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Citations de Tristan Tzara (148)


Des oiseaux comme des leviers guettent les troupes de citadins et répandent une subtile levure de destin sur leur masse amorphe et insouciante.
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Le sommeil tournera vide et sec, car les rêves ne viendront plus concasser les pierres de l'existence avec leurs vis d'Archimède, les désirs étant comblés pendant le temps de veille
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Tristan Tzara
Au galop au-dessus de la vie, l'homme est ridicule.
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Tristan Tzara
Ouvre-toi cœur infini
pour que pénètre le chemin des étoiles
dans ta vie innombrable comme le sable
et la joie des mers
qu'elle contienne le soleil
dans la poitrine où brille le lendemain
l'homme d'aujourd'hui sur le chemin des étoiles de mer
a planté le signe avancé de la vie
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je me souviens d’une déception sinueuse tirant du passé son amère substance
voguant sans clarté le ne sais où
on voyait parfois s’ouvrir sur le front de la chanson un miroir comme une enfance raidie
qui crachait l’image par terre
et brisait l’éclatante jeunesse — des traces de sang traînaient quelque part
sur dés draps souillés par des crépuscules attardés des vers fiévreux sous la braise
je me souviens aussi c’était une journée plus douce qu’une femme
je me souviens de toi image de péché
frêle solitude tu voulais vaincre toutes les enfances des paysages
il n’y avait que toi qui manquais à l’appel étoilé
je me souviens d’une horloge coupant des têtes pour indiquer les heures
celles qui attendent aux carrefours les solitaires
dans chaque passant solitaire il se déchire un jour le carrefour d’un jour
et comme l’heure d’amour vient de l’air retourne à l’air
chaque carrefour se retrouve dans une autre placide attente
avec l’air que l’on chante lointain
de plus en plus lointaine enfance
à la terre mâchée avec les cendres dans la serrure des mandibules agricoles
vorace porte au rire adulte de fer
je me souviens de la mystérieuse hâte qui te poussait après le passage d’un convoi
des chaînes massives remuaient noires dans les têtes des coqs dressaient un chant frugal entre chaque paire de regards
et les vents essuyaient des humides museaux les aboiements tout frais
ils allaient éclater bien au loin où il n’y avait plus de mémoire
ils éclataient avec fracas de flammes sans bruit
je me souviens d’une sereine jeunesse qui ramassait à son étalage
les soupirs luisants de l’éclatement épars
sans bruit mais bourrés de flammes
comme je les aime quand ils ressuscitent métalliques des larmes
tu le sais — neigeuse adolescence — te souviens-tu des dangers virevoltants dans l’embrun noir de larmes parmi les bouées des seins coupés
nous voulions boire tout le sang des rochers purulents de soleil
qu’essayaient de happer les vagues aux gueules brû­lantes
la mer amenait des cicatrices encore voluptueusement chaudes
à chaque gémissement elle vidait son sac de crécellesde tant de douleur
ne sachant plus quoi faire te souviens-tu du bruit qui nous enlaçait
de notre étreinte qui faisait pâlir les mauvais augures de la flamme
et l’écluse du soleil cédait sous le poids de tant de clarté
un œil de raisin que l’on crève
c’était une journée plus douce qu’une femme qui palpitait d’un bout à l’autre
j’ai vu son corps et j’ai vécu de sa lumière
son corps se tortillait dans toutes les chambres offrant des dieux inassouvis aux aveugles adolescences des monceaux d’enfants changés en sauterelles sur d’immenses désolations de plages
les chevilles glapissantes d’un bonheur sauvage des branches jasant dans les fragiles ruisseaux j’ai vu son corps étendu d’un bout à l’autre
et j’ai plongé dans sa lumière qui pénétrait d’une
chambre à l’autre
l’arbre à fouets striant de minces traînées d’obscurité le corps immensément douloureux — c’était une journée plus douce qu’une femme
j’ai vu sous les lits
de lourdes masses d’ombres
prêtes à voler autour des voleurs endormis
dans la paume molle de leurs lits
j’ai vu accrochées aux oreilles les auréoles de lourdes masses gardiennes aux poings noirs et marchant au milieu écriture sans répit
la pluie rompant des ailes grises et des prismes
de courtes volontés phosphorescentes perdues parmi les hachures du rireleur trot réveillant les champs fermés par les yeux sans bruit se vissant sur l’écrou de la margelle du puits de rares halètements d’herbes folles
et puis des catacombes d’oiseaux les oiseaux fuyant à travers les tentacules soumises
les frères apprivoisés dans la glace
les yeux de faïence fixés aux enclos des patries
où l’on jette les terres dans des flaques de cadavres et d’urine
plus loin j’ai vu les cils qui se pressent autour des oiseaux — couronne polaire
et les puissantes chutes des oiseaux de lumière sur le monde enflammé de journées sans issue et puis je n’ai plus rien vu
quelqu’un a fermé bruyamment la porte
— amie pleureuse au fond de cale
la nuit s’est recroquevillée en moi
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Tristan Tzara
Bifurcation

Je ne veux pas te quitter
mon sourire est attaché à ton corps
et le baiser de l'algue à la pierre
à l'intérieur de mon âge je porte un enfant gai et bruyant
Il n'y a que toi qui saches le faire sortir du coquillage
comme l'escargot avec de fines voix

parmi l'herbe il y a
les mains fraîches des fleurs qui se tendent vers moi
mais il n'y a que ta voix qui soit fine
comme ta main est fine comme le soir est impalpable
comme le repos

(" Indicateur des chemins du coeur")
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Tristan Tzara
je mange ma faim je danse ma peur
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Pour faire un poème dadaïste.

Prenez un journal.
Prenez des ciseaux.
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l'article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre.
Copiez consciencieusement dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire.
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ÉVEIL


Hâte-toi vers la joie immense et terrestre, c'est la coupe
des paupières qui cogne en dansant contre la paroi
de nuit. Assez de la mort explicite, allègre mort utilisée
jusqu'au vernis de l'ongle, jeunesse perdue dans les
apostrophes de l'hypocrisie ! Assez des ternes souffles
des cœurs tressés dans les paniers salubres ! Hâte-toi
vers la joie humaine qui est inscrite sur ton front comme
une dette indélébile !
Une nouvelle forme de crudité estivale est en train de
descendre sur la brume du monde en flocons d'herbe
lente et de la couvrir d'une mince couche de joie,
prévue d'un glorieux avenir pressenti dans l'acier. Hâte-toi,
c'est de la joie humaine et brillante qui t'attend au
détour de ce monde démembré, que l'on parle dans la
langue de l'asphalte ! Il y a des revers, des sources
scellées, des lèvres sur des tambourins et des yeux sans
indifférence. Le sel et le feu t'attendent sur la colline
minérale de l'incandescence de vivre.
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ACCES

Magique démarche des nuits incomplètes
des nuits avalés en hâte de boissons amères avalées en hâte
nuits enfouies sous le terreux paillasson de nos lentes passions
rêves arides par de longs regards de corbeaux becquetés

salis mouillés lambeaux de nuit nous avons élevé
en nous chacun de nous une tour de couleur si hautaine
que la vue ne s'accroche plus au-delà des montagnes et des eaux
que le ciel ne se détourne plus de nos filets de pêche aux étoiles
que les nuages se couchent à nos pieds comme chiens de chasse
et que nous pouvons regarder le soleil en face jusqu'à l'oubli

et pourtant mon repos ne trouve sa raison
que dans le nid de tes bras la marée de le nuit
après l'éclat des orages criards ruisselle la mort
c'est le corps décousu d'une panoplie de la terre
qui s'égrène au collier de nos rêves d'oubli
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GARE

danse crie casse
roule j'attends sur le banc
tout-de-même quoi? les nerfs sont silences
d'instants coupés

lis tranquillement virages
le journal
regarde qui passe?

je ne sais pas
si je suis tout seul
la lumière écoute mais de quel
côté et pourquoi

le vol d'un oiseau qui brûle
est ma force virile sous la coupole
je cherche asile au fond flamboyant
volant du rubis

j'ai donné mon âme
à la pierre blanche
dieu sans réclame
précis et sage

ordre en amitié
dire : la douleur du feu
a noirci mes yeux
et je les ai jetés dans la cascade

partir
vois mon visage
dans le cercle du soir ou dans la valise
ou dans la cage neige

je pars ce soir
l'étincelle pleure
dans mon lit dans l'usine
hurlent les chiens et les jaguars

as-tu aussi donné ton âme
à la pierre bracelet
saltimbanque au crâne oblong
mon frère monte

je fus honnête
soeur infini
fini pour cette
nuit

coeurs des pharmacies plantes
s'ouvrent aux lueurs sphéroïdales
et les liqueurs de la religion c'est vrai
les lions et les clowns
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Je pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous
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Tristan Tzara
Le spectacle était dans la salle, nous étions réunis sur la scène et regardions le public déchaîné.
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Tristan Tzara
Partie sans fin

partie sans fin sans fin venue
aucune trace ne te change
enfant de drames les ruches sont pleines
de jours de soirs de nuits entières
les sombres hommes d’infini
le dos courbé la faim finie s’en vont
n’était-ce l’ombre tôt parue
craintive sans argent dessus
un autre train nous chante automne
et l’ombre sait ne plus venir
et sans amour les rires morbides

elle se déchire en solitude
le long du grincement furtif

(1930)
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Devant un monde dont l'ordre était inacceptable, il fallait dresser les leçons de l'extrême désordre. Cela se fit, par Tzara, de Zurich à Saint-Julien-le-Pauvre. (préface d'Hubert Juin, p. 10)
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j’ai exténué ma jeunesse qui ne sait plus se réveiller
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Ici nous jetons l'ancre dans la terre grasse.
Ici nous avons le droit de proclamer car nous avons connu les frissons et l'éveil. Revenants ivres d'énergie nous enfonçons le trident dans la chair insoucieuse. Nous sommes ruissellements de malédictions en abondance tropique de végétations vertigineuses, gomme et pluie est notre sueur, nous saignons et brûlons la soif, notre sang est vigueur.
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les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve
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droguerie—conscience


de la lampe d'un lys naîtra un
si grand prince
que les jets-d'eau agrandiront les usines
et la sangsue se transformant en
arbre de maladie
je cherche la racine seigneur immobile
seigneur immobile
pourquoi alors oui tu apprendras
viens en spirale vers la larme
inutile

perroquet humide
cactus de lignite gonfle-toi entre
les cornes de la vache noire
le perroquet creuse la tour le
mannequin saint

dans le cœur il y a un enfant—une lampe
le médecin déclare qu'il ne passera
pas la nuit

puis il s'en va en lignes courtes
et aigues silence formation silencieuse

quand le loup chassé se repose
sur le blanc
l'élu chasse ses enfermés
montrant la flore issue de la mort
qui sera cause
et le cardinal de france apparaîtra
les trois lys clarté fulgurale vertu
électrique
rouge long sec peignant poissons
et lettres sous la couleur

le géant le lépreux du paysage
s'immobilise entre deux villes
il a des ruisseaux cadence et les
tortues des collines s'accumulent lourdement
il crache du sable pétrit ses poumons
de laine s'éclaircir
l'âme et le rossignol tourbillonnent
dans son rire—tournesol
il veut cueillir l'arc-en-ciel mon
cœur est une astérie de papier

à missouri au brésil aux antilles
si tu penses si tu es content lecteur
tu deviens pour un instant
transparent
ton cerveau éponge transparente
et danc cette transparence il y
aura une autre transparence plus lointaine
lointaine quand un animal nouveau
bleuira dans cette transparence
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Manger, dormir, faire l'amour, etc., tendront à se confondre ; on ne saurait tenir encerclées pendant longtemps des manifestations vitales dans des enclos rigoureux aux destinations nettement spécialisées.
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