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Citations de Timothée de Fombelle (1026)


Et puisque la liberté les fait vivre, sans elle ils mourront.
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Jalam, stupéfait, prenait conscience pour la première fois de ces quelques milligrammes de brin d'homme bourrés de courage et d'imagination. C'était donc, cela, un enfant.
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Alma ne s’habitue pas aux étrangetés de ce monde. Parce que sa peau est noire ou parce qu’elle est une fille, on trouvera toujours une raison de la faire dormir avec les animaux.
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- Il y avait la lune. On s’est retrouvés avec Mouche au bout de l’île sous ce pont. On se baignait dans le fleuve. La lune s’est cachée. Une lune noire est passée devant la lune blanche. […] Mouche a dit : « C’est une éclipse. » Et quand la lune est revenue, on s’est assis près du pont, au bord de l’eau. Je lui ai promis que si un jour on était séparés, je me rappellerai ce moment. Il m’a dit : « On ne se séparera pas. À chaque éclipse, on se baignera ici ensemble. »
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Depuis toujours, le visage et le cœur de sa mère sont pour Alma comme les nuits d’été: une vie ne suffirait pas en compter les étoiles. Alors, quand on les contemple, malgré la fatigue, on repousse l’heure de fermer les yeux. On ne veut pas dormir. On ne veut rien rater de tant de beauté.
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Je suis le Capitaine Rosalie, infiltrée dans ce peloton, un matin d'automne 1917. Je sais ce que j'ai à faire. Un jour, on me donnera une médaille pour cela. Elle brille déjà au fond de moi.
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Maintenant, chaque nuit, Alma regarde la carte. Tous les lieux que Luc lui a montré sur le papier se sont gravés dans sa mémoire.
Elle parcourt cet objet si mince et si léger qui contient le monde entier. Elle voit ce monde d'un coup d'oeil comme la vallée d'Isaya quand elle montait en haut du figuier sycomore. Elle faisait fuir les petits singes aux mains roses et elle embrassait du regard l'univers, depuis les forêts serrées du soleil levant jusqu'aux prairies du couchant.

- C'est ce qui m'a fait partir, moi aussi.
Alma frissonne en entendant la voix de Joseph.
Il ne bouge pas, allongé près d'elle. De l'autre côté, endormi, Luc forme le troisième côté du triangle.
- Il y avait une carte du monde très grande à l'endroit où j'ai grandi, murmure Joseph. Je n'avais pas le droit de sortir. Alors j'allais la regarder.
(p. 82)


[Chapitre : A bride abattue :]
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La Douce Amélie mesure trente-cinq mètres de long et huit de large. Joseph rejoint les passavants, ces passerelles qui longent la chaloupe
suspendue au-dessus du pont. Il a l'air de connaître parfaitement le navire.
Il lève les yeux au ciel. Il y a un marin, là-haut, au sommet du mât, à trente mètres au-dessus de la mer, comme un insecte posé sur un drap en plein soleil.
Joseph aperçoit à l'avant les deux hommes dont parlait Vaugelende. Il ralentit le pas. Derrière eux, on voit la chevelure et les épaules de la figure de proue sculptée dans le bois de noyer et peinte en jaune de Naples. Elle représente Amélie Bassac, quatorze ans, en chemise de nuit au-dessus des flots. C'est elle qui a donné son nom au navire : La Douce Amélie. (p. 84)


[Chapitre 11 : A bord : ]
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En regardant l'horizon sous les voiles, le capitaine Gardel se rappelle la petite chocolatière en argent qui verse le liquide mousseux et fumant, le bruit du sucre qu'on écrase au fond de la tasse... Il pense aux souliers aux rubans et aux mains trop blanches de Bassac, aux laquais dans les couloirs. Il pense à la fille de l'armateur, Amélie, créature de quatorze ans qu'il a croisée sur le perron en s'en allant. Il a voulu la saluer.
- Mademoiselle...
Il se souvient du claquement hautain de sa robe quand elle est passée tout près de lui sans s'incliner.

Un jour, Gardel deviendra armateur. Il commandera des bateaux sans quitter son fauteuil. Il sera le rival de Bassac et des autres. Il les dominera tous. Il économise depuis vingt ans pour cela. mais il lui manque encore de l'argent. Beaucoup d'argent. Parfois, l'impatience le réveille en sueur pendant la nuit. (p.65).


[Chapitre 8 : le parfum des trésors]
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Dans la journée, les captifs se taisent, comme si leur vie dépendait de la nuit qui vient.

La mémoire se bat pour survivre. Elle grandit.
En étant moins nombreux, les Okos portent leur trace plus intensément. Les chasseurs chassent comme aucun autre chasseur. Les guérisseurs soignent à distance. Les jardiniers font pousser des jardins au sommet des branches, sur des treillis de chanvre et de tourbe ; Le feu de la persécution concentre peu à peu l'esprit millénaire des Okos. La mémoire se distille, se condense. Elle devient une eau puissante. (p. 349 – p. 350)


[chapitre 45: la nuit n'est pas finie :]
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Alma galope maintenant juste à côté de Luc. Ils parviennent en même temps au sommet d'où la baie leur apparaît entièrement.
- Elle est là, dit Joseph en se réveillant.
Oui, c'est bien elle dans la lumière du soir. La douce Amélie, toutes voiles dehors, offerte à leurs yeux comme un cadeau dans ses rubans et son papier de soie.
- La douce Amélie, souffle Luc.
Elle tourna légèrement sur elle-même pour montrer ses quinze voiles, son pont brillant, son équipage dans les haubans. Elle fait la belle, la gracieuse. Il n'y a pas d'autre navire dans la baie transparente, face à la petite ville de Jacmel.
- Elle est là, répète Joseph. Il entend alors la voix calme d'Alma juste devant lui :
- Elle s'en va.
Luc et Joseph regardent Alma. Elle s'en va ? Ils se tournant à nouveau vers la mer. Elle s'en va !
Le guerrier pousse un cri de guerrier tartare et jette son cheval dans la pente, à bride abattue.


[chapitre 8 : A bride abattue : ] (p. 86)
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Elle a croisé ses bras pour ne pas montrer que ses mains tremblent.
- Vendez cette maison, maître. Ainsi que tous les meubles, les tableaux et les tapisseries. Et laissez-moi, maintenant. J'ai beaucoup à faire. Comme disait ma mère, les valises les plus légères sont les plus longues à préparer.

Saint-Ange et Bournazeau sortent de la pièce, sonnés. Quand la porte se referme, Amélie reste en équilibre quelques instants. Elle attend le bruit des pas dans l'escalier. Puis elle se laisse tomber en tailleur sur le tapis, en larmes. Sa robe est autour d'elle comme une mare d'encre noire.


[chapitre 38 : Encre noire : ] (p. 299).
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Elle se tourne tranquillement vers ses visiteurs.
[Il est question d'Amélie :]

- Messieurs, jamais un Bassac n'a fait attendre ses créanciers, surtout les plus misérables. Nous sommes lundi. Vous serez payés vendredi. Reprenez vos bêtes. Et allez-vous-en.
Le notaire et Saint-Ange ne la quittent pas des yeux.
- Mademoiselle... articule Charles de Cirières.
Amélie agite sa main en direction de la porte.
- Dépêchez-vous. J'ai dit : prenez vos affaires. Ce n'est pas contre vous mais ça commence à sentir. Vous aurez votre argent vendredi matin.

Les deux hommes ramassent leurs toques et s'en vont à reculons.
- Vous n'êtes pas raisonnable, Amélie, dit le notaire quand ils ont disparu.
- Vous n'avez pas cet argent, ajoute Saint-Ange.
- J'ai tout ce qu'il faut, dit-elle avec un large geste pour montrer ce qui l'entoure. Combien croyez-vous que vaut cette maison ?
- Amélie ! S'écrit Bournazeau.
- Elle vaut cent cinquante mille livres si je dois la vendre demain. Avec cela je peux rembourser ces messieurs, payer l'année de retard de M. Saint-Ange, et vos honoraires, maître Bournazeau, et enfin dire adieu à tous ceux qui se préoccupent si affectueusement de moi.
- Et ensuite ? demande le notaire qui a une machine arithmétique dans la tête. Il vous restera un peu d'argent si vous vendez.
- Le reste me paiera une cabine dans un bateau qui s'en ira vers Saint-Domingue.
- Vous voulez dire ...
- Je dois m'occuper du seul endroit au monde qui me reste. Et, si je vous ai bien compris, il ne me reste qu'une plantation de canne à sucre et un navire perdu dans l'océan.


[chapitre 38 : Encre noire : ] (p. 298).
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Le regard d'Amélie s'égare un instant.
- Je ne crois pas à toute cette histoire, dit-elle. Jean Saint-Ange sait forcément quelque chose.
Mme de Lô sourit. Elle serre Amélie un peu plus fort.
- Moi aussi, après la ruine, je voulais trouver des coupables.
- Il y a forcément un coupable
- Oui.
- Qui ?
Le visage de Mme de Lô s'assombrit.
- A l'époque, j'ai cherché aussi. Ce que j'ai découvert sur mon mari était bien pire que ce qu'on m'avait dit. Ne cherchez pas trop, ma chérie, je vous en conjure.
- Saint-Ange...
- Le pauvre garçon... C'est le coupable idéal. Il a le tort de vous aimer. Et vous ne l'aimez pas.
- S'il était incompétent, je ne le soupçonnerais pas. Mais il ne peut pas avoir laissé mon père se ruiner. J'ai l'ai entendu parler d'un chargement mystérieux...
- Laissez-le tranquille.
- Je suis sûre qu'il sait des choses.
- Vous n'aurez plus jamais affaire à lui.
- Pourquoi ?
- Vous partez.


[chapitre 39 : Tous les enfants perdus : ] (p. 304).
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- Vous voulez dire que vous partez avec moi ? dit-elle.
- Sans aucun doute.
- Pourquoi ?
- Parce que vous jouez affreusement du piano, et que vous n'avez même pas encore réfléchi à la duplication du cube. Je ne peux pas vous laisser partir seule dans cet état.
- Il faut emporter le piano ?
- Et une malle de livres. Ce sont mes seules conditions.

Amélie pousse un soupir où clapotent ses derniers sanglots. Alors, s'attardant dans les bras de Mme de Lô, elle sent monter en elle, après les larmes, une force nouvelle. Le désir de revanche.
L'envie de tout reconstruire.


[chapitre 39 : Tous les enfants perdus : ] (p. 306).
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Comment est-il possible que ce jour-là, un cerveau si jeune, si limpide, aux milliards de neurones si parfaitement connectés, ne pense pas un instant aux cent cinquante esclaves qui travaillent sur ses terres de Saint-Domingue, aux cinq cent cinquante captifs enfermés sur La Douce Amélie, et à tous les autres ? Comment la perte de ses parents et de ses biens, ce minuscule cataclysme, ne lui fait- elle pas ouvrir enfin les yeux sur l'immensité des drames que vivent ces hommes et ces femmes ? Sur la fin de la liberté, la fin de tout un monde ? Sur les maisons et les parents disparus par millions ? Sur tous les enfants disparus ?


[chapitre 39 : Tous les enfants perdus : ] (p. 306).
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Alma a rejoint sa place. Elle s'allonge sur le côté, en boule, les jambes repliées. Elle serre ses bras autour de ses genoux pour devenir plus petite et disparaître. Depuis tant de temps, elle suit la poste de Lam dans les déserts, dans les forêts, le long des fleuves ou au bord de la mer. Mais pour la première fois, cette piste s'éloigne d'elle et risque de s'effacer.


[chapitre 40 : Renaître : ] (p. 313).
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Elle entend alors dans la nuit une voix qui la rejoint . C'est la femme que les Blancs appellent Eve.
- Ce qui nous arrive, dit une voix dans un souffle, c'est comme la sécheresse, les sauterelles ou la maladie quand elles passent sur le village. Un jour tout sera derrière nous. Et le peuple se souviendra autour du feu de l'année des sauterelles, de la soif pendant la sécheresse et de tous les disparus.
Alma écoute cette femme qui l'a accueillie dans les profondeurs du bateau quand elle est arrivée il y a presque deux lunes.
- Nous serons toutes parmi les disparus. Et d'autres essaieront de se souvenir de nous. Mais tu es différente. Tu es celle qui souffre et celle qui se souviendra un jour. Je te le dis. Tu es les deux à la fois. Tu es les deux moitiés de ton peuple. Les disparus et les survivants. Tu te souviendras d' Oumna .
Ce nom se grave dans la mémoire d'Alma. C'est le nom de la femme que les Blancs appellent Eve. Oumna . (p. 313 - p. 314).


[chapitre 40 : Renaître : ]
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Mais pour traverser la nuit, il faut d'abord te souvenir d'avant. Pendant la sécheresse, on ne mange pas ce qui brûle au soleil dans les champs, on mange le blé qui a poussé quand tout allait bien et que la terre était inondée. Ce blé qu'on a gardé soigneusement. Rappelle-toi les temps heureux. Ta mémoire est ton grenier. Elle te gardera vivante.
Et quand la voix d' Oumna s'arrête, Alma monte au grenier des souvenirs.
Toute la nuit elle retrouve des forces en se roulant devant la maison avec son petit frère, en courant dans l'orage, en faisant avec son père des paniers de roseau, en regardant la distraction des lionceaux qui perdent leur mère dans les herbes trop hautes. Alma s'écorche les jambes en grimpant dans les acacias. Elle coiffe sa mère pendant des heures. Elle fabrique des petits troupeaux d'animaux en terre rouge. Elle se cache pour laisser approcher les gazelles et sort des buissons en aboyant comme un chacal. Elle galope à nouveau avec Brouillard, elle s'endort près du feu, elle regarde son grand frère tailler des flèches en silence, elle fait s'envoler les flamants roses, elle dévale la colline dans la nuit noire, elle se lave dans les ruisseaux qui chantent.


[chapitre 40 : Renaître : ] (p. 314).
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Un trait de soleil doré passe par la porte entrouverte. Brouillard commence à fouiller dans l'un des seaux que Lam ne lâche toujours pas. Il fait s'envoler un nuage blanc de farine.
Sirim regarde le garçon et le cheval entourés de toutes cette blancheur.
Elle est quelques pas derrière eux. Elle se dit qu'un jour reviendront des temps heureux. Un jour, il y aura de la lumière.

[citation issue du chapitre 49 : De la lumière : ] (p. 389).
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