Citations de Victor Hugo (8738)
Don Ricardo,
Ecoutez l'histoire que voici:
Trois galants, un bandit que l'échafaud réclame,
Puis un duc, puis un roi, d'un même cœur de femme
Font le siège à la fois. L'assaut donné, qui l'a ?
C'est le bandit.
![](/couv/sm_C_Lhomme-qui-rit_2085.jpg)
On a aperçu une étoile au fond des espaces. On l'a admirée. Elle est si loin ! Que craindre d'une étoile fixe ?
Un jour - une nuit - on la voit se déplacer. On distingue un frisson de lueur autour d'elle. Cet astre, qu'on croyait impassible, remue. Ce n'est pas l'étoile, c'est la comète. C'est l'immense incendiaire du ciel. L'astre marche, grandit, secoue une chevelure de pourpre, devient énorme. C'est de votre côté qu'il se dirige. O terreur, il vient à vous ! La comète vous connaît, la comète vous désire, le comète vous veut. Épouvantable approche céleste. Ce qui arrive sur vous, c'est le trop de lumière, qui est l'aveuglement ; c'est l'excès de vie, qui est la mort. Cette avance que vous fait le zénith, vous la refusez. Cette offre d'amour du gouffre, vous le rejetez. Vous mettez votre main sur vos paupières, vous vous cachez, vous vous dérobez, vous vous croyez sauvé. Vous rouvrez les yeux… L'étoile redoutable est là. Elle n'est plus étoile, elle est monde. Monde ignoré. Monde de lave et de braise. Dévorant prodige des profondeurs.
Elle emplit le ciel. Il n'y a plus qu'elle. L'escarboucle du fond de l'infini, diamant de loin, de près est fournaise. Vous êtes dans la flamme. Et vous sentez commencer votre combustion par une chaleur de paradis.
O Virgile, ondoyait dans l'ombre et le soleil ;
Ses petits doigts allaient chercher le fruit vermeil,
Semblable au feu qu'on voit dans le buisson qui flambe.
Je montais derrière elle ; elle montrait sa jambe,
Et disait : "Taisez-vous !" à mes regards ardents ;
Et chantait. Par moments, entre ses belles dents,
Pareille, aux chansons près, à Diane farouche,
Penchée, elle m'offrait la cerise à sa bouche ;
Et ma bouche riait, et venait s'y poser,
Et laissait la cerise et prenait le baiser.
Tandis que ton bras fort pioche, laboure et bêche,
Ils te trahissaient, peuple, ouvrier souverain
Ils m'ont amené dans une cellule où il n'y a que les quatre murs, avec beaucoup de barreaux à la fenêtre et beaucoup de verrous à la porte, cela va sans dire.
J'ai demandé une table, une chaise, et ce qu'il faut pour écrire. On m'a apporté tout cela.
Puis j'ai demandé un lit. Le guichetier m'a regardé de ce regard étonné qui semble dire : À quoi bon ?
Cependant ils ont dressé un lit de sangle dans le coin. Mais en même temps un gendarme est venu s'installer dans ce qu'ils appellent ma chambre. Est-ce qu'ils ont peur que je ne m'étrangle avec le matelas ?
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins. (...)
Paris. - 31 Décembre 1848. Minuit
Les Châtiments (1853)
.
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c'était un esprit avant d'être une femme.
(...) tout rentra dans cette espèce de calme qu'on appelle l'ordre. Mais les yeux étaient pleins de vengeance, et les poings des misérables se crispaient sur leurs genoux.
....... Fleur-de-Lys l’aimait, il était son fiancé, elle était seule avec lui, son ancien goût pour elle s’était réveillé, non dans toute sa fraîcheur, mais dans toute son ardeur ; après tout, «ce n’est pas grand crime de manger un peu son blé en herbe»
Le souvenir, c'est la présence invisible.
(Océan prose)
Le monologue est la fumée des feux intérieurs de l'esprit.
Oh ! de mon ardente fièvre
Un baiser peut me guérir.
Laisse ma lèvre à ta lèvre
S'attacher pour y mourir.
Ta bouche, c'est le ciel même.
Mon âme veut s'y poser.
Puisse mon souffle suprême
S'en aller dans un baiser !
Mon bras pressait ta taille frêle
Et souple comme le roseau ;
Ton sein palpitait comme l'aile
D'un jeune oiseau.
Longtemps muets, nous contemplâmes
Le ciel où s'éteignait le jour.
Que se passait-il dans nos âmes ?
Amour ! Amour !
Comme un ange qui se dévoile,
Tu me regardais, dans ma nuit,
Avec ton beau regard d'étoile,
Qui m'éblouit.
"J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
leur morne souhait;
Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens;
Parce qu'elles sont prises dans leur oeuvres;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.
Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !
Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,
Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour ! "
Dieu qui sourit et qui donne
Et qui vient vers qui l'attend,
Pourvu que vous soyez bonne,
Sera content.
Le monde où tout étincelle,
Mais où rien n'est enflammé,
Pourvu que vous soyez belle,
Sera charmé.
Mon cœur, dans l'ombre amoureuse
Où l'enivre deux beaux yeux,
Pourvu que tu sois heureuse,
Sera joyeux.
Le sens révolutionnaire est un sens moral.
Alors, dans l'absolu que l'Être a pour milieu,
On entendit sortir des profondeurs du verbe
Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe
Encor vague et flottant dans la vaste clarté,
Fit tout à coup éclore un astre: _ Liberté.
(hors la terre II- La plume de Satan)
En attendant on meurt, et ceux qui meurent laissent derrière eux ceux qui pleurent. Patience. On n’est que précédé. Il est juste que le soir vienne pour tous. Il est juste que tous montent l’un après l’autre recevoir leur paye. Les passe-droits ne sont qu’apparents. La tombe n’oublie personne.
Tu aurais fait, si tu l'avais pu, un trophée de ma tête ; maintenant tu t'estimerais heureux que je voulusse de toi pour valet de chambre. Non ! non ! j'ai plus de soin de ton honneur que toi-même ; je ne te ferai pas cet affront. Prépare-toi à mourir.
Vous ignorez peut-être qu'il existe parmi les noirs de diverses contrées de l'Afrique des nègres, doués de je ne sais quel grossier talent de poésie et d'improvisation qui ressemble à la folie. Ces nègres, (...) on les appelle griots.