genre de livre qui crie, qui narre sans fioriture l'innommable, cet innommable à deux heures d'avion de nos petites vies occidentales confortables. Je ressors marquée, bouleversée, avec la nausée aussi tant le récit est brut.



Nous suivons Seyoum, très abimé par l'alcool et le khat, passeur connu de migrants sur la côte libyenne vers Lampedusa, un passeur puissant dont la réputation s'est construite en dix ans de boulot et de trahisons diverses. Un homme blasé, brutal, drogué, qui s'enrichit sur le dos de la misère la plus totale, sans état d'âme ni aucune espèce d'empathie. Or l'arrivée d'un convoi de réfugiés en provenance d'Erythrée va complètement le déstabiliser et faire remonter les fantômes du passé.

Les chapitres alternent le récit en 2015 de cette dernière traversée et le passé de Seyoum dans les années 90/2000. Nous comprenons peu à peu, avec effroi, comment cet Erythréen a perdu toute humanité et est devenu ce passeur violent, sans foi ni loi. Les deux périodes vont s'entremêler à la fin du livre.



Dès le début, le ton est donné, l'incipit nous ouvre grand les portes de cet enfer : « J'ai fait de l'espoir mon fonds de commerce. Tant qu'il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux oeufs d'or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d'en face ».



Puis…puis c'est infernal…



Entre le corps fiévreux de Seyoum du fait de ses addictions et de ses angoisses : « L'angoisse et ses hallucinations surgissent derrière le palmier, là-bas. J'éloigne le téléphone de mon oreille. le ciel se renverse. La plage devient plafond. Je suis désorienté. Une salive épaisse scotche mes lèvres. Des mouches grouillantes s'agglutinent devant mes yeux explosés, cherchent à rentrer dans mes orbites. Je tousse violemment pour relancer le battement de mon coeur, me file une baffe»



Entre la violence que fait subir Seyoum aux candidats à l'exil : « Je préfère traîner sur ce bout de sable plutôt qu'à l'entrepôt où je parque les migrants avant la traversée. Les Soudanais et les Somaliens qui y sont entassés depuis six jours n'ont plus rien à bouffer depuis hier. On leur file juste un peu de flotte pour les garder en vie. Certains portent sur leurs tronches les prémices de la révolte. Je les reconnais tout de suite. J'en fais tabasser trois ou quatre par jour pour maintenir l'ordre : l'épuisement gagne toujours, la peur les achève. Ils sont vite matés ».



Entre la violence parmi les passeurs où la concurrence se durcit. Faire de la place de manière expéditive s'avère important pour affirmer sa puissance.



Entre la passé de Seyoum qui a vécu des choses si affreuses que j'ai du détourner la tête en les lisant.



Entre le manque d'hygiène et de confort, la chaleur. Odeurs et sons nous glacent. le silence, entre deux gémissements, est parfois insupportable au point de faire défiler les images au ralenti : « Il se dirige à l'arrière et déverrouille le cadenas de la porte qui retient les passagers. Six mecs qui y étaient adossés se cassent la gueule sans un cri, entraînant les autres dans leur chute. Ils se déversent sur le sol. L'odeur de pisse et d'excréments réveille mon envie de gerber ».



Avec ce livre, nous entrons dans l'intimité du passeur, borgne parmi les aveugles, pitoyable roi d'un royaume de pauvres hères, chargé de faire passer d'une rive à l'autre les humains les plus pauvres du monde, les faire passer de la rive de la misère à celle de l'espoir pour un prix absolument énorme, les économies de toute une vie. Or s'il les mets sur la bonne direction, le passeur les laisse souvent seul, désignant un pigeon parmi les migrants, sur le dos duquel il fait reposer toutes les responsabilités, eux qui n'ont jamais mis le pied sur un bateau, embarcation de piètre qualité qui plus est. Les naufrages sont ainsi très fréquents.



Vous l'aurez compris, c'est une lecture éprouvante qui a plus de poids qu'un simple article dans un journal ou un simili de reportage à la va vite dans un journal télévisé. C'est toute la puissance de la littérature de nous sensibiliser réellement, au plus profond de nous. de soulever le voile, de nous faire sentir, de nous ouvrir les yeux. de considérer avec bienveillance et humanité ces personnes que nous voyons dans nos villes et que nous regardons parfois avec distance. Ils ont vécu la pire horreur qui soit, des épreuves inracontables. « Ils ont lourdé leur dignité quelque part dans le Sahara ». Un grand merci à Stéphanie Coste pour ce message que je ne suis pas prête d'oublier.





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Le passeur

J’avais repéré le livre de Stéphanie Coste au moment de sa sortie chez Gallimard en janvier dernier, me disant que ce serait probablement un livre à lire car j’ai une affection particulière pour les premiers romans.



C'est une des spécialités de la collection blanche de cette maison d'éditions que de trouver de jeunes auteurs talentueux. Et quand j’ai vu qu’il était dans les présélections pour un prix littéraire, là je n’ai plus hésité un instant.



Cela tombe bien puisque « Le Passeur » de Stéphanie Coste est le lauréat 2021 du Prix de la Closerie des Lilas.



Dans le landerneau des prix littéraires, celui-ci, encore récent, il est né en 2007, a pour caractéristique d’être 100% féminin. Le jury n’est composé que de femmes, et le prix est obligatoirement décerné à une femme !



Mais revenons à Stéphanie Coste et son livre « Le Passeur ». Le livre vient nous rappeler la triste réalité des migrants qui traversent la Méditerranée dans des conditions effroyables pour fuir leur pays et espérer trouver en Europe un havre de paix.



Stéphanie Coste frappe fort, et sans doute son enfance africaine, elle a vécu à Djibouti et au Sénégal, l’a prédestinée à évoquer le sujet. Elle ne se place du côté de victimes mais de celui du bourreau, pour mieux marquer les esprits sur le sordide de la situation, et éviter le misérabilisme habituel auquel la Presse nous habitue sur le sujet.



« Le Passeur » c'est Seyoum, un homme qui a fait le choix d’être trafiquant de l’humanité, vendeur de rêves, ou plutôt de misère. Il est l’expression humaine de la honte humaine, de la honte européenne, absente face à cette aberration de l’humanité, une de plus… Mais Seyoum n’est pas devenu passeur du jour au lendemain. Seyoum est le symbole de toutes les victimes des guerres africaines. Il a connu l’emprisonnement, la dictature, l’effondrement de son pays. Ses rêves sont derrière lui. Et aujourd’hui il ne lui reste plus que cela à faire. Acheter des bateaux des fortune pour y vendre à prix d’or à de pauvres bougres l’espoir d’un monde meilleur… Comme si cela pouvait être une revanche sur la vie !



Comment peut-on en arriver là ? C’est aussi la réflexion que mène Stéphanie Coste dans son livre pour expliquer les ressorts profonds qui peuvent transformer un homme en brute sans scrupule. Mais nous le savons tous, l’histoire ne fait que se répéter.



Le livre évoque aussi la tragédie de la traversée, du départ la nuit des côtes libyennes à l’espoir de voir Lampedusa, la mer qui s’agite et les corps que l’on retrouve au petit matin déversés sur le sable comme de vulgaires morceaux de bois car le bateau de fortune où ces hommes, ces femmes ces enfants ont été entassés n’a pas tenu la mer.



Et le récit de Stéphanie Coste est réaliste, cru, sans fard, pour rappeler une réalité que l’on oublie un peu trop vite avec nos "breaking news". Le livre est court, presque trop, mais le ton narratif employé par l’auteure lui donne d’autant plus de force, de vigueur, comme pour donner au lecteur un bon uppercut.



Ce livre est une arche de Noé, une bouteille à la mer, qui nous est lancée comme est lancé un boomerang. Il revient d’où il est parti. Et où revient -il ?



Pas en Afrique, là où règnent la pauvreté et la misère, mais là où règne l’opulence, avec cette outrance des pays "d’enfants gâtés" toujours prêts à se plaindre, mais qui surtout ne regardent pas trop loin, pour ne pas être dérangés.



Ce livre puissant et terriblement bien écrit nous lance une question : Combien de temps encore laisserons nous faire l’inacceptable ? Je ne crois pas que la réponse soit dans ce roman, mais il est un témoignage pour que quelque part dans notre conscience une petite lumière reste allumée et nous incite à agir.



Bonne Lecture



Aux éditions Gallimard – 01/2021 -136 pages


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le passeur

En découvrant toute la sélection des livres que je dois lire dans le cadre de mon cours de français, ce n’est clairement pas ce livre qui m’a tapé dans l’oeil en premier. Parce que, il faut dire qu’avec ses seulement 140 pages, sa couverture discrète et son titre assez simple, il n’est pas des plus voyants. Pourtant, en lisant le résumé, mon intérêt pour cette histoire s’est peu à peu éveillé.



Parce que, oui, c’est une histoire sur des migrants prêts à tout pour traverser la Méditerranée, c’est touchant et impactant mais, surtout, ce n’est pas l’histoire du point de vu d’un migrant mais de celui du Passeur. De la personne qui s’occupe de les faire traverser la mer. Cette personne dont les gens ne parlent jamais, qui est généralement froide et dure, qui obtient parfois un nom dans quelques romans mais qui est le plus souvent juste une silhouette demandant de l’argent en traitant les gens plus ou moins bien. Alors, en comprenant que c’était une histoire entière du point de vu d’un passeur, je me suis dit que ce livre allait être très interessant car c’est tellement rare un roman comme ça !



Au début de ma lecture, j’ai été assez déroutée : trop de noms de personnages, de lieux que je ne connaissais pas, un vocabulaire familier et une plume particulière. Il m’a fallu un ou deux chapitres pour comprendre la situation de Seyoum (le personnage principal), assimiler leur manière de parler et m’habituer à la plume.



Car oui, la narration est assez particulière et c’est la principale raison pour laquelle j’ai aimé ce livre. Le roman est à la première personne, on est donc plongé dans la tête de Seyoum, et c’est extrêmement bien écrit. Les émotions sont vraiment bien retranscrites, très brutes et impactantes.

Je ne sais pas du tout comment l’autrice a fait, mais elle réussi à instaurer une atmosphère particulière, elle nous emporte sous la chaleur écrasante de la Lybie, dans l’esprit et les souvenirs tumultueux de Seyoum. On est vraiment plongé dans l’histoire ; les odeurs, les gestes, les sensations, tout est décrit de manière à être complètement immergé et c’est vraiment réussi (j’aurais juste aimé quelques descriptions de certains lieux plus développées pour complètement les visualiser, comme l’endroit où sont parqués les migrants par exemple).

La plume est par ailleurs très belle.



Quant à l’histoire en elle-même, je l’ai apprécié, c’est toujours important de lire des livres traitant de ce sujet là, et avoir le point de vu du Passeur est vraiment très interessant car ça nous fait voir toute l’histoire sous un oeil nouveau.



Grâce aux nombreux flash-backs, le personnage de Seyoum se développe au fur et à mesure de l’intrigue et en devient très complexe (et c’est pourtant compliqué de bien développer un personnage en même pas 150 pages), on peut comprendre les décisions qu’il prend et se rendre véritablement compte de sa vie semée d’embuches.



Le seul défaut que j’ai trouvé (et ce n’est pas vraiment un défaut en soi car c’est la manière dont l’autrice a voulu écrire l’histoire), c’est le fait que le roman soi aussi court. On n’a pas réellement le temps de s’attacher aux protagonistes et d’avoir un meilleur développement des personnages secondaires (j’aurais par exemple aimé en savoir davantage sur Madiha), et on n’a à peine le temps de rentrer dans le roman que la fin arrive brutalement.

Je comprends que le livre ait pour but de relater uniquement ce monceau d’histoire et de s’arrêter là, mais c’est assez frustrant.



J’ai, par contre, beaucoup aimé la fin, surprenante et qui nous laisse dans l’obligation de repenser à toute l’histoire pour revoir certains détails d’une manière différente.



À part ça, ce fut une bonne lecture, je suis contente d’avoir découvert ce livre qui est très interessant, touchant, important, et avec une très belle narration.
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Le passeur

Lorsque j’ai pris mon inscription à TousMigrants je n’avais pas envisagé l’étendue historique et géo-politique de la question. En tout cas pas sous cet angle là....

La littérature, tout comme la poésie, dit l’essentiel de la condition humaine.

Stephanie Coste réalise ce tour de force.

Le passeur n’est pas une grande nouvelle de 123 pages. C’est un livre charpenté, qui dit l’essentiel.

De l’Érythrée contemporaine, de la Libye post-Kadhafi.

Du parcours migratoire des populations de la corne de l’Afrique.

De la condition humaine.

Bien sûr « Nul n’est méchant de son plein gré » et l’auteure ( dont, oui c’est incroyable, c’est le premier livre) nous propose une lecture radicale de cet aphorisme en nous plaçant du point de vue de Seyoum.

On pense à l’Etranger bien sûr. Mais aussi à Hannah Arendt qui ne dit pas autre chose : le Mal c’est d’abord et surtout quand on arrête de penser.

Stephanie Coste nous raconte l’amont de cette « radicalisation ».

Et puis l’aval.

Et c’est d’une puissance surprenante, bien plus éclairant que tout ce que j’ai lu et vu sur la question des migrants.

Je souhaite un beau destin à ce roman et une belle carrière à son auteure nomade.
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Le passeur

Seyoum chiqueur de Khat a fait de « L’espoir son fonds de commerce » : passeur sans pitié à la frontière Libyenne il n’hésite pas moyennant des sommes indécentes à faire embarquer sur des chalutiers en mauvais état, proches de l’épave, les réfugiés venus de Somalie d’Erythrée ou d’ailleurs, vers l’Italie porte de l’Europe tant espérée à laquelle ils ne parviennent pour la plupart jamais, leur bateau sombrant en pleine mer.

Seyoum est sans foi ni loi et semble n’avoir aucune conscience, il noie son affect dans le gin et le Khat. Pourtant un événement surgit de son passé, laissant remonter alors à la surface son humanité perdue, enfouie au plus profond de son être, qui va bouleverser son existence pour la faire chavirer de l’autre côté des rives.

Ce roman a reçu le prix de la closerie des Lilas mais également le prix littéraire du Barreau de Marseille 2021, remis par Laurent Petitmangin, lauréat en 2020 avec « ce qu’il faut de nuit ».

On peut dire sans trahir les délibérations que le jury a été sensible à la qualité de l’écriture, à la construction impeccable du roman, à sa progression romanesque sans faille et surtout à l’humanité qui se dégage du personnage de SEYOUM qui alterne entre passé et présent, du statut de victime à celui d’acteur de l’infâme.

Un roman d’actualité qui ne pouvait que toucher au cœur ceux pour qui l’humanité est au nombre des valeurs énoncées par leur serment . Un roman à ne pas manquer et malheureusement tellement d’actualité.



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Le passeur

Après avoir vécu l’emprisonnement en Erythrée, Seyoum est arrivé sur les côtes libyennes pour devenir passeur, il achète des bateaux de fortune pour la traversée des migrants tout en faisant payer le prix fort aux passagers. Ravagé par l’alcool et son addiction aux feuilles de khat, est-il encore possible de faire preuve d’humanité devant la misère du monde ? Un convoi l’amènera pourtant devant une réalité autre, celle d’un passé tragique qui surgit.



Ce roman n’était, au départ, absolument pas un thème de prédilection. Je me suis donc lancée dedans avec beaucoup de curiosité, et peut-être un peu d’appréhension. Pourtant, j’ai été tout de suite happée par l’histoire de Seyoum et sa psychologie complexe. Loin d’être un simple personnage dépourvu d’humanité, Seyoum est la personnification du trauma des Erythréens et de toutes les victimes de la guerre. Après avoir vécu l’emprisonnement, l’embrigadement, mais aussi la dictature, un monde différent s’ouvre à lui. Un monde dans lequel les sentiments n’existent pas, peut-être par protection mais surtout par amertume de la vie. On déteste ce personnage et on ne peut pourtant qu’indéniablement le comprendre.



Stéphanie Coste nous plonge dans cet enfer où le besoin d’argent et celui de refaire sa vie coûte que coûte prime sur tout. Son écriture est magnifique, jouant çà et là de figures de style très poétiques pour imager ce bateau qui tangue terriblement sur la mer impétueuse ressemblant fortement au déluge biblique. Cette arche de Noé humaine et complètement dystopique fait vibrer de tristesse. Elle vogue à travers les mots de l’auteure comme un espoir, pourtant minime, vers un jour et une terre meilleure pour tout reconstruire.



Mieux que cela encore, Le passeur raconte l’indicible vérité, celle de millions de migrants qui tentent tout pour protéger leur famille de la misère. Il raconte les cris de détresse, les corps échoués sur le sable, la faim, la soif, mais l’espoir. Ce n’est pas toujours facile d’être devant une vérité criante à travers la fiction, même quand on la connaît déjà, car poétisée elle fait bien plus mal encore. Insoutenable et sublime à la fois, Le passeur narre l’humanité moderne comme jamais.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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Le passeur

Véritable livre coup de poing, Le Passeur nous plonge dans l’horreur de ce que doivent endurer les migrants en quête d’une vie un peu meilleure.

En alternant les chapitres se déroulant en 2015, date à laquelle Seyoum, passeur drogué, alcoolique, violent, organisera une dernière traversée et les chapitres se déroulant dans les années 90 - 2000, époque correspondant à son enfance et adolescence de jeune Érythréen subissant les horreurs de la guerre, Stéphanie Coste nous fait comprendre comment ce jeune homme sensible, issu d’un milieu cultivé, a pu devenir cet homme dénué de toute humanité.

Un roman fort, poignant, qui se dévore d’une traite et résonne longtemps après l’avoir refermé.
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Le passeur

Le passeur de Stéphanie Coste

Quand on fait comme le dit Seyoum avec cynisme , «  de l'espoir son fonds de commerce » qu'on est devenu l'un des plus gros passeurs de la côte Libyenne et qu'on a le cerveau dévoré par le Khat et l'alcool est-on capable d'humanité ?

C'est toute la question que se pose Seyoum lors de ce dernier convoi de candidats au départ avant de fermer son commerce pour les migrants en ce 18 octobre 2015.

Dans ce tout petit livre de moins de 120 pages, Stéphanie Coste, nous place en observateur. Nous sommes là au fil de cette belle écriture des témoins de ces destins croisés de migrants avec leurs passeurs. Nous sommes entraînés dans des camions bennes déversant après un périple dans une chaleur étouffante et dans les excréments sa cargaison de candidats aux départs vers l'Europe, un eldorado Italien qui pour beaucoup sera leur dernier voyage. «  je me tourne enfin vers le camion dans lequel les Érythréens sont toujours entassés, trop amorphes pour réaliser que la première étape est terminée. Je jette un rapide coup d’œil par dessus la paroi de la benne. Merde, il y a pas mal de gosse tout même. Un vagissement d'un bébé affamé troue l'air. Il déverrouille le cadenas de la porte qui retient les passagers... Ils se déversent sur le sol … 45 zombies me fixent de leur regard suppliant, des ombres d'épreuves irracontables. Ils ont lourdé leur dignité quelque part dans le Sahara. » Leur épreuve est loin d'être finie, se retrouvant entassés dans un hangar sans rien à manger. «  On leur file juste un peu de flotte pour les garder en vie. » Si des gens meurent cela permettra de les prendre tous sur le rafiot rafistolé, dont la conduite sera donnée à un pauvre bougre en pleine mer qui devra suivre un cap fixé par un GPS, le pilote initial repartant à bord d'un zodiac vers la côte pour engranger un peu plus de bénéfice avec une prochaine cargaison. Si tous n'arrivent pas à destination parce que le moteur n'aura pas tenu dans une mer démontée leur cadavre rejoindra bien là côte au grand dam des gardes-côtes corrompus qui en ont marre de nettoyer les plages «  Vous achetez les bateaux aux mêmes endroits et vous les charger à raz bord de migrants prêt à couler direct. C'est de pire en pire , on a toutes les ONG sur le dos !  À partir d'aujourd'hui pour chaque naufragé qu'on récupère, il y aura une amende de 500 dollars. Je te laisse faire le calcul. »

Outre cette histoire particulièrement sordide, vient s'intercaler chapitre après chapitre, l'histoire de Seyoum avant qu'il ne devienne ce passeur . Là on comprend comment ce jeune Erythréen est devenu ce passeur violent, sans foi ni loi hormis celle de l'argent facile.

Des années 90 à celles de l'an 2000 nous serons témoin la aussi de l'ignominie humaine. Par bribes

Stéphanie Coste, nous fournit un début d'explication sur le comportement de Seyoum, bien que cela ne l’exonère aucunement de son attitude actuelle. Du 27 septembre à Asmara en Erythrée au 9 juin 2005 nous le parcours de Seyoum et de son amie Madiha, dont la famille sera détruite parla dictature en Erythrée , victimes de bourreaux militaires lorsqu'ils seront déportés, Stéphanie Coste par d'embrigadement et torturés dans le camp de Sawa  «  Figure toi que ta copine a été très vilaine ! Elle n'a pas voulu coucher avec son chef de bloc et elle la mordu là où ça fait très mal. Ce manque de coopération mérite une punition tu crois pas ? Alors on va en expérimenter une qui nous vient tout droit de Corée du Nord. » Puis se sera la fuite, l'emprisonnement et de la trahison particulièrement machiavélique que vous découvrirez la perte d'un amour . Mais quelque fois lorsque le destin s'en mêle provoquant bien des retournements de situation. Celui que vous lirez, n'est pas prêt de quitter votre mémoire. Le passeur de Stéphanie Coste est assurément un premier roman qui restera dans ma mémoire, comme est resté L'opticien de Lampédusa d' Emma-Jane Kirby qui évoque une sortie en bateau au large de Lampedusa de cet opticien et de ses amis qui va se transformer en cauchemar lorsque les cris des migrants en train de se noyer vont se faire entendre. Le passeur de Stéphanie Coste est une photographie implacable sur une déchirante actualité. Bien à vous.
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Le passeur

Court et puissant, ce roman est un coup de poing. Parce que même si c’est une fiction, il est le reflet de ce qui se passe au quotidien pour des milliers de fantômes errants, dont le rêve d’un ailleurs rédempteur s’est transformé en un cauchemar de la pire espèce.



Le narrateur est comme l’indique le titre un passeur, un type qui a trouvé un filon pour se faire du fric, beaucoup de fric, en organisant la fuite des « cargaisons », qu’il aperçoit le temps d’affréter un bateau de fortune. Armé d’une carapace d’indifférence, condition nécessaire pour survivre à ce qu’il vit, mais pas suffisante : les paradis artificiels et le khat sont nécessaires pour consolider le clivage qui le maintient en vie.



Un être abject, donc. Seulement malgré l’ivresse de l’alcool et du pouvoir, des images reviennent, une histoire passée se construit entre les chapitres, celle d’un enfant puis d’un jeune adulte trahi, bafoué, humilié au nom de causes politiques ou religieuses, qu’il n’a jamais eu envie de soutenir. Juste pris dans l’engrenage. Avec une seule issue, la fuite…



Un équilibre précaire aux confins de la folie, qu’une « cargaison » pas comme les autres, un regard croisé et un passé qui ressurgit viendront mettre en péril.





C’est une lecture terriblement éprouvante, en raison du thème mais aussi de la force des mots pour raconter en peu de pages l’horreur à nos portes. Ce n’est pas une découverte, de temps à autre en fonction des priorités de l’actualité, les médias s’emparent de ce qui devient un fait divers, le temps de quelques gros titres. Et c’est la force de la littérature, de créer une prise de conscience plus marquante qu’une photo éphémère à la une d’un journal.
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Le passeur

Quelle claque ! Le premier chapitre est insoutenable : Seyoum orgnaise la traversée de réfugiés. Il les volé, les frappe, les menace sans aucun scrupule. J'ai failli abandonner la lecture, c'est dire. Mais un nouvel éclairage arrive bien tôt et rend ce livre trépidant et sensible. J'ai adoré !
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Le passeur

Une plongée quasi immersive dans le monde sordide des passeurs, qui font de la détresse humaine leur fond de commerce... Violence, drogue, exploitation, tout un cortège qui accompagne celui de la migration. Une oeuvre nécessaire que je salue, car elle donne une vision réelle de ce monde que nous avons tendance à voir à travers nos lunettes un peu aseptisées. Un magistral premier roman, une auteure à suivre !
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Le passeur

J'ai vérifié sur Internet : entre les plages de Zouara (Libye) et l'île italienne de Lampedusa, il n'y a que 290km.

Pas grand chose en somme, un saut de puce à l'échelle du monde, un vol d'oiseau à peine plus long par exemple que celui, non loin de là, qui relie Nice à Ajaccio.

Si peu de kilomètres mais tellement de naufrages, tellement de vies sacrifiées, tellement de rêves fracassés sur ce mur d'eau presque infranchissable...



D'un côté l'enfer, de l'autre un espoir fou, et entre les deux Seyoum, le Passeur. À la tête d'une entreprise commerciale ô combien lucrative, c'est lui le narrateur de ce roman terrible, "l'homme" (si l'on peut dire) en charge des expéditions vers l'Europe.

Sa marchandise ? Une manne inépuisable, acheminée là par camions entiers et constituée de Somaliens, de Soudanais, d'Érythréens prêts à tout.

Tout endurer, tout subir, tout tenter.

Tout, plutôt que de rester coincé à jamais du mauvais côté du monde.

N'importe quel candidat à l'exil est le bienvenu, pourvu qu'il soit suffisamment désespéré pour se joindre à d'autres spectres ambulants, à d'autres cadavres en sursis, pour embarquer avec eux sur un radeau de fortune mettant cap au Nord (sans aucune garantie d'atteindre l'autre rive), et surtout pour rémunérer grassement Seyoum et ses sbires.



Dès les premières pages, quand nous rencontrons le passeur, il vient justement de réceptionner une nouvelle cargaison qu'il s'apprête à charger sur un vieux rafiot. Immédiatement Seymoun nous met dans l'ambiance :

"Quarante-cinq zombies luisant me fixent du même regard suppliant. J'y vois passer les ombres d'épreuves inracontables. Leurs fringues en lambeaux sont maculées de déjections. Des mouches s'y vautrent sans qu'ils en soient conscients. Ils ont lourdé leur dignité quelque part dans le Sahara. Les abominations subies n'ont pas entamé le brasier au fond de leurs pupilles, ce putain d'espoir."



La suite ne sera qu'une monstrueuse mise en lumière, épouvantablement crue, du drame qui se joue quotidiennement en Méditerranée.

Les bons romans traitant de cette effroyable thématique sont nombreux (je pense forcément à "La loi de la mer", "Eldorado", "Entre deux mondes"...) mais la plupart placent naturellement le lecteur du côté des migrants, et à ma connaissance aucun n'est axée de manière si exclusive sur le bourreau, le planificateur, l'orchestrateur de la funeste machinerie.

En donnant la parole à Seymoun, en le laissant nous raconter froidement, avec cynisme et sans la moindre once de scrupule son terrifiant business de mort, Stéphanie Coste choisit un angle original et particulièrement percutant. Son style est vif, direct, puissant, et le personnage qu'elle a imaginé semble dénué de toute morale, de toute conscience, de toute humanité.

Au travers de quelques flashbacks pourtant, nous comprenons qu'il fut jadis lui aussi un gamin plein de vie, de rêves et d'ambitions, mais qu'aujourd'hui ce gosse innocent n'est plus, qu'il a fini par rendre les armes...

Parfois, quand l'alcool frelaté et le khat qu'il consomme en abondance lui autorisent encore quelques instants de lucidité, le monstre qu'il est devenu s'interroge ("Je me demande quand exactement ma peur s'est transformée en résignation. À quel moment précis j'ai arrêté de me sentir humain") mais bien vite ses démons reprennent le dessus ("Ma voix agresse le silence : t'arrêtes tes conneries avec tes angoisses ? Non mais c'est quoi ces yeux de vierge effarouchée ? T'es un seigneur de la guerre ! Souviens-toi comment tu es arrivé ici ! Tu veux qu'on te rafraichisse la mémoire ? T'as subi et maintenant tu fais subir. Tu maîtrises l'enfer. Toi et lui vous travaillez main dans la main, il n'y a que ça qui compte. Amen.") et personne n'est dupe : l'odieux Mister Hyde a définitivement supplanté le bon docteur Jekyll.



Un petit livre d'une rare puissance, un premier roman aux intenses relents de sueur, de sang et de souillures diverses, qui me hantera longtemps...
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Le passeur

Un petit livre très impressionnant. On y découvre Seymoun qui fait passer des réfugiés de toutes nationalités vers l'Italie. Les embarcations sont en de moins en moins bonne qualité et les accidents se multiplient mais peu lui importe... ou pas. A travers l'organisation compliquée de la dernière expédition de la saison, on découvre la jeunesse de Seymoun dans son Erythrée natal - fils de bonne famille - son père est journaliste et connait des membres du gouvernement, il aime la belle Madiha. C'est sans compter la violence du pouvoir, du service militaire. Cette violence est permanente. Aucune dignité pour les hommes de ces pays qui souhaitent trouver la paix ailleurs même s'il faut risquer de mourir.

Un livre témoignage, un livre fort qui se lit d'une traite
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Le passeur

Ce roman se lit facilement et rapidement. Les pages s’amenuisent sans que le lecteur ne s’en rende compte, plongé qu’il est dans de courts chapitres alternant passé et présent.

Le sujet joue un rôle primordial dans l’intérêt du lectorat. Il est important de parler des migrants et de leur traversée maritime suicidaire dans l’espoir de gagner une autre rive synonyme d’espoir. Il l’est encore plus de mettre en évidence le manque d’humanité dont font preuve à leur égard les passeurs et autres intermédiaires gagnant de l’argent sur leur dos.

Là où le liseur est perplexe, c’est quant au choix de l’auteure de faire vivre une de ces traversées à travers les yeux de Seyoum, un passeur sans scrupule. Ce dernier traite les émigrés comme de la marchandise et non comme des êtres humains.

Narrateur du récit, ce dernier tourne donc autour de lui et de son histoire personnelle. Il est dès lors difficile pour le lectorat de suivre un personnage tel que lui tout au long de sa lecture. Il reste froid, distant face à cet homme d’une telle cruauté. Les évènements de son passé difficile, survolés, ne permettent pas d’équilibrer la balance. De plus, sa vie et ses souvenirs prennent le pas sur la thématique initiale. Ce n’est pas ce à quoi le lecteur s’attend en ouvrant cet ouvrage qui se termine sans réellement répondre aux questions du résumé et sans qu’un message clair ni qu’une réelle prise de conscience ne s’en dégagent.

Les dernières lignes, tel un sursaut, mettent cependant en garde : personne n’est à l’abri d’une trahison et cette dernière vient souvent d’une personne qui inspire toute confiance.
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Le passeur

J'ai pris une claque en lisant Le passeur.



Ce court roman nous fait plonger dans la tête de Seyoum, chef d'un gang de passeurs de migrants sur une plage Libyenne. La dernière traversée de la saison est imminente et les candidats à l’éxil attendent dans un hangar. Il organise les opérations, la tension monte mais un événement inattendu va faire remonter des sentiments enfouis depuis des années et changera sa vie.



J’ai trouvé ce livre dur, il m'a bousculé et je n'ai pas pu le lâcher une fois commencé. Avec un style intense et percutant, Stéphanie Coste, m’a fait descendre dans les bas-fonds de l'âme humaine. Elle m’a fait entrevoir comment la guerre, la violence et le désespoir peuvent faire ressortir ce qu'il y a de plus sombre en nous et transformer n'importe qui en ordure cynique. Et tout au long du roman, j’ai ressenti l’atmosphère d’une région dévastée par les conflits où règne la loi du plus fort, où la corruption est la règle et où les migrants sont des marchandises comme les autres.



Bref, c’est glaçant, c’est brut et c’est ce qui m'a plu. Pas de métaphore, on va au cœur de l’humain, de ce qu’il a de pire et parfois de meilleur.



A lire vite et sans hésitation.

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Le passeur

À lire jusqu'à la fin, vous pourriez être surpris !



Un premier roman poignant et remarquablement bien écrit sur le parcours d'un vendeur d'espoir pour les migrants, entre les côtes libyennes et l'Europe. Dénué de toute humanité en apparence, son passé le rattrape lorsque son amour de jeunesse croise sa route et fait voler en éclats son quotidien bien établi.
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Le passeur

Comme j'ai aimé ce court premier roman ! C'est un récit avec une grande puissance d'évocation comme je les aime. Lire et ressentir la moiteur de l'atmosphère, l'épaisseur de la nuit qui tombe sur les côtes libyennes, la mer qui s'agite et se soulève avec en son sein les corps qu'elle charrie pour les déverser sur le sable le lendemain. Imaginer sur l'eau ces hommes, femmes et enfants entassés sur un bateau de fortune qui vomissent leurs illusions ou gardent une once d'espoir de survivre à la traversée pour atteindre la terre promise. Eux, des survivants dits migrants.

Dès les premières pages j'ai été embarquée par ce récit bien trop réaliste, happée par la force des paysages qui se dessinaient sous mes yeux.



L'histoire gravite autour de Seyoum, passeur de profession, et du business qu'il a monté. Une affaire juteuse qui implique de soutirer un maximum d'argent à des hommes qui remettent leur vie entre les mains de Seyoum dans l'espoir qu'il les fasse traverser pour atteindre le continent d'en face. Un ailleurs meilleur?



Premier roman très réussi qui interroge sur la part d'humanité. Car Seyoum, impitoyable et sans scrupules, n'est en réalité que le résultat de ce que la vie a fait de lui. Il fut un temps où il était un être lumineux mais il s'est éteint lorsque sa promise lui a été arrachée. Depuis, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Il tente de survivre à sa façon pour ne pas se noyer dans les eaux du chagrin. Dans sa quête pour survivre il a opté pour la résignation, la brutalité et l'imperméabilité aux sentiments. Il suffit parfois de peu pour faire ressurgir la part de lumière enfouie en soi. C'est ce que Stéphanie Coste nous démontre avec brio.



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