Citations de Susanna Tamaro (150)
"Le renoncement à soi conduit au mépris"
Le temps fane,décolore les teintes les plus violentes.
Si on te dit des choses de ce genre, n'y crois jamais, ce n'est pas vrai, on répète cela pour se consoler, c'est tout. Bien sûr, quelquefois on a l'impression que le temps guérit les blessuresq, on a cette impression, mais c'est une impression fausse, totalement fausse. Le temps travaille sournoisement, comme une vrille, il creuse, perfore, transforme les trous en gouffres, en abîmes.
POurquoi les hommes ont-ils construit les chambres à gaz, pourquoi des ingénieurs spécialisés ont-ils établi l'angle exact de rotation des chariots des fours pour optimiser le temps - rien ne devait arrêter le rythme du recyclage; ils faisaient leurs calculs pendant que leurs épouses tricotaient au salon et que leurs enfants, dans leurs pyjamas de flanelle, dormaient dans leurs lits, en étreignant leur ours en peluche.
Ce sont les hommes qui ont raflé les personnes, maison par maison, qui les ont débusquées des lieux les plus cachés; ce sont les hommes qui se sont inondé les mains de sang, qui ont tué les nouveaux-nés à coups de pied, qui ont massacré les vieux; des hommes qui, au lieu de voir en l'autre un regard, n'ont vu qu'un objet."
Tout le monde dit : où était Dieu? POurquoi n'a-t-il pas mis fin au massacre d'un claquement des doigts, pourquoi n'a-t-il pas fait tomber sur les impies une pluie de braises, de feu et de soufre? Mais moi je dis, au contraire : où était l'homme? Où était la créature "à peine inférieure aux anges"?
Une privation raisonnable fait du bien aux plantes comme aux enfants : il faut renoncer à quelque chose, pour éprouver ensuite le désir de l’avoir.
Aujourd’hui, il y a une idée très répandue, qui est stupide. On pense que pour être heureux, les enfants doivent avoir tout, tout de suite : connaître plusieurs langues, jouer avec un ordinateur. Pour se mettre en voyage, il faut avoir la nostalgie de quelque chose.
De quoi l’homme moderne avait-il faim, lui qui possédait tout, sauf lui-même ? De quoi l’âme avait-elle faim ? De gloire, de triomphes, de jugements, de séparations, ou peut-être, tout simplement, de découvrir un seuil devant lequel s’agenouiller ?
La vérité dépend du point de vue que l’on adopte, et comme les points de vue sont innombrables, les vérités le sont aussi. Celui qui prétend détenir la vérité dans une main tient déjà un couteau serré dans l’autre, pour la défendre. Celui qui tire Dieu de son côté le fait pour pouvoir te tuer. Souviens-toi de ce qui était écrit sur les ceinturons des nazis : Gott mit uns. Dieu est avec nous. Souviens-toi des bûchers sur lesquels les catholiques ont fait brûler vifs ceux qui ne pensaient pas comme eux. La vérité et la mort cheminent toujours côte à côte
Et si la parole magique était justement « transformation » ? Si l’obscurité existait justement pour accueillir la lumière ?
Qui décide des rôles ? Tuer ou être tué : qui décide ? Peut-être celui qui se trouve dans le faisceau de lumière ; mais ceux qui sont dans l’ombre, que font-ils ? Et moi, sur quelle portion de la scène suis-je ? Tout se déroule-t-il vraiment comme sur une scène de théâtre : entrer, sortir, oublier sa réplique, se tromper ?
Et que deviennent alors les râles des victimes, la sueur froide de leur agonie, le sommeil des bourreaux, leurs nuits de brutes ?
Cette vie n’est-elle vraiment qu’à nous, est-ce le seul espace de lumière qu’il nous est donné de traverser ? N’est-ce pas une cruauté excessive que de tout jouer sur une seule existence ? Comprendre, ne pas comprendre, se tromper, se heurter ? Un instant séparer la naissance de la mort, nous ouvrons la bouche pour dire « oh » devant tant d’horreur, un « oh » de stupeur et puis, tout est fini ?
Quand le cœur se déchire, quel bruit fait-il ? Le bruit sourd d’une éponge trempée, ou le sifflement d’un feu d’artifice baigné par la pluie ?
Pourquoi devons-nous toujours traîner le poids des gestes non faits, des phrases non dites ? Ce baiser non donné, cette solitude que je n’ai pas étreinte. Pourquoi, dès notre naissance, vivons-nous plongés dans cette extraordinaire myopie ?
Le lacrime che non escono si depositano sul cuore, con il tempo lo incrostano e lo paralizzano come il calcare incrosta e paralizza gli ingranaggi della lavatrice
Quando a te si apriranno tante strade e non saprai quale scegliere, non imboccarne una a caso, ma siediti e aspetta. Respira con la profondità fiduciosa con cui hai respirato il giorno in cui sei venuto al mondo, non farti distrarre da nulla, aspetta e aspetta ancora, resta in silenzio ed ascolta il tuo cuore. E quando ti parla, alzati e vai dove lui ti porta.
Ma mère s'est mariée à seize ans, à dix-sept ans elle m'a mise au monde. Durant toute mon enfance, ou plutôt durant toute ma vie, je ne l'ai jamais vue faire un seul geste affectueux. Son mariage n'avait pas été un mariage d'amour. Personne ne l'y avait contrainte, elle s'était contrainte toute seule parce que, riche, juive et, qui plus est, convertie, elle aspirait à porter un titre de noblesse. Mon père, plus âgé qu'elle, baron et mélomane, s'était entiché de ses dons de chanteuse. Après avoir procréé l'héritier que la bienséance exigeait, ils ont vécu dans un océan de mesquineries et de petites vengeances jusqu'à la fin de leurs jours. Ma mère est morte insatisfaite et aigrie, sans jamais être effleurée par le doute qu'elle pouvait avoir quelques torts. C'était le monde qui était cruel, parce qu'il ne lui avait pas offert de meilleurs choix. Moi, j'étais très différente d'elle et à sept ans déjà, passé la dépendance de la petite enfance, j'ai commencé à ne plus la supporter.
J'ai beaucoup souffert par sa faute. Elle s'énervait souvent et uniquement pour des raisons extérieures. Sa prétendue "perfection" me donnait l'impression d'être méchante et la solitude était le prix de cette méchanceté. Au début, j'essayais d'être comme elle, mais ces tentatives maladroites échouaient toujours. Plus je m'efforçais de lui ressembler, plus je me sentais mal à l'aise. Le renoncement à soi conduit au mépris. Du mépris à la rage, il n'y a qu'un pas. Quand j'ai compris que l'amour de ma mère n'était lié qu'aux apparences, à ce que j'aurais dû être et non à ce que j'étais vraiment, dans le secret de ma chambre et de mon coeur j'ai commencé à la détester.
Pour échapper à ce sentiment, je me réfugiais dans un monde qui n'était qu'à moi. Le soir, dans mon lit, je recouvrais la lampe d'un chiffon et je lisais des romans d'aventures jusqu'à des heures tardives.
Et puis, quand plusieurs routes s'"offriront à toi et que tu ne sauras pas
laquelle choisir, n'en prends pas une au hasard mais assieds-toi
et attends.
Respire profondément, avec confiance,
comme le jour où tu es venue au monde,
sans te laisser distraire par rien.
Ne bouge pas, tais-toi et ECOUTE TON COEUR
Puis, quand il parlera, lève-toi et va où il te porte.
Il faut de la générosité dans la vie :
cultiver son petit caractère sans rien voir de ce qui vous entoure,
cela signifie respirer encore
mais être déjà mort
les crêpes, tu dois penser à tout sauf à les faire retomber
dans la poêle.
C'est drôle mais c'est justement la DISTRACTION
qui nous fait parvenir au centre des choses,
à leur coeur.
c'est là le grand, le terrible chantage de l'éducation,
celui auquel il est presque impossible d'échapper.
Aucun enfant ne peut vivre sans amour.
C'est pour cela que l'on se conforme au modèle requis,
même si on le trouve mauvais.
au fil des années, j'ai renoncé à moi-même, à la part
la plus profonde de moi, pour devenir une autre personne,
celle que mes parents souhaitaient que je devienne