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Citations de Véronique Ovaldé (781)


J' éprouvais un vertige indéfinissable en me servant de ce service à thé microscopique, je me sentais absolument désespérée comme si je me trouvais devant ma propre incapacité à être en adéquation avec le monde et je me délectais de ce déchirement. P.37
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Elle pensait à son cœur d'adolescente criblé de balles. Et elle comprit que Lili avait définitivement disparu quand elle cessa enfin après tant d'années de lui parler chaque matin alors qu'elle enfourchait son scooter, quand la petite voix dans sa tête arrêta de discuter et de justifier et d'argumenter, et quand sa grande colère et son grand chagrin s'effilochèrent pour ne devenir que les vagues cumulus d'un ciel de traîne.
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Jo ne pouvait pas être jalouse de la beauté de son amie. Car c'était comme quelque chose de contagieux. Elle était heureuse de se promener aux cotés de Lili et de surprendre les regards qui se tournaient vers elle. Parce que c'était avec elle que Lili se promenait et avec personne d'autre.
Jo avait toujours aimé aller chez Lili. Voir sa propre maison depuis le jardin de son amie lui donnait un sentiment d'étrangeté qui la ravissait. C'était comme de surprendre son reflet dans un miroir et de ne pas se reconnaître. Tenter de deviner à quoi l'on ressemblerait et quel effet on produirait si l'on n'était pas soi.
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Vous pouvez être un ancien enfant voyant mexicain et ne rien voir venir. Il n'y a pas de secret, cher Hernan, quand on se sert trop peu souvent de ses talents (horlogers ou voyants ou quels qu'ils soient), ils ne peuvent que finir par s'émousser.
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Qu'il était doux d'avancer à petits pas et, avant même de se faire confiance soi-même, de savoir que quelqu'un ici-bas vous faisait confiance. Même si c'était seulement votre mère.
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Parce qu'au fond, c'était peut-être ça l'enfance: avoir du mal à se caractériser et se contenter d'écouter ses parents qui disent aux autres parents, Oh il est très travailleur, ou alors, C'est un carnivore, puis s'appliquer à être travailleur ou carnivore, en passer parfois par de l'astrologie en pensant que peut-être jour et heure de naissance seront révélateurs. Sommes-nous velléitaires ou têtus? Fidèles ou désinvoltes? C'est comme d'essayer plusieurs signatures avant d'en trouver une satisfaisante ou de changer d'écriture en cours d'année scolaire (rond à la place des points sur les i? penchement à gauche ou penchement à droite?).
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On ne perd qu'une chose dans sa vie, continuellement, se dit-elle. On retrouve cette chose, quelle qu'elle soit, une sensation, un menu plaisir, un espoir, on retrouve son écho et on la reperd indéfiniment. Elle a parfois l'impression de se dissiper dans l'atmosphère. Là elle devient une nuée de particules qui se dispersent au-dessus des voyageurs, c'est une pensée consolante après cette morne journée, une nuée de particules rêvant de grec ancien et de salon de thé.
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On aime que les choses ne viennent pas petit à petit- que ce soit dans leur débâcle ou dans leur épanouissement. On aime un coup de tonnerre, un début précis, une rencontre particulière, un virage crucial. On aime les rémissions spontanées et les changements de cap.
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Aïda se demande comment sa mère passe de "votre père" à "ton père", si cela a un sens, puis elle se dit qu'il faut cesser de chercher un sens à toutes les choses, la surinterprétation est un piège, il faut que se taise le commentaire ininterrompu, parasitaire et partisan que son cerveau produit. Elle soupire. Elle n'a pas la moindre idée de la façon dont elle pourrait s'y prendre pour faire taire sa petite voix quand elle le souhaite.
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(...) le pouvoir, comme chacun devrait le savoir, ne peut être entre les mains que d'un seul. La colère est une pente glissante, au même titre que la sauvagerie. Quand on est en colère, on se retrouve avec cette unique focale pour voir les choses. Excepté s'il y a deux petites personnes qui sont comme un remède temporaire à votre mystérieuse rage.
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[...] l'immémorable chagrin des filles qui ne sont ni des gars, ni des jolies, ni des intéressantes
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Aïda s'est dit longtemps que c'était peut-être ce qui était arrivé à sa petite soeur Mimi quand elle avait disparu. Mimi était bien revenue là où elles avaient confenues de se retrouver mais entretemps le monde avait totalement changé. Il y avait eu un glissement et Mimi était depuis lors coincée dans un lieu qui n'avait plus la même perspective ni les mêmes coordonnées que le monde connu.
De toute façon, puisqu'on n'avait jamais retrouvé Mimi, il n'y avait pas d'autre explication. Il n'y en avait jamais eu.
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Il y avait du brouillard en février à Iazza. Il tombait très tôt dans l'après-midi et ne disparaissait qu'en fin de matinée, le lendemain. Ne filtrait un peu de lumière que vers midi. Mais le plus souvent il faisait gris et on ne voyait pas à dix mètres durant la journée, ni à trois mètres la nuit. Si cette situation obligeait les bateaux à demeurer au mouillage, cela n'empêchait pas les habitants de Iazza de fêter le carnaval comme il se devait. Le brouillard favorisait les excès. La fumée blanche des encensoirs avec leur cliquetis envoutant se mêlait à la brume et aux tourbillons de fumée des rôtissoires. Les cortèges se suivaient, odorants et vociférants. Ça sentait la bière, la cannelle et aussi le maquereau grillé. On pouvait ne pas dormir pendant quatre jours et trois nuits grâce à l'herbe de Mandarana. Personne n'était en reste. Même les vieilles étaient fêtées, on les maquillait, on les costumait et on les portait sur des chaises juchées sur les épaules de célibataires mâles, des chaises si ouvragées qu'on aurait cru des châsses de saintes, de petites cathédrales d'or. C'était le seul moment de l'année où tout s'entrelaçait.
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Alors Paloma a dû ressentir ce pincement spécial que ressentent tous les enfants quand ils se rendent compte que leurs parents leur étaient inconnus, qu'ils avaient une vie sexuelle, des désirs, des secrets ou des envies de mort volontaire, c'est un pincement spécial qui les accuse d'avoir été inattentifs et égocentrés, c'est un pincement jaloux et consterné.
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Il regarde ses affaires: s'en tenir à l'exact nécessaire. Tout est ramassé. Comme une injonction bienveillante à la sobriété et au travail. Bienveillante car Leonardo n'est ni un obsessionnel - de ceux qui aiment s'imposer des contraintes- ni un mouton, féru de sujétion. Il faudrait voir ce changement de vie comme une ascèse choisie. Peut être une transition.
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Mimi s'est sauvée, volatilisée, c'est magique, comment vont-elles vivre tant d'années dans ce mystère, peut-être vont-elles traverser toutes ces années en brasse coulée, parfaitement immergées, c'est un trou dans leur histoire, et on ne parle pas des trous, c'est tacite et parfait, on peut longtemps oublier les trous, il y en a un sur le couvre-lit, on l'agrandit chaque soir en y glissant le doigt, sans y penser, et à un moment donné il n'y a plus de couvre-lit, elles vont vivre des années sans parler de ce qui est arrivé là nuit du carnaval...
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Il faut dorénavant s'attacher aux choses minuscules, aux figures des lézardes sur le sol, à la tramontane qui fait ondoyer le faîte des arbres, aux carreaux froids et bleus de la cuisine, aux draps blancs en coton si usé qu'on croirait des ailes de libellule, aux ravines remplies de poussière derrière les meubles, au mouvement des nuages....il faut s'attacher aux détails, parce que leur multitude, avec un peu de chance, fera apparaître un grand motif plein de sens.
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Elle cherchait continuellement la bagarre. La colère montait et trouvait sa justification, elle s'exposait, puis semblait disparaître. Cependant, elle était toujours là, embusquée. Chaque matin Gloria se disait. Aujourd'hui je ne me mettrai pas en colère. Et chaque jour, elle échouait. Que fait-on d'une colère que l'on garde toujours en soi ?
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Elle [Gloria] les avait toujours considéré comme des trésors. Mais il est certain que chacun de nous pense que ses rêves sont des pépites remarquables _ et c'est sans doute pour cette raison qu'on assomme nos partenaires en les leur révélant au petit matin...
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Elle pouvait vivre avec l'absence de son père comme si elle avait endossé chaque matin un châle transparent fait de son émotion, ou bien un habit qu'elle aurait été la seule à voir scintiller, un habit qui aurait été incroyablement léger mais solide, une cote de la maille la plus fine qui l'aurait protégée comme une armure invisible.
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