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EAN : 9782714311153
319 pages
José Corti (29/08/2013)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Rentrer du travail sans même se souvenir du trajet. Monter revérifier qu’on a fermé la porte à clé. Regarder l’heure, l’après-midi est déjà là, où est donc passé le matin ? Et le week-end dernier, on a fait quoi déjà, rien ? Instants multiples où nous n’étions pas là. Où nous cachions-nous alors, derrière combien de murailles, combien d’écrans, est-ce du temps définitivement perdu, celui qui n’a pas été vécu ?

Imaginons donc. Chez Aurélien ces absence... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
[note rédigée après la rencontre avec l'auteure]

La normalité comportementale – médiane, normée, prévisible, incolore, impénétrable, indéchiffrable – est le signe d'une profonde psychopathologie. Aurélien Moreau, qui l'affiche dans la première moitié du roman, est d'abord présenté par son entourage, dans des verbatim d'enquête ; chacun, surtout les intimes, tout en ajoutant des indices concordants sur la personnalité de ce directeur adjoint – méticuleux et méprisé – de l'entreprise de son beau-père, s'avérera absolument incapable ne serait-ce que de soupçonner la véritable nature de cet homme et la souffrance qui motive son attitude à la fois convenue et hermétique. Même le psy. S'ensuivent les carnets d'Aurélien, arides, bloqués, qui nous révèlent cependant la profondeur de son mal-être qui ne sait être maîtrisé que par une « cotte de maille » anesthésiante et robotisante.

Les conséquences d'un plan social au sein de l'entreprise, sous forme de « mots sorciers », vont percer l'armure, mettre irréversiblement en danger l'équilibre maladif d'Aurélien – dont la prose commence à se délier et la vie à prendre des saveurs – et précipiter l'avènement de l'action dramatique qui, sous forme de décharge de milliers de watts, va faire fondre à jamais la cuirasse. L'homme ainsi dénudé, son langage explose dans un premier temps, puis se recompose dans une forme originale et personnelle, de plus en plus achevée à mesure que celui-là devient perméable à un certain nombre d'actions extérieures bienfaisantes, surtout féminines, et qu'il conquiert partiellement un goût et une volonté de vivre par ses sens nouvellement découverts. Un périple géographique le mènera vers une existence assez significativement distante de celle qu'il avait vécue pendant ses quarante-cinq premières années.

Ce roman, le troisième de la jeune auteure qui réalise le prodige de me provoquer les mêmes ferveur et attraction magnétique que les précédents, dont il s'inscrit comme une synthèse à de nombreux égards, traite de la pathologie de la normalité par une recherche langagière absolument formidable par son originalité (paradoxe : la normalité par la génialité…). Dans le premier chapitre déjà, où la caractérisation aboutie des personnages sourd de leurs paroles et non de leurs propos incongrus sur autrui ; dans la représentation de la parole éclatée – magnifique dialogue entre Aurélien et sa mère (p. 193-195) ! – ; enfin dans la manière de rendre les trois étapes du chemin psychique du héros, la dernière desquelles, la « renaissance », possède toute la progressivité nécessaire à la vérité. le personnage s'impose ainsi de sa vie propre – et je conteste le titre qui indique un redoublement de vie – dans sa problématique très contemporaine et par un langage parfaitement créé.
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Aurélien a 43, il est marié, a deux fils. Il travaille pour son beau-père.

Aurélie a une vie très bien rangée. Il ne fait pas de bruit, exécute les ordres. On sait qui il est sans plus.

Mais Aurélien va prendre une décision qui va changer, radicalement, sa vie lorsqu'il recevra des menaces qui le plongeront dans la dépression avant qu'il ne se décide à agir.

C'est l'histoire d'une renaissance.

Mais une renaissance qui va prendre plusieurs années pour le héros du roman.

Au début du roman, on pense qu'il y a une enquête de police car de nombreuses personnes sont interrogées. Mais on se rend compte qu'on est en train d'évaluer l'état mental d'un homme pour essayer de comprendre ses responsabilités dans ce qu'il a fait. C'est traité comme un fait divers. Mais c'est plus qu'un fait divers, même si cela a fait la une des journaux.

Une renaissance un peu trop longue à lire à mon goût avec toutes ces interrogations, tous ces pans de vie qui défilent sans peu de ponctuation. J'ai souvent été tentée d'abandonner le roman. Mais arrivée à la moitié, il y a eu plus d'action. Et après c'était reparti avec toutes ces langueurs, longueurs qui ne m'emballent pas.

C'est le cinquième et dernier roman que j'ai lu dans le cadre du Prix Littéraire de la Fnac. J'aurais pu lui donner une très bonne note. Mais toutes ces longueurs ont fait que non. Ce roman aurait vraiment pu être agréable à lire. Il y a eu quelques mouvements d'action, certes. Mais ils étaient vite ternis par toutes ces phrases d'Aurélien, ses questions existentielles.. Qu'il s'interroge, soit, mais autant, non, je ne suis pas d'accord. D'accord, Aurélien a toujours subi. Il a toujours fait ce qu'on lui a dit de faire. Et pour s'évader, il écrit dans des carnets, mais des choses de la vie quotidienne, des choses futiles, la routine. Et lorsqu'il décide de se rebeller contre une injustice, on comprend très bien qu'il puisse passer par ces phases d'interrogation et surtout que cela lui fasse peur. Mais il n'a pas peur de partir pour se retrouver. Il arrive à faire confiance à des personnes qu'il ne connait pas lorsqu'il voyage. Il rencontre d'ailleurs une femme qui va lui faire découvrir les plaisirs de la chair.

Aurélien a décidé de se consacrer à lui-même, de vivre sa vie. Il découvre des sensations, des odeurs, le plaisir de manger, de vivre. Il retrouve sa mère d'ailleurs à cette occasion, son fils. Deux personnages différents de ce que la société, bien pensante, attend des gens. Aurélien était différent. Il a mis du temps à le comprendre mais il vivra en définitive heureux.

En prenant cette décision lourde de conséquence (il faut attendre le milieu du roman pour la connaître), il va s'entourer de son assistante. Mais il fera toujours en sorte qu'elle ne soit jamais impliquée et qu'on ne trouve jamais qu'elle l'a aidé. Aurélien a beaucoup de morale. Il est un vengeur des temps modernes.

le temps est à l'image du roman. Au début, gris, noir. Vers le milieu, les éclaircies arrivent. Ensuite, on retombe dans ce gris pour repasser au plein soleil et à la fin, c'est le fil des saisons.

Aurélien a réussi à s'entourer d'amis sur qui il peut compter.
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L'entrée dans ce troisième roman de Tatiana Arfel, se fait par les témoignages, plus ou moins concordants de l'entourage d'un Aurélien Moreau, qu'en réalité, absolument personne ne connaît. Si tous semblent vouloir faire de la quasi désespérante normalité d'Aurélien, son trait de caractère principal, pas un n'est en mesure de comprendre le mal-être et la difficulté de vivre qui le caractérisent, pas même sa mère, surtout pas son père, encore moins la femme qui partage sa vie depuis 20 ans.

Comme s'il avait développé la capacité d'être d'un hermétisme infranchissable.

Dans ce que l'on peut considérer comme la « deuxième partie » du roman, qui n'est en fait autre que la retranscription des journaux de bord du personnage central, cet hermétisme maladif est palpable. Loin des litanies de ressentis que l'on s'attend à trouver dans un journal, les journées se suivent, et se ressemblent, dans ce qui semble être une volonté absolue de calquer les jours les uns sur les autres. Des faits, des chiffres, des constats, des noms. Point barre. Comme pour se souvenir de ce qu'il a fait chaque jour de sa vie, et surtout pour savoir ce qu'il doit faire chaque jour restant. Quelque chose de profondément machinal, et nécessaire en somme.

Bien évidemment, et parce que c'est là l'un des sujet de prédilection de l'auteure, comme le récit avance, on s'enfonce dans la psychologie d'Aurélien Moreau, la « cotte de maille » devient moins solide, pour ne devenir qu'une vulgaire et bien peu convaincante façade. Amené en tant que Directeur-adjoint de l'entreprise familiale, à annoncer une série de licenciements et de plans sociaux, Aurélien Moreau voit tout son système prendre l'eau, en même temps qu'il semble aussi (re)prendre vie, il s'éveille aux mots, a la condition humaine, aux autres, à la sensualité, à ses propres maux, dans ce qui semble être un mélange d'euphorie et de douleurs immenses.
Un entre-deux, fait de lâcher prise et de perte totale de contrôle.

Les obsessions sont diablement bien décrites, le sentiment d'urgence, celui d'être en alerte, dépassé par les évènements et par soi, vous saisit comme il saisit Aurélien, et c'est la force majeure de ce roman. le réalisme de l'intrigue, lié au maniement imparable des mots dont fait preuve Tatiana Arfel, font de ce roman quelque chose d'éminemment puissant. D'autant plus qu'en dehors de ce combat intérieur que mène Aurélien, le roman s'attache aussi imperceptiblement (et pourtant avec une force remarquable) à décrire une autre sorte d'hermétisme quasi maladif, celui de la société en général. Celle qui sans le dire ne fait qu'enfermer un peu plus le personnage d'Aurélien dans ses angoisses. Celle incroyablement lisse et stérile d'une classe sociale qui se targue d'une apparente perfection, cachant en vérité des vicissitudes parfois proches de la perversion.

Ce roman ne peut décemment laisser son lecteur indifférent, tant on est happé par le réalisme cru et cuisant d'un destin que tout autour de lui écrase, au point de rendre même ce sentiment de liberté nouvelle difficile à accepter pour Aurélien Moreau. le plus dérangeant, dans ce très bon roman, c'est qu'il pourrait presque être une espèce de description d'un genre, non pas de "mal du siècle" pour reprendre une célèbre expression mais de "mal de la décennie", quelque chose qui se situe entre la déshumanisation d'une société, et la furieuse nécessité de retrouver une liberté à la quelle finalement, on ne s'habitue plus.

A méditer.
Lien : http://vagabondssolitaires.w..
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critiques presse (1)
Liberation
07 octobre 2013
La Deuxième Vie d’Aurélien Moreau plonge dans les tréfonds d’une personnalité qui n’a jamais été et qui lâche prise par le choc insoupçonné d’une lettre anonyme. L’apnée, l’intitulé de la romancière pour cette phase de descente aux enfers, correspond bien à cette errance.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ainsi donc mon mariage n'en est pas un, mes enfants ont toujours été loin, je n'ai pas de vie privée. Pas de loisirs non plus, seulement des occupations pour tuer le temps qui résiste, le monstre, l'éternel triomphant. Quant au travail, il n'y a rien à extraire là non plus. Un simple lest de plomb retenant les lambeaux obscurs de mon cerveau. Un simulacre massif, jeu de rôle de toute une vie, sans changement de niveau. Que me reste-il? Je vis seul dans mes heures désertes et je fais maintenant face au pire. A l'arrivée massive, sonnez trompettes, soldats dociles, sortez les baïonnettes, de la pensée la plus effroyable qui soit. La conviction intime que je n'ai pas de joie. [...] Si la joie n'existe pas, pour personne, comment avons-nous pu en concevoir l'idée?

[...]

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Dicton : A chaque jour suffit sa peine. NB, mais parfois, elle dépasse. Cf. : mère.
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Vivre sans musique c'est entendre en noir et blanc, sans nuances ni surprises et surtout sans élan.
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Videos de Tatiana Arfel (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tatiana Arfel
Transmettre, nous dit le Larousse, c'est "faire parvenir quelque chose à ceux qui viennent ensuite". Un passage de relais en somme, dont il sera question dans ce nouveau rendez-vous des Éclaireurs de Dialogues.
Nous échangerons avec Marie Richeux , productrice sur France Culture et écrivaine. Elle publie ce mois-ci Sages Femmes, chez Sabine Wespieser Éditeur. L'histoire d'une jeune femme qui tente de démêler le fil des générations qui l'ont précédée.
Nous serons ensuite avec Julien, pour la bibliographie des libraires de Dialogues. La transmission est un thème très présent en littérature, Julien a sélectionné quelques-uns de ses titres favoris.
Et à la toute fin de cet épisode, notre invitée brestoise sera Chantal Rio, elle dirige le service des Archives de Brest. Elle nous racontera les trésors qui se cachent derrière les kilomètres de papiers précieusement conservés.
Bibliographie
- Sages Femmes, de Marie Richeux (Éd. Sabine Wespieser) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18899676-sages-femmes-rom-marie-richeux-sabine-wespieser-editeur - Les Disparus, de Daniel Mendelsohn (Éd. J'ai Lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/950138-les-disparus-daniel-mendelsohn-j-ai-lu - Les Sirènes du Pacifique, de Cédric Morgan (Éd. Mercure de France) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16716822-les-sirenes-du-pacifique-roman-cedric-morgan-mercure-de-france - La Papeterie Tsubaki, de Ito Ogawa (Éd. Philippe Picquier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18748759-la-papeterie-tsubaki-ito-ogawa-philippe-picquier - le Gardien des choses perdues, de Ruth Hogan (Éd. Babel) https://www.librairiedialogues.fr/livre/14880664-le-gardien-des-choses-perdues--ruth-hogan-actes-sud - L'Attente du soir, de Tatiana Arfel (Éd. José Corti) https://www.librairiedialogues.fr/livre/12952039-l-attente-du-soir-tatiana-arfel-jose-corti
Générique : Sara Petit.
+ Lire la suite
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