Citations de Ta-Nehisi Coates (123)
mais tu es humain. Tu en feras des erreurs...
Cependant le prix de l'erreur est plus élevé pour toi que pour tes compatriotes, et pour que lAmérique puisse justifier son existence, le récit de la description d'un corps noir doit toujours commencer par l'erreur qu'il a commise, réelle ou imaginaire.
Plus de soixante pour cent des jeunes en noirs qui abandonnent le lycée finissent en prison. Le pays
tout entier devrait en avoir honte.
Nous ne faisons pas partie du ‘’peuple’’ américain. Ainsi le problème de l’Amérique n’est pas d’avoir trahi le ‘’gouvernement du peuple’’ mais d’avoir accordé à certaines personnes et pas à d’autres le droit d’être appelée ‘’peuple’’
Les Rêveurs citent Martin Luther King et prêchent la non-violence pour le faible et les plus grosses armes possibles pour le fort.
Tu dois donc te réveiller chaque matin en sachant qu'aucune promesse n'est infaillible, encore moins la promesse toute simple de se réveiller. ça na rien de désespérant. Il s'agit de préférences de l'univers lui-même : le verbe avant le nom, l'action avant l'état, la lutte avant l'espoir.
Parce que toi, contrairement aux autres, tu es capable de voir un pont qui enjambe ce fleuve, plusieurs ponts même qui relient ces îlots les uns aux autres, une myriade de ponts, construits chacun à partir d'une histoire différente. Et non seulement tu es capable d'envisager ces ponts, mais tu peux les traverser, les franchir, en embarquant avec toi des passagers, aussi sûrement qu'un conducteur de train sait piloters sa machine. C'est ça la Conduction. Cette myriade de ponts. Cette myriade d'histoires. Le chemin qui conduit de l'autre côté du fleuve.
C'était toujours comme ça. Les gens me parlaient. Ils me racontaient leurs histoires, ils me les confiaient, et je les gardais précieusement, j'écoutais toujours et je me souvenais toujours.
À présent, je comprenais vraiment mon père et sa vieille rengaine -《 Soit c'est moi qui le bats, soit ce sera la police. 》Je comprenais tout - les câbles, les rallonges électriques, tout le rituel. Les Noirs aiment leurs enfants de façon un peu obsessionnelle. Vous êtes tout ce que nous possédons et vous venez à nous en étant déjà vulnérables.
J'ai commencé à comprendre qu'il me faudrait bien plus qu'une collection d'idoles nationales pour être vraiment libre, et je dois remercier pour ça le département d'histoire de l'université Howard. Mes professeurs d'histoire ne prenaient pas de gants pour m'expliquer que ma quête mythologique était vouée à l'échec, que les histoires que je me racontais n'étaient fondées sur aucune vérité connue. En vérité, ils considéraient que leur devoir était de me défendre contre l'illusion d'une histoire transformée en arme. Ils avaient déjà vu passer tant de malcomistes. ils étaient prêts. Leur méthode était brutale et directe.
Ceux qui se retrouvaient en situation d'échec à l'école offraient à la société toutes les armes pour justifier leur destruction dans la rue
Pour les Afro-Américains, la guerre n'a pas commencé en 1861, mais en 1661, lorsque la colonie de Virginie a édicté les premiers codes noirs, actes constitutifs d'une société esclavagiste, faisant des Noirs une classe servile permanente et des Blancs une aristocratie de masse. Ces codes étaient aussi une déclaration de guerre.
Au cours des deux siècles suivants, le travail de la grande majorité des Noirs de ce pays leur a été volé, et ils ont été soumis à une oppression constante et arbitraire. Ils ont été violés et fouettés selon le bon plaisir de leur propriétaires. Leur famille vivraient sous la menace d'une violence permanente. En quatre décennies seulement, dans la période précédant la guerre de Sécession, plus de deux millions d'Afro-Américains ont été achetés et vendus. L'esclavage ne signifiait pas seulement travail forcé, agressions sexuelles et tortures ; il impliquait aussi la menace constante qu'une partie ou que la totalité de votre famille soit vendue ailleurs et qu'elle disparaisse. À tout point de vue, l'esclavage était une guerre contre la famille noire.
P. 84
Tous les Afro-Américains, quel que soit leur niveau d'éducation et leur situation économique, sont en danger en Amérique simplement à cause de leur couleur de peau. La plupart des gens savent que regarder la vérité en face, permet de surmonter les épreuves et d'évoluer. Quand l'Amérique va-t-elle faire face à la réalité d'hier et d'aujourd'hui et devenir enfin ce qu'elle prétend être ?
P. 27 & 28
Black people love their children with a kind of obsession. You are all we have, and you come to us endangered. I think we would like to kill you ourselves before seeing you killed by the streets that America made. That is a philosophy of the disembodied, of a people who control nothing, who can protect nothing, who are made to fear not just the criminals among them but the police who lord over them with all the moral authority of a protection racket.
La race dans laquelle on t'a rangé fait que tu as toujours le vent de face et les chiens sur les talons. A des degrés divers, ceci est vrai de toute vie. La différence est que tu n'as pas le privilège de vivre dans l'ignorance de ce fait fondamental.
La vie noire ne vaut pas chère, mais en Amérique les corps noirs sont une ressource naturelle d'une valeur incomparable.
La lutte, c'est vraiment tout ce que j'ai à te proposer, car c'est la seule part du monde que tu peux contrôler.
Il est devenu essentiel pour moi de remettre constamment en question les histoires qu'on me racontait à l'école.
Ne pas demander : "pourquoi ?" et ne pas continuer à poser la question encore et encore était une erreur.
J'ai posé des questions à mon père, qui très souvent refusait de me répondre et préférait me renvoyer vers d'autres livres. Ma mère et mon père m'éloignaient toujours des réponses toutes faites, des réponses au rabais - même de celles qu'ils croyaient vraies.
Je ne sais pas si j'ai jamais trouvé la moindre réponse satisfaisante par moi-même. Mais chaque fois qu'on se pose une question, elle devient plus claire.
C'est la plus belle part de ce que les Anciens appelaient "la conscience politique" : tout autant un ensemble d'actions qu'une façon d'être, un questionnement permanent, le questionnement comme rituel, le questionnement comme exploration plutôt que comme recherche de la certitude.
En acceptant à la fois le chaos de l'histoire et l'idée de ma finitude, j'ai pu me demander librement comment je souhaitais vivre - plus exactement, je me suis demandé comment il était possible de vivre libre dans ce corps noir.
C'est une question profonde,
parce que l'Amérique se perçoit comme l'œuvre de Dieu,
mais le corps noir est la preuve manifeste qu'elle n'est que la création de l'homme.
Nous attribuons des noms aux étrangers que nous haïssons et nous trouvons dès lors confirmés dans notre appartenance à la tribu.
"Nous étions coupés en deux : un pied en Amérique, l’autre dans un pays en guerre. On nous demandait de nous comporter en individus civilisés, alors que le monde autour de nous était au bord du carnage. Bill avait perdu toute mesure. Être armé signifiait prendre les commandes de nos existences à la dérive. Un flingue, c’était une machine à explorer le temps et une ancre : c’était lui qui dictait les événements. Être armé, c’était être son propre maître, devenir autre chose qu’un homme dont la vie et la mort pouvaient simplement être saisies et jetées au hasard" (p.48-49)