Les cinq poètes sont très différents dans leur style (même si la traduction ne rend sans doute pas justice à toute leur originalité), mais chez chacun revient le thème de l'espoir. L'espoir d'un soleil qui se lève après la nuit, l'espoir de la fraicheur quand tombe la neige, l'espoir d'avoir encore la force d'espérer...
Leurs textes sont faits d'acceptations sans renoncement: acceptation de réalité, de douleur parfois, mais toujours dirigée vers une suite, une ouverture, un dépassement. Un coup de frais dans un langage au rythme marqué, berceur sans ennui.
Commenter  J’apprécie         80
Je n'avais jamais lu de poète scandinave et je suis très attirée par les pays du nord,deux raisons qui m'ont fait emprunter ce petit recueil à la médiathèque.
J'ai mis 5 étoiles pour le bonheur de la découverte et la belle présentation qui précède même si,bien sûr, je n'ai pas aimé tout ce que j'ai lu.
J'ai été touchée par les poèmes qui montrent l'humain comme élément des éléments, partie de la nature et d'un tout, c'est ce que j'ai ressenti face à certains paysages " sauvages" de Norvège, ça nous rabat le caquet et nous met à notre juste place.
j'ai parfois trouvé la forme abrupte et le fond sombre et désespèré mais toute ma lecture a été curiosité et découverte.
bonne pioche,en quelque sorte.
je vous laisse des extraits de ce que j'ai aimé dans les citations.
Commenter  J’apprécie         70
Voici un joli moyen de voyager en poésie avec cinq poètes, la Danoise Inger Christensen, le Finlandais Pentti Holappa, le Suédois Tomas Tranströmer, le Norvégien Jan Erik Vold et l'Islandais Sigurdur Pálsson, tous nés entre 1930 et 1948.
Pour chacun, des extraits d'un de leurs recueils ont été choisis, ce qui permet une certaine unité par auteur (thématique en général), tout en faisant découvrir l'éventuelle diversité de style (en vers et en prose, en vers longs ou courts, en strophes fournies ou lapidaires, régulières ou non etc.).
J'ai eu du mal avec la poésie d'Inger Christensen (extraits du recueil "Lumière"), difficile de me faire des images, sans doute des références manquantes, cependant à force de relectures de certains poèmes, j'ai fini par accéder à du sens - pour moi - et ai été touchée.
J'ai bien aimé la poésie de Pentti Holappa (extraits du recueil "les mots longs"), qui navigue entre images poétiques et réflexions philosophiques, accents noirs sur l'avenir et la société ou lyriques sur l'amant, dessinant autant des paysages que de brèches temporelles.
Je me suis laissée complètement porter par les vers libres et la prose poétique de Tomas Tranströmer qui fait surgir les paysages de la mer Baltique en même temps que des souvenirs générationnels (extraits du recueil "Baltiques"). Je suis très curieuse de lire d'autres œuvres de lui. Après une recherche rapide, je constate qu'il a été prix Nobel 2011...
J'ai été au départ déstabilisée par les vers courts et saccadés de Jan Erik Vold (extraits du recueil "la Norvège est plus petite qu'on ne le pense"), d'autant plus qu'ils sont souvent rejetés sur la strophe suivante, finalement je m'y suis globalement faite, et j'ai surtout constaté la multiplication d'images, d'idées et de significations que cela apportait, enrichissant donc l'expérience.
J'avoue que je n'ai pas du tout été conquise par les poèmes de Sigurdur Pálsson (extraits du recueil "poèmes des hommes et du sel"), je suis restée complètement extérieure, j'ai trouvé ses écrits plus verbeux que poétiques. Quelque chose m'a clairement échappé.
Une bonne idée que ce recueil, j'ai apprécié la variété des styles, et l'univers presque toujours nordique - qui m'a permis un dépaysement rafraîchissant à peu de frais.
Commenter  J’apprécie         70
LA FENETRE OUVERTE
Je me rasais un matin
devant la fenêtre ouverte du premier étage.
J’avais fait démarrer le rasoir.
Qui s’était mis à ronronner.
A bourdonner de plus en plus fort.
A grandir jusqu’au vacarme.
A grandir jusqu'à l’hélicoptère
et une voix –celle du pilote – perçait
le vacarme, me criait :
« ouvre les yeux !
C’est la dernière fois que tu vois cela ! »
Nous décollions.
Volions bas au-dessus de l’été.
Toutes les choses que j’aimais, quel pois ont-elles ?
Des dialectes par douzaine dans la verdure.
Et surtout le rouge des cloisons dans nos maisons de bois.
Les scarabées luisaient dans le fumier, dans le soleil.
Des caves qu’on avait tirées par les racines
Arrivaient par les airs.
Activité.
Les rotatives se lovaient.
A cet instant, les gens étaient
Les seuls à rester immobiles.
Ils gardaient une minute de silence.
Et les morts du cimetière champêtre
Restaient surtout figés
Comme aux débuts de la photographie quand on prenant la pose.
Vole bas !
Je ne savais ou tourner la tête –
Avec l’horizon partagé
Comme un cheval.
Commenter  J’apprécie         60
Quoi de plus poétique que ce titre nordique ? Il résume à lui seul un des thèmes principaux de la poésie du Grand Nord : l'ouverture vers l'espace, le besoin d'immensité s'expriment dans les actes, les sentiments...
C'est un réel plaisir de découvrir cette poésie nordique à travers ces cinq auteurs (Inger Christensen, Pentti Holappa, Tomas Tranströmer, Jan Erik Vold et Sigurdur Pálsson ) qui représentent chacun leur pays respectif (dans l'ordre : Danemark, Finlande, Suède, Norvège et Islande).
Inger Christensen (1935-2009) publie son premier recueil en 1962 (« Lys ») alors qu'elle est encore enseignante. Elle se consacre ensuite à l'écriture et se fait connaître internationalement grâce à son poème « Det » quelques années plus tard. Elle s'essaie ensuite aux romans, nouvelles, pièces de théâtre et d'autres genres encore tout en continuant la publication de poèmes.
Pentti Holappa (1927- ) est un poète autodidacte, il a ainsi été antiquaire, ministre de la culture, éditeur en chef, traducteur.
Tomas Tranströmer (1931-2015) reçoit le prix Nobel de littérature en 2011. Il est le plus connu des poètes nordiques et le plus traduit.
Jan Erik Vold (1939- ) a vécu plusieurs années dans l'univers du jazz qui a inspiré ses créations.
Sigurdur Pálsson (1948- ) fait partie du renouveau poétique islandais. Incontournable pour tout amoureux de la littérature islandaise.
Ce petit recueil est un florilège de poésies nordiques, les extraits sont issus des recueils principaux des poètes nommés ci-dessus. On y retrouve, quelque soit le pays d'attache, les thèmes récurrents de la nature : les mots étoiles, mer, gel reviennent régulièrement tout au long de la lecture. Là bas, on compose avec tout cela : avec le quotidien de la terre abrupte, cruelle et sublime, avec le quotidien de l'homme dévastateur, sentimental et seul face à cette abrupte, cruelle et sublime terre.
On peut trouver l'écriture de ces poèmes chaotiques et déroutants mais pensons que l'hiver est long, empli de morosité et de dangers, la nature est endormie pendant un long moment, que reste-t-il à ces poètes? La mer de gouttes et la mer d'étoiles, alors elles envahissent l'esprit et la feuille petit à petit jusqu'à ce que se présente le réveil, brusque et beau et tout reprend vie, la nature, l'amour et l'espoir !
Les cycles se déroulent ainsi avec le passé, le présent, l'avenir, l'interrogation sur soi et le monde, l'introspection et l'ouverture au monde, les deux pieds dans la réalité et de l'au-delà dans la tête !
Chacun exprime cela à sa manière, avec son style bien particulier, on aime ou non, il faut bien relire plusieurs fois chaque poème avant de saisir son essence profonde. Il ne faut pas oublier que la traduction modifie et perturbe le sens et le rythme des vers et qu'il préférable, pour ceux qui le peuvent, de lire ces textes en langues originales.
Une petite bibliographie en fin d'ouvrage permet de retrouver facilement les références des oeuvres traduites en français par auteurs.
Pour aborder ce recueil, il faut être un peu familiarisé avec les poésies en général, avec la mentalité et la littérature nordiques qui présentent les faits de manière abrupte et direct.
Commenter  J’apprécie         50
La poésie d'aujourd'hui marche entre forêts et océans, cherche dans le vent et l'herbe des restes de sens et des images renversées d'une vérité évadée. Les mots de Tomas Tranströmer, toujours plus parcimonieux, disent des villes et des cabanes, écoutent des musiques déjà mortes, respirent des parfums envolés. S'y esquissent un Nord familier et bizarre, un voyage immobile, une nuit sans fin illuminée parfois d'aurores boréales quand au détour d'une formule magique, d'une métaphore insoupçonnée, d'une vision juste, le lecteur sent qu'il y a du vrai. Sans doute faudra-t-il (ou faudrait-il) relire ces mots, s'en imprégner, les confronter à mes propres fulgurances. Comme toujours, la poésie est bulle de savon.
Commenter  J’apprécie         50
Ce livre est une vrai surprise qui n’en fini pas. La poésie de Transtromer est ancré (ou encré) dans la modernité tout en conservant un véritable charme. Il nous offre un monde tellement Suédois , souvent surréaliste et parfois impressionniste. Je ne suis pas assez versé dans la poésie pour dire que j’apprécie tout, mais en relisant les nombreux post-it constellant mon livre, je me rends compte que je vais d’enchantement en enchantement.
Commenter  J’apprécie         50
Recueil de 45 haïkus inédits du prix Nobel de littérature 2011 Tomas Tranströmer.
Il s'agit d'une version bilingue suédois/français traduite par Jacques Outin.
De belles images, mêlant nature et ville.
Un moment agréable pour une découverte en douceur de cet auteur.
Commenter  J’apprécie         40
J’ai voulu découvrir ce poète nobélisé qui est présenté comme l’un des poètes majeurs du XXème siècle. En lisant la présentation du recueil, je pensais que cette lecture me plairait notamment avec les thèmes de l’écologie et de la nature qui sont abordés dans des métaphores surprenantes.
Si j’ai bien trouvé ces éléments dans ma lecture, je dois dire que j’ai été assez déçue et qu’il m’a fallu lutter pour arriver au bout de ce livre qui compile les onze plus anciens recueils publiés. Je suis restée assez hermétique au style de l’auteur et les métaphores ne m’ont pas vraiment séduite (si tant est que je les ai bien repérées et comprises, ce dont je ne suis pas totalement sûre).
Je perçois les qualités de cette poésie mais sa sobriété que j’associe à une certaine froideur, loin du lyrisme auquel nous sommes plus habitués avec une grande partie des poètes français, ne me touche pas. Seules quelques fulgurances disséminées au sein de ce recueil ont pu me toucher et c’est avec un sentiment de soulagement que je termine ma lecture.
Commenter  J’apprécie         32
Cinq poètes scandinaves dont surgit, hors Tranströmer, l'immense Finlandais Pentti Holappa.
Heureuse initiative de la collection Poésie Gallimard, tentant peut-être de profiter en tout bien tout honneur du récent prix Nobel de Tomas Tranströmer, ce court volume permet de découvrir "cinq poètes du Grand Nord" : le Danois Inger Christensen, le Finlandais Pentti Holappa, le Suédois Tomas Tranströmer, donc, ainsi que le Norvégien Jan Erik Vold et l'Islandais Sigurdur Pálsson.
Si je n'ai guère accroché aux poèmes hachés de Vold, trois autres en revanche m'ont séduit. Jugez plutôt sur ces brefs extraits :
"Les déserts refusent d'abandonner leur chant
(les déserts qui ne sont naturellement pas
seulement dans la nature
comme sur les hautes terres)
Non les déserts intérieurs
aussi plein que les déserts externes
Ils refusent d'abandonner leur chant
Par leur chant ils renoncent
aux biscuits durs comme verre de l'habitude
les prétendues causes
les prétendues conséquences
la prétendue réalité"
(Sigurdur Pálsson)
"Il fait nuit.
Le planétarium des stratégies se tord. Les lentilles scrutent l'obscurité.
Le ciel de la nuit déborde de chiffres, et ils alimentent une armoire scintillante,
un meuble
qu'habite l'énergie d'une armée de sauterelles dénudant
plusieurs arpents de terre somalienne en une demi-heure."
(Tomas Tranströmer)
"L'hiver s'attend à bien des choses
la plage est déjà raide
tout fera un fera un cette année
ailes et glace feront un dans le monde :
le bateau entendra ses pas sur la glace
la guerre entendra sa guerre sur la glace
la femme entendra son heure sur la glace
l'heure de la vie dans la glace de la mort
l'hiver s'attend à beaucoup."
(Inger Christensen)
Le dernier, le Finlandais Holappa donc, m'a (presque) littéralement ébloui :
"Pour une mère les débris de l'océan suffisent, l'écume
et le sable, car elle est tout entière au désir de faire
naître,
les possibles s'unissent en matière désormais vivante
non plus par son ventre mais par la force de sa volonté.
Elle est la mère de Lemminkainen, la femme vêtue
de noir des tragédies antiques, et dans les cortèges
elle crie le nom des combattants pour la liberté d'aujourd'hui
défiant les charges de police et les gaz lacrymogènes,
mais sous d'autres habits elle est un des bourreaux,
criminelle complice du procréateur ploutocrate,
ourdissant les mensonges sur l'égalité. Telles sont
les fables modernes sur les princes et les princesses.
Responsable de l'absurdité de sa descendance elle aussi
voit s'effondrer les hautes voûtes des cathédrales,
les chefs d'œuvre de Léonard et de Picasso périssent
dans les flammes de la bibliothèque d'Alexandrie.
Les déformations cellulaires provoquées par les déchets
industriels sont la chair vivante des enfants, leur avenir.
Veillant seule, quand la foule aguerrie dort déjà,
elle cherche sa consolation dans la paix universelle
puisqu'elle sait que dans les accélérateurs de particules
les cours closes de la matière s'ouvrent en tunnel béant."
(Pentti Holappa)
Commenter  J’apprécie         30
Un petit livre sur un présentoir avec la mention « Prix Nobel de littérature 2011 », ça m’intrigue. Le nom de l’auteur m’est inconnu. Le titre « Les souvenirs m’observent » et sur la couverture une série de portraits d’un garçon de 11 ans me poussent à lire cet ouvrage. Dans ce volume, l’auteur nous livre en quelques chapitres, les souvenirs les plus marquants de sa vie et le livre s’achève par une série de poèmes de cet homme dont les qualités littéraires ont été reconnues de la Suède au Japon, de la Chine aux Etats-Unis. Une véritable découverte qui me donne envie d’en savoir plus sur cet auteur. G
Commenter  J’apprécie         30
Tranströmer est l'homme du souffle, mais sans emphase. Sa poésie est sobre, mesurée, précise. Un véritable réalisme à vouloir décrire si bien les choses les plus banales. Les principaux thèmes de sa poésie sont le rêve, les grands mystères de l'existence, les saisons, la beauté de la nature et les signes de la modernité industrielle, les villes, les foules, les gratte-ciel, les ascenseurs, les voitures, les autoroutes...
Commenter  J’apprécie         30
Tomas Tranströmer, poète suédois, né en 1931 et prix Nobel de littérature en 2011, a écrit ce petit recueil de souvenirs à la fin de sa vie.
Nous le découvrons petit garçon confronté au divorce de ses parents, le "garçon sans père" à l'école, puis à la prise de conscience, très jeune, de ce qu'est le nazisme, par un livre laissé ouvert sur les horreurs en Pologne, comment garder des amis qui se disent pro-nazis après avoir lu cela ?
On le retrouve plus tard, travaillant son latin et des auteurs très classiques comme Horace, alors que son professeur lui reproche de publier des poèmes dans la revue de l'école qui n'ont pas de ponctuation, le début de la barbarie à ses yeux.
Livre très agréable à lire, touchant et nostalgique, avec une très légère pointe d'humour.
Il se termine sur ces quelques vers :
A June morning, too soon to wake,
too late to fall asleep again.
I must go out - the greenery is dense
with memories, they folloz me with
their gaze
They cab't be seen, they merge completely
into the background, true chameleons.
They are so close that I can hear them breathe
though the birdsong is deafening
Commenter  J’apprécie         20
Un petit ouvrage intéressant pour découvrir cinq poètes du Grand Nord, qui m'ont plus ou moins émue en fonction des poèmes choisis.
J'ai trouvé l'introduction moins intéressante que celle du recueil "L'horizon est en feu", qui reprenait lui cinq poètes russes.
Commenter  J’apprécie         20
Tomas Tranströmer (1931-2015) est considéré comme l'un des meilleurs poètes de la fin du 20e siècle (Prix Nobel 2011). La lecture de oeuvres complètes révèle immédiatement sa maîtrise technique. Tranströmer est parfois classé à tort parmi les surréalistes. Mais c'est uniquement parce que sa technique consiste à associer les images les plus improbables, ce qui apparaît parfois un peu surréaliste. Mais c'est précisément cette association qui crée un champ de tension et ouvre ainsi des perspectives insoupçonnées. C'est peut-être la raison pour laquelle Tranströmer a été imité par tant d'autres poètes. Prends ce sobre Postludium
Je racle comme une drague sur le fond de la terre.
Ne s'accrochent que des choses dont je n'ai aucun besoin.
Indignation lassée, démission ardente.
Les bourreaux emportent les rochers. Dieu écrit sur le sable.
Chambres calmes.
Les meubles sont prêts à l'envol dans la clarté lunaire.
Doucement j'entre en moi
par une forêt d'armures creuses.
Pourtant, je dois dire que je ne suis pas complètement bouleversé par sa poésie. Cela me frappe que Tranströmer se concentre principalement sur le monde extérieur, en particulier la nature, et ignore complètement à la fois le relationnel et le personnel intérieur. Vous trouverez à peine une expression de sentiments dans ses poèmes. Et cela donne à sa poésie un cachet de distance, qui est renforcé par la connexion même de choses apparemment séparées. Cela rend cette poésie un peu moins attrayant pour moi. Mais comme mentionné, sa supériorité technique, qui s'exprime, par exemple, dans des vers trompeusement simples (comme dans son haïku), ne peut être mise en doute.
Commenter  J’apprécie         11