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Critiques de Toni Morrison (1260)
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Beloved

Quel roman ! Toni Morrison m’a entrainé dans la vie tourmentée de Seth. Cette femme esclave qui pour empêcher ses enfants de souffrir, de subir ce qu’elle a vécu, entendu, tente de tuer tout ses enfants et n’arrive qu’à tuer une de ses filles, Beloved. Seth raconte la de sa belle mère, la vie de sa mère, sa vie, celle de ses compagnons. Au début de ce livre, j’étais fascinée par l’écriture.



C’était une écriture « magique », qui mélange le réalisme le plus horrible avec une manière de narrer poétique et poignante.
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Un don

Aux origines de l’Amérique à la fin du XVIIème siècle, une Amérique en formation avant qu’elle devienne Etats-Unis. Toni Morrison dresse une vaste fresque d’un temps où le Maryland et la Virginie se peuplaient de colons puritains venus d’Europe, où les indiens ne sont pas encore exterminés, où les hommes étaient esclaves, attachés à un maître, pour des années ou pour toujours sans que la couleur de leur peau fasse une différence.

Mais pour beaucoup de ses hommes et femmes la vie est trop dure, trop injuste et lorsqu’ils lancent un mouvement de révolte contre les grands propriétaires " la révolte de Bacon ", pour rétablir l’ordre, de nouvelles lois feront irruption pour protéger le Blanc, les Noirs se voient interdire les réunions, les déplacements et le port d'arme. Un Blanc est autorisé à tuer un Noir pour n'importe quelle raison, il se voit offrir un pouvoir sur l’homme noir. La ségrégation est née.



Le Don c’est le destin de quatre femmes vivant à cette époque. Des femmes vulnérables qui subissent la violence des hommes, les douleurs de l’enfantement, les coups du sort sans jamais se plaindre ou désespérer, car "Etre femme ici c’est être une blessure ouverte qui ne peut guérir”

C’est l’histoire de Florens esclave noire de 15 ans, donnée enfant en échange d’une dette et qui part seule sur les routes pour rapporter le médicament qui guérira Rebekka de la variole.

Rebekka c’est la femme de Jacob le propriétaire du domaine où elle vit, elle est venue d’Angleterre, elle a enterré quatre enfants et aujourd’hui elle est veuve car Jacob a succombé à la maladie.

Sur le domaine il y a aussi Lina, l’Indienne rescapée d’un massacre recueillie puis repoussée par une communauté presbytérienne, il y a Sorrow fille perdue rescapée d’un naufrage, il y a Willard et Scully, deux esclaves blancs qui paient de leur travail une dette contractée par leur famille, enfin il y a le forgeron, l’homme libre qui a séduit Florens et qui détient le pouvoir de guérir Rebekka

Chaque personnage est une voix de ce roman polyphonique, chacun présente une facette de la réalité éclatée en mille fragments.

Chaque personnage incarne une façon d’être esclave, un aspect de cette servitude.



Le Don est un chant douloureux, poétique, sensuel et furieux. Toni Morrison laisse le lecteur débrouiller l’écheveau emmêlé des vies de ses personnages, elle ne donne aucun repère de temps ou de lieu, comme les héroïnes, le lecteur doit tracer son chemin et parfois se perdre dans le récit. La langue envoûtante de Toni Morrison restitue la violence, l’injustice, mais aussi l’extraordinaire vitalité de cette Amérique en train de se faire.
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Un don

C'est un roman magnifique. L'histoire se déroule dans les années1680 en Virginie, l'un des derniers Etats esclavagistes. On suit le destin de Jacob Vaark, un fermier, de sa femme et des femmes esclaves qui s'occupent de sa ferme : Sorrow, Lina et Florens. On y parle de l'esclavage, du sort des femmes. Comme dans les autres romans de Toni Morrison, la voix narrative est superbe, originale, dense. C'est vraiment un roman poignant.
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Un don

C’est un très beau récit dans une langue poétique, biblique, symphonique. Il le fallait pour décrire les vastes paysages, la nature encore vierge de cette époque et la solitude qui enferme hommes et femmes dans leurs peurs et leurs certitudes.

Dernier roman de Toni Morrison, Prix Nobel de littérature en 1993, ce livre évoque avec force et sans aucun sentimentalisme la dureté de la vie des premiers pionniers. Les actes des personnages sont racontés à la troisième personne sauf lorsqu’il s’agit de Florens, la seule à évoquer elle-même ses sentiments et son obsession d’être à nouveau abandonnée. La fin du récit nous délivre une information essentielle, expliquant par là-même le titre du livre. C’est une nouvelle voix qui s’élève. Ce livre est une vraie réussite.
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Beloved

un souvenir encore intact
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Beloved

1874. L’esclavage a été aboli en 1865 au sortir de la guerre de Sécession, mais les blessures de la servitude ne semblent pas prêtes à s’effacer. Entre les atrocités commises par le Ku Klux Klan et la ségrégation, sans parler des souvenirs de leur asservissement, les Afro-américains luttent pour s’en sortir. Il faudra pourtant attendre les réformes de 1964 et 1965 pour que la ségrégation soit abolie.



Ancienne esclave, Sethe vit avec Denver, sa fille adolescente dans une maison hantée par l’esprit de son bébé qu’elle a assassiné pour lui éviter de connaître l’esclavage…En effet, en 1856, Sethe a durement conquis sa liberté en fuyant sa plantation, le dos lacéré, à terme,…



Ce récit est dur, de plusieurs façons. D’une part, il est assez dur à suivre, au début tout du moins. Toni Morrison exerce un va-et-vient constant entre le présent et le passé, parfois sans transition, et dit les choses à demi-mots à grand renfort de métaphores…le reste, c’est au lecteur de le deviner ou de se le figurer. C’est peut-être ce qui contribue à faire de ce livre une histoire aussi forte. D’autre part, évidemment, le thème est lui aussi très dur. C’est toute l’horreur de l’esclavage qui est ici dépeinte : des familles séparées, des femmes violées, battues, des hommes traités comme des animaux. Sethe n’a jamais vraiment connu sa mère, qui a été pendue, mariée à treize ans, pour ainsi dire veuve à dix-neuf ans, elle a vécu dans la servitude, dans la crainte que ces enfants soient vendus, elle a été battue, obligée à se prostituer, humiliée. Toni Morrison peint avec minutie et pudeur un peuple qui souffre, trop opprimé pour se laisser aller à avoir des projets ou aimer. C’est toute la réalité de l’époque qui nous apparait.



Comme je le disais plus haut, le style de Toni Morrison est bâti à base de métaphores, ce qui donne une certaine poésie au texte, tout en le rendant assez hermétique. Le lecteur peut parfois se perdre, et il ne faut pas qu’il s’attende à ce qu’on lui dise les choses de but en blanc. Si le résumé nous apprend que la base du roman est un infanticide, on ignore tout des circonstances exactes du meurtre, qui nous sont révélées par bribes.



Sethe est un personnage de femme forte, mais évidemment, il y a des limites. Avec tout ce qu’elle a enduré, qu’elle finisse brisée n’étonnera personne. L’espoir semble néanmoins se manifester à la fin en la personne de Denver qui s’ouvre au monde. Tous les regrets et la culpabilité de Sethe s’incarnent en Beloved et son fantôme, une autre métaphore montrant comment ces sentiments peuvent détruire une personne. Bien que le geste de Sethe ai été atroce, on peut malheureusement le comprendre. L’horreur même de ce geste montre la barbarie de l’esclavage.



On se prend bien à ce livre, qui se lit facilement malgré son aspect dur. Toni Morrison, monument de la littérature afro-américaine, a reçu le prix Pulitzer pour Beloved, mais également le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre.Au cinéma, Sethe a été interprétée par Oprah Winfrey.




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Un don

Vingt ans après Beloved, Toni Morrison nous emmène de nouveau sur les traces de l'esclavage aux États-Unis, avec un lyrisme et des personnages envoûtants.



Ouvrir Un don, c'est se plonger dans le monde sauvage et encore anarchique qu'était l'Amérique du XVII ème siècle, " un monde si neuf, presque inquiétant de cruauté et de tentation " . C’est aussi se plonger dans l’univers des esclaves et des riches plantations, comme seule Toni Morrison, Prix Nobel de littérature 1993, sait le raconter.



Il y a tout d’abord Florens, narratrice et esclave. Abandonnée par sa mère, Florens est visitée chaque nuit par le fantôme de celle-ci, hantée par la blessure de cet abandon, par un secret, dont nous découvrirons la clé qu’à la toute dernière page. Florens travaille pour Jacob Vaark et son épouse Rebekka, « Mistress », émigrants européens épris de liberté, et entourée de Lina, l’intendante d’origine amérindienne, et de Sorrow, considérée comme une faible d’esprit.



Nous suivons Florens, son quotidien, sa découverte de l’amour, ses conditions d’esclave, ses démons. Nous retrouvons à travers son destin les thèmes si chers à l’auteure : l’esclavage, évidemment, l’épreuve, la dureté de l’homme, la façon qu’à chacun de se construire dans l’adversité, la lutte, la douleur, la violence, la destinée.



Chant lyrique et polyphonique, Un don est aussi animé par les songes, les pulsions, les délires et les obsessions de certains personnages, et l’on retrouve la dimension mystique et symbolique que nous avions plaisir à trouver dans Beloved.



Ce roman demande une attention particulière, le récit se fait à plusieurs voix et dans l’intemporalité. En d’autres termes, on peut être souvent perdu. Il est donc conseillé de ne pas l’avoir entre les mains dans un moment où l’esprit est trop agité. On s’accroche aux premières pages, il ne faut pas se décourager car on finit toujours pas retrouver le fil de l'histoire. … pour se laisser porter, puis envoûter.



Un très beau livre qui donne envie de relire Beloved !

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Love

Love est un beau roman qui raconte l’amour de tout un groupe de femmes pour un seul homme, Bill Cosey, mort depuis plus de vingt ans, dans les années 90, sur la côte est des Etats-Unis, et parce qu’elles aimaient cet homme à des titres divers, elles ont cru qu’elles se détestaient.


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Beloved

Histoire tragique de Sethe, ancienne esclave qui tue sa fille pour lui éviter les atrocités d'une vie d'esclave. Le fantôme de cette enfant n'aura de cesse de hanter sa mère.

A travers l'histoire de cette famille, ce sont toutes les horreurs de l'esclavage que Toni Morrison nous donne à voir. Bouleversant.
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L'oeil le plus bleu

Voilà, je me lance dans le challenge “ Arc en ciel”, et je débute avec ce roman de Toni Morrison. Je n’avais pas encore lu cette auteure, mais je la connaissais de nom. Je ne sais pas par où commencer car en fait, ce livre m’a troublé. Je ne peux pas dire qu’il m’a passionné mais je ne peux admettre qu’il m’a ennuyé. c’est assez ambigu.

Nous entrons dans cette histoire en rencontrant deux petites filles noires, des sœurs, qui déjà ont des points de vue différents sur le monde qui les entoure et sur leur condition. Nous sommes dans le Lorain , dans l’ Ohio raciste et ségrégationniste des années 1940 où les noirs sont des êtres inférieurs, voir sauvages. Les blancs les tolèrent, tant qu’ils ne sont pas obligés de les approcher de trop près.

Et il y a Pecola, leur voisine qui est du même âge. Pour elle la vie n’a pas était un cadeau, car elle est noire, mais aussi car elle vit au quotidien l’enfer. Elle subit les assauts d’ un père alcoolique, les humeurs d’une mère qui ne rêve que de fuir et les méchancetés des habitants du quartier.

Pauvre Pécola ! Son destin est inexorablement tracé. Pour les noirs elle est la petite fille très laide qui leur permet d’accepter leurs malheurs, pour les blancs elle est un appui de plus pour leurs préjugés.

Cette histoire est lourde, sombre et gênante. Tout n’est que violence, haine et désespoir. Les personnages sont odieux, sales, méchants et j’en passe. Pourtant Toni Morrison ne prend aucun partie dans son récit. Elle constate un point c’est tout. Les blancs sont ancrés dans des préjugés datant de plusieurs siècles et les noirs sont écrasés par la haine et le mépris.

Au fil des pages et des paragraphes ( qui sont au nombre de quatre : les 4 saisons ), j’ai attendu, un brin de compassion, une once d’ espoir,mais non rien, aucun personnage ne pouvait apparemment m’apporter un rayon de joie. Je ne vais pas vous dire que j’espérais le conte de fées, non, je suis consciente que le sujet est traité ici est sérieux, mais un peu de joie aurait, je pense, aider à ne pas sombrer dans la gêne. En même temps, c’était peut-être l’effet escompté par l’auteure.

Pas facile de vous transmettre les impressions d’une telle lecture. Je pense que le mieux serait que vous lisiez ce roman et que vous vous imprégnez de vos propres images.


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Beloved

Beaucoup de mal à entrer dans ce livre (un peu décousu je trouve). Dommage l'idée de départ est bonne et certains passages sont formidables.
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Beloved

Une oeuvre difficile mais très riche, sur l'esclavage des noirs aux Etats-Unis, l'affranchissement, les fantômes du regret et de l'oubli... poignant, à relire
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Un don

"N'aie pas peur. Mon récit ne peut pas te faire du mal malgré ce que j’ai fait" : Tout commence par une confession. Celle de Florens la narratrice, l’esclave. Seule, face à ses démons, elle se souvient et raconte à sa manière l’histoire de sa vie. Hantée par le terrible abandon de sa mère qui lui préfère son petit frère, cédée par un commerçant portugais en échange d’une dette envers Jacob Vaark, fermier libéral, la jeune Florens suit son nouveau maître vers le Nord, vers une nouvelle vie. Blessée, meurtrie au plus profond de son âme, la jeune fille se défend toutefois d’interpréter le message de "a minha mãe", le spectre de ses nuits, au cœur duquel se cache le secret de ce douloureux abandon. Sacrifice qui ne sera révélé qu’à la toute fin et qui donnera au roman, toute son ampleur.



Le temps s’écoule à la ferme Vaark. Entourée de Jacob Vaark et de son épouse Rebekka, émigrants européens épris de liberté, de Lina, l’intendante d’origine amérindienne, de Sorrow, la rêveuse - considérée comme une simple d’esprit -, Florens va découvrir l’amour, ses vertiges mais aussi ses désillusions, jusqu’au drame. Tout ce petit monde vit dans une parfaite autarcie aux accents de paradis perdu mais pour encore combien de temps ? Ce cocon familial qu’ils se sont construit malgré leurs différences peut-il survivre aux méfaits du temps ?



Si dans Beloved, l’auteur évoquait le récit bouleversant d’une mère visitée par le fantôme de son enfant, à qui elle a oté la vie afin de lui épargner la pire des conditions : naître esclave, dans Un don, les rôles s’inversent. L’enfant, qui est ici une jeune fille, est hantée par celle qui l’a mise au monde, en cette fin de XVIIe siècle. Période clé pour ce Nouveau-Monde, pour cette nation américaine naissante, si sauvage et qui ne fait pas encore grande différence entre esclaves noirs, blancs et indigènes. Du moins, jusqu’à ce qu’une révolte - celle de Bacon - opposant serviteurs et esclaves contre les puissants (en 1676) vienne poser les fondements de la ségrégation raciale américaine. Telle une formidable conteuse, Toni Morrison, Prix nobel de la littérature en 1993 et écrivain engagé, offre une lecture à plusieurs voix, entremêlant les pensées des divers protagonistes dans un tourbillon de sang et de larmes, d’espoir et d’amour. Douée d’une plume métaphorique, fertile et soignée, l’auteur remonte aux origines de l’esclavage et l’explique au travers d’une mosaïque d’individus venus d’ailleurs.
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Un don

Au XVIIe siècle, dans une ferme du Maryland, Jacob Vaark, un négociant anglo-néerlandais, fait un mariage de raison avec Rebekka, l'aînée d'une famille anglaise. En compensation d'un retard de paiement il se voit offrir la jeune Florens, qu'il accepte de prendre à son service pour alléger la peine de sa femme, dont aucun enfant n'a survécu. Une relation tragique se noue entre les deux femmes.

***

En cours de lecture... superbe !
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Beloved

Une histoire poignante qui permet d'évoquer l'esclavage du point de vue des victimes, et donc en évitant les clichés. Ici, les coups de fouets ne sont pas racontés comme dans un conte pour enfant pour minimiser l'horreur des esclavagistes, au contraire, l'auteur décrit les cicatrices de sorte qu'on se rende compte du traumatisme.
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Beloved

superbe
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Paradis

majeur !
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L'oeil le plus bleu

The Bluest Eye

Traduction : Jean Guiloineau



Premier roman de Toni Morrison, "L'Oeil le plus bleu" se déroule déjà dans le Lorain de son enfance et, plus particulièrement, dans les quartiers qui y étaient réservés aux Noirs. Plus qu'une intrigue réelle, on peut parler ici d'un fil rouge, la misère qui hante les familles noires avec cependant des degrés très divers.



Si Claudia - la narratrice du récit - et sa soeur, Frieda, ont tout de même la chance d'être les filles d'un couple relativement uni bien que pauvre ; si le plus grand danger qu'elles croisent, ce sont les attouchements de leur locataire, Mr Henry et si, bien entendu, elles comprennent trop vite que, dans le monde où elles sont nées, les métis au teint clair sont beaucoup mieux appréciés que les enfants à la peau vraiment sombre, toutes deux possèdent malgré tout une certaine stabilité, un certain bonheur.



Il n'en est pas de même hélas ! il n'en sera jamais ainsi pour la petite Pecola, Noire parmi les Noires et que le Destin, comble du raffinement féroce, a fait irrémédiablement laide.



Là où Claudia et Frieda appellent leur mère "Maman", Pecola - et son frère aussi, d'ailleurs - appelle la sienne "Mrs Breedlove." Là où les deux soeurs ont un père responsable, Pecola hérite d'une caricature qui n'hésitera pas devant l'inceste.



Ce n'est pas cet homme, bien sûr, qui permet à la marmite de bouillir chez les Breedlove. C'est la mère, Pauline. Pour que survivent les siens, celle-ci a fait des ménages et, pour finir, elle a trouvé une bonne place chez des Blancs qui la paient correctement pourvu qu'elle s'occupe de leur demeure et de leur fille unique. Du coup, la maison des Blancs, où elle est tranquille et où la laideur ne l'atteint plus, est devenu en quelque sorte le foyer véritable de Mrs Breedlove.



Le pire, c'est que, alors qu'elle bat sa fille comme plâtre et ne lui trouve jamais aucune excuse, elle se montre d'une douceur toute maternelle avec la fille de ses maîtres, une petite fille blonde avec des yeux bleus.



D'où le rêve, le grand rêve de Pecola : que sa peau blanchisse et surtout, plus que tout, que ses yeux deviennent bleus ...



En dépit de sa brièveté, "L'Oeil le plus bleu" est un texte poignant. Morrison ne fait pourtant appel à aucun effet particulier. Elle se contente de raconter et l'on devine qu'elle a jadis rencontré une ou plusieurs Pecola. Par delà la traduction, le style est ample, rythmé, épique même bien que l'auteur ait respecté dans ses dialogues le langage familier de ses personnages.



Autre fait marquant : jamais Toni Morrison ne juge. Blancs, métis, Noirs, elle les dépeint tels qu'elle se les rappelle, tels qu'elle les a vus. Tout en évoquant la responsabilité des premiers dans l'esclavage aux Etats-Unis, elle ne les charge pas pour autant de tous les péchés du monde. Inversement, si elle se fait tendre et compatissante pour les outrages endurés par sa petite héroïne, elle ne présente pas les Noirs sous un jour particulièrement angélique. Elle se contente de laisser ses personnages en face de leurs actes, indépendamment de leur couleur de peau et de leur éducation.



Ce qui, somme toute, est normal chez une romancière qui a eu le cran d'établir un parallèle entre la suprématie que le Blanc fait peser sur les épaules du Noir et celle que l'Homme, Noir ou Blanc, fait peser sur celles de la Femme. ;o)
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Beloved

Que dire de ce livre sinon qu'il m'a bouleversé, émue, qu'il m'a remué les tripes ! C'est à sa seconde lecture que j'ai pu saisir toute la grandeur de cette oeuvre. Un vrai tourbillon d'émotions, d'images et de souvenirs d'une vie, d'une histoire déchirante et pourtant pleine d'amour. Le style de l'écrivain est singulier, surprenant et pourrait même en rebuter certains mais c'est aussi ce qui fait sa force et sa qualité. A lire d'urgence !!!
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Beloved

Permet de se rendre compte de l'horreur qu'a été l'esclavage sans pour autant être un livre sur l'esclavage. Un bon roman, mais dur.
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