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Critiques de Tatiana Arfel (55)
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L'Attente du soir

Ils sont trois personnages qui vivent à l’écart du monde volontairement ou non. Il y a d’abord Giacomo dresseur de caniches et compositeur de symphonies parfumées. Le cirque est toute sa vie. Son père avant lui était clown comme lui. La mort accidentelle de sa mère trapéziste parvenue alors qu’elle était jeune a plongé son père dans une tristesse qui l’a éloigné du monde du cirque. Giacomo a pris la relève directeur de ce monde ambulant qui s’arrête dans les villes et villages pour offrir un peu de bonheur aux gens. Agé de plus de cinquante ans, il cache ses blessures. Sa vraie et belle humanité dissimule son côté fataliste sur le malheur et la mort.



Melle B. a vécu une enfance aseptisée sans amour et sans que ses parents la regardent dans les yeux. Elle a grandi invisible aux yeux des autres avec un grand vide à l’intérieur d’elle. Sans avoir eu accès au mode d’emploi de la vie, la fadeur et la routine sont son quotidien. Une femme devenue crayeuse, grise que l’on ne remarque pas. Seules les tables de multiplication qu’elle se récite parviennent à chasser son angoisse.



Et puis il y a le môme qui a vécu sur un terrain vague, enfant abandonné sans personne pour s’occuper de lui. A la mort du petit chien qui lui tenait compagnie, affamé, il est obligé de s’aventurer dans la ville. Il ne sait pas parler sauf aboyer, les gens pour lui sont des ombres et il ne sait rien du monde. Mais les couleurs remplacent les mots qu’il n’a pas, il pense et se définit à travers les teintes et ses peintures sont le reflet de ses émotions.



Les chemins de ces trois personnages qui chacun portent leur lot de souffrances vont se rencontrer. L’auteur offre tour à tour à chacun la parole pour se raconter et nous raconter ce qui va se tisser.

Malgré la solitude, la souffrance, la noirceur et la folie menaçante, la beauté existe et s’offre à nous. Une lecture avec sa part de magie douce comme celle qui faisait briller nos yeux d’enfants et où les couleurs s’invitent tout naturellement. Tatiana Arfel avec une écriture délicate, poétique et sensible qui fait mouche m’a touchée-coulée. Un premier roman dont on sort le coeur vrillé d’émotions mais avec un sentiment d’apaisement et de beauté lumineuse.


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Des clous

Une de mes grandes lectures 2013. Un livre difficile à lire durant toute une partie car il n'y a aucun espoir pour les employés que l'entreprise a décidé de rendre plus performants par une formation ad hoc. Mais cela vaut vraiment le coup de continuer. Je ne donne pas le résumé du livre ici. Ce qui est fort est la maîtrise d'écriture de Tatiana Arfel. On suit une quinzaine de personnages, en entrant dans chacun, sans se perdre. Ce qui permet d'être immergé dans le monde cruel qu'elle nous présente.
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L'Attente du soir

Cela faisait un moment que je valsais avec la possibilité de ce livre.

Attirée par le bleu déjà bien apprécié de cette collection « Merveilleux », et par le portrait esquissé en quatrième de couverture des trois personnages, des trois « marginaux en bord de monde ».

Inquiète, un peu, obscurément : la symphonie du cirque, la solitude et l’angoisse, l’enfance sauvage – j’avais peur des illusions faciles, du rose et du trop de sucre en prose, d’une magie pour spectateurs plus que d’une magie d’acteurs.



L’attente du soir, complétement. Et tomba le soir, le moment de plonger.



Au milieu du livre, pleurant sur les peintures du môme, je savais :

La magie est vraie, intérieure et partagée, comme la douleur. Façonnées toutes deux de tendresse empathe et de finesse psychologique.

Et c’est parée là de rouge et d’or que la poésie parle aux sens comme au coeur…



… égrène par les routes les souvenirs d’une enfance aux enchantements perpétués et partagés sur une piste de cirque, jusqu’à la vieillesse et l’ultime coup du Sort.

… traîne par les pages la chape d’une enfance blanche, absente.

… épouse par la synesthésie le sens d’une enfance poussée loin des mots et des conventions sociales, vécue en couleurs, chantée en peinture.



On peut lire L’attente du soir comme l’évidence touchante du salut par l’art, un récit de thérapie capable de faire résonner en écho toutes ces parts de nous qui vivent par les oeuvres qui les nourrissent, et leurs propres processus créatifs.

Ce livre, surtout, j’y vois la beauté d’enfances qui se regardent, s’apprivoisent et se ravivent les unes les autres autour du feu.



[Impression partagée sur :]
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L'Attente du soir

Trois personnages habitent ici ce roman, trois égratignés du coeur, trois âmes esseulées, qui lourdes de souffrance et de solitude cheminent tout au long de ces pages pour finalement et selon les caprices du destin se retrouver, un à un, puis un à deux.

Il y a Giacomo, le clown à la chevelure bouclée et argentée. Dresseur de caniches, il dirige le cirque qu'il a hérité de ses parents voilà plusieurs dizaines d'années. A l'heure où commence cette histoire, le vieux clown arrive au crépuscule de sa vie, son dos est courbé, ses forces limitées. Depuis le jour où sa mère, trapéziste s'est écrasée sur le sol comme un oiseau blessé, il sait que le Sort, ce personnage crépusculaire et maléfique qu'il imagine depuis l'enfance, le poursuit et qu'il en sera ainsi jusqu'à la fin de ses jours.

Giacomo est certainement le personnage le plus lumineux de ce roman, malgré la peur qui le tenaille il porte en lui un tel amour de la vie, une telle confiance en l'être humain, qu'il est indéniablement le grand "ordonnateur" du roman, celui par qui l'histoire débute, et par la grâce duquel elle peut finir sur un "d'accord", une ouverture à tous les possibles.



Ensuite il y a Melle B., l'enfant, la petite fille, puis la femme grise, celle à qui tout amour, toute marque d'attention ont à jamais été refusés. Elle est celle qui ne sait pas, ne peut pas croiser un regard tant ceux qui se posèrent sur elle furent vides et glacés. Pour se calmer, quand les émotions la submergent de trop, elle s'évade dans un monde de chiffres et de figures géométriques, univers rassurant et réconfortant parce qu'éternellement identique, inchangé. Et puis il y a le môme, celui qui vit dans un terrain vague, une décharge publique, oublié de tous, inconnu de tous. Le première être vivant dont il se souviendra toujours n'est autre qu'un petit chien, alors à son tour, et comme un enfant sauvage, il se croira "chien", aboiera, léchera ses plaies et se nourrira dans les poubelles à la tombée de la nuit. Mais quand le môme découvre au beau milieu des détritus, une palette de peinture usagée, c'est tout un monde qui s'ouvre à lui après des années de déshérence. Le môme qui ne sait pas parler sinon aboyer découvre le pouvoir des couleurs, leur langage, désormais il peut fixer sur le papier ses souvenirs, ses sentiments, tout le monde qui l'habite et qui s'avère d'une incroyable richesse.



Entre le vieux clown, la femme grise et sans âge et l'enfant sauvage, existe un lien indéniable qui de page en page va se préciser, s'étoffer, se tisser, tandis que les uns et les autres vont prendre successivement la parole pour nous raconter ce que fut leur vie, leur naufrage, puis leur résilience.

(....)



Tatiana Arfel porte sur l'univers de la folie et de l'extrême solitude un regard d'une grande acuité et d'une grande tendresse. A aucun moment ses personnages qui perdent pied, angoissés, torturés, ne paraissent étranges ou repoussants, bien au contraire, car le regard qu'elle pose sur eux est tout de "compréhension" dans le sens le plus pur du terme, prendre avec soi, serrer sur son coeur.

Tout fragiles qu'ils sont ses personnages ont tant à donner, davantage bien certainement que beaucoup d'autres, les autres, les ombres.



Ils ont tant à donner pourvu qu'ils soient aimés et respectés.



Voilà un livre magnifique, poétique et bouleversant dont vous tournerez la dernière page le coeur battant, apaisé.
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L'Attente du soir

Trois personnages, blessés par la vie, trois histoires en parallèle. Giacomo, l'homme de cirque. Mlle B, une jeune femme sous emprise de ses parents, délaissée, mal dans sa peau, malheureuse comme une pierre, infiniment seule. Et puis il y a le môme, abandonné, qui ne connait aucun mot et qui décrit les choses tel qu'il les voit, les sent, avec les couleurs de l'âme.

Aucun dialogue. Trois personnages, trois chapitres successifs concernant chacun et puis on recommence. Chacun avance dans sa vie. On a envie que ces trois-là se rencontrent. On accélère la lecture pour se rapprocher de ce moment au plus vite mais on freine aussitôt pour profiter pleinement de la qualité d'écriture de l'auteur. Les textes sont beaux, les choses souvent magnifiquement dites, tout en périphrases élégantes de ceux qui savent regarder, sentir et dirent leurs impressions ou leurs sentiments de belle manière.

Magnifique premier roman tout en finesse, en poésie, en sensibilité. L'auteur nous montre sa passion pour les mots, elle va au plus profond des êtres. Ce livre est un coup de cœur.
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L'Attente du soir

Il y a des livres comme ça, qui vous happent du début à la fin, des livres où tant l'écriture que l'histoire et les personnages vous accrochent le cœur. Il y a des livres auxquels on s'attache, qu'on ne parvient pas à lâcher avant d'en avoir lu la dernière ligne, des livres que l'on voudrait recommencer sitôt qu'on les a fini. L'attente du soir, pour moi, fait partie de ces livres-là.



On y rencontre trois personnages, en marge de la société, trois personnages très différents et tous aussi touchants les uns que les autres, qui, en principe n'aurait jamais dû avoir de lien ente eux. Il y a Giacomo, le clown blanc, poursuivi par le Sort, qui aime voir fleurir les sourires des enfants sous le chapiteau de son cirque. Il y a Mademoiselle B., qui, faute d'avoir été regardée par ses parents, par son entourage, a appris à se rendre invisible. Et il y a le Môme, enfant abandonné sur un terrain vague qui voit le monde à travers les couleurs et qui, s'il lui manque les mots, s'exprime par la peinture. Trois personnages hors norme, trois personnages solitaires et malheureux qui pourtant, s'accrochent à la vie.



Il y en a de la souffrance dans ce livre, il y en a de la solitude. Et pourtant, c'est un livre empreint d'une grande beauté, un livre qui fait appel aux sens, un livre plein de poésie où des touches de lumière viennent percer la noirceur.



Je pourrais en parler pendant longtemps mais comme je ne veux pas trop en dire, je m'arrête là.



Un grand, grand coup de cœur!
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L'Attente du soir

Découverte de hasard, ce livre est de ceux qui resteront graves longtemps dans ma mémoire.

Trois personnages, trois marginaux, écorchés de la vie qui tour à tour dessinent leur chemin pour nous permettre de les suivre.

Cette construction sans aucun dialogue direct donne une grande force au texte.

Un roman dur, fort et envoûtant que l’on quitte à regret.
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L'Attente du soir

D’un côté, se tient Giacomo, directeur du cirque éponyme, dresseur de caniches et compositeur de mélodies odorantes, qui a dû grandir en creux de la perte de ses parents. D’un autre, mademoiselle B. qui ne cesse depuis son enfance d’inexister, condamnée à une transparence qui oblitère son quotidien d’un voile gris, la laissant en marge de la vie, spectatrice d’un mouvement qui lui échappe. Et puis, il y a aussi le môme qui a grandi à l’ombre d’une décharge et qui s’est constitué avec la peinture un moyen de donner sens et vie au monde. Trois trajectoires brisées par l’abandon, trois dérélictions qui, pourtant, s’accrochent aux étoiles d’un ailleurs.



« L’attente du soir » est le premier roman de Tatiana Arfel. C’est un roman puissant, poignant et bouleversant à bien des titres. Ce roman choral obéit à une construction rigoureuse, chaque chapitre donnant la parole, dans un ordre immuable, aux trois personnages éborgnés par la vie. Trois voix se racontent, unies et disjointes par le deuil, la solitude, l’abandon. Trois voix qui narrent leurs blessures, les manques qui les brisent mais aussi les soudent en un bloc compact de vie.

Une écriture envoûtante se déploie, qui vient libérer la structure qui aurait pu être enfermante, emplie d’une créativité qui donne forme et puissance au contenu. Au fil des chapitres, et de leur construction itérative, l’intrigue progresse et déroule le cycle de trois existences, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, voire pour certains des personnages, la vieillesse. On s’attache d’emblée aux personnages, à la douceur avec laquelle l’auteur rend compte de leurs brisures. Les propos, écrits à hauteur de chacun, pourraient paraître mièvres. Il n’en est rien, tant la beauté du style, sa force poétique, sait traduire les maux de la solitude, l’abandon, la perte et le deuil et en donner des contours autres, qui ouvrent à une forme d’espérance.

Avec des mots et des phrases ourlés du souffle et de la respiration de la vie, l’auteur décrit page après page comment chacun, face à la dureté du monde, se construit son nid protecteur, un refuge douillet. Tout en plongeant en eux, Giacomo et le môme s’ouvrent aussi vers les autres, dans un élan et un don de soi que permet l’art. Mademoiselle B., quant à elle, reste le plus souvent dans la transparence avec elle-même et les autres, disjointe du monde, tandis que la possibilité d’un ailleurs va progressivement se faire jour.



Un roman long, ample, d’une écriture soignée à l’extrême, une lecture exigeante mais qu’on ne peut quitter tant qu’on n’a pas pris connaissance du terme. Bouleversant d’humanité.
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2800 minutes

Ce livre contient deux nouvelles, « Hand in cap » de Tatiana Arfel, « L'ombre des thuyas » de Sophie Bienvenu, issues de résidences d'écriture de 24 heures, respectivement dans une structure médico-sociale d'accompagnement pour adultes handicapés et dans un centre psychiatrique hospitalier pour adolescents. Un entretien avec leurs auteures suit chaque texte fictionnel.



Dans la nouvelle de Tatiana Arfel, le narrateur est un soignant « chevillé aux corps » qui, durant une journée de travail ordinaire dans la chaleur du plein été, s'occupe d'abord de sa propre mère, frappée par un AVC, puis d'une jeune fille paralysée suite à un accident de moto, ensuite d'un homme atteint de troubles obsessionnels compulsifs, et enfin d'un monsieur handicapé moteur de naissance, qui a fait, de la sensibilisation au handicap auprès des municipalités, des publics scolaires et des entreprises, son activité et sa vocation. Le texte alterne le point de vue, somme toute neutre, professionnel voire terne du soignant avec ceux, reproduits en italiques, des autres personnages, à l'exception de la mère. L'effet de contraste est parfois intéressant, saisissant surtout pour la jeune fille, dont on perçoit la haine de sa condition (cf. cit.) : quelques phrases m'ont fait penser, en moins intense, à un autre personnage de jeune fille hémiplégique d'une auteure que j'aime beaucoup aussi : Nelly Arcan dans son roman Paradis, clés en main.



« L'ombre des thuyas » de Sophie Bienvenu, qu'elle définit « de l'auto-fiction », figure l'effet projectif que provoque, sur la narratrice, la rencontre avec un adolescent aux yeux bleus interné pour violence, vis-à-vis de son ex-compagnon auquel la nouvelle s'adresse, en guise de lettre ouverte. Hormis la chute, assez fantastique, qui concerne l'adolescent, le récit consiste presque uniquement dans la remémoration des maltraitances maladives endurée par la narratrice durant leur rapport de couple. L'on peut donc considérer que la résidence littéraire a constitué, dans le cas de Sophie Bienvenu, l'inducteur d'un texte autobiographique.



Dans les deux cas, mon sentiment est que la nouvelle est un genre difficile, même pour des romanciers confirmés, et que mon intérêt personnel pour cette lecture, malgré la grande admiration que je voue à Tatiana Arfel, a résidé surtout dans les circonstances particulières et insolites de la composition.
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L'Attente du soir

Un univers à 3 pôles, 3 parcours, 3 personnages, 3 douleurs portées différemment, tout le long du récit, l’auteur nous peint ces 3 histoires avec un style différent qui se colle aux personnages, c’est déjà là une écriture riche et ciselée comme une sculpture où chaque mot a son importance donnant cet équilibre indispensable dans l’histoire afin de ne pas tomber dans une lecture rectiligne.



3 dimensions bien dissociées qui au fur et à mesure du récit, se rapprochent pour finir pas se fondre tout à fait. Un peu comme si, le peintre aurait commencé par 3 tableaux monochromes et doucement tente le mélange des couleurs pour ne plus les dissocier et nous livrer les mille et une combinaisons possibles.



J’ai savouré la manière dont l’auteur nous décrit les sentiments profonds comme la peine, le deuil, l’amour pas seulement d’un couple mais d’un enfant envers un chien, d’une mère envers son bébé, d’un homme envers son cirque etc… puis les états comme l’adolescence, la vieillesse, l’âge qui inexorablement s’accable sur notre corps, des situations de faits comme la guerre. Et malgré la profondeur et la noirceur à nous livrer, l’auteure a su comme par magie adoucir ce noir tout en poésie et avec une remarquable originalité (voir les extraits) … pour ma part, ce fut un vrai régal, une réelle satisfaction de lecture. Chaque description est une nouvelle peinture, chaque personnage est une couleur, chaque sentiment devient un paysage, l’ensemble magnifiquement bien orchestré dans une harmonie parfaite, sensible, émotive et mélodieuse. Les couleurs, les odeurs, tous les sens s’unissent, s’invitent, pour mieux se confondre en une danse féerique…



Un bouquet explosif de sensations…



article plus sur le blog
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L'Attente du soir

Comment bien parler d'un livre qu'on a aimé? Comment convaincre qu'il faut le découvrir? Surtout que cette fois il ne s'agit pas d'une de ces lectures loufoques et déjantées que j'affectionne un peu trop sans doute. Mais d'une oeuvre intimiste, sensible, poétique, qui m'a transportée.



Giacomo, le clown blanc du Circo Giacomo, a passé sa vie entière dans son cirque, échappant ainsi au "gris ordonné" du monde. Il présente un spectacle de caniches précédé d'une "symphonie de musique et parfums".

Melle B raconte sa vie dans une ambiance d'indifférence glaçante. Pour chasser "le grand blanc brillant" elle récite des listes ou des tables de multiplication. Femme grise, femme éteinte à l'approche de la quarantaine...

Et puis Le môme, l'enfant sans mots, utilise les couleurs et ses tableaux pour nous dévoiler sa vie d' "enfant sauvage" qui survit dans un terrain vague.



Bien sûr les bulles de ces trois narrateurs vont s'interpénétrer. Le lecteur devine assez vite ce qui lie Mlle B et l'enfant, et comment tout cela va évoluer, mais quelle importance?

Les trois récits s'entrelacent, se répondent, je ne dirais pas se répètent, mais s'éclairent, une sorte de tuilage jamais excessif. Pour un tel récit il fallait une grande délicatesse et Tatiana Arfel a merveilleusement rendu la voix intérieure de ses trois personnages.



J'arrête là, consciente de ne pouvoir rendre justice à la beauté de ce livre : lisez-le!
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Des clous

un roman effrayant et vivifiant
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La deuxième vie d'Aurélien Moreau

L’entrée dans ce troisième roman de Tatiana Arfel, se fait par les témoignages, plus ou moins concordants de l’entourage d’un Aurélien Moreau, qu’en réalité, absolument personne ne connaît. Si tous semblent vouloir faire de la quasi désespérante normalité d’Aurélien, son trait de caractère principal, pas un n’est en mesure de comprendre le mal-être et la difficulté de vivre qui le caractérisent, pas même sa mère, surtout pas son père, encore moins la femme qui partage sa vie depuis 20 ans.



Comme s’il avait développé la capacité d’être d’un hermétisme infranchissable.



Dans ce que l’on peut considérer comme la « deuxième partie » du roman, qui n’est en fait autre que la retranscription des journaux de bord du personnage central, cet hermétisme maladif est palpable. Loin des litanies de ressentis que l’on s’attend à trouver dans un journal, les journées se suivent, et se ressemblent, dans ce qui semble être une volonté absolue de calquer les jours les uns sur les autres. Des faits, des chiffres, des constats, des noms. Point barre. Comme pour se souvenir de ce qu’il a fait chaque jour de sa vie, et surtout pour savoir ce qu’il doit faire chaque jour restant. Quelque chose de profondément machinal, et nécessaire en somme.



Bien évidemment, et parce que c’est là l’un des sujet de prédilection de l’auteure, comme le récit avance, on s’enfonce dans la psychologie d’Aurélien Moreau, la « cotte de maille » devient moins solide, pour ne devenir qu’une vulgaire et bien peu convaincante façade. Amené en tant que Directeur-adjoint de l’entreprise familiale, à annoncer une série de licenciements et de plans sociaux, Aurélien Moreau voit tout son système prendre l’eau, en même temps qu’il semble aussi (re)prendre vie, il s’éveille aux mots, a la condition humaine, aux autres, à la sensualité, à ses propres maux, dans ce qui semble être un mélange d’euphorie et de douleurs immenses.

Un entre-deux, fait de lâcher prise et de perte totale de contrôle.



Les obsessions sont diablement bien décrites, le sentiment d’urgence, celui d’être en alerte, dépassé par les évènements et par soi, vous saisit comme il saisit Aurélien, et c’est la force majeure de ce roman. Le réalisme de l’intrigue, lié au maniement imparable des mots dont fait preuve Tatiana Arfel, font de ce roman quelque chose d’éminemment puissant. D’autant plus qu’en dehors de ce combat intérieur que mène Aurélien, le roman s’attache aussi imperceptiblement (et pourtant avec une force remarquable) à décrire une autre sorte d’hermétisme quasi maladif, celui de la société en général. Celle qui sans le dire ne fait qu’enfermer un peu plus le personnage d’Aurélien dans ses angoisses. Celle incroyablement lisse et stérile d’une classe sociale qui se targue d’une apparente perfection, cachant en vérité des vicissitudes parfois proches de la perversion.



Ce roman ne peut décemment laisser son lecteur indifférent, tant on est happé par le réalisme cru et cuisant d’un destin que tout autour de lui écrase, au point de rendre même ce sentiment de liberté nouvelle difficile à accepter pour Aurélien Moreau. Le plus dérangeant, dans ce très bon roman, c’est qu’il pourrait presque être une espèce de description d’un genre, non pas de "mal du siècle" pour reprendre une célèbre expression mais de "mal de la décennie", quelque chose qui se situe entre la déshumanisation d’une société, et la furieuse nécessité de retrouver une liberté à la quelle finalement, on ne s’habitue plus.



A méditer.
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L'Attente du soir

- Première partie : un plus un plus un

- Deuxième partie : deux plus un

- Troisième partie : trois

Mais quel est donc ce décompte étrange ?



A travers 24 chapitres, évoluent trois personnages atypiques, dont les personnalités se placent aux antipodes les unes des autres, sans apparent trait commun :



Melle B.

Morne, éteinte, sans but, échappant volontairement au regard des autres, elle se livre à de névrotiques répétitions de tables de multiplication pour conjurer ses crises de panique. Privée d'amour parental depuis sa naissance, en proie à des angoisses sclérosantes, n'a vu qu'une seule fois la couleur du bonheur...



Giacomo

Clown aux cheveux argentés, trop vieux pour parler d'amour à Ismaëla, mais d'une générosité aussi fine que son empathie. De son enfance à ses jours en déclin, sans descendance, il invente des symphonies de senteurs pour inviter les spectateurs à renouer avec l'émotion de leurs sens.



Le môme

C'est sur une décharge qu'il a grandi. Seul, sans lien humain pendant longtemps, c'est un chien qui l'ouvrira à une première communication. L'enfant ne parle pas, il aboie.

Mais un jour, le chien revient le ventre en sang.

Le môme a appris le langage des couleurs. Le jaune lui procure bonheur. Le rouge est la couleur de la douleur ; celle ressentie à la disparition de son unique compagnon.

Il crée sans le savoir. Une sortie de la décharge le précipitera vers un monde hostile dont il refuse de rester prisonnier en s'adonnant toujours avec plus de frénésie à la composition picturale.



La lente et progressive rencontre de ces destinées est tout l'art de Tatiana ARFEL.

Approfondissant la logique et la personnalité de chacun de ces êtres, elle déploie son talent dans des descriptions d'une subtilité fascinante, dresse une toile d'une remarquable humanité. Le style est prometteur malgré quelques longueurs, aisément pardonnables tant l'intérêt reste cependant maintenu jusqu'aux dernières pages.

Une jolie prouesse que ce rapprochement orchestré avec une dextérité peu habituelle dans un premier roman.


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L'Attente du soir

En feuilletant ce livre je n'étais que moyennement tentée car l'écriture est assez serrée et dense.

Mais rapidement je me suis attachée à ces 3 personnages qui n'ont pas eu la vie facile.

Giacomo le clown vieillissant qui n'a pas eu d'enfant à son grand regret, la femme grise qui a grandi avec la présence mais sans le regard de ses parents et le môme ce petit bout d'enfant qui vit seul dans un terrain vague, on se demande d'ailleurs comment cela est possible. Mon coeur de maman a été très sensible à ce petit homme.

3 parties composent ce livre : Un plus un plus un, puis Deux plus un, puis Trois

On voit où l'auteur veut arriver, et elle prend le temps pour nous faire découvrir pas à pas ces 3 personnages avec beaucoup de descriptions très bien écrites pour une lectrice comme moi qui n'en raffole pas.


Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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L'Attente du soir

Un livre, une auteure, quelques mots pour un souvenir de lecture...

Un petit livre blanc

Choisi au hasard

Cadeau de Noël banal

Les premières pages se tournent

Et c’est l’invention des mots

Une féérie de couleurs parfumées

Un arc-en-ciel ensoleillé

Des personnages extraordinaires

Une rencontre magnifique

Une force dans la fragilité

Un bonheur oublié

Une émotion présente à jamais

Là au bord du coeur

L’attente du soir

Tatiana Arfel

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L'Attente du soir

Désolée pour les adeptes mais j'ai dû arrêter la lecture de ce livre car il était trop difficile pour moi ... Difficile car émouvant, bouleversant, tragique, imprégnant... Mon petit cœur sensible à saigner et je n'en pouvais plus.

A relire certainement avec un bon moral et une foi inébranlable pour une société joyeuse et miséricordieuse !!!
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L'Attente du soir

Une véritable pépite que ce roman!!

Avec une écriture sensible et très touchante, Tatiana Arfel nous raconte le parcours de ces trois personnages très attachants qui vivent chacun à leur manière dans leur monde, à l'écart des autres.

Le thème de l'identité est très présent dans ce roman, entre Giacomo qui n'existe qu'en tant que clown, Melle B qui n'existe pour personne, et le môme qui vit seul à la façon d'un animal.

Le regard a beaucoup d'importance, car c'est justement celui des autres qui les fait exister de cette manière.

Les trois personnages se retrouveront pour un "tableau" final émouvant.

Un très beau roman, rempli de sentiments, de sensibilité et de couleurs!
Lien : http://leslivresdagathe.over..
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Les Inconfiants

On m'avait dit du bien de cet ouvrage et je me suis dit que ce serait une bonne occasion pour sortir de ma zone de confiance.



Malheureusement, je n'ai pas adhéré. J'ai trouvé la lecture très compliquée et parfois je ne comprenais pas où l'auteure voulait m'emmener. Je n'ai pas pu le lire jusqu'au bout.



En revanche, les problèmes psychiques sont très bien amenés mais je n'ai pas adhéré à l'écriture.

Cet ouvrage n'était donc pas fait pour moi.
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L'Attente du soir

Trois personnages en quête de bonheur.

Giacomo, clown triste et poète

Le Môme, petite chose abandonnée , sauvée par le dessin

Mlle B, jeune femme transparente et angoissée.

Dans la première partie, ces individus évoluent dans des milieux différents, un univers de solitude dans un camaïeu de gris.

Dans la seconde moitié du roman, un fil ténu lie les trois héros. les couleurs se réchauffent, le rouge du cirque, le bleu de l’ amitié, le vert de l’ espoir et le jaune éclatant de l’ amour.

l’ écriture est ciselée, poétique, la trame romanesque très bien maîtrisée.

un excellent premier roman.
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