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Citations de Ta-Nehisi Coates (123)


C'était encore une fois une école, après tout.
Je voulais continuer à étudier toutes ces choses, mais je n'arrivais pas à faire coïncider ma recherche avec les attentes de mes professeurs.

Poursuivre l'apprentissage, c'était pour moi la liberté, le droit d'affirmer ma curiosité et de la suivre dans toutes sortes de livres. En d'autres termes, j'étais fait pour la bibliothèque, pas pour la salle de classe.

La salle de classe était une prison, construite pour d'autres intérêts que les miens.
La bibliothèque était ouverte, infinie, libre.
A mon rythme, je découvrais qui j'étais.
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Autrefois les paramètres du Rêve étaient limités par la technologie, la puissance des machines et du vent. Mais les Rêveurs se sont améliorés, et les barrières électriques construits sur la mer, l'extraction du charbon, la transmutation du pétrole en nourriture ont permis une expansion sans précédent du pillage. Cette révolution a libéré les Rêveurs et leur a permis de piller non seulement les corps humains, mais aussi le corps de la terre elle-même. La terre n'est pas notre création. Elle n'a pas de respect pour nous. Nous ne luis sommes d'aucune utilité. Et sa vengeance, ce n'est pas le feu dans la ville, mais le feu dans le ciel. Quelque chose de bien plus féroce que ce que Marcus Garvey prédisait avec sa horde d'ancêtres. Quelque chose de bien plus terrible que tous nos ancêtres réunis monte comme la marée. Ces deux phénomènes se font écho. C'est le coton qui passait entre nos mains enchaînées qui a inauguré cette ère. C'est l'exode des classes moyennes blanches, leur fuite le plus loin possible de nous, qui les a fait envahir la campagne pour y tracer leurs banlieues au cordeau. Et pour se déplacer au sein de ces nouvelles subdivisions, dans toute cette étendue, il y a l'automobile, ce noeud coulant passé au cou de la terre, et, au bout du compte, des Rêveurs eux-mêmes.
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Ce que je veux que tu saches, c'est que ce n'est pas de ta faute, même si, au bout du compte, il en va de ta responsabilité, parce que tu es entouré de Rêveurs. Ça n'a rien à voir avec la manière dont tu portes ton pantalon ou dont tu te coiffes. Ce gouffre est aussi intentionnel que politique, aussi intentionnel que l'oubli qui s'ensuit. Ce gouffre permet le tri efficace des pillés et des pillards, des esclaves et des esclavagistes, des métayers et des propriétaires terriens, des cannibales et de leur nourriture.
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Les Rêveurs citent Martin Luther King et prêchent la non-violence pour le faible et les plus grosses armes possibles pour le fort.
À chaque fois qu”un policier nous interpelle, la mort, la blessure, la mutilation
sont possibles.
P171
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Mais on pensait bien faire. On a fait au mieux. Cette expression "bonnes intentions", c'est un badge qui permet de traverser l'histoire sans encombres, un somnifère garant du Rêve.
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Se souvenir, mon ami, dit-elle. Car la mémoire est le char, et la mémoire est la route, et la mémoire est le pont qui permet de quitter la malédiction de l'esclavage pour rejoindre la bénédiction de la liberté.
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Je comprenais maintenant ce qu'était cette guerre à laquelle se livrait le Réseau. Ce n'était pas un vieux et honorable combat. Nulle armée rassemblée en lisière du champ de bataille. Pour chaque agent, il fallait compter cent Distingués et, pour chaque Distingué, un millier de Blancs inférieurs qui leur avaient juré allégeance. La gazelle ne lutte pas contre le lion - elle fuit. Mais nous ne faisions pas que fuir. Nous complotions. Nous provoquions. Nous sabotions. Nous empoisonnions. Nous détruisions.
P. 217
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Obama était surnommé "le nouveau Tiger Woods de la politique américaine", un homme qui n'était pas "vraiment noir". J'ai compris ce que cela voulait dire ; Obama n'était pas "noir" au sens où ces commentateurs comprenaient le mot "noir". Non seulement parce que ce n'était pas un trafiquant de drogue, comme la plupart des Noirs dont il est question aux informations, mais aussi parce qu'il ne venait pas d'un quartier difficile, qu'il n'avait pas été nourri avec des tripes de porc, que sa mère n'avait pas lavé le plancher des blancs.
P. 45
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Mon père n'était pas un homme violent. Il s'était mis au bio dans les années 1970, bien avant que ce soit la mode, et cultivait un carré de légumes dans le petit jardin derrière chez nous. Je ne l'ai jamais vu s'énerver en public. Je ne l'ai jamais vu frapper personne d'autre que ses enfants.
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Nous ne faisions pas partie du peuple américain. Ainsi, le problème de l'Amérique n'est pas d'avoir trahi le gouvernement du peuple, mais d'avoir accordé à certaines personnes et pas à d'autres le droit d'être nommées peuple.
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A l’époque de l’esclavage, la loi ne nous protégeait pas. Aujourd’hui – à ton époque - elle devient une excuse pour t’arrêter et te fouiller. Autrement dit elle n’est que le prolongement de cette agression physique
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A cette époque, justement, quand je sortais de la maison, dès que je tournais sur Flatbush Avenue, mon visage se tendait comme le masque d'un lutteur mexicain. Je lançais des regards furtifs tout autour de moi, les bras souples, agiles, prêts. Ce besoin d'être toujours sur ses gardes, c'était une gigantesque dépense d'énergie, comme le lent siphonnage d'un réservoir d'essence. Il contribuait au déclin rapide de nos corps. Je ne craignais donc pas seulement la violence de ce monde mais aussi les règles conçues pour t'en protéger, les règles qui allaient imposer à ton corps des contorsions pour affronter le quartier, d'autres contorsions pour être pris au sérieux par tes collègues, et d'autres contorsions encore pour ne pas donner de prétexte à la violence policière. Toute ma vie, j'avais entendu des gens dire à leurs filles et leurs garçons noirs d'être "deux fois meilleurs", ce qui revient à dire "accepte d'avoir deux fois moins". Ces paroles étaient prononcées sur un ton de déférence religieuse, comme si elles recelaient quelque qualité tacite, quelque imperceptible courage, alors qu'en fait elles ne prouvaient qu'une chose : on avait un fusil pointé sur le front et une main qui nous faisait les poches. C'est comme ça que nous perdons notre douceur. C'est comme ça qu'ils nous arrachent notre sourire. Personne ne disait à ces petits enfants blancs, avec leurs tricycles, d'être deux fois meilleurs. J'imaginais plutôt leurs parents leur conseiller de se servir deux fois plus. Il me semblait que le pillage redoublait d'intensité à cause de nos propres règles. Voilà ce qui me frappait : le trait commun caractéristique de tous ceux qu'on rangeait dans la catégorie de la race noire, c'était l'inévitable soustraction du temps, car ces instants passés à préparer notre masque - ou à nous préparer à devoir accepter deux fois moins - ne pouvaient jamais être rattrapés. L'unité de mesure de cette soustraction du temps, ce n'est pas la vie entière, mais l'instant. C'est la dernière bouteille de vin, celle qu'on vient de déboucher mais qu'on n'a pas le temps de boire. C'est le baiser qu'on n'a pas le temps d'échanger avec cette fille avant qu'elle disparaisse à jamais de notre vie. Pour eux, c'est le radeau des deuxièmes chances ; pour nous, des journées de vingt-trois heures.
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Nous l'avons fabriqué de toute pièce, ce raciste, le laissant impunément parader dans les allées de la courtoisie et de la tolérance sous couvert d'une certaine liberté d'expression.
Préface : Lettre à mon « frère » d'Amérique, par Alain Mabankou
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Et ce n'était seulement le ton de sa voix, mais la nature pas même de son discours qui paraissait inhabituelle. Il est difficile d'expliquer cela aujourd'hui, car c'était une tout autre époque alors, où prévalaient des rituels, une chorégraphie, tout un registre de convenances que se devaient d'observer diversement, selon le rang qu'ils occupaient dans leur classe sociale respective, les Distingués, les Asservis et les Inférieurs. Il y avait certaines choses qu'on pouvait ou ne pouvait pas dire, et chacun se comportait conformément à son rang. Les Distingués, par exemple, ne s'intéressaient pas à la vie intime de leurs « gens». Ils connaissaient nos noms, et ils connaissaient nos parents. Mais ils ne nous connaissaient pas, car cette ignorance était essentielle à leur pouvoir. Pour vendre un enfant sous les yeux de sa propre mère, il est indispensable que vous en sachiez le moins possible sur cette mère. Pour dénuder un homme, le condamner à être battu, flagellé puis aspergé d'eau salée, vous ne devez pas ressentir ce que vous ressentez pour vos proches.
P. 107
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Nous autres, habitants du Terrier, qui vivions parmi eux, nous étions bien placés pour savoir qu'ils utilisaient les lieux d'aisance comme tout le monde, qu'ils étaient jeunes et stupides, vieux et fragiles, et que toute leur puissance n'était qu'une fiction. Ils ne valaient pas mieux que nous, et à bien des égards ils étaient pires.
P. 84
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On s'amusait à jeter des boules de neige sur les taxis devant le 7-Eleven, on courait fans la rue, quand soudain on se retrouvait entouré de flics armés, à un faux mouvement d'être abattu. Je serais toujours à un faux mouvement près. J'aurais toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête. (156)
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Les esclaves étaient des gens transformés en carburant pour alimenter la machine américaine.
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Cette interrogation permanente, cette confrontation avec la brutalité de mon pays m’a donné la plus grande récompense : me libérer des fantômes et me préparer à affronter la terreur pure de la désincarnation, de la perte de mon corps.
Et j’ai peur. Cette peur augmente à chaque fois que tu me quittes. Mais j’ai découvert cette peur bien avant ta naissance
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Être noir dans le Baltimore de ma jeunesse c'était comme être nu face aux éléments-face aux armes à feu, face aux coups de poing, aux couteaux, au crack, au viol, à la maladie. Cette nudité n'a rien d'une erreur, rien de pathologique. Elle n'est que le résultat logique et volontaire d'une politique, la conséquence prévisible de ces siècles passés à vivre dans la peur. A l'époque de l'Esclavage, la loi ne nous protégeait pas. Aujourd'hui-à ton époque-, la loi est devenue une excuse pour pouvoir t'arrêter et te fouiller. Autrement dit elle n'est que le prolongement de cette agression physique. p35
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"Il nous portait à bout de bras, même si nous lui avions rien demandé.Je suppose que cela le grandissait à ses propres yeux. Cependant, il ne mesurait pas les implications de son héritage. En ce temps là, nous observions notre père et nous comprenions si peu de choses. Etre conscient ne signifiait pas seulement ingurgiter des livres obscurs à la gloire des notres. C'était un sentiment intime, la conviction profonde qu'il s'était passé quelque chose de grave dans nos vies."
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