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Critiques de Sylvie Yvert (126)
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Mousseline la Sérieuse

Sylvie Yvert - Mousseline la Sérieuse - 1996 : A force de lire des livres sur le sujet on en viendrait presque à détester les révolutionnaires, leur violence, leur orgueil si mal placé et l'ignominie de bien des actes qui anticipe la beauferie moderne si représentative d'une France envieuse et grande gueule à en crever. Bien sûr l'idée est belle, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen est un texte canonique qui continu de porter les plus belles valeurs de notre république. Il faut se remettre aussi dans l'époque et comprendre la colère d'un peuple soumis aux brimades de la noblesse depuis plus d'un millénaire. Mais était-il utile de se venger ainsi d'un couple royal pas meilleur que les autres certes mais sûrement pas le pire de sa lignée non plus. Devait-on ainsi faire couler sur l'échafaud le sang coagulé de longues colonnes d'innocents condamnés sans scrupule pour une particule mal placée ou pour avoir proféré de prêt ou de loin une légère critique sur le nouveau régime phrygien. Marie-Thérèse est la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette l'autrichienne honnie qu'on ne surnomme plus dans l’hexagone que madame déficit, une femme certes dispendieuse mais aussi une mère exemplaire adorée par ses enfants. On sent bien qu'enfermer au temple on lui fait payer ses déclarations passées du genre "si le peuple n'a pas de pain qu'il mange de la brioche" adresse qu'elle n'a évidemment jamais prononcé mais qui a été martelée nuit et jours par la propagande révolutionnaire. Ces fausses mémoires se lisent à travers les yeux d'une petite fille de dix ans qui ne comprend pas les humiliations et les violences que subissent ses parents et son petit frère. Sous sa plume apocryphe, Sylvie Yvert nous fait revivre de l'intérieur des événements que personne n'a vu comme l'adieu du roi à sa famille le jour de son exécution ou l'enlèvement des enfants royaux à la reine. Ces scènes sont terribles, encore une fois les deux monarques n'étaient pas des anges mais l'inhumanité dont on a usé avec eux ne grandit pas la révolution. Mousline la sérieuse comme la surnommait sa mère passera le reste de sa vie dans le rôle d’une relique qu'on présentera comme le témoin muet du massacre à chaque fois que la noblesse essaiera de rétablir son modèle de société inique et totalement liberticide. Celle qu’on appellera toute sa vie Madame Royale ne blâmera jamais publiquement le peuple français, elle dira toujours que son père lui avait appris à pardonner et que la supposée faute de quelques-uns ne pouvait pas rejaillir sur la majorité des français. Il faut croire que la liberté valait le prix du sang, un sang que Napoléon 1° fera couler comme un torrent au nom d’une autre noblesse et sous le prétexte de sauvegarder à travers lui les acquis de la révolution. Le roman de Sylvie Yvert aborde brillamment cette petite histoire qui nous plonge dans la grande sans la sacro-sainte distance si chère aux historiens universitaires. C'est un livre qui ne manque pas de parti pris et sans doute aussi d’exagération mais dans l'esprit il reste un modèle de roman historique et populaire… très convainquant
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Il était une fois Lamartine

La romancière Sylvie Yvert s'incarne en Elisa de Lamartine, anglaise née Mary Ann Elisa Birch, plus connue comme Marianne de Lamartine … dont le buste serait devenu le symbole de notre république lors de la révolution de 1848.



J'avoue rester songeur si notre symbole national fut emprunté à la perfide Albion, mais après tout quand je vois le ministre délégué à la Citoyenneté présenter son projet « nous sommes Toutes Marianne » avec mission d'accoucher d'une figure plus « inclusive et transgenre » pour orner les timbres-poste, je me dis que le choix improbable de nos aïeux était sage et séduisant.



« Au moins le souvenir » fait revivre avec passion Alphonse de Lamartine en se penchant plus particulièrement sur son rôle politique et les vingt années 1830-1850 qui virent le diplomate, après la mort de leurs enfants, s'orienter vers la politique et l'histoire en publiant « L'histoire des Girondins ». Ce qui lui façonna une image « républicaine et socialiste » et le propulsa au premier rôle lors de la chute de Louis Philippe en 1848 et la proclamation de la seconde république.



Hostile au bonapartisme, le romantique suranné fut écarté et oublié sous le second empire et mourut dans la misère.



En quatre cent pages, la romancière publie une biographie historique et littéraire qui rappelle ce que fut l'époque dans laquelle vécut Lamartine (né en 1790 à Mâcon ; mort en 1869), analyse l'évolution de sa pensée politique et rappelle la richesse et la variété de l'oeuvre de celui qui fut poète, romancier, historien et … perpétuellement contraint de publier pour régler ses dettes.



Au fil des chapitres le lecteur rencontre Chateaubriand, Dumas, Hugo, Sand, Thiers et se régale de multiples anecdotes.



J'ai autant apprécié cet ouvrage que le précédent « Mousseline la sérieuse ». Sylvie Yvert s'appuie sur de solides bases historiques et rédige d'une plume élégante qui restitue le style charmant et un peu désuet du XIX siècle.



Ceci incite à relire Graziella et donne envie de visiter Milly pour retrouver « Laurence » et « Jocelyn », l'abbé Dumont, le précepteur De Lamartine.
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Une année folle

Un peu décontenancé par l’anonymat dans lequel Sylvie Yvert confine ses premiers rôles de la tragi-comédie des cent jours, j’ai apprécié cette fable intemporelle, enjouée et amorale.



Charles, alias Colonel de La Bédoyère, est le premier officier à se rallier, avec son régiment, à l’aigle débarqué de l’ile d’Elbe.

Antoine, Comte de Lavalette, est directeur des postes sous l’empire et pendant les cent jours.



Après Waterloo, ils sont condamnés à mort avec le Maréchal Ney.



Leurs épouses, Georgine de Chastellux et Emilie de Beauharnais, vont tenter l’impossible pour les sauver.

L’un est fusillé, laissant une veuve inconsolable, l’autre s’évade mais son épouse perd la raison.

Sous le second empire, Edgar fils du Maréchal Ney, épousera Clotilde, veuve de Georges de La Bédoyère, fils de Charles.



Le scénario invasion, occupation, libération, épuration se reproduit au fil des siècles de notre histoire comme le rappelle la romancière et cette année folle 1815 préfigure 1944 et le destin tragique de Georges Mandel, lointain successeur au ministère des Postes d’Antoine de Lavalette.



J’ai apprécié ces pages d’histoire, rédigées dans la langue de Chateaubriand et Vigny, autres acteurs de la restauration, et ai été séduit par Emilie et Georgine, héroïnes romantiques, broyées par l’amour, victimes d’une justice qui voulait « faire un exemple ».
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Une année folle

Dans cette vaste frasque historique, Sylvie Yvert s’attache aux pas de Charles et d’Antoine, deux hommes opposés par la naissance et l’âge mais tous deux fidèles de Napoléon.

L’histoire débute par la fin, lorsque Charles, doit se défendre durant son procès.

Charles, jeune aristocrate marié à Georgine qui vient d’une famille royaliste, « s’est rendu coupable, dit-on, de rébellion et de trahison après avoir succombé à des sentiments mal éteints. » Nous sommes en 1815, l’année du retour de Napoléon durant cent jours et qui se terminera tragiquement à Waterloo tandis que Louis XVIII retrouve son trône. Charles, traduit en conseil de guerre, est accusé d’avoir comploté et participé au coup d’état qui a permis à Napoléon de quitter Sainte Hélène pour retrouver son titre d’empereur.

Antoine, qui a épousé la nièce de Joséphine de Beauharnais, celui qu’on surnomme « le mamelouk » à cause de sa fidélité à l’empereur, a eu une carrière fulgurante en réorganisant la poste et l’acheminement du courrier.

Et pour comprendre tout l’enjeu de ces procès, quoi de mieux que de se plonger dans l’histoire palpitante et incroyable de ces Cent-jours qui ont mis la France sens dessus-dessous. « Rien dans l’histoire ne ressemble à ce quart d’heure, a écrit Victor Hugo à propos des Cent-jours, ce second empire avant la lettre »

C’est en suivant Charles et Antoine (dont la véritable identité ne sera dévoilée qu’à la fin du roman) que l’autrice nous raconte ce fragment d’histoire riche en intrigues politiques où se succèdent ascensions et chutes comme dans un jeu de domino. On y croise Talleyrand « le diable boiteux » et Fouché « le caméléon » qui vont tirer les ficelles d’un jeu de dupes. La loyauté n’est plus de mise et chacun va vers le plus offrant. Mais qui de Napoléon ou de Louis XVIII incarne vraiment la paix et la légitimité ?

Sylvie Yvert se faufile avec aisance dans ce petit monde de courtisans, d’aristocrates, elle décrit avec réalisme l’espoir et l’obstination des épouses et des proches de Charles et Antoine, raconte avec truculence les compromissions et les revirements d’opinion qui sont la règle des deux côtés.

Jamais didactique, ce roman parfaitement documenté m’a enchantée et ses personnages féminins m’ont beaucoup touchée.











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Mousseline la Sérieuse

Jeune princesse à la vie bienheureuse et insouciante, la vie de Marie-Thérèse Charlotte bascule avec les premiers émois de la révolution.

Conduite à Paris, puis emprisonnée avec sa famille au Temple, elle fut la seule rescapée du destin funeste qui s'abattit sur son père Louis XVI, sa mère, Marie-Antoinette et son jeune frère, le Dauphin de France. Je ne vais pas vous raconter l'Histoire. On la connaît par cœur...



Ce roman se raconte à la première personne. Le « je » renforce souvent le côté intimiste d'un roman, il est censé rapprocher le lecteur de son narrateur et pourtant, j'ai eu beaucoup de mal à me sentir en osmose avec « Mousseline la Sérieuse » ainsi nommée par sa mère. Peut-être parce que l'auteure, Sylvie Yvert, a fait le choix de ne rapporter que des faits bien connus. Des faits vérifiés et éloignés de toutes les rumeurs et extrapolations sur « Marie-Antoinette la frivole et son débonnaire époux royal. ». C'est tout à fait louable de chercher à rétablir les faits et rien que les faits, mais cela donne un ton un peu ennuyeux à ce roman et même parfois agaçant.

Voire larmoyant et apitoyant. A trop vouloir redorer le blason bien terni de ses parents, à trop vouloir les présenter comme des personnes charitables, justes, réfléchies et vertueuses, Marie-Thérèse finit par manquer de crédibilité.

Alors, oui, bien sûr, la Révolution n'a pas été tendre avec la famille royale et sa fidèle noblesse. Certes, ce fut même une vilaine boucherie, une cruauté sans nom, une barbarie ..mais présenter le couple royal comme s'il s'agissait de saints sacrifiés, c'est à mon avis, un peu exagéré et pas forcément réaliste.

Sans doute, Marie-Thérèse avait de ses parents une image hautement idéalisée et de cela, on ne peut pas la blâmer mais j'avoue que cela m'a quelque peu énervée.

Il faut dire aussi que la merveilleuse biographie de Marie-Antoinette toutes en nuances de Zweig a laissé des traces et que j'ai du mal à la percevoir autrement. Marie-Antoinette n'était certes pas cette écervelée, cette catin frivole, cette débauchée à laquelle les révolutionnaires ont prêté les pires vices mais elle était cependant fort dépensière et en cela, elle n'a certainement pas volé son surnom de « Madame Déficit ».

De cela, on n'en parle pas dans ce roman.

Ici, elle incarne plutôt la mère idéale, représentée dans les tableaux de Louise-Vigée-Lebrun, affectueuse, attentionnée et digne. Il en va de même pour Louis XVI.

Un père bon, aimable, indulgent et ce qui est frappant, emprunt d'une dignité sans pareille face à la calomnie. C'est lui qui apprit le pardon à sa fille. Qui lui apprit à pardonner et à continuer à aimer la France, malgré tout.

C'est sans doute cet aspect qui m'a paru le plus poignant dans ce livre :

ce pardon accordé à tous ceux qui leur avaient fait du mal, à tous ceux qui les avaient trahi, à tous ceux qui avaient tué au nom de la Vertu !





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Mousseline la Sérieuse

Des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette, l’Histoire ne retient que les disparus : la petite Marie-Sophie, dont le berceau vide est représenté dans un tableau de Vigée-Lebrun, le dauphin Louis-Joseph emporté par la maladie, et l’agonie de l’éphémère Louis XVII à la prison du Temple. Ironie du sort, peu se souviennent de Marie-Thérèse Charlotte, unique rescapée de la barbarie révolutionnaire.

Dans ce très beau roman, Sylvie Yvert donne la parole à cette princesse oubliée que sa mère surnommait « Mousseline la sérieuse »

À travers son journal imaginaire, Mousseline la Sérieuse raconte les drames qui ont jalonné son existence, de sa détention au Temple, où chaque membre de sa famille fut exécuté, à son arrivée à la cour de Vienne, fruit d’un sordide échange politique, jusqu’à son retour en France après vingt années d’exil, puis son avènement qui ne dura qu’une poignée de minutes. En ne nous cachant aucun détail de la vie de la duchesse d’Angoulême, la plume délicate et profondément élégante de Sylvie Yvert offre le plus beau des catafalques à la triste Mousseline.

Une très belle lecture.





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Une année folle

Imaginez un roman qui raconterait les soubresauts politiques d’un pays qui en un an verrait passer trois régimes différents, enregistrerait l’une des plus humiliantes défaite militaire de son histoire, verrait un roi remplacé par un ex-Empereur, puis ce même roi revenir au pouvoir sans vraiment avoir pour autant l’adhésion de son peuple. Peut-être vous direz-vous alors que l’imagination doit avoir des limites et que le vraisemblable doit toujours présider le romanesque.

Seulement voilà Sylvie Yvert apporte la preuve qu’une fois de plus la réalité dépasse la fiction. Même si la formule peut paraître éculée, elle est tout ce qu’il y a de plus juste. Quand, le premier mars 1815 Napoléon débarque à Golfe-Juan, la France est dirigée par Louis XVIII. Un Monarque qui entend faire respecter son pouvoir et, en apprenant la nouvelle, envoie le Maréchal Ney qui s’était rallié à lui, arrêter ce petit caporal fauteur de troubles. Mais on sait aussi que le retournement de veste va devenir une habitude, non seulement pour lui mais pour de nombreux militaires et politiques. Parmi ceux qui rejoignent Napoléon, on trouve notamment Charles Angélique François Huchet de La Bédoyère et Antoine Marie Chamans de Lavalette.

La belle idée de Sylvie Yvert est de nous raconter cette année si particulière à travers le destin de ces deux hommes qui, s’ils n’ont pas joué les premiers rôles, symbolisent à la fois le tragique et le romanesque de la situation.

Lorsque s’ouvre le roman, la fête est finie. Nous sommes à l’heure du procès de ces aristocrates qui ont accueilli l’ex-empereur à bras ouverts. Charles dirigeait alors un régiment à Grenoble et fera allégeance à l’Empereur lorsque ce dernier croisera son chemin en remontant vers Paris.

Antoine se distingue quant à lui par son rôle d’agent double, en aidant notamment les fidèles à Napoléon à gagner l’étranger, en signant de faux passeports. Ont-ils été des fidèle sou des traîtres. Les chefs d’accusation de conspiration contre l’état et d’usurpation de fonctions sont-ils légitimes?

La suite de l’histoire a beau être connue, elle n’en demeure pas moins passionnante à lire. On y voit deux destinées, deux hommes bien nés se mettant au service de l’État et se retrouvant condamnés à mort pour cela. Des Cent-Jours à Waterloo, du retour de Louis XVIII à l’exil à Saint-Hélène, des compromis aux compromissions, il y a dans cette année des rebondissements extraordinaires, des drames déchirants, de la comédie la plus désopilante. On y voit Chateaubriand, Benjamin Constant ou encore le grand Hugo commenter la tempête et avec eux la presse se déchaîner dans un sens puis dans l’autre.

Nous voilà finalement en résonnance avec l’actualité. Car l’autre grande vertu de ce roman est de nous apprendre à la prudence et à la modération plutôt qu’aux emballements trop intempestifs. 1815 nous apprend aussi à être un peu plus lucides face au tourbillon médiatique. Ce n’est pas là la moindre de ses vertus.
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Mousseline la Sérieuse

Marie-Thérèse Charlotte de France, que sa mère appelait affectueusement Mousseline la Sérieuse, a grandi dans une royale opulence avant que la Révolution française ne mette un terme à son enfance insouciante. Après la prise de la Bastille, l'invasion du château de Versailles, la fuite à Varennes et l'emprisonnement au Temple, la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette va connaître la faim, la solitude, la violence, les humiliations et l'infinie tristesse de perdre son père, sa mère et son petit frère. Au gré des aléas du pouvoir, l'Orpheline du Temple sera haïe ou adulée par le peuple français. Entre exils et retours triomphants, Mousseline gardera toujours au fond de son coeur l'amour intact de la France, sa patrie malgré les souffrances endurées.



Fille de France, duchesse d'Angoulême, Dauphine de France, comtesse de Marnes, Madame Royale, Thérèse Capet, Mousseline la Sérieuse, la princesse Marie-Thérèse a collectionné titres, noms et surnoms et Sylvie Yvert a choisi de donner la parole à Mousseline pour nous la rendre proche et lui laisser donner sa version des évènements qui ont secoué la France et conduit à l'exécution de ses parents. Dans une autobiographie fictive mais basée sur des documents d'époque, l'autrice s'engage dans un plaidoyer forcément partial pour les Capet. le couple royal y est décrit comme aimant, bienveillant, digne et toujours soucieux de son peuple. A contrario, les révolutionnaires sont sanguinaires, avides de pouvoir et peu scrupuleux.

A moins d'être un royaliste convaincu, il est difficile de prendre parti pour la princesse qui n'a de cesse de vanter les qualités, l'abnégation, la dignité et la bonté de ses parents sans jamais évoquer la faim et la misère du peuple. Mais bien sûr, on ne peut qu'être touché par le destin tragique de cette femme qui a su pardonner les offenses et est restée fidèle à son amour pour la France jusqu'au bout.

Un bon rappel de cette période historique agitée, de la Révolution à la Monarchie de Juillet, en passant par le Premier Empire mais vu par le prisme hautement subjectif de celle qui a vécu les évènements de l'intérieur.

Intéressant car c'est une autre vision de la Révolution, écrit dans un style impeccable mais faire de Marie-Antoinette et Louis XVI des saints est un tantinet exagéré.

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Une année folle

Roman historique ? Fable ? Ou bien encore pièce de théâtre ? Cet ouvrage est un savant mélange des trois et autant vous dire que l’on ne s’ennuie pas ! D’ailleurs, comment s’ennuyer lorsque la France connait de tels soubresauts politiques. On assiste à la chute de Napoléon à Waterloo et, croyez-moi, lorsque Sylvie Yvert met en scène cette bataille, on a l’impression d’y être et d’être acculé par l’ennemi de tous côtés !



Et puis, l’auteure a également le talent de mettre en lumière une période que l’on survole généralement au long de nos études ou à l’université pour ceux qui suivent un cursus d’histoire, la première Restauration, ce léger retour en arrière pour le peuple français.



Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est que l’on est convié à une longue valse ; valse des ministres, valse des régimes politiques, valse des alliances, bref on virevolte sans pause, sans laisser ralentir le rythme et parfois on prend même le risque d’y perdre la tête !



À la façon d’une pièce de théâtre semi-tragique, semi-comique, Sylvie Yvert redonne vie à cette année si particulière en nous offrant une belle morale qui n’est pas sans faire écho à des situations actuelles.



C’est rythmé, c’est très finement écrit, ça transpire d’émotions, ça nous donne une belle leçon d’histoire, bref c’est un très très très gros coup de cœur ! Je ne peux que vous conseiller cet ouvrage, pour ma part j’ai hâte de me délecter d’un autre ouvrage de cette auteure.
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Mousseline la Sérieuse

Celle que Marie-Antoinette appelait Mousseline la Sérieuse n'était autre que sa fille, devenue l'unique survivante parmi les membres de la famille royale enfermés au Temple en 1792. Si l'on connaît parfaitement ce qu'il est advenu de leurs parents, le sort des enfants est en revanche beaucoup plus opaque. Sylvie Yvert prête sa plume à cette fille oubliée, qui a pourtant vécu jusqu'à l'âge de 73 ans, connu plusieurs révolutions, l'emprisonnement, l'exil et représente un témoin extraordinaire des bouleversements qui ont conduit après maintes tentatives et contre-ordres à la République telle que nous la connaissons. Elle nous livre ainsi les Mémoires que Marie-Thérèse aurait pu décider de publier si elle n'avait pas demandé par testament que tous ses écrits soient détruits à sa mort...



Et c'est passionnant, malgré quelques longueurs. D'abord, l'auteur se place à hauteur d'enfant pour raconter l'horreur vécue au moment de la Révolution, les cris, les insultes, les brimades, les restrictions de liberté et pour finir, l'enfermement. On a l'impression d'avoir déjà tout entendu, vu et lu sur cette période mais certainement pas le désarroi d'enfants qui n'avaient commis pour seul crime que de représenter la continuité d'une monarchie que certains tenaient à éradiquer. Les conditions de détention des deux enfants apparaissent comme particulièrement inhumaines, en rapport avec la folie qui animait les esprits. Marie-Thérèse passera trois ans entre les murs du Temple, dont dix-huit mois sans sortie ni compagnie et sans que personne ne l'ait tenue au courant du sort de sa mère ni de son frère, le jeune Louis XVII mort de mauvais traitements et de défaut de soins alors qu'il développait les symptômes d'une maladie qui avait déjà tué des membres de sa famille. De quoi forger un caractère.



Libérée, Marie-Thérèse est accueillie en Autriche, se rapproche de Louis XVIII en exil en Russie, épouse le Duc d'Angoulême dont la famille est proche dans l'ordre de succession du trône de France et assiste, médusée à la prise de pouvoir de Napoléon 1er. Puis ce sera Londres, le retour en France après l'exil de Napoléon, le règne de Louis XVIII, sa mort, la régence... Attachée à la France malgré tout ainsi qu'à la monarchie, elle prend son mal en patience, tantôt fêtée tantôt rejetée au gré des bouleversements politiques, espérant toujours le rétablissement d'une monarchie. Lorsqu'elle meurt en 1851, la première élection au suffrage universel vient d'avoir lieu même si les termes en sont encore ambigus et qu'elle aboutit à l'élection d'un Prince-Président...



Marie-Thérèse est un personnage à la fois attachant de tant de pudeur, ne voyant dans Louis XVI et Marie-Antoinette que ses parents bien aimés, que d'autres qualifiaient de monstres, et décidée à ne pas blâmer le peuple de France pour les crimes de quelques-uns. C'est surtout un témoin privilégié des mouvements politiques qui ont conduit à tant de volte-face et de revirements, cette difficile marche vers la démocratie.



Il n'est jamais inutile de se replonger dans l'Histoire et de se souvenir des heures sombres, des difficultés et du sang versé. Ce livre, par le truchement de l'Histoire est surtout éminemment politique en ce qu'il nous rappelle le prix de la liberté.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Il était une fois Lamartine

Immersion dans le XIXe siècle !



Une biographie romancée d'Alphonse Lamartine par son épouse qui lui est entièrement dévouée.



Qui se souvient De Lamartine ? pose en quatrième de couverture, l'éditeur :

Poète, historien, homme d'Etat : il proclame la République en 1848.

Mais pour moi, c'est surtout l'auteur de "L'histoire des Girondins" que j'ai beaucoup appréciée.

Le premier qui a vraiment étudié la Révolution française de 1789 et les écrits de Robespierre !

D'ailleurs, son étude lui a fait changer d'avis sur le personnage : il est devenu non pas "passionné" comme le dit Sylvie Yvert à travers les paroles de l'épouse De Lamartine, non ... Il a compris que Robespierre essayait d'appliquer une politique du milieu, du centre, comme lui...



J'ai appris qu'il avait été diplomate, ce qui lui a inculpé le goût de la modération et les techniques de négociation, député.



Sylvie Yvert nous fait voyager en Italie, en Angleterre et surtout en Orient avec beaucoup de délices !



Il se décrit comme "un politique égaré en poésie", je l'ai vu plutôt comme un poète égaré en politique". En fait, c'est le roman qui m'en donne l'impression.



J'ai été surprise de lire que sa femme écrivait et corrigeait ses écrits !

Certaines assertions seraient à vérifier : je lis actuellement l'histoire de la IIe République par Marie-Hélène Baylac, que Syvie Yvert cite dans ses remerciements.



Superbe roman où l'on croise tout le XIXe siècle : Victor Hugo, George Sand, Chateaubriand, Balzac, Dumas, Chopin, Litz, Berlioz, Eugène Sue, Stendhal…



Après sa défaite cuisante à l'élection de la présidence de la République en 1851 (face à Louis Napoléon Bonaparte), il abandonne la politique.



Il meurt pauvre et seul, refusant les pensions (sauf une dernière pour sa survie) et un enterrement national...



j'ai vraiment regretté l'écriture larmoyante et indolente de l'auteur qui nuit à la lecture.



Ce roman m'a donné envie d'en connaître plus sur la seconde République et de relire ses poèmes !



A lire avant d'étudier les poèmes De Lamartine et son histoire des Girondins !
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Mousseline la Sérieuse

Avec cette biographie romancée de Marie-Thérèse Charlotte, Sylvie Yvert retrace plus spécifiquement les premières années de la vie de la jeune princesse. Mousseline la Sérieuse, l'aînée des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette, a dix ans quand elle est confrontée aux premiers troubles de la révolution, qu'elle va traverser avec ses parents jusqu'à l'exécution des souverains déchus. Pendant leur détention, d'abord ensemble puis séparés, l'on découvre les liens et les sentiments forts entre parents et enfants : le traitement extrêmement dur de leur incarcération, la volonté de les casser et de les considérer comme victimes expiatoires pour les souffrances endurées par le peuple, la promiscuité auprès de gardiens peu éduqués, des séparations cruelles, pour finir par un isolement de la jeune princesse jusqu'à ignorer l'exécution de ses parents ou la mort de son jeune frère. Ces évènements forgent une personnalité distante, s'isolant ou se protégeant du monde et, ayant survécu à la Révolution, une princesse qui va passer le reste de sa vie entre exils et retours en France au gré des alternance de régime et des retours en grâce de la monarchie.



Mousseline la Sérieuse est une biographie qui permet de revivre les évènements historiques évoqués par un des principaux témoins et donne surtout une vision intimiste et familiale des évènements, grâce à l'emploi de la première personne du singulier, et permet de faire connaissance avec cette famille royale qui se voulait accessible, peu encline à la responsabilité de la lignée royale et qui, dans les moments extrêmes va rester soudée et aimante, même si l'indécision politique de Louis XVI le montre inadapté à la gestion des affaires d'état.

Mousseline la Sérieuse est une incursion intéressante et instructive dans la vie d'une personnalité historique quelque peu délaissée et méconnue
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Mousseline la Sérieuse

Depuis le roman "La Princesse effacée" d'Alexandra de Broca, paru en 2011, Marie-Thérèse Charlotte de France, ou Madame Royale, n'avait pas fait l'objet d'un roman. Pourquoi ? Ce personnage historique se prête-t-il mal à la forme romancée ? Manque-t-on d'informations à son sujet ? Sa vie est-elle inintéressante ? À ces trois questions, une seule réponse : non, bien au contraire !



Fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte de France est l'unique rescapée de la prison du Temple et, à ce titre, un témoin clé des événements révolutionnaires tels qu'ils ont été vécus par la famille royale. Pourtant, cette femme, considérée par ses contemporains comme dure, froide et insensible, ne s'est guère épanchée sur cette période si douloureuse, couvrant trois années, durant laquelle elle a perdu successivement ses parents, sa tante et son frère. Comment un être ayant vécu de telles souffrances a-t-il pu survivre, se taire et réussir malgré tout sa vie sans être animé par le désir de se venger ?



Car Marie-Thérèse Charlotte de France, née le 19 décembre 1778, a bel et bien survécu à ces traumatismes puisqu'elle s'est éteinte le 19 octobre 1851, après avoir vécu sous six régimes politiques différents – monarchie, Première République (1792-1804), Premier Empire (1804-1815), Restauration et Cent-Jours (1815-1830), Monarchie de Juillet (1830-1848), Deuxième République (1848-1852) – et avoir traversé trois révolutions – la révolution française de 1789, les Trois Glorieuses (ou révolution de Juillet, 1830) et la révolution française de 1848 (ou révolution de Février). S'intéresser à un tel personnage, c'est donc à la fois se plonger dans l'histoire de France, au-delà de la période couvrant la détention à la tour du Temple, et explorer les méandres de la psychologie de l'être humain pour tenter de dresser un portrait de cette femme insaisissable.



Des mémoires apocryphes

Pour écrire ce roman, Sylvie Yvert s'est appuyée sur les textes de l'époque, à savoir dix-huit feuillets écrits de la main de Marie-Thérèse Charlotte de France relatant d'une manière factuelle la captivité de la famille royale à la tour du Temple mais aussi sur sa correspondance et les témoignages de contemporains (femme de chambre de Marie-Antoinette, gouvernante des enfants, valets de Louis XVI, gardiens du Temple ou de la Conciergerie...) et d'écrivains (Chateaubriand, Balzac, Hugo). Toute cette documentation permet certes de mettre en lumière des dates et des faits, mais elle ne peut pas nous fournir d'informations quant aux sentiments, aux émotions et aux pensées des membres de la famille royale. Pour tenter de s'approcher au plus vrai d'une réalité subjective mais sensible et nous raconter cette vie si singulière, hors normes, l'autrice a emprunté la forme des mémoires apocryphes, c'est-à-dire imaginaires, en donnant la parole à Marie-Thérèse Charlotte de France, alors qu'elle se trouve au crépuscule de sa vie, en 1850, et en exil à Venise.



Épaulée par une plume élégante, déliée et délicate, tout en retenue, un style (passé simple et imparfait du subjonctif) et un vocabulaire adaptés à l'époque, cette forme narrative qui s'apparente à un véritable témoignage, voire à une confession, crée un lien très étroit et très intime avec le lecteur qui a l'impression de se trouver aux côtés du personnage. Tout en suivant la chronologie des événements, Marie-Thérèse Charlotte de France nous livre le récit de sa vie, faite de chair et de sang, nous faisant partager ses joies, ses déconvenues, ses peurs, ses angoisses, ses espoirs, ses désirs...



Un point de vue partial

Qui dit mémoires apocryphes dit point de vue subjectif ! En prenant le parti de nous raconter cette période ô combien complexe, violente et douloureuse de la Révolution française à travers les yeux de Marie-Thérèse Charlotte de France, l'autrice nous livre certes un témoignage extrêmement poignant et émouvant mais également un point de vue partial de l'histoire, sans contrepoint. Il ne faut donc pas s'attendre à un panégyrique de la Révolution ! Bien au contraire, tout en respectant la chronologie des faits, fruit d'un bon travail de documentation, on assiste à la lente agonie de la famille royale, devenue le bouc émissaire, la responsable de tous les maux du royaume. Violences verbales, brimades psychologiques, humiliations, absence d'intimité et d'hygiène, isolement, incertitudes quant à son propre sort... : rien ne nous est épargné.



Adopter un tel point de vue sur une période aussi complexe est un peu risqué, car j'avoue avoir été parfois un peu gênée par sa vision totalement idéalisée de ses parents, arbitraire et unilatérale des événements, voire énervée par le ton larmoyant de la narratrice ; j'avais parfois envie de lui dire "Marie-Thérèse, tes parents étaient totalement à côté de la plaque, ils se sont réveillés bien trop tard, le mal était déjà fait." Certes Marie-Antoinette et Louis XVI n'étaient pas tels que les caricatures de l'époque nous les montrent, mais il faut admettre qu'ils ont fait preuve d'un manque de réalisme flagrant.



Mais lorsqu'on lit un tel roman, il faut en accepter les règles du jeu. Et, malgré le ton plaintif de Madame Royale qui pourrait énerver et décourager plus d'un lecteur (surtout s'il a une vision pro-révolutionnaire de l'histoire !), je n'ai jamais eu la tentation de lâcher ce roman, car un lien s'est imperceptiblement installé entre la narratrice et moi, à tel point que j'ai eu la sensation que Marie-Thérèse Charlotte de France se confiait à moi comme si elle était encore en vie. Pleine d'empathie pour cet être en souffrance et pourtant résilient, je ne pouvais pas me détacher de ce roman, j'avais besoin qu'elle m'explique comment on avait pu en arriver à un tel gâchis et comment elle avait pu survivre à de telles souffrances. Car si l'on va un peu plus loin que les apparences, l'on s'aperçoit que Madame Royale apporte parfois quelques nuances dans ses propos, critique le système en place et reconnaît de temps à autre des manquements, des faiblesses, mais c'est souvent pour reprocher la faiblesse et le manque d'autorité de son père. Certes Louis XVI n'était pas destiné à régner – il ne le souhaitait pas d'ailleurs –, mais il a été incapable de donner un coup de pied dans la fourmilière, manipulé par son entourage et englué par l'étiquette de la Cour mise en place au cours des siècles.



À la lecture de ce roman, il est bien difficile de ne pas établir des passerelles avec nos sociétés actuelles même si je n'aime pas faire cela. Car, au-delà de ce personnage et du contexte historique, ce témoignage a une portée universelle qui donne à réfléchir sur le fonctionnement de nos sociétés et nos comportements par-delà les siècles. La violence, la souffrance, le sentiment d'injustice, la manipulation de l'information ne datent pas d'hier !



Un beau portrait psychologique

"Mousseline la sérieuse" : ce surnom, donné à Marie-Thérèse Charlotte de France par ses proches, résume à lui seul son caractère ambigu fait à la fois de légèreté, de souplesse mais aussi de sévérité, de gravité, voire d'orgueil. Intriguée par ce personnage paradoxal, décrit de manière unanime comme un être froid, dénué de sentiments et hautain, j'espérais découvrir avec ce roman un être sensible, se dissimulant derrière une carapace qui lui avait permis de survivre aux terribles événements qu'elle avait vécus. À travers ses mots, se construit petit à petit le portrait d'une femme résiliente, d'une femme alors adolescente qui a souffert dans sa chair et dans sa tête. Violences psychologiques, violences physiques, rien ne lui a été épargné, et pourtant elle a survécu et est même parvenue à mener une vie normale.



Malgré les souffrances endurées, elle a gardé toute sa lucidité et son sang-froid distinguant parfaitement le peuple de France de ses tortionnaires, ne mettant pas tout le monde dans le même sac, conservant par là même intact son amour pour la France. Elle évoque même l'existence d'un complot orléaniste destiné à manipuler le peuple en l'excitant contre Louis XVI.



Ce roman dévoile ainsi la personnalité d'une femme blessée mais forte et combative, pudique et sensible, aidée en cela par une foi inébranlable et le sens du devoir, mais qui n'oublie pas, et ce malgré l'absence de désir de vengeance. Mais ce portrait ne dit pas tout et laisse quelques zones d'ombres : ses relations avec son entourage, notamment son mari Louis Antoine d'Artois, duc d'Angoulême, ne sont abordées que par le prisme des événements et de son statut.



Deux parties déséquilibrées

De Marie-Thérèse Charlotte de France je ne connaissais que la période la plus douloureuse et la plus "spectaculaire" et j'ai apprécié que l'auteur aille au-delà et nous fasse découvrir ce qu'a été sa vie par la suite car, même une fois libérée, ses tourments ne furent pas terminés.

Cependant, si l'auteur s'attarde longuement sur la période révolutionnaire et la captivité au Temple (environ 17 ans), détaillant de manière approfondie la vie quotidienne, les relations familiales, l'éducation des enfants, les sévices subis, elle aborde très rapidement sa libération et sa vie par la suite, qui est justement bien moins connue et bien plus longue (environ 40 ans), ce qui a été une petite source de frustration pour moi.



Et pourtant la seconde partie de sa vie fut tout aussi passionnante, mais peut-être moins bien documentée : libérée en 1795, elle fut accueillie par son oncle, l'empereur François II d'Autriche, et épousa le duc d'Angoulême, Louis-Antoine d'Artois. Elle passa la majorité de sa vie en exil, accueillie dans les différentes cours d'Europe – Autriche, Russie, Angleterre –, au gré des soubresauts de l'Histoire de France. Elle revint en France durant quelques années lors de la Restauration, partageant alors la destinée de ses deux oncles, puis lorsqu'une nouvelle révolution chassa les Bourbons du trône en 1830, elle prit de nouveau la route de l'exil, et ce jusqu'à sa mort, puisqu'elle meurt le 19 octobre 1851 en Autriche. Durant toutes ces années, elle suivit attentivement toutes les évolutions politiques – de Bonaparte Premier Consul à Louis-Philippe en passant par Napoléon Empereur –, distillant quelques remarques qui sont présentes dans le roman, mais elle choisit de rester en retrait, préférant la solitude, espérant toujours le rétablissement de la monarchie. Voilà à grands traits brossée la seconde partie de sa vie... c'est un peu frustrant, non ?!
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Il était une fois Lamartine

Sylvie Yvert s’est lancé un incroyable défi pour ce roman, celui de redonner vie à un personnage qui a quitté le monde des vivants en 1869 et que notre société a cantonné au rôle de poète romantique. Certes, il l’a été, mais il n’a pas été que cela. Et c’est donc à ce sacré pari que Sylvie Yvert s’attaque ici !



Elle nous offre donc un livre qui fourmille de détails captivants et de citations extraites des œuvres de Lamartine ! Un vrai régal pour le lecteur qui découvre l’homme de lettres sous un autre jour – celui, par exemple, d’un candidat engagé pour l’élection présidentielle de 1848.



Au moins le souvenir dresse le portait d’un homme visionnaire, quelquefois incompris par ses pairs mais toujours à l’écoute de ses semblables. J’étais, je dois bien le reconnaître, à des années-lumières de soupçonner la vie trépidante, mais également douloureuse, de cet homme – qui pourrait rester insensible aux tragédies traversées par ce couple ?



Le choix de l’auteure de nous relater la vie de Lamartine à travers les yeux et la mémoire de son épouse donne une tendresse particulière à l’ouvrage, en plus de faire redécouvrir son action politique. Le choix de ce dispositif narratif est particulièrement réussi : cela fonctionne parfaitement !



Sans aucun doute une belle lecture que je conseille aux amoureux de la poésie mais également aux adeptes des grands hommes français.
Lien : https://ogrimoire.com/2021/1..
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Il était une fois Lamartine

« Malheureux les hommes qui devancent leur temps, leur temps les écrase. » A. de Lamartine.



Comment définir cet ouvrage : biographie, roman historique ou mémoires d'une épouse aimante ? le genre qu'on lui attribuera ne changera toutefois pas le plaisir que j'aie eu à le découvrir, et son auteure par la même occasion. J'ai beaucoup aimé le jour sous lequel Sylvie Yvert aborde la vie d'Alphonse de Lamartine.



Epouse fidèle, admiratrice, l'artiste peintre anglaise Mary-Ann Birch devenue par mariage Elisa de Lamartine intervient en tant que narratrice de cet ouvrage. Cela confère à ce dernier une chaleur exceptionnelle pour le genre. C'est un coeur qui parle. L'auteure ne reprenant la main que lorsque l'épouse quitte ce monde, 6 ans avant son cher époux. Laissant ce dernier dans une solitude noire. Les Lamartine avaient perdu leurs deux enfants en bas âge.



Lamartine n'était pour moi que poète romantique, certes un peu mélancolique. Grâce à Sylvie Yvert j'ai redécouvert l'homme politique, même si le poète n'est jamais absent de ce portrait, favorisant en particulier le talent d'orateur de l'homme à la tribune. On se remet à l'esprit ou on découvre selon sa culture avec cet ouvrage le rôle déterminant tenu par Lamartine lors de la révolution de 1848 laquelle a porté Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.



L'orientation politique De Lamartine sera l'ambiguïté qui lui vaudra l'échec de sa carrière. Il la définit en ces termes : « Je trouve que je suis, au fond, bien plus près de ce que j'étais alors, monarchiste de raison, libéral de tendance, anti-anarchiste de passion, bourbonien légitime de justice et d'honnêteté, républicain d'occasion et d'idéal. »



Quinze années de vie politique pour le poète qui font l'ossature de cet ouvrage. Lamartine qui était issu de petite noblesse a déployé son talent et son énergie à défendre les intérêts des humbles - doux euphémisme pour qualifier ceux qui vivaient parfois dans des caves insalubres - rejoignant de ce point de vue les idées des socialistes qu'il combattaient pourtant. Il rêvait d'une société juste et équitable et a déployé toute son énergie à agir en modérateur des extrêmes. Il a fait montre dans son combat politique du plus grand humanisme. Il a eu avec sa foi religieuse la même valse-hésitation, reprochant à l'Ordonnateur des choses de ce monde d'avoir perturbé l'ordre de succession en lui prenant ses enfants.



Avec la crainte de revivre les années noires de la Terreur, à trop vouloir tempérer les extrêmes, sa carrière politique s'est arrêtée avec son échec à l'élection de 1848. Et je sais désormais grâce à Sylvie Yvert pourquoi je n'avais retenu que le poète au détriment du politique, c'est son ami le député Cormenin qui nous le dit : « Vous vivrez, illustre poète, quand les maîtres actuels de la parole ne vivront plus… et quand deux ou trois noms seuls surnageront dans le vaste naufrage de nos gouvernants éphémères. »



Par la voix de son épouse, Sylvie Yvert nous fait pénétrer l'intimité de ce couple solidaire, accablé par le malheur de la perte de ses enfants et en proie aux incessantes difficultés financières, lesquelles ne lui ont pourtant jamais fait perdre sa dignité. Allant jusqu'à refuser la pension que le Prince-président voulait lui allouer pour faire face à ses charges.



J'ai beaucoup apprécié le parti pris par Sylvie Yvert pour aborder la vie d'Alphonse de Lamartine, celui de donner la parole à celle qui a été son soutien indéfectible dans les épreuves qu'ils ont endurées sur les plans familial et professionnel. Couple modèle, uni, généreux, aimant, qui a été le ferment de l'inspiration du poète. Heureusement que les succès d'édition du poète de son vivant sont venus contrebalancer ces déboires, même s'ils ne permettaient pas de couvrir les dettes. Son épouse a toujours été son premier lecteur et correcteur.



A défaut d'écouter l'orateur politique, fût-il brillant mais sans doute pas assez convainquant, écoutons le poète retrouver en rêve la fille aimée :



Mes lèvres ne savaient d'amour où se poser ;

Elle les appelait comme un enfant qui joue,

et les faisait flotter de sa bouche à sa joue,

qu'elle dérobait au baiser!

….

« Julia! Julia! D'où vient que tu pâlis ?

Pourquoi ce front mouillé, cette couleur qui change ?

Parle-moi, souris-moi ! Pas de ces jeux, mon ange !

Rouvre-moi ces yeux où je lis ! »



Eh bien ! Prends, assouvis, implacable justice,

d'agonie et de mort ce besoin immortel;

moi-même je l'étends sur ton funèbre autel.

Si je l'ai tout vidé, brise enfin mon calice !

Ma fille, mon enfant, mon souffle ! La voilà !

La voilà ! J'ai coupé seulement ces deux tresses

dont elle m'enchaînait hier dans ses caresses,

et je n'ai gardé que cela! ».
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Mousseline la Sérieuse

Unique survivante des membres de la famille royale incarcérés à la prison du Temple en 1792, la petite Marie-Thérèse Charlotte est l'aînée des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Née le 19 décembre 1778, elle a à peine dix ans lors de la révolution française. Ce livre retrace sous la forme d'un journal intime, les événements révolutionnaires tels qu'ils ont été vécus par la famille royale, relatés à la première personne par celle que l'on surnomme tour à tour Mousseline la Sérieuse ou madame Royale. L'Histoire la retient insensible et dure, elle ne le semble point à la lecture de ce roman malgré les nombreuses épreuves qui ont jalonné sa vie. Un livre très documenté et très bien écrit même s'il m'a fallu un temps pour me fondre dans l'histoire.
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Mousseline la Sérieuse

Le très étonnant "récit" de la fille de Marie-Antoinette...

l'auteur parle à la première personne, et on s'y croit. ...la révolution et tout le reste, vu de l'intérieur.

Comment dire, lire les mémoire de Mousseline, et surtout l’entendre parler de son père et de sa mère, voilà qui donne une autre perspective à l’histoire de France, non ? Car Mousseline la sérieuse n’est autre que Marie-Thérèse Charlotte de France, la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

La Duchesse d’Angoulême, au seuil de la mort, décide de faire le récit de sa vie. Alors que tout la prédestine à une existence heureuse et un avenir radieux, son destin bascule le 14 juillet 1789, lorsque Paris s’enflamme dans le fracas de la Révolution. Par sa voix, nous assistons « de l’intérieur » aux évènements de cette époque terrible de l’Histoire, que chacun croit connaitre mais qui prend ici une toute autre perspective. Appelée à devenir reine, elle est fille du dernier roi de France mais, sans doute sauvée par la loi salique qui interdit aux femmes d’accéder au trône de France, unique survivante du Temple. Des années joyeuses aux années terribles vécues auprès de ses parents, puis, enfin libérée, de ses errances pendant quarante ans d’exil, accueillie par les différentes cours d’Europe, son récit donne une autre dimension aux personnages qui l’entourent, en particulier ceux du roi et de la reine. Viennent alors les souvenirs qu’il est intéressant de resituer dans l’histoire, de Bonaparte premier Consul à Louis-Philippe en passant par Napoléon Empereur, de la fuite à Varennes à la cour du Tsar de Russie, des côtes d’Angleterre aux ports de Bretagne, sous nos yeux, soixante-dix ans d’Histoire ravivés par la mémoire et les souvenirs de Madame Royale.

Trois ans, quatre mois et cinq jours au Temple, et surtout la mort de tous les siens, feront de cette enfant une personne sensible, sauvage et triste dont le goût pour la solitude a souvent été mal compris, passant pour un sentiment de dédain qui la rendait inaccessible, elle qui a toute sa vie porté la poids de la famille royale décimée, charge bien trop lourde pour une seule personne !

Tout l’art de l’auteur est de nous parler par la voix de Mousseline la sérieuse, les mots sont pesés, adaptés à l’époque, au niveau de sobriété, de vocabulaire, à la classe de cette princesse ayant reçu une éducation à la mesure des espérances royales. C’est très bien écrit, on s’y croirait et Mousseline nous semble parfois bien proche !


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Une année folle

1815: un Empereur déchu, le retour!



Révision de la période napoléonienne, dans les pas de deux proches de l’Empereur, Charles de la Bedoyère l’aristocrate militaire couvert de gloire et Antoine de Lavalette, le roturier bureaucrate à la fidélité sans faille. Ces deux hommes ne sont pas des personnages de fiction et le roman les ressuscite dans une tragédie en cinq actes, en procès de trahison. C’est tout le talent de l’auteure de manier le romanesque sans jamais délaisser la précision historique.



Après un récapitulatif accéléré de la gloire de Bonaparte/Napoléon, le récit vivant et très documenté se concentre sur la courte Restauration de Louis XVIII, suivie des Cent jours, période tumultueuse de conflit au spectre de guerre civile. C’est le résultat de l’impossible cohabitation d’une nouvelle génération qui a connu gloire et liberté face à la naphtaline honnie des idées royalistes. Un climat délétère qui va favoriser cette mythique remontée depuis l’île d’Elbe.



Une foisonnante période où tout semble possible pour l’ancien Empereur qui va faire vivre à la France trois mois fastes en rebondissements, au son de la mitraille de Waterloo. Un jeu de dupes par les retournements de casquettes et une appréciation erronée d’un chef face à un pays qui refuse la guerre et la dictature.



Je vous accorde qu’il faut aimer l’Histoire et avoir plaisir à comprendre l’évolution des courants de pensée, les changements de mentalité politique et sociétale. L’auteur rend limpide cette turbulence française dans les destins de deux anonymes qui jouent leur vie dans leur fidélité.

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Mousseline la Sérieuse

Je lis plutôt rarement des romans historiques, je me suis tournée vers cette lecture pour faire avancer mon challenge Abc avec la lettre Y.



Je suis heureuse d'avoir lu ce livre qui sort complétement de mes lectures habituelles, il est question ici de la fille de Marie-Antoinette et de Louis XVI qui se nomme Marie-Thérèse Charlotte.



Ce récit raconte les années de détention au Temple de cette jeune fille, la perte de sa famille, son exil. L'auteur a pris le partie de faire de cette jeune fille le narrateur du récit ce qui rend celui-ci d'autant plus vivant. Sylvie Yvert est parti des lettres que Marie-Thérèse Charlotte a écrit durant sa vie pour baser son récit ce qui le rend d'autant plus poignant.



Une biographie romancée très intéressante à mes yeux.
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Mon prof, ce héros

Une vingtaine d'écrivains , en quelques pages, parlent de profs qui ont marqué leur enfance, leur jeunesse.

Anecdotes, émotions, portraits, éloges... Ces témoignages louent le beau métier qu'est celui d'enseignant.

Le film " le cercle des poètes disparus" est souvent cité dans ces lignes, de même qu'apparaît l'image de Samuel Patty, lâchement assassiné !

C'est bien agréable à lire mais je me pose la question suivante: dans vingt ans, qu'en sera-t-il de cette profession tellement décriée et si peu reconnue de nos jours?
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