Citations de Sylvie Le Bihan (83)
….on a gagné des années de vie qui ne servent à rien car elles ont beaucoup perdu en intensité.
Tout a disparu quand j'ai senti que j'allais être saccagée et que j'ai paniqué.La peur, c'est la projection des douleurs à venir et la conscience de notre mort possible.
les deux hommes discutèrent de la théorie du duende, « ce pouvoir mystérieux que tout le monde ressent et qu'aucun philosophe n'explique » pour reprendre le mot de Goethe sur Paganini. Le duende sur le fil l'extase de la beauté et la possibilité de la mort. […] - Ce que j'appelle duende dans l'art, conclut Federico, c'est ce fluide insaisissable qui en est la saveur et la racine, quelque chose comme un élixir qui éveille la sensibilité des gens.
C'est étrange une passion... Ça te bouffe et te nourrit à la fois.
Un retour n a de sens que si on y est espere. (Page 270)
Tu as déjà vu le regard d’un espontáneo ? C’est la famine et le désespoir qui le font sauter dans l’arène. C’est l’envie de se faire remarquer pour gagner sa vie à la risquer. Combien d’hommes sont morts en en faisant rêver d’autres ?
Sans conteste, j’ai assisté à un fait d’une grande violence, mais j’attendais simplement que ça passe, je ne me sentais pas concernée par cette jeune fille, bout de viande ballotté qui hurlait sans bruit.
La vie est faite de rendez-vous manqués et quand on prend conscience de la peine qu’on a infligée à ceux qui ont attendu un geste, une parole ou un regard en vain, on porte cette souffrance en nous jusqu’au dernier jour.
Les vainqueurs récrivent l'histoire à leur façon, mais ce sont les vaincus qui se transmettent la vérité.
C'est ce qui me fait peur aujourd'hui avec la montée du populisme. J'entends les discours enjôleurs, avec en creux la haine de l'étranger, de ces croyances, de sa culture, l'utilisation de la peur et le repli sur soi comme un bouclier.
En une seule image, il parvenait à brosser la violence et l'absence de beauté du monde moderne. En une strophe, il symbolisait l'audace et la nécessité de la poésie face à ce fracas.
Maria à Giulia :
Toi qui crois être à l'écoute de tes enfants, tu n'entends plus (...)
Il arrive un moment où l'avenir d'un enfant n'est plus la responsabilité des parents, c'est la sienne.
En une fraction de seconde, j’ai tourné le dos à cette scène et mon double est parti se réfugier sur le mur aux carreaux blancs des douches du camping.
Alors, prends maintenant mes baisers, garde cette envie de nous revoir et de nous aimer longtemps, ces promesses d’amour auxquelles nous avons failli, souviens-toi de la femme qu’une nuit tu as aimée, imagine tous mes secrets, invente la suite de notre histoire et range-la au fond d’un tiroir […]. Il faut conserver le souvenir des belles choses, ce sont des petits riens que l’on met bout à bout, nos mots en longue phrase et nos peaux effleurées dans la douceur de l’aube.
Rêver, c'est fuir, c'est se laisser emporter par ce sommeil passeur, menteur, dont on se réveille toujours déçu car face à la réalité, le rêve est toujours vaincu.
On s’habitue à tout, même à la beauté.
L'oubli n'est qu'un lapsus de mémoire, un couvercle, au mieux un pansement, tout sauf une protection, car mon passé est encore là, sous-jacent, stocké, fiché par un cerveau zélé qui rit de mes errances.
C’est dans ces moments-là, ceux où je me sens happée par le vide, qu’une mère me manque, ne serait-ce que pour lui en vouloir de m’avoir ôté l’enfance qui m’aurait construite autrement. En partant, elle a fait de moi une mendiante, une pouilleuse et ma faim d’amour, trop visible derrière mon masque de femme libre, faisait fuir les hommes, tous les hommes, même ceux que je ne voulais pas vraiment.
L'Espagne, c'est une mosaïque de contrastes politiques, religieux, sociaux, culturels et économiques. Quand tu penses que les gitans andalous n'ont aucune affinité avec les autres gitans espagnols, tu imagines que le message ne pouvait pas passer...Pour se battre, les gens doivent aimer ce qu'on leur propose. Il aurait fallu rendre la vie meilleure aux pauvres et permettre aux riches de vivre avec un peu moins, mais ça ne s'est pas du tout passé comme ça, et ça été sanglant ...
J'ai été témoin d'un engouement identique à Séville, à Grenade et à Madrid. J'ai vu l'émotion dépasser la réalité. Les gens croyaient que les choses changeraient parce que l'intention était bonne et parce qu'ils étaient persuadés qu'avec un peu d'éducation la population comprendrait. Mais ces gens dont vous parlez, ces résistants qui refusent de rester les bras croisés et affluent de tous côtés, que connaissent-ils de l'Espagne ? Quelles sont leurs vraies motivations à part projeter dans ce conflit leurs propres rêves et espoirs ? J'ai bien peur que cette guerre ne soit plus une excuse pour vivre un idéal qu'une véritable occasion de défendre un peuple opprimé.