Citations de Victor Hugo (8735)
Je viens de faire mon testament.
À quoi bon? Je suis condamné aux frais, et toit ce que j'ai y suffira à peine. La guillotine, c'est fort cher.
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l'ai vue pour la dernière fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes sans fils, sans mari, sans père ; trois orphelines de différente espèce ; trois veuves du fait de la loi.
Chacun rêve l'inconnu et l'impossible selon sa nature
Oh! quelle misère! La destinée peut-elle donc être méchante comme un être intelligent et devenir monstrueuse comme le coeur humain!
Et, quoi qu'il fît, il retombait toujours sur ce poignant dilemme qui était au fond de sa rêverie: – rester dans le paradis, et y devenir démon! rentrer dans l'enfer, et y devenir ange!
Première partie - Fantine
Livre septième.
Chapitre III
Une tempête sous un crâne
Qui n'est pas libre, n'est pas homme.
"La musique, c'est du bruit qui pense."
Personne dans cette foule ne fit attention à lui. Tous les regards convergeaient vers un point unique, un banc de bois adossé à une petite porte, le long de la muraille à gauche du président. Sur ce banc il y avait un homme entre deux gendarmes.
Cet homme, c'était l'homme.
Il ne le chercha pas, il le vit. Ses yeux allèrent là naturellement, comme s'ils avaient su d'avance où était cette figure.
(...)
Et par un jeu tragique de la destinée qui faisait trembler toutes ses idées, et le rendait presque fou, c'était un autre lui-même qui était là ! Cet homme qu'on jugeait, tous l'appelaient Jean Valjean !
C'est une chose importune de se coucher sans souper ; c'est une chose moins riante encore de ne pas souper et de ne savoir où coucher. Gringoire en était là. Pas de pain, pas de gîte ; il se voyait pressé de toutes parts par la nécessité, et il trouvait la nécessité fort bourrue. Il avait depuis longtemps découvert cette vérité, que Jupiter a créé les hommes dans un accès de misanthropie, et que, pendant toute la vie du sage, sa destinée tient en état de siège sa philosophie. Quant à lui, il n'avait jamais vu le blocus si complet ; il entendait son estomac battre la chamade, et il trouvait très déplacé que le mauvais destin prît sa philosophie par la famine.
Les mots manquent aux émotions.
Quel moissonneur de l'éternel été
Avait en s'en allant négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles ?
( " Booz endormi"- " "La légende des siècles")
Tu es l'idée qui me gonfle le coeur, l'image délicate et lumineuse qui charme mes jours et qui trouble mes rêves...la beauté que je contemple dans la sphère idéale...l'émanation,le magnétisme, le sourire, le regard nécessaire à ma pensée et à ma vie.
Lettre à Léonie Biard
Il y a des moments où un bout de corde, une perche, une branche d'arbre, c'est la vie même, et c'est une chose affreuse de voir un être vivant s'en détacher et tomber comme un fruit mûr.
Amour ! Loi, dit Jésus. Mystère, dit Platon.
Sait-on quel fil nous lie au firmament ? Sait-on
Ce que les mains de Dieu dans l' immensité sèment ?
Est-on maître d' aimer ? Pourquoi deux êtres s' aiment,
Demande à l' eau qui court, demande à l' air qui fuit,
Au moucheron qui vole à la flamme la nuit,
Au rayon d' or qui vient baiser la grappe mûre !
Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
Je ne suis pas en train de parler d' autres choses.
Premier mai ! L' amour gai, triste, brûlant, jaloux,
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;
L' arbre où j' ai, l' autre automne, écrit une devise,
La redit pour son compte et croit qu' il l' improvise ;
Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur,
Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ;
L' atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine
Des déclarations qu' au Printemps fait la plaine,
Et que l' herbe amoureuse adresse au ciel charmant .
Les emportements des hommes comme Phoebus sont des soupes au lait, dont une goutte d'eau froide affaisse l'ébullition.
Vous me manquez, je suis absente de moi-même.
Ce silence du soir.
Ce n'est pas le silence.Ecoute ! Tout est noir,
La nuit obscure fait toute chose pareille,
Le ciel verse un repos immense; pour l'oreille
Tout bruit a cessé.L'âme entend en ce moment
Une foule de voix sortir confusément
De cette ombre en disant des choses inconnues.
Il me semble que les eaux, les plaines et les nues
Sont pleines de secrets qu'elles vont révéler,
Et dès que tout se tait, tout commence à parler.
Je sais que c'est la coutume
D'adorer ces nains géants
Qui, parce qu'ils sont écumes,
Se supposent océans [...]
( Livre II, XVIII )
- Savez-vous ce qu'est l'amitié ? demandat-t-il.
- Oui, répondit l'égyptienne. C'est être frère et soeur, deux âmes qui se touchent sans se confondre, les deux doigts de la main.
- Et l'amour ? poursuivit Gringoire.
- Oh ! l'amour ! dit-elle, et sa voix tremblait, et son oeil rayonnait. C'est être deux et n'être qu'un. Un homme et une femme qui se fondent en un ange. C'est le ciel.
Théodule était, nous croyons l'avoir dit, le favori de la tante Gillenormand, qui le préférait parce qu'elle ne le voyait pas. Ne pas voir les gens, cela permet de leur supposer toutes les perfections.
- Quelque cotillon -
Quand il tira cet enfant du sac, il le trouva bien difforme en effet. Le pauvre petit diable avait une verrue sur l’œil gauche, la tête dans les épaules, la colonne vertébrale arquée, le sternum proéminent, les jambes torses ; mais il paraissait vivace ; et quoiqu’il fût impossible de savoir quelle langue il bégayait, son cri annonçait quelque force et quelque santé. La compassion de Claude s’accrut de cette laideur ; et il fit vœu dans son cœur d’élever cet enfant pour l’amour de son frère, afin que, quelles que fussent dans l’avenir les fautes du petit Jehan, il eût par-devers lui cette charité, faite à son intention. C’était une sorte de placement de bonnes œuvres qu’il effectuait sur la tête de son jeune frère ; c’était une pacotille de bonnes actions qu’il voulait lui amasser d’avance, pour le cas où le petit drôle un jour se trouverait à court de cette monnaie, la seule qui soit reçue au péage du paradis.
Il baptisa son enfant adoptif, et le nomma Quasimodo, soit qu’il voulût marquer par là le jour où il l’avait trouvé, soit qu’il voulût caractériser par ce nom à quel point la pauvre petite créature était incomplète et à peine ébauchée. En effet, Quasimodo, borgne, bossu, cagneux, n’était guère qu’un à peu près.