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Critiques de Timothé Le Boucher (697)
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Le Patient

J'avais eu un vrai coup de coeur pour la première BD de ce jeune auteur talentueux, Ces jours qui disparaissent et je me suis donc empressée de lire le patient.

Le jeune Pierre Grimaud se réveille après un coma de six années. Il est le seul rescapé d'un drame : toute sa famille a été assassinée sauvagement 6 ans auparavant et la police avait retrouvé sa soeur aînée, errant dans les rues avoisinantes avec un couteau à la main. Coupable idéale, un peu simple d'esprit, la jeune fille va se suicider quelques jours après l'affaire dite des corneilles. Pierre, à son réveil, est suivi par une jeune femme psychiatre qui avait interrogé sa soeur.



La thématique des troubles de la personnalité est toujours au centre de l'histoire. Le dessin est inspiré du manga.

L'auteur a toujours un talent fou dans la narration mais j'avoue avoir tout de même ressenti une légère déception par rapport au premier roman graphique. La première partie assez angoissante se lit d'une traite et est parfaitement réussie. Mais l'auteur choisit ensuite de faire « un virage à 180 ° » dans son récit, ce qui m'a semblé un peu artificiel et mon intérêt a baissé d'un cran. Malgré ces réserves, cela reste de la très bonne BD.

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Ces jours qui disparaissent

Ce tome contient une histoire compète et indépendante de toute autre. La première édition date de 2017. Il a été entièrement réalisé par Timothé Le Boucher. Il comprend 192 pages de bande dessinée en couleurs. Il s'agit de la troisième bande dessinée de l'auteur, après Skins Party (2011), Les Vestiaires (2014).



Sur la scène d'un théâtre, sous les yeux du public, Lubin Maréchal habillé d'une robe blanche et d'une coiffe réalise un numéro d'acrobatie, sur une cage à oiseau géante. Il laisse tomber sa robe ; il porte en-dessous un juste au corps blanc. Il danse avec sa robe qui a retrouvé du volume. Il effectue des figures au sommet de la cage, et tombe lourdement quand elle casse. En coulisses, les autres acteurs sont inquiets, mais Maréchal se relève et le spectacle peut continuer. Le lendemain il se réveille à 07h45 et se dépêche de s'habiller et de partir à vélo, pour gagner son pari d'arriver avant son copain Léandre pour prendre leur service à la caisse du supermarché Smart Shop où ils travaillent. Lubin est particulièrement fier de lui car il s'assoit une minute avant Léandre à son poste. Ce dernier lui fait observer qu'il a perdu son pari car il a 23 heures et 59 minutes de retard. Lubin met un peu de temps à comprendre et encore plus à le croire : ce n'est pas le lundi 02 septembre, mais le mardi 03 septembre. Il a perdu un jour de sa vie. Léandre et Lubin aident le livreur à décharger son camion. Le soir ils récupèrent quelques invendus périmés pour leur repas, Lubin ayant invité Gabrielle à manger chez lui.



Lubin rentre chez lui à vélo. Il reçoit Gabrielle et ils passent au lit avant de manger. Il se réveille le lendemain, un peu surpris que Gabrielle ne soit plus dans lit et qu'elle ait déjà récupéré ses affaires. Il consulte le calendrier de l'ordinateur et il doit se ranger à l'évidence : il n'a aucun souvenir du mercredi. Il se rend au supermarché où il est reçu par Andrès qui lui fait la morale sur l'assiduité et qui lui donne son congé. Lubin donne rendez-vous à Léandre à 18h00 au Mantra. À 18h00, les 4 membres de la troupe de spectacle se retrouvent au café. Ils passent en revue les raisons plus au moins fantaisistes qui pourraient expliquer l'absence de Lubin pendant 2 jours. Comme ils doivent se produire le lendemain à Bruxelles, Pedro & Alexandra proposent de passer chez lui pour venir le chercher. Avant de rentrer chez lui, il envoie un texto à Gabrielle, mais il reste sans réponse. Lubin se réveille en ayant encore perdu une journée, celle du vendredi. Il appelle Léandre qui lui indique que quand ils sont venus le chercher le vendredi, il n'y avait personne dans son appartement.



Quelle étrange expérience de lecture. La couverture semble annoncer un conte fantastique, avec un jeune homme à moitié entré dans l'eau, de la verdure derrière lui, et un double maléfique qui se reflète. Le choix des couleurs est étrange avec une végétation violette et une onde orange. L'entrée en matière déstabilise tout autant avec 5 pages muettes (sans texte) comme si le lecteur assistait réellement au spectacle. Il assistera d'ailleurs à un deuxième spectacle, tout aussi muet, de même nature durant les pages 102 à 107. Il suppose que ces scènes ont une valeur métaphorique, celle d'un récit dans le récit, provoquant une mise en abîme dont il ne peut pas soupçonner le sens du fait qu'il s'agit de la première scène, et qu'il ne dispose pas d'autres séquences auxquelles la rattacher. Il apprécie la qualité de la narration visuelle, pouvant suivre la logique d'enchaînement des mouvements dans l'évolution de Lubin Maréchal. Il apprécie aussi la forme d'épure des dessins (avec des traits de contours fins et élégants) apportant une touche d'onirisme au spectacle.



Timothé Le Boucher sait donner une apparence simple et immédiatement reconnaissable à ses personnages, en jouant sur la couleur de leur peau, la forme de leur coiffure, leur couleur de cheveux, mais aussi leur morphologie (la silhouette d'Alexandra est plus étoffée, Pedro est plus grand et plus costaud). Il n'hésite pas à faire apparaître les marques de l'âge sur les visages et même dans la façon de se tenir, par exemple pour Josiane, la mère adoptive de Lubin, ou pour Lubin lui-même au fur et à mesure des années qui passent. Il donne un air assez jeune aux principaux personnages : Lubin, Gabrielle, Tamara, Léandre, Pedro, Alexandra, avec des traits de visage proches de la ligne claire et une discrète influence manga pour des éléments éparses, par exemple la chevelure de Léandre. Le lecteur adulte peut se retrouver un moment décontenancé car la représentation des personnages semble être à destination de jeunes adolescents, voire tout public. Le dessinateur montre bien quelques personnages dénudés, mais les caractéristiques sexuelles sont très atténuées et se limitent aux fesses et à la poitrine. En outre, il utilise des couleurs assez douces, voire un peu ternes, à l'exception de la chevelure rousse de Tamara. Il exagère un peu les expressions de visage, de manière à ce que l'état d'esprit du personnage soit plus clair. Il n'y a que dans le dernier quart du récit que les personnages ont des gestes plus mesurés, attestant qu'ils ont pris de l'âge.



Les éléments de décors sont également détourés par des traits très fins, et l'artiste n'utilise que très rarement les aplats de noir, préférant foncer la teinte d'une zone par endroit pour figurer les ombres portées. Néanmoins, s'il prête attention aux différents environnements, le lecteur constate que Timothé Le Boucher ne se contente pas de les tracer à la va-vite. Après la scène de théâtre, le premier environnement d'importance est la chambre / salon de l'appartement de Lubin. Dans un premier temps, le lecteur peut rester dubitatif devant sa grande taille. Les meubles sont, comme le reste, détourés avec des traits fins, et la mise en couleurs reste un peu terne, sans chercher à faire ressortir chaque objet par rapport aux murs du fond ou au plancher. Le lecteur intègre donc ce décor de manière machinale sans plus y prêter attention. S'il s'y attarde à l'occasion d'une case, il remarque les différents objets et accessoires, reflétant bien la personnalité de Lubin. Or par la suite, une remarque de Lubin l'incite à y prêter un peu plus d'attention et il se rend compte qu'il y avait des informations visuelles juste sous ses yeux. Sans en avoir l'air, Timothé Le Boucher réalise des décors consistants, établissant des lieux concrets et uniques : le balcon de l'appartement de Lubin, les façades d'immeubles des rues qui constituent des paysages urbains différents suivant les quartiers, l'aménagement de l'appartement de Gabrielle qui reflète également sa personnalité, le viaduc autoroutier au-dessus de la rivière encaissée pour se rendre chez la mère de Lubin (page 40), le réseau routier quand Gabrielle emmène Lubin en weekend, le parcours de jogging de Tamara, les Champs Élysées pour le défilé du 14 juillet, les lieux de répétition de la troupe d'acrobates, la maison à la campagne de la mère de Lubin, etc. Le récit se prolongeant dans le futur par rapport au temps présent du lecteur, il peut également faire comme Lubin et regarder autour de lui pour voir les stigmates des avancées technologiques, discrets mais bien présents.



En dépit d'une apparence gentille et tout public, la narration visuelle de Timothé Le Boucher repose sur de nombreux éléments visuels brossant des personnages et des environnements tangibles et bien formés. Le lecteur plonge donc bien volontiers dans ce récit de dédoublement de la personnalité, avec une tonalité dédramatisée grâce à une narration bienveillante. L'auteur ne tergiverse pas sur la situation de Lubin Maréchal : sa conscience n'est présente qu'un jour sur deux, et une autre conscience ou une autre personnalité habite son corps et l'utilise les autres jours. Le lecteur accorde bien volontiers la suspension d'incrédulité nécessaire pour accepter ce postulat. Il suit donc Lubin alors qu'il essaye de comprendre ce qui lui arrive, de s'en accommoder dans sa vie (semi)quotidienne. Il essaye de communiquer avec son autre lui-même, et de faire comprendre à ses amis ce qui lui arrive. Il fait des propositions concrètes à son autre lui-même pour une vie en bonne intelligence : que l'autre continue à s'entraîner un minimum pour que lui puisse continuer à être un acrobate de haut niveau, essayer de maîtriser son régime alimentaire car il est végétarien, etc. Les 2 personnalités finissent également par aller consulter le même psychologue (la docteure Thalmann) pour trouver une solution. Le lecteur se rend bien compte que le récit est raconté exclusivement du point de vue du Lubin acrobate, et même à sa manière, avec sa personnalité. De ce point de vue, les dessins évidents et la bienveillance générale de la narration reflètent l'état d'esprit de Lubin acrobate.



Timothé Le Boucher s'amuse bien avec les moments de gêne des amis de Lubin ou de sa famille, qui finissent par accepter son état, ce qui conforte le lecteur dans le fait d'en faire de même. La personnalité de l'autre Lubin se révèle différente de l'initiale, plus pragmatique, mieux organisée, plus responsable. Du coup il prend en charge les formalités administratives du quotidien et le ménage, et commence même à gagner de l'argent, que des avantages pour Lubin acrobate. Le scénariste se montre encore un peu plus facétieux du fait que l'un comme l'autre entretiennent des relations amoureuses, mais pas avec la même femme, ce qui génère des situations délicates, à nouveau sans dramatisation larmoyante. Le lecteur sourit quand Lubin acrobate se réveille un matin avec les cheveux courts (l'autre étant passé chez le coiffeur pour être plus présentable), ou quand il décide de se faire faire un tatouage sur le dos en sachant que l'autre n'aime pas ça, ou encore quand l'un se bourre la gueule la veille au soir en sachant que l'autre souffrira de la gueule de bois le lendemain. Le décalage entre les 2 personnalités nourrit des métaphores, à commencer par une opposition entre la vie décontractée de Lubin acrobate, et celle plus responsable de l'autre Lubin. Il se produit une comparaison entre un individu ayant suivi une voie d'artiste refusant une forme de conformisme social, avec un autre plus productif dans la société. Néanmoins, ce n'est pas un récit à charge contre Lubin acrobate, car c'est celui que préfère ses amis, sa sœur, et même Insecte & Prêchant, les chiens de sa mère. C'est aussi celui que préfère la rousse flamboyante.



Ainsi Lubin acrobate reste le héros de sa propre vie, la personnalité à partir de laquelle le récit, et donc le lecteur, porte un jugement sur les événements. La gentillesse de Lubin acrobate éprouve toutes les difficultés à accepter l'intérêt très personnel de 2 psychologues successifs qui le prennent en charge plus pour les papiers qu'ils vont pouvoir écrire dessus, que pour le soigner, encore moins par empathie. Il reste aussi un héros au sens romanesque du terme, dans la mesure où le récit repose bel et bien sur une intrigue. Celle-ci ne se limite pas à savoir si la coexistence entre les 2 Lubin peut être pérenne, ou si Lubin acrobate retrouvera son état normal. Il se produit des événements qui viennent remettre en cause l'équilibre entre les 2, parfois au détriment de Lubin acrobate. Le lecteur ressent alors une compassion pleine et entière pour lui, car son caractère ne lui a pas appris à se défendre contre ce genre d'événements ou de comportements d'autrui. Le lecteur est pris de pitié pour Lubin acrobate, souffre de le voir ainsi rabaissé et exploité, alors qu'il fait contre mauvaise fortune bon cœur, face à ces injustices.



En fonction de ses inclinations, le lecteur peut être plus ou moins attiré par la couverture, ou le résumé de la quatrième de couverture, et dans tous les cas surpris par le décalage qui se produit à la lecture, par rapport à ces présentations. Il se prend vite d'amitié pour Lubin Maréchal, jeune homme éminemment sympathique et facile à vivre, et pour ses amis qui le soutiennent. Il s'adapte progressivement aux dessins à l'apparence gentille, car ils forment une narration visuelle solide et riche. Il apprécie les situations successives qui dessinent des métaphores sur la façon de voir la vie, sur les valeurs morales de l'individu, alors que l'intrigue sous-jacente le tient en haleine. Il est épaté par la manière dont l'auteur met à profit la longueur de son récit, jusqu'à la mort naturelle de Lubin. Il termine sa lecture, attristé de devoir faire le deuil de Lubin et de ce qu'il représente, ainsi que du principe de réalité qui s'est imposé à lui, à a fois Lubin, à la fois le lecteur lui-même.
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Ces jours qui disparaissent

Terrifiant ce face à face entre un homme et son « double ». Deux personnalités très différentes, opposées.Lle même corps, deux esprits, une seule vie.

Il ne devra n'est resté qu'un.

Qui des deux est l'origine ? Qui est l'hôte et qui est l'intrus ?

Qui vit en lui, qui meurt en l'autre ?

Schizophrénie ? Bi polarité ? Rêve,malédiction, amnésie ? Terrifiant récit mené durant toute la vie adulte d'un homme.

Une personnalité peu à peu s'efface, de plus en plus fréquemment de plus en plus longtemps.

Une autre s'impose, usurpe la vie de l'autre. Un corps à corps fratricide pour une seule vie.

Comment survivre ? Comment survivre encore dans le coeur et l'esprit des autres ? Comment faire accepter sa propre absence, faire comprendre qu'un autre vous vole votre vie, comment garder l'espoir qu'un jour on reprendra le cours de sa vie ?

Qui est-on pour les autres, et pour soi-même, une image , un corps, un nom, un souvenir, un rôle, une place, un personnage dans son propre récit ?

A quel moment devient-on son propre ennemi ?

Comment être de nouveau l'auteur de son rêve ?

Réalité ou bien folie ?

Qui peut dire ce qui hante chaque esprit ?



Astrid Shriqui Garain

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Ces jours qui disparaissent

Les débuts, aux allures de thriller fantastico-psychologique sur fond de dédoublement de personnalité, m’ont bien accrochée. D’autant plus que je me suis d’emblée attachée au personnage de Lubin. Entendons- nous, celui par le point de vue duquel l’intrigue se met en place. L’autre Lubin, dont la personnalité nous est rendue beaucoup moins sympathique et qui va peu à peu prendre le dessus, nous demeurera un quasi mystère jusqu’à la fin. Joli coup de l’auteur qui a bien su ferrer le poisson.



Ensuite, le temps de la narration s’accélère. Les « absences » de Lubin se prolongent entre chaque réapparition. Et à mesure que pour lui le temps passe et est définitivement perdu, que lui-même et ceux qui lui sont attachés vieillissent, que le monde et les technologies évoluent, petit à petit, l’intrigue qui de prime abord aurait pu paraître simpliste, à l’image du dessin à la ligne claire faussement naïf, gagne en profondeur et en réflexions, et se teinte de tristesse et de nostalgie.



La fin, qui m’a laissée perplexe dans un premier temps, élargit encore le champ des interprétations.



Excellente bande dessinée bien construite, belle métaphore sur l’enfance, la légèreté et les rêves qui cèdent irrémédiablement la place à la maturité, au sérieux et au réalisme. Jusqu’à un certain point. Du moins c’est comme ça que je l’ai comprise.

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Ces jours qui disparaissent

Lubin un jeune artiste de cirque va voir sa vie bouleversée par un phénomène très mystérieux. Un jour il s'aperçoit qu'il n'a pas vécu le jour précédent. Cette bizarrerie se répète et il comprend que les journées manquantes sont vécues par un autre "lui".

S'il est artiste et très désordonné, l'autre est maniaque et très calculateur. Il est entouré d'amis, l'autre est solitaire.

Au fil du temps, de plus en plus de journées lui échappent, jusqu'à devenir des semaines, des mois puis des années. Petit à petit l'autre prend sa place.

On ne sait pas si c'est de la science-fiction ou un dédoublement de la personnalité.

Un roman graphique qui m'a complètement emportée. C'est le troisième roman de Timothé Le Boucher que je lis et je vais continuer mes découvertes dans le monde de cet auteur à l'imagination époustouflante.

Le graphisme aux couleurs très tranchées, au trait précis, aux dessins si vivants qu'ils en sont parfois troublants est tout simplement génial !
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Le Patient

Une famille est massacrée, les victimes ont reçu d'innombrables coups de couteau.

La fille aînée est retrouvée , errante dans la rue, recouverte de sang. Elle est arrêtée, désignée coupable. Elle se suicide un peu plus tard après avoir clamé son innocence.

Pierre est le seul survivant de ce carnage. Six ans plus tard il sort du coma. Amnésique, paralysé, hanté par une ombre étrange. Anna, une psychologue, lui propose de l'aider à retrouver la mémoire.

Ressurgit le policier assez bizarre qui avait mené l'enquête.

A l'hôpital Pierre se fait des amis, tout le monde l'entoure.

Mais Pierre n'est peut-être pas la pauvre victime qu'il paraît être...

Le suspense est superbement monté. Le dessin assez simple a un étonnant pouvoir de suggestion. C'est parfois effrayant, d'autres fois très sensuel.

C'est le deuxième roman graphique que je lis de cet auteur, et assurément ce n'est pas le dernier.
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Ces jours qui disparaissent

C’est à une curieuse bande dessinée que nous convie Timothé Le Boucher.

Il met en valeur un jeune homme athlétique, Lubin Maréchal, artiste de scène et joyeux troubadour. Il aime faire la fête tout en faisant bien attention à son corps, son outil de travail.

Après une chute, Lubin se réveille un matin et une journée complète s’est déroulée sans qu’il ne s’en souvienne. Il doit organiser sa vie en fonction de ses absences répétées.

Lorsqu’il découvre que pendant les journées où il n’est pas dans son corps, une autre personne en prend possession, il prend contact avec « l’autre » et organise sa vie.

Mais « l’autre » est dissipé pour son corps et studieux au travail. Tout son contraire…



Lubin est de moins en moins en contact avec son corps et ses amis. Ça devient difficile de conserver une petite amie. Sa vie ne lui appartient plus. « L’autre » accapare sa famille et son temps mais rapporte de l’argent, heureusement. Les journées qui lui appartiennent sont de plus en plus rare et Lubin vieillit. Ouf, quelle histoire!!



J’ai vraiment aimé ça, cette disparité entre les deux Lubin. Les deux côtés de cet être humain sont bien décrits. Les dessins sont beaux et gracieux. Les textes vivants et bien explicites. Même si l’histoire est complexe, elle est facile à suivre. On sent bien le passage du temps et l’identité du personnage. Il a des amis fantastiques et bienveillants facilement enviable. Une belle découverte.
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Ces jours qui disparaissent

Une histoire de dissociation de personnalité, mais physique, sur un fond de vie ordinaire, pour un jeune homme qui va entrer en conflit avec son double qu'il ne rencontrera jamais, puisque chacun existe en alternance de l'autre, à son réveil. Chacun sa journée...

Les passages les plus intéressants et les mieux traités sont le réveil dans l'environnement laissé par l'autre, qui fait penser au film "un jour sans fin".

Le sujet a piqué ma curiosité au départ, mais l'intrigue finit par tourner à vide, et les bonnes idées du début s'étioler progressivement.

On reste dans l'histoire pour en connaître la fin, mais le suspense est ténu, et le livre trop long.

Le dessin est plutôt réussi mais aurait mérité un peu plus d'expression.



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Le Patient

Le graphisme de Timothé Le Boucher est froid, glaçant, le trait est fin, les décors sont assez nus, se concentrant surtout sur le mobilier médical, lits, fauteuils roulants... La colorisation est froide, il y a peu de contraste et les couleurs saturées sont rares. Ce style s’accorde parfaitement à l’histoire. Dans cet univers hospitalier, Timothé Le Boucher parvient à instaurer une ambiance inquiétante, mais qui évolue doucement, sournoisement, ce n’est pas de la terreur, on ne peut même pas parler de thriller, il nous laisse le temps de pénétrer dans la psychologie des personnages, sur les manipulations, les faux semblants, jouant sur une impression de décalage entre l’empathie du lecteur et son absence chez les personnages troubles de l’histoire. L’intrigue est parfaitement maîtrisée, avec un crescendo formidable, et sans atteindre le niveau de schizophrénie géniale qu’il y avait dans “Ces jours qui disparaissent” il parvient tout de même à nous amener vers un dénouement fort et bouleversant.
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Le Patient

J'ai bien aimé ce tome même si je n'ai pas réellement été surprise. Je me doutais qu'il y avait beaucoup plus derrière cette histoire sanglante : un jeune homme se réveille du coma après 6 ans, seul survivant du massacre de sa famille par sa sœur qui avait des problèmes mentaux. Viens alors le moment de la reconstruction pour Pierre, suivi par l'ancienne psy de sa sœur.

Il n'est pas aussi bien que Ces jours qui disparaissent, en même ça avait un coup de cœur, mais j'ai passé un très bon moment avec ce thriller ! J'aime beaucoup la psychologie plutôt bien détaillée de ces personnages, l'ambiguïté, la tension qu'il arrive à faire naitre à chaque fois. Pierre est assez fascinant, intrigant. Je suis curieuse maintenant de lire sa nouvelle BD, j'aime vraiment cet auteur.

Challenge BD 2021
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Ces jours qui disparaissent

Le dessin m’a un peu déconcerté au début, je l’ai trouvé froid et impersonnel, pas très attirant. Du coup je suis entré un peu méfiant dans l’aventure. Mais le sujet, avec cette entrée dans un univers de la schizophrénie teintée de fantastique et absolument génial. L’intensité de l’aventure monte dans un crescendo à couper le souffle, terrible et a fini par me laisser totalement scotché.
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Le Patient

Nouvelle rencontre avec Timothé Le Boucher et nouvelle émotion. Cet auteur nous entraîne dans un thriller psychologique aux multiples rebondissements.



La police arrête une jeune fille errant dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. En se rendant chez elle, les agents découvrent avec effroi une scène de massacre : toute sa famille a été assassinée... 6 ans plus tard, Pierre Grimaud, l’unique survivant du "massacre de la rue des Corneilles", se réveille d’un profond coma. L’adolescent de 15 ans qu’il était au moment des faits est aujourd’hui un jeune homme de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d’amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie (résumé de l'éditeur).



Timothé Le Boucher nous amène à suivre la rééducation de Pierre à travers ses entretiens avec Anna Kiefer. L'auteur nous plonge dans le huis-clos de l'hôpital avec les soins journaliers donnés à Pierre mais aussi dans le huis-clos des entretiens. peu à peu, nous découvrons mieux Pierre mais aussi Anna.



Pierre peut-il retrouver tous ses souvenirs et tout l'usage de son corps ? Comment va procéder Anna pour l'aider à plonger dans sa mémoire ?



Timothé Le Boucher nous propose de découvrir la méthode utilisée par Anna comme psychologue. Il insiste aussi sur les rapports entre les diféfrents personnages de son histoire : relations de Pierre avec les soignants, relations des patients entre eux, relations entre les soignants entre eux et avec les patients, mais aussi relations de Pierre avec sa famille. Le plus étrange est la relation qui se noue entre Pierre et Anna, entre le patient et le thérapeute.



Timothé le Boucher procède par petites touches, nous apporte les éléments les uns après les autres. Comme à chaque fois, son schéma narratif est très intéressant et il faut être attentif aux cases sans texte où tout se joue dans les postures et les regards.



Timothé Le Boucher nous propose un vrai polar, avec de vrais retournements. Le scénario est digne d'un script de film. L'aspect psychologique n'est pas s'en rappeler Psychose d’Alfred Hitchcock. le lecteur, que je suis, a été pris et a lu le roman graphique d'une traite, et a relu ensuite. Cet auteur arrive à me déstabiliser mais je ne suis certainement pas le seul...



Décidément et définitivement, Timothé Le Boucher est un scénariste et un dessinateur à part qui étonne ses lecteurs à chaque fois. C'est un coup de cœur.
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Ces jours qui disparaissent

Cela faisait longtemps que j’avais envie de lire cette bande dessinée et j’ai enfin sauté le pas. J’ai été très agréablement surprise. Je me suis beaucoup attachée au personnage de Lubin et j’ai été touché par cette histoire. Timothé Le Boucher a su retranscrire les sentiments, la détresse et les problèmes que rencontre le personnage principal dans sa perte de personnalité. Une lecture qui m’a fait me poser des tas de questions et que j’ai trouvé tellement addictive. Pour moi une belle découverte et j’ai hâte de retrouver l’auteur dans une nouvelle lecture.
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Ces jours qui disparaissent

Lubin Maréchal a un problème. Un jour sur deux, il ne se souvient plus de ce qu’il a fait la veille. Amnésie ? Coma éthylique ? Narcolepsie ? C’est bien pire que tout cela. Un autre homme tente de s’insinuer dans sa vie, de prendre le contrôle de son corps et de son esprit. Maniaque, cartésien, introverti, cet autre est son opposé. Lui qui est si désordonné, sensible, artiste. De quoi s’agit-il donc : dédoublement de personnalité ? Bipolarité ? Schizophrénie ?



Plus on tourne les pages, plus les questions fusent. Laquelle des deux personnalités va prendre le dessus ? Laquelle des deux personnalités est l’originale ?



Ce roman graphique « Ces jours qui disparaissent » ne peut laisser aucun lecteur indifférent : carpe diem !
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Le Patient

Je n'avais pas adoré Ces jours qui disparaissent...

et bien, je n'ai pas adoré non plus 'Le patient'.

Pourtant, ça avait bien commencé. L'histoire était prenante avec des personnages plutôt attachants avec la part de mystère nécessaire à une bonne histoire de meurtre.

J'ai trouvé la créature sinistre, le mystère bien initié et la dimension psychologique judicieusement introduite.

Puis, à un moment, j'ai trouvé que ça devenait peu cohérent, too much et, finalement, la fin est assez facile- pour ne pas dire prévisible - et j'aurais aimé être surprise.

Je ne fais pas non plus partie des admirateurs inconditionnels du style de Le Boucher mais je reconnais volontiers que c'est très bien fait, avec une palette de couleurs sympathique. Mais sans plus.
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Ces jours qui disparaissent

Lubin est un jeune homme dynamique, gai et amical. Il a une petite amie dont il est très amoureux, une soeur qu’il adore et des amis avec qui il partage sa passion. Dans la petite troupe de cirque

dans laquelle il s’entraîne dur, Lubin est acrobate et a un rêve : Exceller dans son Art et pourquoi pas en vivre.

Sa vie bascule un matin quand, devant son calendrier, il comprend qu’il a «raté » une journée. Elle a disparue, il ne l’a pas vécue… Qu’a t’il fait la veille ? Où était-il ? Avec qui ? il n’en a pas le moindre souvenirs.

Il mène donc l’enquête pour s’apercevoir qu’il souffre en fait d’un trouble psychiatrique, un dédoublement de personnalité.



L’histoire est bien menée, mais je ne peux pas vraiment dire que j’ai aimé. L’ensemble m’a mise terriblement mal à l’aise, c’est d’une noirceur infinie puisqu’il s’agit pour chacune des personnalités de prendre le dessus en étouffant l’autre, afin de survivre.

Ce n’est pas seulement une personnalité, traits de caractère, goûts et manières d’être, qui est remise en cause par l’apparition du double, mais la vie entière de Lubin, ses relations amicales et amoureuses, ses projets, ses ambitions. Une mise à mort patiente et savamment orchestrée.

Franchement flippant.

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Vivre dessous

Sous la direction de Thomas Cadène, voici une bande dessinée sous forme de cadavre exquis, avec les jeunes auteurs des éditions Manolosanctis. Il y avait déjà eu 13m28 l’année précédente (2010), voici un nouveau récit de fin du monde, mais pas d’inondation, cette fois-ci, ça sera par le feu. J’ai trouvé cette seconde couvé plus homogène dans la qualité, mais aussi plus anecdotique dans les récits, ils font tous de 6 à 8 pages, et ne prennent pas le temps d’approfondir, mais ils offrent un panorama de jeunes créateurs inventifs, originaux et modernes. Ils sont 22 artistes, depuis, ils ont fait leur chemin, certains avec succès, comme Timothée Le Boucher, Terreur Graphique ou Thomas Cadène, j’était content de retrouver les trop rares Wouzit, Mhat et Maud, et j’y ai fait quelques découvertes intéressantes, Aleksi, Gray Mael, Guillaume Penchinat et Alexandre Arlène. Ils ont tous réussi à créer une ambiance sur le thème général, à créer un univers qui leur est propre, souvent en jouant sur le caractère intimiste de leurs histoire, et tout en offrant une cohérence d’ensemble qui finit par donner une certaine force à cette œuvre malgré l'éclectisme des styles. C’est, à l’image de 13m28, une réussite, dommage que Manolosanctis n’ait pas survécu, le courage éditorial ne paie pas..
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Skins Party

Sex, drug & Skins Party.

Le graphisme est froid, le trait est régulier, fin, parfois raide, mais non dénué de sensualité, les couleurs sont froides et sombres, posées en aplats, volontairement artificielles, avec parfois des tons saturés et même acides. Cela s'accorde parfaitement au récit, c'est une fête entre jeunes, dans une grande villa moderne, avec un grand parc, de nombreuse chambres, un style de design froid, une skins party, on se touche, me, on se dénude, on se défonce... mais les rapports ne sont pas du tout naturels, ça se joue sur les apparences, la provocation, l'outrance, l’attrait de la transgression, dans des états d'insouciance ou même d'inconscience, et évidemment, ça dégénère. Alors le récit prend une dimension de gouffre incontrôlable.

L'intrigue est bien menée, avec un crescendo lourd et inéluctable, et évidemment, cette lecture nous met mal à l'aise et remue les tripes. Il faut applaudir la force de la démonstration d'une certaine forme de décadence et du malaise de la jeunesse, du jeu des identités troubles et de la qualité de l'ambiance installée dans cette histoire, mais ce n'est pas vraiment une lecture détente, le propos est dur, et l'inconfort risque d'en déranger plus d'un. Personnellement, ce récit m’a impressionné. Pour une première œuvre, c’est déjà d’une grande maîtrise.
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Le Patient

Pierre est le seul rescapé du massacre des corneilles où toute sa famille a trouvé la mort. Apres plusieurs années de coma, il se réveille et débute alors un long processus de guérison physique mais aussi psychologique.



Décidément Timothé Le Boucher aime explorer la psychologie et la folie. Apres Ces Jours Qui Disparaissent qui parlait de schizophrénie, nous voici avec Le Patient qui parle de psychopathie.

L'histoire est bien amené avec un mystère policier très présent. Les personnalités sont particulièrement travaillées. Les cases peu bavardes se suffisent à elle-même pour traduire les émotions ou au contraire pour laisser planer le doute.

J'ai moins apprécié cette ambiance très lourde et parfois franchement glauque. La mort de Bastien est difficilement soutenable.

Le dessin est simple mais efficace.
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Ces jours qui disparaissent

Pas facile de parler de cette BD un peu étrange.

Deux personnalités pour un seul corps. On suit un jeune homme acrobate qui ne peut vivre qu'un jour sur deux. Sa vie se partage, il doit l'organiser selon ses absences. Et la présence de l'autre. On voit évoluer sa vie, un peu contraint et forcé, lui aussi. C'est un récit touchant et troublant. Un peu effrayant et très triste, par les épreuves qu'il traverse, cette perte de contrôle, cette désorientation à chaque réveil. On se met vite à sa place, on a de l'empathie pour lui. On a aussi de belles preuves d'amour et d'amitié.

On s'attache vite à tous les personnages. Qu'on voit vieillir. Il n'y a que l'autre qui est difficile à cerner. On ne sait pas quoi penser de lui, on ne le suit jamais. On le voit comme le méchant, mais Est-ce vraiment le cas ?

Les dessins peuvent paraitre un peu simples mais ils sont très sympathiques et agréables. La colorisation est douce. Ils nous font passer les émotions et le temps. Ils nous emmènent même dans un autre temps.

Une très belle BD, qui nous plonge dans son univers, nous prend aux tripes et qu'il est impossible à lâcher même en plein milieu de la nuit.
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