Citations de Thomas Clearlake (129)
La nuit, les ruelles de Montmartre paraissaient toutes mener vers une dimension fantastique, située à mi-chemin entre le Moyen Âge, un jardin anglais, le romantisme des années trente et un trip au LSD.
Le mal est prompt à se répandre, tandis que le bien se raréfie, tout comme l’eau s’assèche sous le soleil brûlant.
Mais l’on ne peut parler de combat que lorsque les forces opposées ont une part égale de chance de victoire.
Il pouvait sentir son souffle chaud dans son cou alors qu’elle se caressait en attendant qu’il l’emmène. La frontière entre le fantasme est la réalité s’était maintenant ouverte et il pouvait aller librement vers cet autre côté de lui-même, ce lieu qui était resté dans l’ombre de son inconscient. Cette nuit, il ferait l’expérience de libérer son démon intérieur, avide de jouissances obscures, qu’il avait laissé croupir dans les ténèbres de son inconscient. Tous les hommes sont potentiellement des monstres en puissance, beaucoup l’ignorent et essaye de se convaincre que ce genre de fantasmes ne leur appartient pas, que ce ne sont que des idées extérieures, dérangeantes, qui envahissent leur réalité bien ordonnée. Mais où est l’ordre dans l’esprit humain ? Le chaos n’est-il pas la base de la pensée rationnelle ?
Assis sur un banc de bois, sa tête dans ses mains, il se répétait en boucle intérieurement, comme un mantra : tiens le coup... tiens le coup... tiens le coup... Même s’il arrivait en surface à encaisser la situation, il sentait bien qu’au fond de lui une sorte de trou noir émotionnel était en train de se former, quelque chose d’assez puissant pour l’emporter de l’autre côté, là où la folie prend le dessus pour soulager la conscience d’une masse de souffrance trop lourde à porter.
Un voyage dont il était certain de ne pas revenir s’il se laissait aller.
La vie est faite d’une curieuse manière, c’est quand on est au plus bas que l’on s’aperçoit que l’amour est bien la seule véritable chose qui compte.
À force d’enjamber des cadavres sur des scènes de crime, d’enquêter sur des disparitions avec la certitude de ne découvrir finalement que des personnes assassinées, mutilées, brûlées, découpées en morceaux, enfouies sous des décharges d’ordures, à force d’entendre les aveux les plus ignobles de psychopathes qui rivalisaient de perversité dans les atrocités qu’ils commettaient... une substance indéfinissable se générait, comme une ombre épaisse qui, au fil des ans, enveloppait l’enquêteur pour ne plus le lâcher. L’inspecteur Berthelot appelait ça la malédiction du flic. Aucun gars, aussi solide qu’il pût être, n’y échappait.
Luca n’avait vu que deux psychiatres au cours de sa vie : le premier lorsqu’il avait perdu sa mère, douze ans plus tôt, le second pour un entretien formel quand il avait intégré la brigade criminelle. Luca s’imaginait parfois que ces types pouvaient être aussi dingues que les pires de leurs patients.
La peur ne se trouvait pas ailleurs que dans sa tête.
Tout comme ce monstre hypothétique. Il n’existait peut-être pas du tout. Nulle part. Comme un père Noël inversé. Un père Noël qui était censé faire peur.
Le sommeil n'est pas quelque chose qui vient quand on l'appelle, comme un animal de compagnie. En fait,c'est une drôle de bête, extrêmement sauvage. Et il suffit qu'on se mette en quête de la débusquer pour qu'elle se rende insaisissable.
« l’inspiration est comme une maîtresse perfide, cruelle. Un jour elle vous sourit et vous cajole, l’autre elle vous délaisse sans raison, et se volatilise ».
Une liberté qui leur avait explosé à la gueule.Une liberté qui les avait propulsés dans une dimension où les mots "douleur", "froid", "peur" n'existaient plus .
L’existence peut se définir par un espace que nous traversons, et au temps que nous mettons pour le traverser. Mais encore faut-il savoir où nous nous trouvons, et vers quoi nous allons. Sans itinéraire, sans objectif, notre vie est perdue.
Même si j’écris des histoires très noires, c’est dans les ténèbres que la lumière trouve sa source.
Comment une jeune femme de 25 ans ,assez grande avec de longs cheveux châtains bouclés , de grands yeux verts , des mensurations parfaites et un sourire à défroquer une confrérie monacale , pouvait-elle passer inaperçue aux yeux de ces meutes de gars qui répondaient avec zèle , ou parfois malgré eux , à la nécessité de reproduction de l'espèce humaine.
Et de la jeune femme qu'elle était encore hier, à la vieille fille qui s'inviterait bientôt, il n'y avait qu'un espace réduit ,plein d'une résignation froide .
Du conflit brutal qui venait d'opposer dame Nature à l'industrie automobile allemande, il ne restait qu'une tâche blanche vaguement ovale perdue dans le grand vert chlorophyllien des forêts - un ovale plus proche des horloges de Dali que de celui qu'on définit en géométrie.
Seule la peur subsistait. Impératrice glaciale qui avait conquis toutes les terres de son être.
Il fallait faire taire cette douleur, cette rage aveugle qui le tenaillait. Au nom de tous les hommes, il fallait que justice soit faite.
- L'espace est difficile à concevoir pour la conscience, car elle se fond en lui... et il se fond en elle. C'est en réalité en soi la forme d'énergie la plus puissante qui puisse être. L'espace est une force, car la matière ne peut se constituer que selon lui. Les éléments n'ont d'autre possibilité que de se mouvoir dans ce que nous appelons "l'espace". Mais qu'est ce que le mouvement, Mojunn?
- Un déplacement dans l'espace, me semble t'il.
Donc si on retire l'espace au mouvement?
- Ça n'est pas possible.
- la seule chose qui n'est plus possible, c'est le mouvement. L'espace, lui, est toujours possible. Il est le possible, Mojunn. Le possible primordial. Tu t'emploieras à méditer dessus.