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Critiques de Tash Aw (36)
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La carte du monde invisible

Écrivain d’origine malaisienne, Tash Aw, jouit d’une belle notoriété en Asie du Sud-Est. Comme bon nombre de romanciers asiatiques, sa plume a un je-ne-sais-quoi qui séduit d’emblée.



Son deuxième roman publié en 2009, “La carte du monde invisible”, a pour cadre l’Indonésie des années 60. Longtemps sous domination hollandaise, cet immense archipel a acquis son indépendance en 1945. Fer de lance du Mouvement des pays Non-alignés, son président Soekarno voit son pouvoir autoritaire de plus en plus contesté par une opinion publique partagée entre les idéaux communistes et les thèses nationalistes.



Dans ce contexte politique extrêmement tendu, le lecteur fait la connaissance d’un orphelin de seize ans, Adam, alors même que les militaires de Soekarno arrêtent son père adoptif, un peintre hollandais prénommé Karl.

Abandonné à la naissance, Adam n’a qu’un très vague souvenir de ses premières années à l’orphelinat. La seule certitude à laquelle il se rattache est l’existence d’un grand frère adopté avant lui par une famille dont la trace se perd dans la Malaisie voisine.

Sillonnant un pays où bruissent les désirs de changements radicaux, Adam à l’inverse ressent le besoin impérieux de clarifier les zones d'ombre entourant son passé.



Fort éloigné des plaisirs insouciants de Bali, ce roman de Tash Aw présente l’avantage de donner une image réaliste de la société indonésienne avec une immersion au cœur de Jakarta, la mégalopole grouillante de monde avec ses bidonvilles à perte de vue.

Comment passer sous silence la personnalité finement brossée de Margaret, chez qui Adam trouve refuge : cette quarantenaire, un temps amoureuse de Karl, est si attachante !

L’auteur aime ses personnages et décrit leurs particularités, leurs manies, leurs petits défauts avec bienveillance si bien que l'on a l’impression au fil des chapitres de les connaître de longue date. Cette identification qui coule de source donne une saveur particulière à ce long roman.



“La carte du monde invisible” : vous plairait-il de l’explorer plus en détail ?

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Étrangers sur la grève

Une phrase de cet essai autobiographique résume parfaitement la vie de l'auteur : "Aime, et garde le silence." Issu d'une famille chinoise ayant immigré en Malaisie, Tash Aw a toujours connu le silence, ce fameux silence des familles qui peut être très lourd, pesant, étouffant. En un court essai autobiographique, il arrive à nous faire ressentir ce qu'ont pu ressentir les siens, le départ de la Chine, le déracinement, les difficultés à s'intégrer dans un autre pays...



Bel hommage à ses grands-parents et notamment à sa grand-mère ! Sous la forme d'une longue lettre, l'auteur écrit ce qu'il n'a pas pu lui dire. À travers ses mots, nous en apprenons énormément sur ces pauvres gens ayant fui la misère et la guerre.
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Nous, les survivants

"Quelques kilomètres en dehors de la ville, à l'autre bout de Kapar, en direction de la côte, vous trouverez un shophouse où les racines d'un figuier des pagodes s'enroulent le long des colonnes en façade de la bâtisse ; la construction tout entière a été avalée par l'arbre et le seuil n'est plus désormais qu'un passage qui mène au coeur d'un énorme entrelacs de feuillage. Où finit l'un et où commence l'autre ? Lequel est vivant, lequel est mort ?"



Il parle avec détachement, de sa vie, d'un quotidien dont il considère la routine immuable comme un privilège, du village de son enfance, coincé entre la mer et les plantations de palmiers à huile, où s'étaient installés ses grands-parents fuyant l'Indonésie voisine après la Chine d'où ils étaient originaires.



On apprend très vite qu'il a tué un homme, qu'il a été jugé, condamné, incarcéré, et qu'il est sorti de prison.



Forcément, on se demande ce qui a mené à cette tragédie.

D'où ça vient, quels ressorts bandés lentement dans cette lutte permanente contre les éléments, contre la pression économique, contre ce "progrès" qui consomme et consume les êtres, ont cédé précisément à ce moment-là.



Les souvenirs viennent affleurer à la surface, se nouent comme ces racines de figuier des pagodes emprisonnant peu à peu le shophouse à l'autre bout de Kapar, et on se retrouve avalé, englouti dans ce destin frappé au coin d'une mondialisation vorace.



Je découvre et cette région du monde, ce pays, la Malaisie, et l'auteur de ce livre remarquable, Tash AW, un écrivain malaisien de langue anglaise né à Taipei qui a grandi à Kuala Lumpur avant de venir vivre à Londres.



J'ai été happée par ce roman comme par une vague d'une grande puissance.

Tout sonne juste, tout ramène à l'essentiel, au sensible, à la mémoire des corps, à la chaleur suffocante qui les accable, à la force qui les abandonne de trop d'un travail écrasant, au ralentissement inexorable de leurs gestes.



La confrontation en particulier avec l'immigration clandestine indonésienne, bangladaise, birmane, qui fait tourner chantiers, fermes piscicoles, plantations, utilisée puis rejetée et qui disparaît du jour au lendemain, cette confrontation d'Ah Hock avec ces esclaves modernes dont il comprend la détresse est saisissante.

De quoi en perdre le souffle.



C'est une rencontre littéraire âpre, violente, dure, qui marque profondémment par son humanité têtue à s'exprimer envers et contre tout.



Je remercie infiniment les éditions #Fayard et #NetGalleyFrance pour cette très belle découverte.

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Nous, les survivants

« Ce qui est né dans la violence s’achève dans la violence. »



Même si je vidais mon crâne sur ce bout de papier, il n’y aurait pas autant de matière que dans celui de Ah Hock. Parce qu’il vit seul, reclu, il va se confier à une jeune femme, lui délivrant les mots de la violence, la misère, les maux de l’immigration, les regrets, et le drame qui l’a mené, là, de sa vie. Il en est là, parce qu’il a tué un homme. Avec ces confidences, il nous raconte la Malaisie, son pays, son contexte, les paumés et les morts-vivants… À raconter ainsi son histoire, ses impressions, l’inexorable karma, les causes et les conséquences de la pauvreté, on arrive à la même évidence : Parfois, c’est la merde. On ne va pouvoir y changer quelque chose. C’est juste un fait. Mais, Nous, les survivants, c’est tout de même un espoir. Un espoir qui s’écrit dans des pages, pour que d’autres le saisissent…



J’ai saisi, mais j’y ai laissé un lambeau de mon cœur. Il a chuté. Comme Ah Hock, avec lui, à côté d’un morceau de bois…Mais ce n’est pas bien grave, ça en valait le coup. Les 14, ou la puissance d’une émotion qui dévaste tout…Ça le valait bien. Parce que parfois, on entend la lame de fond d’une voix, et elle enfle, se fait grande et traverse les frontières et vient se fracasser à nos oreilles…Et tous ses échos me reviennent, comme des vagues. Encore et encore. J’en suis encore submergée. Je ne crois pas pouvoir oublier cette déferlante, parce que Tash Aw a mis une telle puissance que même, sous le déchaînement des éléments et le magma de sentiments, je prie encore pour ces pauvres gens, la nuit.



Nous, les survivants, c’est un autre horizon, des autres paysages, des dynamiques différentes, mais c’est une histoire qui parle d’humanité. De son absence aussi. Peut-être qu’elle s’est perdue dans la nature, à coups de tsunamis et d’orages…Toujours est-il que certains doivent, pas seulement vivre dans la misère, mais survivre au jour le jour dans le néant…Parce que le destin est ainsi. Alors, oui. La merde est partout. Son odeur, sa marque, son fléau. Et faute de vider son cerveau, on est vite dépassé par une envie de vomir tenace. J’ai cru rendre plusieurs fois, mes tripes sous leurs pluies diluviennes…Comment peut-on en arriver là? Faire ça à d’autres humains? En faire des morts-vivants? Ignorer l’autre?



Je ne sais pas pourquoi les humains ne se tendent pas la main, pourquoi le racisme fait autant de ravages, mais si jamais, vous vouliez une histoire immersive et des envies d’ailleurs, écoutez le témoignage troublant et avisé de ce jeune homme…Il se pourrait qu’il y ait un monstre, des actes abominables, mais il y a aussi la beauté de l’intention, la force d’un constat, et une plume exaltante. Mon organisme n’était pas toujours prêt au choc, mais vous avoir confié ce trop-plein de débordements de tristesse et de conscience, ça me laisse un peu vidée, mais sereine. J’espère que le Vivant va vous parler, et vous laisser prendre le chemin de ces pages…Nous, les survivants, le méritent…
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La carte du monde invisible

Deux frères placés en orphelinat et séparés à la suite de leur adoption n'auront de cesse de se retrouver. Il faudra d'abord, pour Adam, partir à la recherche de son père adoptif, enlevé par l'armée indonésienne, et pour Johann s'enfuir de sa famille adoptive. Différents personnages inteviendront dans l'histoire, dont un jeune révolutionnaire, Din, qui a pour projet avoué d'établir une" carte du monde invisible", c'est-à-dire une carte reprenant l'histoire de l'Indonésie de ses origines jusqu'à l'arrivée des européens, et pour projet inavoué d'assassiner le chef de l'état, Soekarno, ou plutôt de le faire assassiner.

Sur cette trame Tash Aw tente de nous présenter un tableau de l'Indonésie contemporaine. Partie enthousiaste aux premières pages, j'ai eu du mal à achever les dernières. Non que l'histoire en elle-même soit inintéressante, mais l'auteur a tendance à partir un peu dans toutes les directions sans en achever vraiment une seule. De ce fait les problèmes du pays sont plus suggérés qu'efficacement abordés et les personnages, assez fades, semblent en permanence à côté de leur vie. Le style est assez plat, languissant dirai-je même, et par moments le texte devient d'un ennui distingué. Bref ce fut une semi-déception, même si je ne regrette pas d'avoir lu ce livre.
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Nous, les survivants

Avec Le tristement célèbre Johny Lim et surtout La carte du monde invisible, Tash Aw a révélé un remarquable talent de conteur en même temps que signalé que la littérature malaisienne méritait d'être connue pour découvrir un pays insaisissable et complexe. Après le décevant Un milliardaire cinq étoiles, son nouveau roman, Nous, les survivants, propose une plongée dans la Malaisie d'aujourd'hui, avec sa violence, ses inégalités et ses difficultés à faire cohabiter les nombreuses nationalités qui la composent. Nous, les survivants est l'histoire d'un homme, qui a commis un crime et payé sa dette, et qui confie les grandes étapes de sa vie à une apprentie écrivaine mais ce n'est pas un polar, plutôt un roman social à grande échelle qui recense tous les maux contemporains d'un pays, à commencer par son traitement indigne des migrants, travailleurs à bas coûts, venus du Myanmar, d'Indonésie, du Népal ou du Bangladesh. Une exploitation qui s'accompagne d'un racisme qui ne se cache pas, à l'égard de ces "peaux noires" qui acceptent un travail qu'un malaisien ne saurait exercer. Observateur tout autant que victime d'un système, le héros du livre n'est en rien un saint, humain pétri de défauts et balloté par les aléas d'une existence qui peut basculer sur un coup de dés. Très prenant, le livre de Tash Aw dresse un portrait peu complaisant de son pays, dans une réflexion plus universelle sur le monde dans lequel nous vivons. L'office de tourisme de Malaisie ne lui dit pas merci mais la littérature n'est pas là pour montrer de belles cartes postales.



Un grand merci aux éditions Fayard et à NetGalley.
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Un milliardaire cinq étoiles

Les deux premiers romans de Tash Aw, né à Taïwan de parents malais, étaient très réussis dans la veine de cette "World Litterature" qui est tantôt excellente, tantôt boursouflée. Un milliard cinq étoiles rappelle par son titre et ses thèmes le récent Comment s'en mettre plein les poches dans l'Asie mutante de Mohsin Hamid, très bon roman, marquant par son humour, son ironie et son romantisme. Autant de qualités qu'on a du mal à trouver dans le livre de Tash Aw, plutôt désabusé, et qui semble bien plus attaché à décrire Shanghai de long en large qu'à s'intéresser à ses cinq personnages principaux dont l'histoire nous est conté alternativement. Un roman choral qui a un côté feuilletonesque pas très attrayant placé sous l'obsession de s'enrichir à tout prix dans une ville sans pitié pour les outsiders. Chaque protagoniste semble représenter un archétype : le milliardaire qui cherche à se monter un projet "moral", une pop star déchue, une immigrée clandestine prête à tout, une femme d'affaires qui a renié ses idées de gauche, un riche héritier qui a brûlé ses vaisseaux. Tout ce petit monde se croise peu ou prou dans une ambiance vague d'espoirs déçus et de désillusions sentimentales. Pas très revigorant d'autant que l'auteur nous inflige des "leçons" de capitalisme dont on se demande s'ils sont ironiques ou si réellement l'argent est censé faire le bonheur. Immanquablement, chaque chapitre renvoie à la vie d'avant de ses personnages, en Malaisie, principalement. Ce camaïeu de sentiments et d'expériences auraient pu se révéler passionnants si Tash Aw avait fait montre d'un style plus tonique et moins descriptif. Ce n'est pas le cas, le livre est franchement trop neutre et sans empathie pour qu'on ne s'ennuie pas dans un vrai blues shanghaien. Et cette sensation ne fait que s'amplifier au fil d'un roman bien trop long et monocorde.
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Étrangers sur la grève

Tash Aw décide d'explorer les multiples branches de ses origines. Enfant de la diaspora chinoise, il habite désormais en Angleterre. Il part en voyage en Malaisie et essaie de passer au delà des silences de sa famille.

C'est un texte très court mais très dense et riche.

Tash se questionne sur ses origines réelles veut comprendre pourquoi on le prend pour ce qu'il n'est pas.

Il parle du sujet du métissage, qui fait ne pas être tout à fait d'un endroit, de se sentir totalement appartenir à un lieu.

On ressent son besoin de connaître son passé pour pouvoir habiter son présent. Ses grands-parents n'ont pas conscience du besoin de Tash de connaître son histoire et ne racontent pas ce qu'ils ont vécu. Tash va alors faire beaucoup de recherches et de voyages pour comprendre.

C'est un récit écrit avec beaucoup d'affection, qui raconte une époque et un pays où les enfants n'avaient pas tous les jours à manger et n'allaient pas à l'école. Il nous transmet l'histoire d'un peuple pudique qui a beaucoup souffert. Son histoire.

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La carte du monde invisible

La carte du monde invisible, c'est l'histoire que l'un des personnages aimerait écrire à propos des îles les plus petites et les plus orientales de l'Indonésie, rendues invisibles par la présence des grandes îles, Java, Sumatra, Bali… le plus grande partie du roman se déroule donc en Indonésie en 1964, année qui fait suite à l'indépendance du pays. Les hollandais sont priés de quitter le pays, le gouvernement du président Soekarno doit faire face à des émeutes. La situation est présentée par le regard de plusieurs personnages : Adam, jeune homme de seize ans, orphelin adopté par Karl, peintre hollandais, Margaret, américaine qui a presque toujours vécu en Indonésie. La présence du jeune homme qui part à la recherche de ses origines et de son frère dont il a été séparé tout petit, fait de ce livre un roman d'apprentissage, mais qui petit à petit s'avère bien davantage que cela. S'y mêlent les thèmes de la filiation et de l'identité, des identités réelles ou fantasmées. Chaque personnage se sent d'un pays qui n'est pas forcément celui où il est né ou dont sont originaires ses parents, se sent d'une famille qui est plus souvent une famille choisie que génétique. La trame politique est aussi importante dans le roman, avec le personnage de Din, jeune professeur collègue de Margaret, qui fréquente les milieux activistes de l'université. L'histoire de l'Indonésie en arrière-plan n'est pas toujours immédiatement compréhensible pour qui ne la connaît guère, mais cela n'empêche pas de suivre ce roman, emmené par une très belle écriture, fluide et agréable.

La seule chose qui a entravé ma lecture, me faisant ressentir des longueurs là où il n'y en avait pas réellement, est que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, que ce soit le jeune Adam, Margaret l'universitaire, Karl l'artiste peintre ou Johan, le frère disparu de Adam. Pourtant, leur destin aurait dû me toucher, la possibilité de retrouvailles aurait dû me tenir en haleine, mais quelque chose, une certaine pudeur dans l'écriture, un détachement, m'a empêché de ressentir de l'émotion pour des personnages qui avaient tout pour devenir inoubliables. Mais ce n'est que mon avis...
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Nouvelles de Malaisie

Recueil très intéressant, bien équilibré entre les textes traduits du malais et ceux traduits de l'anglais. Nous avons une vision globale du peuple multiethnique présent en Malaisie, que ce soit à la campagne comme à la ville, dans cette société de consommation où tout va trop vite. Certaines tensions sont mises en lumière et nous donne un regard un peu différent de celui que j'avais pu avoir dans "La somme de nos folies" où j'avais eu l'impression que tout le monde s'entendait à merveille.

Les éditions Magellan font un magnifique travail et nous permettent de découvrir de nombreux auteurs étrangers. J'ai particulièrement apprécié ici que la parole soit donnée à des personnes d'ethnies différentes : malaise, chinoise, tamoule etc. Nous avons les visions de chacun.
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Nouvelles de Malaisie

Six nouvelles qui donnent chacune à voir un pan de la culture malaise, riche et influencée de toute part par les origines tantôt chinoise, indonésienne ou tamoule de ses habitants.



J'ai beaucoup aimé me plonger dans ces courts textes, qui soulignent tour à tour la fracassante entrée dans la modernité au détriment de l'agriculture traditionnelle, le spectre de la crise de 1997 et l'attirance pour les entreprises étrangères, les conflits entre ethnies où les Chinois sont accusés de dominer tout le commerce, et se plaignent en retour d'être écrasés par les impôts des politiques malais, ou encore une querelle de trottoirs entre vendeurs de streetfood qui voient leur lucratif business s'évaporer lorsqu'une indonésienne se met à cuisiner des spécialités malaises et chinoises.



L'humour n'est jamais bien loin, et permet de supporter le poids de la tradition ou des héritages respectifs des protagonistes ; j'ai particulièrement apprécié le petit prologue qui rappelle les grandes lignes de la littérature en Malaisie, où écrivains d'expressions malaise, anglaise, chinoise ou tamoule cohabitent dans un fourmillement attendrissant.



Une belle découverte, et un recueil très équilibré à mon sens !
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Le tristement célèbre Johnny Lim

Le Tristement célèbre Johnny Lim est une histoire d’amour et d’amitié. Bien sûr. Pour moi, c’est surtout une intrigue autour d’un homme complexe qu’on apprend à connaître à travers trois narrateurs. Trois angles pour cerner une personnalité trouble, oscillant du salopard au héro.

Ajoutez à cette intrigue menée comme un polar, la Malaisie, étouffante et étouffée de colonialisme, un fond de 2ème guerre mondiale, et vous avez, à mon sens, un excellent roman.

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La carte du monde invisible

Moins pittoresque que son précédent roman, Le tristement célèbre Johnny Lim, plus complexe également, avec ses intrigues qui se recoupent et se répondent à 20 ans de distance, La carte du monde invisible, de l'anglo-malaisien Tash Aw, est un livre torturé dont le thème majeur est celui de la séparation. Celle de son jeune héros, un orphelin, d'avec sa mère, son frère puis son père adoptif. Celle de ce dernier d'avec une jeune femme qu'il a aimée et qu'il retrouvera bien plus tard. Celle enfin de l'Indonésie, qui sert de décor au livre, d'avec la puissance colonisatrice néerlandaise, et qui pas encore digérée 15 ans plus tard, débouche sur des événements sanglants entre conservateurs et partisans communistes, tandis que le dictateur Soekarno gouverne le pays d'une main de fer. 1960, c'est l'année de tous les dangers (voir le superbe film de Peter Weir qui traite le sujet) et Tash Aw tente de faire ressentir la fièvre qui s'empare de Djakarta. Mais avec moins de réussite que pour l'aspect intime et psychologique de son roman. C'est une toile de fond, pas davantage. Le livre est aussi un récit initiatique, une quête identitaire (de l'Indonésie et des personnages) au coeur d'un enchevêtrement de sentiments et de frustrations bien rendus par une construction en plusieurs couches temporelles. Le plus touchant étant le dialogue imaginaire entre ces deux frères orphelins, qui sont séparés depuis plusieurs années, et dont l'auteur raconte en parallèle le passage au monde des adultes.
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Nous, les survivants

Un titre énigmatique, que la lecture du livre n’éclaircit pas directement. Qui sont ces survivants ? Ceux, je crois, qui ne vivent pas, qui ne font que survivre. Parce qu’il y a l’indigence, ou l’émigration clandestine, ou le travail physique au-delà du soutenable, et souvent un mélange de tout cela. Le narrateur, qui se raconte à une chercheuse en sciences sociales, a commis un meurtre et a purgé une peine de prison, ce n’est pas divulgâcher que de dire cela car on l’apprend dès les premières pages du livre. Et tout le roman raconte la vie de cet homme, à travers ses propres mots, jusqu’à en arriver à cet événement.

J’ai demandé ce livre sur netgalley, et les éditions Fayard ont été assez aimables pour me permettre de le lire. Ce n’est qu’en le mettant sur ma liseuse que j’y ai vu la phrase d’Edouard Louis faisant la promotion de ce livre, « L’un des plus beaux et plus puissants romans que j’ai ly depuis des années ». N’ayant pas un très bon souvenir de ma seule lecture d’un livre d’Edouard Louis, j’ai eu un peu peur, mais je ne me suis pas démontée et me suis lancée dans cette lecture. Grand bien m’en a pris car ce livre a vraiment quelque chose.

L’écriture est simple, presque sèche, le propos demeure toujours très factuel. Mais c’est dans toute cette sécheresse et cette apparente objectivité des faits que se dit tout cet indicible de pauvreté extrême, de manque de perspective dans la vie, de la médiocrité d’une vie passée à courir après le simple minimum. Le personnage principal n’est pas particulièrement agréable, ce n’est pas mon empathie pour lui qui m’ont fait aimer ce livre, mais bien cette capacité à décrire ces situations tellement difficiles à envisager pour nous dans le confort de nos maisons, protégés derrière les pages d’un livre.

C’est un livre à lire quand on a le cœur bien accroché, non qu’il y ait des descriptions difficiles dans ce livre, ou des événements scabreux. On croise bien sûr un peu de drogue, la question des gangs est effleurée, mais c’est plus la banalité de l’extrême dénuement qui m’a parue difficile à encaisser. Ce livre ne m’a pas laissée indifférente. Il ne cherche ni à être moralisateur ni à proposer quelque leçon ou solution que ce soit, mais il fait réfléchir. La Malaisie n’est pas un pays dont on entend parler tous les jours, pourtant c’est un pays qui exporte beaucoup de ses denrées, notamment la production de ses plantations de palmiers, que l’on traverse dans ce livre. Cela fait réfléchir sur nos actes d’achat, sur comment nous sommes liés à ces situations, qu’on le veuille ou non, combien on est impuissant mais combien il est hypocrite de ne rien faire.

Un livre qui mérite de trouver une large audience. Son auteur m’était inconnu et pourtant je m’aperçois qu’il a déjà un certain lectorat en France et ailleurs. J’espère que ce livre confirmera ce succès, car c’est une expérience de lecture que je ne peux pas qualifier de plaisante, c’est toujours difficile de se sentir remise en question, comme ça, l’air de rien, mais c’est une expérience de lecture enrichissante et déstabilisante, ce qui est pour moi le signe d’un bon livre.
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La carte du monde invisible

En Indonésie, en 1964, le jeune Adam voit Karl, son père adoptif, se faire enlever sous ses yeux. Karl est né en Indonésie mais il est d’origine hollandaise. Le président Soekarno décide d’expulser tous les Occidentaux de son pays et malheureusement Karl fait partie du lot. Adam n’a que seize ans et il se retrouve totalement seul sur l’île de Nusa Perdo. En fouillant dans les papiers de son père, il trouve des photos et des lettres d’une certaine Margaret Bates qui semblait très attachée à Karl. Adam décide de quitter Perdo pour chercher Margaret à Jakarta. Il arrive dans une ville plongée dans le chaos ; les émeutes anti-coloniales, anti-Malaisie, anti-communistes plongent la capitale indonésienne dans l’anxiété. Adam arrive à retrouver Margaret mais comment avoir des nouvelles de Karl alors que la révolte gronde ?



Grâce aux éditions Robert-Laffont, j’ai découvert ce deuxième livre de Tash Aw, écrivain indonésien qui vit actuellement à Londres. J’ai été séduite aussi bien par les thèmes de son roman que par son style lyrique. Tash Aw mélange dans son récit les destins individuels et celui de l’Indonésie. Au début du roman, Adam ne sait plus qui il est ni où il va. Il est seul une nouvelle fois. Sa mère l’a abandonné avec son frère Johan. Ce dernier fut adopté par une famille malaise. On peut noter le parallélisme entre l’histoire des deux frères séparés et celle de l’Indonésie et de la Malaisie. Les deux pays se déchirent dans les années 60. Le président Soekarno rejette la Malaisie qu’il considère à la solde de l’impérialisme américain. Il veut faire table rase de tout le passé colonial de l’Indonésie par la force. De nombreux Occidentaux, comme Karl et Margaret, avaient choisi l’Indonésie comme pays. Avec les expulsions mises en place par Soekarno, ils ne savent plus où aller. Leurs pays d’origine leur sont étrangers, ils ne connaissent plus que l’Indonésie. Mais ce pays est en plein bouleversement. « La carte du monde invisible » est celle de l’Indonésie disparue, celle que Karl et Margaret ont aimée. Tash Aw fait des aller-retours dans le passé des personnages pour nous faire comprendre leur choix de vivre dans ce pays. Tous les personnages de Tash Aw sont en quête de leur identité, de leur véritable maison. En cherchant sa place dans le monde, Adam va également permettre aux autres personnages de se retrouver.



J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur. Ces descriptions de l’Indonésie sont très réalistes, j’ai été plongée totalement dans l’atmosphère de ce pays en plein délitement. « Mais tout vieillissait tellement vite dans cette ville… Jakarta avait le don de tout engluer dans sa crasse visqueuse, pour faire paraître décaties les choses les plus neuves. La mousse poussait sur les surfaces de ciment lisse; le métal et la pierre rongés par le soleil et la pluie, prenaient un aspect sale. A Jakarta, on avait beau faire, on avait toujours la sensation d’être dans un bidonville. » Tash Aw a un sens aigu de la description, il utilise beaucoup les sensations, les impressions pour rendre une atmosphère. Jakarta et Kuala Lumpur, où se trouve Johan, sont des personnages à part entière du roman.



« La carte du monde invisible » est une très belle découverte. La quête identitaire d’Adam dans un contexte politique troublé m’a passionnée. La subtile construction du livre entre passé et présent, l’écriture de Tash Aw m’ont conquise. Un auteur à découvrir et à suivre assurément.
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Nous, les survivants

Ah Hock, se débrouillait bien dans la vie, avec emploi fixe et une épouse, une petite maison ...

Jusqu'au jour où il tue un homme qui l'avait attaqué au couteau.

Après quelques années de prison, on le retrouve quelque peu misérable qui tente de s'en sortir de petit job en petit job.

Lorsqu'une jeune étudiante vient l'interroger pour comprendre l'origine de son crime, il va lui restituer son enfance, sa vie avant et après le crime et à travers son interview, c'est toute la société malaisienne et ses travers, les us et coutumes qui nous sont révélés.

Roman très dense ... peut être un peu trop dense justement qui m'a laissé sur le bord du chemin ...

Avis partagé au final.
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Étrangers sur la grève

Un livre de peu de pages mais une lecture instructive, bouleversante, émouvante.

L'auteur écrit une lettre et nous raconte l'histoire d’hommes et de femmes ayant fui la guerre et la misère en Chine au début du XXe siècle pour s'installer en Malaisie.

L’arrivée en Malaisie de ses grands-parents se mêle à ses propres souvenirs, où se croisent des adolescents au destin conditionné par leur classe et leur réussite scolaire, un homme glissant d’une langue à l’autre dans la froideur d’un aéroport, un père qui se confie à demi-mots un après-midi à Kuala Lumpur.

Ce témoignage est très touchant et il y a des scènes bouleversantes. L'auteur interroge son identité et recherche à en savoir plus sur ses origines, il tente d'interroger son père pour qu'il lui raconte le peu qu'il sait lui même sur ses grand parents.

Il s'interroge aussi sur lui même et la perception des autres. Il parle très bien paradoxalement du silence des parents, grand parents. Des silences délicats, volontaires : un leitmotiv « Aime, et garde le silence. » dans les rapports familiaux.

Ce court texte intime m'incite à découvrir les autres textes, plus romanesques de cet auteur et d'en apprendre un peu plus aussi sur l'histoire de la Malaisie. Un bel hommage à sa famille, à ses aïeuls et à l'espoir.

Il faut tenter de savoir d'où l'on vient et ne pas oublier les racines, même si ces racines sont dispersées et qu'il y a beaucoup de silence, de non dits. Ne pas oublier le passé pour pouvoir avance et trouver sa place, dans la famille, dans la société.

Un beau titre "étrangers sur la grève". La grève avec comme définition :

Terrain plat formé de sables et de graviers, situé au bord de la mer ou d'un cours d'eau. Un lieu où son grand père a "échoué" pour trouver un monde meilleur. Comment ne pas avoir une pensée pour les migrants actuels qui s'échouent sur nos côtes.

#Étrangerssurlagrève #NetGalleyFrance
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Nouvelles de Malaisie

Excellent petit recueil de Nouvelles écrites par des auteurs Malaisiens. Les nouvelles sont de longueurs égales. Elles sont intelligentes et intéressantes, bien construites.



Les deux premières nouvelles abordent de façon bien ciblée le problème de la modernité, avec l'abandon des rizières, la construction d'usines et de gratte-ciel, l'arrivée des Burgers et des KFC. Les deux suivantes, très amusantes, abordent le problème du racisme entre Malais et Chinois. La dernière s'intéresse au problème de l'immigration et de la souffrance maternelle suite au décès d'un jeune dans le bidonville.



Ce livre m'a beaucoup plu, je le recommande.

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Un milliardaire cinq étoiles

Le troisième roman de Tash Aw retrace le destin croisé de cinq immigrants malais venus chercher fortune dans le nouvel eldorado chinois.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Nous, les survivants

Il y a longtemps, Ah Hock a tué. Il a été en cavale, s'est fait arrêté, jugé et a fait de la prison.

Pourquoi cet homme, sans histoire, d'origine chinoise, qui a bien réussi, est venu à commettre un crime ?

Après plusieurs années de silence, Ah Hock se livre enfin, à un étudiante.

Durant plusieurs mois, il raconte tout, de sa jeunesse jusqu'à ce jour fatidique qui a transformé sa vie.



"Nous, les survivants" est un roman pour lequel j'ai eu un véritable coup de cœur. Tash Aw nous invite à découvrir la Malaisie, la vraie, celle de son peuple et de sa communauté chinoise, celle de ceux qui essayent de survivre, celle des immigrants, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui.

"Nous, les survivants" est un roman qu'il faut avoir lu. Il est prenant et magnifiquement bien écrit.
Lien : https://www.inde-en-livres.f..
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