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Citations de Véronique Ovaldé (783)


Imaginer ce que pensent les autres est le moyen le plus efficace de se faire des nœuds à la tête.
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Parfois les choses se délitent d'elles-mêmes. Ou disparaissent.
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Une ombre vit sur le visage de ceux qui ont perdu quelqu'un. L'ombre d'une plante grimpante. Elle croît à leur insu et, quand ils pensent que personne ne les surveille, elle baigne leurs traits d'absence, de gravité et de perplexité. C'est un démon discret qui habite leur visage. Il se cache dès que quelqu'un le regarde.
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Son culte de l'inertie l'avait souvent mis à la merci de la tyrannie et de la dépendance mais lui avait permis, ce qui pour Lancelot n'avait pas de prix, un lent et plaisant étiolement. C'était une agréable façon de vivre très légèrement à côté des choses. Une absence paisible aux autres.
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C'est qu'ils passèrent une grande partie de leur temps au lit.Comme une sorte de doigt d'honneur à Iazza, aux règles de Iazza, aux pères fondateurs et aux vieilles en noir qui détestent encore plus les femmes qu'elles ne détestent les hommes.Aïda était une fille qui ne voulait pas pleurer comme une fille, elle voulait pleurer comme un homme, elle disait ce genre de chose, elle avait seize ans, et c'est peut-être aussi ce qui lui plaisait chez Leonardo (...)


( p.276)
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Véronique Ovaldé
Elles eurent toutes six ans un jour ou l’autre sur cette île. Ce fut le meilleur moment de leur vie – sans doute parce qu’à six ans elles étaient trop égoïstes et comblées pour percevoir les ténèbres. Souvenez-vous de cet âge où la vue d’un lit vous donnait envie de faire du trampoline et pas du tout de vous y assoupir. Souvenez-vous de cet âge où vous faisiez huit fois le chemin qui menait à la plage parce que vous couriez devant les adultes et que vous reveniez sur vos pas pour aller les chercher comme un chiot impatient, et puis vous repartiez en sens inverse, et ils étaient si lents, si lourds et si bavards. Souvenez-vous de cet âge où jamais vous ne marchiez mais toujours sautilliez. Souvenez-vous de cet âge où construire un château de sable vous demandait un tel degré d’implication que vous étiez quasiment désespérée à l’idée de sa nature éphémère. Souvenez-vous de cet âge où vous aviez toujours raison même si vous étiez aussi peu expérimentée qu’un beignet, souvenez-vous, les adultes étaient incessamment tiraillés, quand ils vous parlaient ou vous regardaient, entre l’agacement et l’attraction (ne suis-je pas irrésistible, ne suis-je pas étonnante, ne te surprends-je pas à chaque instant, n’es-tu pas joyeux de me voir bouger et vivre et courir et m’agiter et lancer de petits bouts de phrases drôles et sans consistance ?). bouts de phrases drôles et sans consistance ?). Vous ignoriez que les mammifères sont programmés pour aimer leur progéniture et tout ce qui ressemble de près ou de loin à une progéniture de mammifère, ne les voyiez-vous pas s’extasier devant des chatons ou des bébés phoques, cela ne vous alertait pas, vous continuiez de sauter sur les lits et de danser en ayant l’impression d’être une ballerine, la grâce incarnée, la beauté absolue, et personne ne vous détrompait. Souvenez-vous de cet âge où vous aimiez tant que l’on vous chatouille, et vous riiez. De ce rire particulier, hoquetant, idéal, éphémère, un rire de plaisir pur, un modèle de rire, un rire qui disait, Je n’en ai pas assez, je n’en aurai jamais assez, je veux que ça continue toujours. L’impossibilité de revenir à cet âge. L’impossibilité paralysante de revenir à cet âge. Et vous deviniez déjà que plus on vieillit plus on se fossilise, plus on s’immobilise, plus on devient une excroissance osseuse qui a du mal à bouger, plus on devient une arthrose, ou un genou sans cartilage, et moins on aime sauter sur les lits et se faire chatouiller en hoquetant. Vous le deviniez mais ça ne vous arriverait jamais. Vous étiez quelqu’un de spécial, sans doute immortel, c’était impossible autrement.
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Peut-être aussi que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n’est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n’est désirable que parce qu’il est le jeu.
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Depuis quinze ans Aïda s’en tient aux faits. Les faits, en soi, sont sûrs et objectifs. La moralité des faits est une construction. Leur interprétation est un calcul. Leur interprétation est politique. La posture d’Aïda est relativement confortable si l’on ne souhaite pas une sociale très active. En tout cas c’est la manière la plus élégante, la moins indigne, qu’elle ait trouvée pour passer son petit moment sur Terre.
Au fond elle ressemble à un âne philosophe.
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Elle ignorait encore que les rêves sollicitent notre cerveau comme s'il devait résoudre un problème mathématique particulièrement épineux. Rien de reposant là- dedans. ( ...) Il n'y avait donc pas de repos pour elle.Uniquement une intense solitude.

( p.251)
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Aïda, grande soeur chien de berger, n'avait pas rempli son office.Et pour cela elle fut punie.
Même si elle n'avait que huit ans.Et que quelqu'un aurait dû le lui dire, quelqu'un aurait pu se charger de l'absoudre.
Plus que tout peut-être, ce fut la déception de ne plus jamais sentir sa main dans celle du Père qui la désempara.

( p.236)
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(...) elle parlait doucement, cependant c'était déjà trop, ses phrases étaient entrecoupées de silences, mais comme Salvatore ne prenait pas la parole, elle continuait, obscurément mal à l'aise, ne maîtrisant pas sa propre agitation, elle ne s'était jamais trouvée si longtemps près d'un homme silencieux à qui elle voulait plaire, et il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de celui qui écoute.

(p. 149)
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Disséminés dans la pièce, quelques bouquets de fleurs encore sous cellophane plongés dans des vases. "Encore" est inutile. Ce n'est pas qu'on a été négligent, c'est qu'on laisse les fleurs sous cellophane. ça fait cadeau. C'est une manie de pauvre (...)


(p. 109)
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Le carnaval parle du courage et de la peur.


(p. 136)
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(...) elle lui avait dit, Tu es si généreux, il avait cru à un hommage, un compliment, mais elle avait ajouté, C'est que tout don engendre une dette (...)


(p. 230)
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Elle a fait un détour par la maison-du-bas.La maison penche un peu comme si elle était déçue ou mal à l'aise.Personne ne s'en occupe plus (...)
Malgré son état, la maison donne une impression de permanence.(...) Je suis morte et ruinée mais je suis là. Pourquoi les maisons désertées ressemblent-elles à des
squelettes ?
(...)D'ailleurs comment une maison survit-elle au départ ou à la mort de ses habitants ?


( p.191)
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(...) c'est étonnant, les lois qui régissent les relations entre les humains voudraient que Silvia ait fini par ressembler à son mari, on a tous remarqué ces vieux couples qui ont l'air d'un frère et d'une soeur, ou d'une seule entité, leur visage, leur posture, leur intonation, leur grammaire, ils ont inventé un langage, et quand le couple n'existe plus, si l'un des deux éléments disparaît, la langue devient une langue morte, plus personne ne la parlera, l'hydre devient boiteuse et muette.

( p.196)
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(...) elle trouvait Salvatore beau et elle prit son caractère taciturne pour du calme et de la pondération.
Alors qu'elle eût dû deviner qu'il était tout sauf un homme calme.Bien au contraire un homme inquiet et secrètement insatisfait.


( p.150)
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Silvia savait bien, elle, que son époux était un sédentaire, une pierre de lave, et que seul ou accompagné il ne serait jamais reparti, et lui aussi le savait, c'est ça le plus terrible, oh mon Dieu tous ces hommes moroses et insatisfaits, amers et irrités autant par les autres que par eux-mêmes. Quitter ses montagnes et son volcan et débarquer à Iazza avait été la plus grande aventure de sa vie, mais il parlait quand même, lorsqu'il parlait, des guerres et des carrières qu'il aurait menées si on ne l'en avait pas empêché.


( p.135)
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Les vieilles pour Silvia, ça avait toujours été des grands-mères à moustache se massant les varices, un fichu sur la tête, leurs pieds pareils à des ceps de vigne crevassés , le dos bossu à force de potager.Alors que cette vieille- là, avec sa chevelure éclatante et ses bagouses et sa gouaille affectée, était devenue assez vite la Demoiselle.

( p.114)
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Aïda s'approche de la porte-fenêtre
à côté de l'évier. Elle donne sur le jardin de derrière. Il n'est pas très bien entretenu. Mais c'est une touchante insoumission, les herbes folles sont folles et piquetées de fleurs jaunes, le puits disparaît sous les buissons de myrte, les oliviers arthritiques sont presque blancs, les feuilles clignotent dans la brise. Aïda ouvre la porte-fenêtre et respire l'odeur de cette friche, ça sent la poussière et le miel, ça bourdonne et frémit doucement, ça l'accueille.


( p.90)
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