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Critiques de Stéphanie Coste (96)
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Le passeur

Dans les drames migratoires de la Méditerranée, le passeur est souvent vu comme le profiteur d'un système de mort, n'hésitant pas faire fructifier un business basé sur l'espoir de pauvres bougres. C'est ce que fait Seyoum, gros bras du trafic humain actif sur la côte libyenne. Dans la chaleur étouffante d'un État en faillite, il orchestre des convois morbides, lançant sa "cargaison" de Soudanais, Éthiopiens et Érythréens sur la mer quelle que soit la météo. Dans ce secteur, la concurrence est rude, les garde-côtes gourmands en bakchichs et les échanges se font à coups de biftons, de rasades de gin et de khat. De quoi brouiller le cerveau et faire taire les pleurs. Tout le monde est ici blessé: les passeurs d'aujourd'hui sont souvent les naufragés d'une traversée manquée d'hier. Un roman dur qui se veut un témoignage aussi dur !
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Le passeur

Comme j'ai aimé ce court premier roman ! C'est un récit avec une grande puissance d'évocation comme je les aime. Lire et ressentir la moiteur de l'atmosphère, l'épaisseur de la nuit qui tombe sur les côtes libyennes, la mer qui s'agite et se soulève avec en son sein les corps qu'elle charrie pour les déverser sur le sable le lendemain. Imaginer sur l'eau ces hommes, femmes et enfants entassés sur un bateau de fortune qui vomissent leurs illusions ou gardent une once d'espoir de survivre à la traversée pour atteindre la terre promise. Eux, des survivants dits migrants.

Dès les premières pages j'ai été embarquée par ce récit bien trop réaliste, happée par la force des paysages qui se dessinaient sous mes yeux.



L'histoire gravite autour de Seyoum, passeur de profession, et du business qu'il a monté. Une affaire juteuse qui implique de soutirer un maximum d'argent à des hommes qui remettent leur vie entre les mains de Seyoum dans l'espoir qu'il les fasse traverser pour atteindre le continent d'en face. Un ailleurs meilleur?



Premier roman très réussi qui interroge sur la part d'humanité. Car Seyoum, impitoyable et sans scrupules, n'est en réalité que le résultat de ce que la vie a fait de lui. Il fut un temps où il était un être lumineux mais il s'est éteint lorsque sa promise lui a été arrachée. Depuis, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Il tente de survivre à sa façon pour ne pas se noyer dans les eaux du chagrin. Dans sa quête pour survivre il a opté pour la résignation, la brutalité et l'imperméabilité aux sentiments. Il suffit parfois de peu pour faire ressurgir la part de lumière enfouie en soi. C'est ce que Stéphanie Coste nous démontre avec brio.



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Le passeur

Un voyage dans l’univers de Seyoum qui nous transporte dans une réalité très noire. Aucun temps mort . Une lecture qui est rapide presque trop. On en redemande. On est tantôt horrifié puis pris presque de compassion par ce parcours de vie.

Un premier roman très efficace et haletant.

Bravo!!
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Le passeur

Un livre incisif qui laisse comme une cicatrice parce qu'il nous est donné d'éprouver la blessure des personnages. Les migrants habitent un monde en lambeaux, nous le savons, l'actualité nous l'apprend. Mais l'histoire du Passeur n'aborde pas le thème du déracinement sous l'angle des bulletins d'informations, car il est un exil plus lointain que l'abandon de son monde ; la ruine de tout monde.

Le passeur incarne cet effondrement, physique, moral, existentiel, propre à celui qui ne ressent plus rien puisqu'il n'espère plus rien. Seyoum est un être vide de promesses. Son histoire racontée en bref ne fait aucune place aux analyses psychologiques, mais pointe droit à l'essentiel ; la valeur d'une vie. Celles bien sur qu'il monnaie comme des marchandises, privées de toute dignité, mais aussi la sienne, ignominieuse, à force d'insensibilité. Que s'est il passé pour qu'un être se réduise ainsi à néant ? Quel événement plus fort qu'un exode a pu anéantir tout espoir ?

Cette question reçoit sa réponse à la fin où nous comprenons que le monde est fragile, comme la valeur d'une vie, et qu'intimement liés, ils reposent sur des promesses. Le prix d'une vie tient peut-être à la force de les tenir ...
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Le passeur

La violence est partout : dans l’histoire, dans le choix des mots, dans la construction des phrases épurées à l’écriture incisive, jetées sur le papier et crachées aux yeux du lecteur. C’est un texte qui remue, qui vient montrer le plus noir de l’homme ; cette face sombre – et même mortifère – qu’on préférerait garder cachée et ne jamais voir.

La boule décrite par Seyoum tout au long du roman se réveille également en nous, inconfort grandissant au fil des pages, qui donne la nausée.

Moi qui aime les histoires d’humanité, je dois dire que ce texte m’a bousculée, comme une lectrice qui essaye tant bien que mal de tenir debout, à la limite de la sidération. On se prend de plein fouet cette déshumanisation terrifiante, dont les flashbacks nous font comprendre le processus. On approche cette condition cruelle de passeur mais aussi de migrant, avec notre impuissance de lecteur.

Même si ce roman bouleversant se concentre sur Seyoum et sa condition de passeur, j’en retiendrai le désespoir des personnes qui doivent quitter leur pays, prêtes à prendre le risque de mourir en mer pour caresser l’idée d’une vie meilleure ailleurs.

Je crois que par sa déshumanisation – je ne sais pas si c’est son but – ce texte vient chercher notre propre humanité. Personnellement, il m’a donné envie d’ouvrir les bras aux migrants pour leur offrir un peu de chaleur humaine.



Difficile de conseiller un tel roman. Il faut quand même avoir le cœur bien accroché et être prêt à faire face à une réalité terrible. Personnellement, j’aime ces textes qui nous déstabilisent et nous retournent le cerveau et les tripes.
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Le passeur

Quelle claque ! Le premier chapitre est insoutenable : Seyoum orgnaise la traversée de réfugiés. Il les volé, les frappe, les menace sans aucun scrupule. J'ai failli abandonner la lecture, c'est dire. Mais un nouvel éclairage arrive bien tôt et rend ce livre trépidant et sensible. J'ai adoré !
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Le passeur

Une histoire poignante pour ce premier roman de Stéphanie Coste.

Divers thèmes sont abordés tels que la guerre, la violence, l’immigration, la dure condition de vie des migrants qui sont prêts à mourir pour fuir leur pays.

Nous suivons tout au long du roman le personnage de Seyoum, érythréen devenu l’un des passeurs les plus importants de la côte libyenne. Un personnage violent, détruit par la vie, qui ne rime plus qu’à mâcher du khat et boire du gin pour s’évader de cet enfer quotidien.

C’est pourtant plus qu’un simple passeur sans empathie qui n’en a que faire des nombreux morts sur sa conscience. On peut découvrir, grâce aux multiples analepses (flash-back), un jeune adolescent d’Asmara (capitale de l’Érythrée) qui mène une vie normale dans les premières années avec son amoureuse Mahida. La politique d’un pays peut tout bouleverser, briser une routine, une famille, un avenir, une vie tout simplement. L’arrivée du régime dictatorial au sein de son pays affectera profondément la vie de Seyoum. Nous découvrons alors la violence des camps d’endoctrinement, la famine, l’enfermement en plein désert, la torture, la perte de toute humanité en somme.

L’histoire émouvante de Seyoum permet de prendre conscience de ces conditions de vie qui sont une réalité pour de nombreux migrants. Un livre qui fait réfléchir sur l’état du monde ainsi que de la responsabilité des politiques actuelles face à ce fléau humanitaire.

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Le passeur

J’avais repéré le livre de Stéphanie Coste au moment de sa sortie chez Gallimard en janvier dernier, me disant que ce serait probablement un livre à lire car j’ai une affection particulière pour les premiers romans.



C'est une des spécialités de la collection blanche de cette maison d'éditions que de trouver de jeunes auteurs talentueux. Et quand j’ai vu qu’il était dans les présélections pour un prix littéraire, là je n’ai plus hésité un instant.



Cela tombe bien puisque « Le Passeur » de Stéphanie Coste est le lauréat 2021 du Prix de la Closerie des Lilas.



Dans le landerneau des prix littéraires, celui-ci, encore récent, il est né en 2007, a pour caractéristique d’être 100% féminin. Le jury n’est composé que de femmes, et le prix est obligatoirement décerné à une femme !



Mais revenons à Stéphanie Coste et son livre « Le Passeur ». Le livre vient nous rappeler la triste réalité des migrants qui traversent la Méditerranée dans des conditions effroyables pour fuir leur pays et espérer trouver en Europe un havre de paix.



Stéphanie Coste frappe fort, et sans doute son enfance africaine, elle a vécu à Djibouti et au Sénégal, l’a prédestinée à évoquer le sujet. Elle ne se place du côté de victimes mais de celui du bourreau, pour mieux marquer les esprits sur le sordide de la situation, et éviter le misérabilisme habituel auquel la Presse nous habitue sur le sujet.



« Le Passeur » c'est Seyoum, un homme qui a fait le choix d’être trafiquant de l’humanité, vendeur de rêves, ou plutôt de misère. Il est l’expression humaine de la honte humaine, de la honte européenne, absente face à cette aberration de l’humanité, une de plus… Mais Seyoum n’est pas devenu passeur du jour au lendemain. Seyoum est le symbole de toutes les victimes des guerres africaines. Il a connu l’emprisonnement, la dictature, l’effondrement de son pays. Ses rêves sont derrière lui. Et aujourd’hui il ne lui reste plus que cela à faire. Acheter des bateaux des fortune pour y vendre à prix d’or à de pauvres bougres l’espoir d’un monde meilleur… Comme si cela pouvait être une revanche sur la vie !



Comment peut-on en arriver là ? C’est aussi la réflexion que mène Stéphanie Coste dans son livre pour expliquer les ressorts profonds qui peuvent transformer un homme en brute sans scrupule. Mais nous le savons tous, l’histoire ne fait que se répéter.



Le livre évoque aussi la tragédie de la traversée, du départ la nuit des côtes libyennes à l’espoir de voir Lampedusa, la mer qui s’agite et les corps que l’on retrouve au petit matin déversés sur le sable comme de vulgaires morceaux de bois car le bateau de fortune où ces hommes, ces femmes ces enfants ont été entassés n’a pas tenu la mer.



Et le récit de Stéphanie Coste est réaliste, cru, sans fard, pour rappeler une réalité que l’on oublie un peu trop vite avec nos "breaking news". Le livre est court, presque trop, mais le ton narratif employé par l’auteure lui donne d’autant plus de force, de vigueur, comme pour donner au lecteur un bon uppercut.



Ce livre est une arche de Noé, une bouteille à la mer, qui nous est lancée comme est lancé un boomerang. Il revient d’où il est parti. Et où revient -il ?



Pas en Afrique, là où règnent la pauvreté et la misère, mais là où règne l’opulence, avec cette outrance des pays "d’enfants gâtés" toujours prêts à se plaindre, mais qui surtout ne regardent pas trop loin, pour ne pas être dérangés.



Ce livre puissant et terriblement bien écrit nous lance une question : Combien de temps encore laisserons nous faire l’inacceptable ? Je ne crois pas que la réponse soit dans ce roman, mais il est un témoignage pour que quelque part dans notre conscience une petite lumière reste allumée et nous incite à agir.



Bonne Lecture



Aux éditions Gallimard – 01/2021 -136 pages


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le passeur

Avec ce premier roman, Stéphanie Coste donne un visage aux migrants et les rend proches de nous. Au manichéisme bourreau-victime, elle préfère un tableau gris, avec toutes les variantes du nuancier, sans éviter parfois les gros rebondissements romanesques tirant sur les ficelles du mélodrame. Ce livre court confirme ce que nous pensions du drame humanitaire qui se vit aux frontières de l’Europe et particulièrement en Méditerranée, avec l’échec de la communication, la dureté du régime lybien, l'échec d'un monde qui se veut bon et un récit qui rattrape ses défauts par un rythme haletant.
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Le passeur

Entre enfer des migrants et profits sans scrupule d’odieux passeurs parfois ex-migrant eux-mêmes, la structure narrative de ce roman, rythmé par d’incessants vas et viens entre passé et présent, m’a probablement perdu malgré la force du sujet.



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Le passeur

Une claque! J'ai adoré chaque mot de ce livre. Un petit livre avec beaucoup d'émotion. On réfléchit, on frémit, on grince les dents mais à la fin on regrette pas le voyage avec ce personnage.



L'auteur est renseigné. Le rythme est fantastique.

Je ne pouvais pas lâcher le livre tellement je me sentais impliqué.e. On rentre dans la psychologie d Seyoum. Il est complexe mais englué dans une routine malsaine avec son traffic de passage entre la Libye et l'Italie.

On voit son évolution pour rentrer dans ce réseau de son enfance à 2015.

J'ai adoré le personnage de Madiha. J'ai aimé son rite psychique et son emprise sur Seyoum.

Quel livre! A lire une fois dans sa vie. Un classique en devenir.

On voit que Stéphanie Coste s'est renseigné avant d'écrire. Merci à elle pour son excellent travail.





J'ai regardé des vidéos seule la guerre d'Éthiopie et l'Érythrée avec courrier international afin de mieux comprendre le livre.

https://youtu.be/1fbEkPaNF3E



Je vous recommandé également ce mini entretien avec Stéphanie Coste. Hâte de lire d'autres livres de cette écrivaine.

https://youtu.be/x1qr12v5CEs

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Le passeur

Seymoun, la trentaine, impose son autorité sur la côte libyenne. Il est un des plus gros passeurs de migrants vers l'Italie et la célèbre Lampedusa. Il va être destabilisé dans sa vie par l'arrivée d'un énième convoie de migrants venu d’Érythrée.

Nous sommes dans la tête de Seymoun en 2015 en libye. Ce personnage arrogant, sans scrupule, désagréable et violent dont on va découvrir la vie et comment il est arrivé là. Seymoun est Érythréen, avec des flash back bien mené nous allons découvrir le Seymoun depuis 1993 lors de la prise de pouvoir et la mise en place du nouveau gouvernement après le référendum d'indépendance.



Un premier roman vif et cinglant. Les phrases sont très courtes et toutes très froides. Une violences telles des vagues qui nous fouettent. La lecture est dynamique et rapide, addictive aussi pour connaitre l'histoire de notre personnage. On se retrouve KO à la fin de la lecture. On aborde les migrants sous un nouvel angle. Un premier roman très réussi qui laisse à réfléchir.
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Le passeur

Ce petit livre de 140 pages se lit d’une traite. Comme tout bon livre on n’a pas envie de le quitter quand on l’a commencé.

Stéphanie Coste évoque le sort des migrants mais chose exceptionnelle d’un point de vue d’un passeur. Seyoum vit sur la côte libyenne. A la tête d’un réseau, il « aide » les candidats à la traversée à embarquer vers l’Europe. A l’occasion de l’arrivée d’un groupe de personnes, son histoire personnelle vient le tourmenter.

Une histoire concentrée et dense, une histoire dure et percutante. Stéphanie Coste nous entraine dans un monde glauque et violent. Les passeurs sont sans pitié non seulement pour les migrants mais également entre eux. Leur survie physique et sociale est une lutte permanente. Pour eux c’est une activité (lucrative) comme une autre et seul le business compte.

Tel un avocat de la défense, l’auteur nous expose ici un point de vue méconnu qui permettra peut-être au lecteur de voir ces passeurs d’une autre manière.

Un livre apprécié.

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Le passeur

Un livre que j’ai adoré, on était proche du coup de coeur ! On suit Seyoum, un passeur de clandestins qui fuient la guerre, leur pays ou simplement la misère. Son but est de les faire aller en Italie, depuis la Libye, sur des embarcations de fortune. L’autrice décrit avec force et réalisme les raisons qui poussent les passeurs à faire ce « métier », les conditions dans lesquelles les migrants vivent et voyagent, le désespoir qui ronge ces familles… Pour une fois, nous avons le point de vue d’un passeur, et non pas des migrants. On découvre alors le juteux business qui se cache derrière cette activité, la guerre des clans, le rôle de l’alcool et la drogue, mais surtout, comment Seyoum en est arrivé là.



J’ai trouvé ce livre poignant, criant de vérité, extrêmement bien documenté et nécessaire. C’est un livre dur, éprouvant, et pourtant tellement bien écrit.
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Le passeur

Vivre l'enfer !

Ce court roman de Stéphanie Coste nous emmène dans les deux vies de Seymoun, son personnage principal. Deux époques ( 2001 et 2015) et deux pays (L'Erythrée et la Lybie), l'insouciance et l'inhumanité, le bien comme le pire.

On découvre au fur et à mesure de la lecture ce qui a détruit cet homme, devenu passeur meurtrier et inhumain sur la côte libyenne. On suit également la vie de Mahida personnage féminin héroïque de ce roman.

Ce récit est dur, violent, cruel, cauchemardesque pour les images qu'il provoque. Il montre des pays africains corrompus et totalitaires. Des dictatures qui détruisent et transforment tout être où le seul espoir réside dans une traversée vers une Europe sauveuse.

Après nous avoir montré l'enfer, l'autrice nous laisse cependant sur une note d'espoir. Une croyance en l'homme qui malgré les obstacles, les trahisons et la douleur et l'horreur a encore la force de vivre. Elle nous réveille sur ce qui se passe aux portes de l'Europe, elle nous oblige à regarder en face ces corps qui coulent en Méditerranée et qui sont devenus des chiffres égrenés dans les quotidiens.
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Le passeur

LE PASSEUR de Stéphanie Coste



Un sujet d'actualité ne fait pas forcément un bon roman et, c'est le sentiment que j'éprouve en refermant le livre de Stéphanie Coste qui ne nous épargne aucun mot à la mode dans cette histoire racontée du point de vue d'un passeur sans scrupule et traitée de façon superficielle.



Et s'invite partout [...] p.72

[...] mon cerveau ne percute pas. p74

[...] ses mains sur le volant racontent sa peur p.79

Ses yeux dans leurs orbites spectrales me crucifient avec des clous de haine. p80

Deux ou trois coups de sifflet convoquent le silence p.86

[...] je scotche mon regard aux étoiles et à la lune. p116



On avait pourtant annoncé une grande fresque de l'histoire d'un continent meurtri...











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Le passeur

C'est la dernière traversée de l'année, puis il faudra attendre le printemps, les candidats sont nombreux, cantonnés sous de fortes chaleurs dans les entrepôts de Seyoum, sur la côte libyenne. Cette traversée est le dernier espoir de ceux qui tentent d'atteindre les côtes de l’Europe, pour quitter cette terre d’Afrique devenue inhospitalière.

Ils ont payé le prix fort à ceux qui les conduisent depuis l’Éthiopie, le Soudan ou l'Érythrée. Seyoum est comme tant d'autres, un passeur de vies, un de ces hommes qui font fortune sur la misère des autres. Sans hésiter, il use de violence pour se faire respecter. Est-il sans pitié, cet homme qui s'enrichit sur la peur et le désespoir de ses congénères ? D'où viennent les angoisses qu'il calme avec des doses de Khat et de gin dans la chambre où il traîne sa misère dans la profondeur et la noirceur de la nuit.



Alors que le dernier chargement d'érythréens vient d'arriver, le passé de Seyoum se dévoile, sombre et meurtri. Il est arrivé voilà déjà dix ans. La famille heureuse à Asmara, son amour naissant pour Madiha, puis la révolution, la peur, les arrestations et les exécutions, l’embrigadement dans les camps de travail, les tortures, et la fuite, seul. Il se nourrit aujourd’hui de son propre passé, de ses peurs les plus profondes, de ses plaies à vif qui se réveillent en cette ultime nuit.



En deux époques pour conter la vie et la misère de ses différents protagonistes, Libye 2015, Érythrée, de 1993 à 2005, Stéphanie Coste déroule une partie infime de l'histoire politique de l’Afrique. Le désespoir de ceux qui donnent tout pour quitter l’Afrique et vivre leur rêve de l'autre côté de la méditerranée. Cette mer devenue le tombeau de nombreux candidats à l’exil.



Une lecture qui donne une vision de l'intérieur du monde des passeurs, de ces guerres d’intérêts financiers qui règnent sur ces rives pour emmener jusqu'à nos côtes les migrants et leurs rêves de vie meilleure.



chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/04/19/le-passeur-stephanie-coste/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Le passeur

Seyoum est un passeur sur les côtes libyennes. Pour lui la cargaison même si elle n'atteint pas Lampedusa, ça ne l'empêchera pas de dormir. Aucune humanité ne s'échappe de lui, jusqu'à sa dernière cargaison.

Un roman très puissant où les mots durs reflètent la triste réalité des migrants.
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Le passeur

n premier roman saisissant qui nous plonge dans la réalité crue et violente du business des passeurs. Ceux qui, comme Seyoum, sur la côte libyenne, de mèche avec la police des mers, organisent des traversées vers Lampedusa sur des rafiots qui prennent l'eau. Candidats à l'odyssée, fuyant l'Érythrée, des hommes et des femmes paient très cher pour être parqués, sans eau et sans nourriture, dans des hangars noirs comme le désespoir avant d'être lancés sur les vagues avec, comme seul guide, un GPS dont on n'est pas sûr qu'il trouvera ou qu'il tiendra la route. Petit caïd d'un réseau qui génère beaucoup d'argent, défoncé du soir au matin, Seyoum, lui-même Érythréen, est le produit d'une histoire tragique où tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un semblant de bonheur - y compris l'amour de Madiha - lui a été confisqué. En écho à ses agissements dégueulasses de professionnel de la migration, Stéphanie Coste relate sa jeunesse maltraitée, plaçant son lecteur dans l'étroit espace moral qui distingue le bien du mal.
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Le passeur

Un passeur de la côte libyenne qui s’en met plein les poches depuis des années en profitant de la détresse de milliers de pauvres gens qui rêvent d’exil car là où ils vivent il n’y a que conflits et instabilité.

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L’argent ne semble pourtant pas suffire à panser ses blessures du passé, comme des sillons dans chaque parcelle de son être. Un corps et une âme torturés qui tentent de s’apaiser sous l’emprise de l’alcool et du khat, comme une envie de s’oublier et de disparaître de la surface de la terre.

.

Seyyoum s’en sort tant bien que mal jusqu’au jour où un convoi spécial arrive pour une traversée et fait brutalement tout resurgir, son passé qui a fait de lui l’homme qu’il est devenu aujourd'hui. Avant d'être à son tour bourreau, il fut aussi une victime lui-même. Peut-être qu' une chance de rédemption s’offre à lui ?

.

À travers Seyyoum, c’est le destin de tout un peuple, de tout un pays et même de tout un continent dont il est question ici.

.

La Lybie est un point de transit pour les hommes, les femmes et les enfants qui fuient l'instabilité dans certaines régions d'Afrique et du Moyen-Orient afin de gagner l'Europe, terre promise des migrants.

.

La mer brise les rêves et les engloutit comme un monstre à qui les passeurs sans vergogne livrent des offrandes.

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Un premier roman de 136 pages magnifiquement bien écrit et qui vous happe du début jusqu'à la fin. De l'émotion et des révélations qui prennent par surprise.

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