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Citations de Tristan Tzara (148)


CHANSON DADA


          III
la chanson d'un bicycliste
qui était dada de cœur
qui était donc dadaïste
comme tous les dadas de cœur

un serpent portait des gants
il ferma vite la soupape
mit des gants en peau d'serpent
et vint embrasser le pape

c'est touchant
ventre en fleur
n'avait plus dada au cœur

buvez du lait d'oiseaux
lavez vos chocolats
dada
dada
mangez du veau
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CHANSON DADA


          II
la chanson d'un dadaïste
qui n'était ni gai ni triste
et aimait une bicycliste
qui n'était ni gaie ni triste

mais l'époux le jour de l'an
savait tout et dans une crise
envoya au vatican
leurs deux corps en trois valises

ni amant
ni cycliste
n'étaient plus ni gais ni tristes

mangez de bons cerveaux
lavez votre soldat
dada
dada
buvez de l'eau
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CHANSON DADA


I
la chanson d'un dadaïste
qui avait dada au cœur
fatiguait trop son moteur
qui avait dada au cœur

l'ascenseur portait un roi
lourd fragile autonome
il coupa son grand bras droit
l'envoya au pape à rome

c'est pourquoi
l'ascenseur
n'avait plus dada au cœur

mangez du chocolat
lavez votre cerveau
dada
dada
buvez de l'eau


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SAGE DANSE MARS


la glace casse une lampe fuit et la trompette jaune est
ton poumon et carré les dents de l’étoile timbre poste
de jésus-fleur-chemise la montre tournez tournez
pierres du noir
dans l’âme froide je suis seul et je le sais je suis seul et
danse seigneur tu sais que je l’aime vert et mince car
je l’aime grandes roues broyant l’or fort voilà celui
qui gèle toujours
marche sur les bouts de mes pieds
vide tes yeux et mords l’étoile
que j’ai posée entre tes dents
siffle
prince violon siffle blanc d’oiseaux
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VOLT


les tours penchées les cieux obliques
les autos tombant dans le vide des routes
les animaux bordant les routes rurales
avec des branches couvertes d'hospitalières qualités
et d'oiseaux en forme de feuilles sur leurs têtes
tu marches mais c'est une autre qui marche sur tes
pas
distillant son dépit à travers les fragments de mémoire
et d'arithmétique
entourée d'une robe presque sourde le bruit caillé des
capitales

la ville bouillonnante et épaisse de fiers appels et de
lumières
déborde de la casserole de ses paupières
ses larmes s'écoulent en ruisseaux de basses
populations
sur la plaine stérile vers la chair et la lave lisses
des montagnes ombrageuses les apocalyptiques
tentations

perdu dans la géographie d'un souvenir et d'une obscure
rose
je rôde dans les rues étroites autour de toi
tandis que toi aussi tu rôdes dans d'autres rues plus
grandes
autour de quelque chose
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LE CHEVAL


C'est vrai que je croyais en la ferveur immense de
vivre. Chaque pas amplifiait en moi de vieilles mais
toujours mouvantes adorations. Ce pouvait être un arbre,
la nuit, c'étaient des forêts de routes, ou le ciel et sa vie
tourmentée, à coup sûr le soleil.

Un jour je vis la solitude. Au faîte d'un monticule, un
cheval, un seul, immobile, était planté dans un univers
arrêté. Ainsi mon amour, suspendu dans le temps,
ramassait en un moment sur lui-même sa mémoire
pétrifiée. La vie et la mort se complétaient, toutes
portes ouvertes aux prolongements possibles. Pour une
fois, sans partager le sens des choses, j'ai vu. J'ai isolé
ma vision, l'élargissant jusqu'à l'infinie pénétration de
ses frontières. Je laissais à plus tard le soin de voir ce
qu'on allait voir. Mais qui saurait affirmer que les
promesses ont été tenues ?
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la mer ouvrait le poids de son abside sonore
aux souffles conquérants de l'aube
j'étais assis en marge du spectacle
attente incrustée, à la surface du monde
le vent qui inventait des pas de cadenas
rongeait la rouille du silence
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MOUCHOIR DE NUAGES
(…)
L'amour qui en de fines et pures circonstances
frappa de si subtils regrets mes jours, mes nuits,
aux portes closes du temps avec des gestes doux
qui ne réveillent pas les voyageurs d'hôtels,
et dont je me crus veuf, dont je pleurais le deuil,
que je crus arraché de ma poitrine mure
et emporté loin, loin, par le viril et rude
courant de boue nuptiale, rapide et volcanique,
vient aujourd'hui troubler la calme hypothèse
pareille au vin magique qui dans la cave fermente
au fond de la tête lente et de mal solitude.
La nuit, comme une soupape, fermait le large tuyau
par où s'écoule le jour, le luxe de sa lumière ;
les vies, petites et grandes, alternativement,
sentaient encore une fois du rêve et du sommeil
la noire fumée antique peser sur la balance
de leurs paupières dociles et lourdes de chansons.
Mais moi, empli du bruit laissé par ses paroles,
-des traces effacées de pas, sur le désert
qu'était ma destinée le jour où je la vis,-
vibrant comme sa parole au son du souvenir,
j'étais debout ici, tachant de mesurer
du temps le résidu que la mémoire dépose
le long de son parcours, les tranches de mots rares,
les perspectives d'images fuyantes et habiles,
de moudre ces grains dures et lourdes en pensées ;
farine de cerveau, poussière de ce monde.
Le sable, si le vent tourmente sa clarté,
aveugle la gaîté des humbles piétons,
et la pensée aussi roulant autour d'elle-même
vous voila du tourbillon le fruit et le mensonge.
Ainsi je reste épave du quotidien naufrage.
L'amour me cache les yeux du coeur et du cerveau.
Les poissons rapaces, les monstres des nuages,
les haines, les douleurs, les crises, les horreurs,
les vices, les microbes et les mauvais génies,
me frappent, m'humilient, me mordent et déchirent
l'allure préparée avec des soins propices
que je devais porter ce soir au bal de l'Opéra.
Et tout cela pour deux yeux bleus
et pour le five o'lock tea que le crépuscule
offre au printemps dans des tasses de porcelaine, invisibles comme les étoiles
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SIGNAL
(…)
Je ne puis pas t'écrire
je suis trop sale du mélange de sommeil de suie que le train a agité pendant toute la nuit
dans la bouteille de la nuit
et pourtant les paysages juxtaposés aux solennelles indécisions des hanches
par mille détours de croupissantes ciselures te feraient comprendre
qu'entre l'amour et la maudite coïncidence
j'ai planté le grain de ton savoureux chagrin
mais nous sommes si éloignés de la chantante étreinte
qui unit à l'amitié la chair flexible de destins
les couloirs des wagons sont sales
les coussins se durcissent sous nos têtes comme nos têtes
et le pouvoir de celui qui nous envoie à travers le monde
en longues files d'orages migrateurs
dans ces canots et ses trains de calcinants sortilèges
annonce l'éclipse des voix au thermomètre de nos veines
vois nos veines
chahutés basculés sursauts que la balane entraîne
mais quelle obscurité soudain enlève les couleurs comme des chemises
leurs chemises
aux collines voluptueuses
la lumière de tes cheveux étouffe dans le tunnel
et le tunnel
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DROGUERIE-CONSCIENCE

de la lampe d'un lys naîtra un si grand prince
que les jets d'eau agrandiront les usines
et la sangsue se transformant en arbre de maladie
je cherche la racine seigneur immobile seigneur immobile
pourquoi alors oui tu apprendras
viens en spirale vers la larme inutile

perroquet humide
cactus de lignite gonfle-toi entre les cornes de la vache noire
le perroquet creuse la tour le mannequin saint
dans le coeur il y a un enfant - une lampe
le médecin déclare qu'il ne passera pas la nuit

puis il s'en va en lignes courtes et aiguës silence formation siliceuse

quand le loup chassé se repose sur le blanc
l'élu chasse ses enfermés
montrant la flore issue de la mort qui sera cause
et le cardinal de france apparaîtra
les trois lys clarté fulgurale vertu électrique
rouge long sec peignant poissons et lettres sous la couleur
le géant le lépreux du paysage
s'immobilise entre deux villes
il a des ruisseaux cadence et les tortues des collines s'accumulent lourdement
il crache du sable pétrit ses poumons de laine s'éclaircir l'âme et le rossignol tourbillonnent dans son rire - tournesol
il veut cueillir l'arc-en-ciel mon coeur est une astérie de papier
à missouri au brésil aux antilles

si tu penses si tu es content lecteur tu deviens pour un instant transparent
ton cerveau éponge transparente
et dans cette transparence il y aura une autre transparence plus lointaine
lointaine quand un animal nouveau bleuira dans cette transparence
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ANGE

la couleur se recompose coule entre les espaces
les pendus liquides balance arc-en-ciel
les vers de lumière dans là où nos durées sont
la vapeur visibles
où poussent les clarinettes femme enceinte de
satellites
la sonnerie glisse sous la boule verte brûlante
barque
en bas la ville bandages caresse la plaie
de flammes centrifuge
serre serre fortement acides des ventres et
plante
le feldspath luit dans la ange mécanicien
vitesse moulin à vent
en vacance
mécanicien des
nécrologues tête de nègre
mise en scène des
ménageries et des amitiés
puis elle jette à la tête
de son mari un bol de vitriol
allons vers les autres
mééééétéééééooooorooooo- météorologies
looooogües
le soleil glisse tangente de glisse auréole
l'atmosphère
patinage dimensions
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LA GRANDE COMPLAINTE DE MON OBSCURITÉ UN

froid tourbillon zigzag de sang
je suis sans âme cascade sans amis et sans talents seigneur
je ne reçois pas régulièrement les lettres de ma mère qui doivent passer par la russie par la norvège et par l'angleterre
les souvenirs en spirales rouges brûlent le cerveau sur les marches de l'amphithéâtre
et comme une réclame lumineuse de mon âme malheur jailli de la sphère
tour de lumière la roue féconde des fourmis bleues
nimbe sécheresse suraiguë des douleurs

viens près de moi que la prière ne te gêne pas elle descend dans la terre comme les scaphandres qu'on inventera
alors l'obscurité de fer en vin et sel changera
simplicité paratonnerre de nos plantes prenez garde
les paratonnerres qui se groupent en araignée
ainsi je deviens la couronne d'un christ énorme
pays sans forme arc voltaïque

les aigles de neige viendront nourrir le rocher
où l'argile profonde changera en lait
et le lait troublera la nuit les chaînes sonneront
la pluie composera des chaînes
lourdes
formera dans l'espace des roues des rayons
le sceptre au milieu parmi les branches
les vieux journaux les tapisseries
un paralytique
nimbe sécheresse
roue féconde des fourmis bleues
seigneur doigt d'or fourneau sphingerie
pourquoi l'étrangler pourquoi
après le coup de foudre la marche militaire éclatera
mon désespoir tube en fer d'étain mais pourquoi
pourquoi alors?
ainsi ainsi toujours mais le chemin
tu dois être ma pluie mon circuit ma pharmacie nu
mai plânge nu mai plânge veux-tu


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j'ai pris son goût un peu salin
et j'ai perdu ses voies secrètes
l'amour ouvert comme une tombe
tant d'hommes patients le portent en eux jusqu'à
la tombe
tant d'autres ombres
les plantes crispées et dans les herbiers tant d'autres
vies trop longues nuits
font tinter leurs rimes de délire
et tant d'autres et tant d'autres
qui saurait les lire et les redire
qui n'ont pu mourir ni vivre
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Dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du
Sang
Hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles tombés à l’intérieur de soi-même retrouvé
Les cloches sonnent sans raison et nous aussi

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Signal
extrait 2
  
  
  
  
je ne puis pas t'écrire
je suis trop sale du mélange de sommeil de suie
que le train a agité toute la nuit
dans la bouteille de la nuit
et pourtant les paysages juxtaposés aux solennelles indécisions des hanches
par mille détours de croupissantes ciselures te feraient comprendre
qu'entre l'amour et la maudite coïncidence
j'ai planté le grain de ton savoureux chagrin
mais nous sommes si éloignés de la chantante étreinte
qui unit à l'amitié la chair flexible de destins
les couloirs des wagons sont sales
les coussins se durcissent sous nos têtes comme nos têtes
et le pouvoir de celui qui nous envoie à travers le monde
en longues files d'orages migrateurs
dans les canots et ses trains de calcinants sortilèges
annonce l'éclipse des voix au thermomètre de nos veines
vois nos veines
chahutées basculées sursauts que la balance entraîne
mais quelle obscurité soudaine enlève les couleurs comme des chemises
leurs chemises
aux collines voluptueuses
la lumière de tes cheveux étouffe dans le tunnel et le tunnel
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Signal
extrait 1
  
  
  
  
Entre les trames bridées d'une robuste légende
mon vers hésite au-delà des pas
la route me happe à l'étincelant tournant
dans les mailles cahotantes où le mal engrenant
engloutit la clé de ma raison errante
malle vide abandonnée dans la brumeuse hôtellerie du sort
sur les routes — faut-il que je les parcoure toutes —
qui n'a pas encore trouvé sa dalle arrosoir de mélancolie
pourquoi t'ai-je quittée de la prodigieuse tristesse marquée
que tu guérisses aussi vite que la parole du lumineux est vraie
l'oiseau à ta trace accroché de nuit élaboré
tête de flèche a glissé plaintif archet le long du rail
la nuit a éteint la vive distance en berne
versant des seaux de terre entre nos éveils de flamme se dresse
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tu es en face des autres un autre que toi-même
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j’ai abandonné à ma tristesse le désir de déchiffrer les mystères
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ce ne sont pas des fleurs…



ce ne sont pas des fleurs qui montrent des égards
à prendre ou à laisser
ce ne sont pas des feuilles de neige
ce ne sont pas les mots qui lui feront ouvrir les pièges
et desserrer les proverbes où il s’est pris d’hiver
dans la moelle des gemmes
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remarques


femme étrange à double masque
courve blanche d'une danse obscène
viens près de moi seul accord
de membres las
opinions sans importance spéciale
bleu équivoque sang d'ébène
et le pourboire

cache ton désir
devant la mort à huit heures vingt
si je pouvais recommencer la
nuit ce matin
dieci soldi: voilà
mon âme

tu n'auras point ce soir
le dernier raffinement de ma
virilité
depuis longtemps j'ai surpassé
l'industrie mensongère
où tu traînes en ce moment ton
être de soleil putride

ainsi je passe tu passes comme
la mère l'enfant
lentement plus vite lentement
un après l'autre ou tous ensemble
œil de souteneur en or d'éternité
timide
disparaît
cloche d'un sentiment du rastaqouère
reine sage-femme
et c'est tout-à-fait dépourvu d'intérêt
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