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Citations de Victoire de Changy (75)


Le vêtement : une peau à choisir à défaut d'avoir pu convenir de la sienne, me dit Florence, et j'acquiesce. M'est d'ailleurs venue plusieurs fois l'idée que si j'avais pu avoir le physique que j'idéalise, conception hasardeuse et influencée, si j'avais pu avoir le visage constellé d'éphélides, des yeux vairons, des cheveux épais, très longs, marron et raides, un nez aux arêtes marquées, un menton en angle droit avec mon cou et une bouche immense, alors, et seulement alors, je pourrais me contenter d'un uniforme composé d'un jean et d un t-shirt blanc. En ce sens, un vêtement à forte personnalité m'est une sorte de réparation, ou de remplacement, un accord avec moi-même, une façon de me plaire malgré et d'espérer, mais c'est franchement secondaire, plaire à l'autre aussi.
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Tala a vingt ans, mais Tala en a cent. Elle les a toujours eus.
C’est comme ça quand on est l’aînée d’une imposante fratrie, aux parents pas bien riches mariés trop jeunes et las trop tôt. C’est comme ça quand on est l’aînée d’une imposante fratrie aux parents pas bien riches mariés trop jeunes et las trop tôt dans un pays qui a fait sa révolution sans être fichu d’attendre que l’on soit née. Et où la liberté reste un concept formellement abstrait, comme ailleurs. Comme ailleurs, mais en Iran c’est autre chose. C’est explicite, c’est formulé et articulé, on vous le fait comprendre à voix haute :
Vous
N’êtes
Pas libre.
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Qu'un miracle survienne à travers lui, et qu'il subvienne à nos miracles. Voilà bien ce que l'on attend, ce que j'attends, moi, d'un vêtement.
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Ce message ça fait soixante-six fois que Tala l’écoute, à genoux nus sur le tapis épais de sa chambre, l’oreille collée au répondeur comme à un coquillage pour y entendre la mer. L’oreille collée au répondeur pour y entendre sa mère. La voix veloutée de sa mère, qui a disparu en tête de cordée avec la maladie. La mort de la voix de sa mère, largement devant celle de ses gestes et loin devant celle de ses yeux.
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Tala s'est mariée à seize ans, avec un garçon qui, dès l'enfance, traînait dans ses pattes. Pas vraiment un cousin, pas un voisin non plus, elle n'a jamais trop su. Quand ils ont eu l'air de tendre vers l'âge adulte, quand seins d'un côté et barbe de l'autre ont commencé à poindre, le père de Tala a pris la main de Tala et l'a mise dans celle du garçon. La main du garçon était à la fois rêche et moite et Tala n'a pas aimé la sensation. Si la mère de Tala avait pu dire alors, elle l'aurait fait pour sûr. Mais la mère de Tala avait déjà perdu la voix et on n'avait rien voulu savoir de ses sourcils froncés.
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Elle pense puis renonce à prendre des médicaments. Ma douleur ne m'orbitera pas autour, elle dit, elle me roulera dessus puis passera son chemin. Elle dit ma douleur, elle est ce qu'il lui reste, elle lui appartient.
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Je veux apprendre
et réapprendre
à avoir peur
et à attendre.
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Les yeux de Tala sont des yeux qui ont vu. Très vite je me dis : je voudrais voir aussi.
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Les vagues du Golfe sont entrées dans nos ventres.
Tala, la bouche toujours en moi, jouit. Et parce qu'elle jouit, Tala crie.
Tala crie puissamment à l'intérieur de moi. Son cri s'immisce et ricoche sur mes os, remonte jusqu'à ma gorge et sort de ma bouche lorsque je jouis à mon tour.
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Bijan, Tala et moi entrons dans la foule. Celle-ci, pas une seconde troublée des trois corps ajoutés, continue à être foule sans nous dévisager.
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Le carnet du dedans, noirci aussi de poèmes et de considérations métaphoriques sur la douleur, ne nous informera pas beaucoup plus. Ou peut-être le fait-il à notre insu et nous laissons-nous faire sans apprêt.
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Nous cherchons toutes et tous, chercherons toujours toutes et tous, qui nous sommes, qui nous souhaitons avoir l'air d'être, et ces évolutions, ces tentatives renouvelées chaque jour, il me semble qu'elles font partie de ce qui nous tient en vie.
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Quand j'étais très enceinte de lui, et jusqu'à pratiquement un an après sa naissance, j'ai arrêté de m'habiller autrement que par praticité ; d'abord parce qu'il fallait trouver des choses dans lesquelles mon ventre saillant pouvait se glisser sans trop investir, ni financièrement ni intellectuellement, dans ce vêtement qui m'apparaissait d'usage uniquement. Après sa naissance, il fallait des vêtements faciles à enfiler et à enlever, pour pouvoir l'allaiter, pour être vêtue rapidement, manquant de temps et d'énergie pour y réfléchir. L'effacement de soi propre à la maternité, connu mais tu, douloureux mais consenti, passe aussi par ce vêtement que, longtemps, l'on passe sans qu'il nous porte.
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Où s’en va ce que l’on ne dit pas ? Où est-ce que ça va se loger ? Est-ce que ça fait des petits, est-ce que ça fleurit, est-ce que ça pourrit ?
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Le temps ramassé a, lui rappelle-t-il, son fond d’avantages : on n’a pas le temps de s’apitoyer sur nous-mêmes, de râler, d’être de mauvais poil, de n’avoir rien à se dire à table, de se lasser du corps de l’autre. On a toujours un paquet de choses à se raconter, et comme on a peu de temps devant nous, on en a encore du stock pour la fois d’après.
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Le corps de Nour, aujourd'hui, ne se nourrit plus du mien. Il y a quelque chose qui, physiquement, se délie. Chacun rentre dans son enveloppe, Nour la sienne toute à construire, à étirer, moi dans la mienne, étirée, à rencontrer.
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Comment tu te sens à mes côtés, elle lui demande. Toujours il lui rétorque un même discours, qui tient en un mot, deux syllabes : Trou-vé.
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…son entourage n’est pas dupe de ce qui lui arrive. Et qu’encore une fois, quand ça ne va pas, elle répète ouais ça va ça va ça va, s’empêchant d’aller pleurer sous des jupes. Elle se dit parfois que ces choses-là qu’elle retient au-dedans d’elle et qui lui brûlent la bouche depuis un temps déjà finiront par la consumer de l’intérieur, de faire du monde sous sa peau une zone sinistrée.
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Les histoires contrariées rendent plus inventifs que jamais.
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Il demande ça va ? un peu fort, il parle toujours haut et fort, il est sourd de l’oreille gauche. Il ne s’excuse jamais mais se justifie toujours, disant ma surdité, elle me rend sonore.
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