AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Dominique Peyrache-Leborgne (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080711526
587 pages
Flammarion (15/10/2003)
3.81/5   18 notes
Résumé :
La vieille édition de "William Shakespeare" a un statut particulier dans nos bibliothèques.

Pour le contexte d’écriture, d’abord : arrivant dans son exil de Guernesey, accueilli par l’Angleterre, il contemple la mer tandis que son fils traduit Shakespeare.

Et pour parler de Shakespeare, ce dont il va parler c’est de la création poétique elle-même. Et d’abord en élargissant le cercle : à ce niveau, la création est a-historique : dans le ... >Voir plus
Que lire après William ShakespeareVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le fils de Hugo, s'apprêtant à publier en français des oeuvres de Shakespeare, a demandé à son père d'en écrire une courte préface. le résultat est un essai de quelques centaines de pages explorant la nature même du génie. Bien trop long pour une préface, évidemment.

En fait, c'est à peine si l'essai "William Shakespeare" parle de Shakespeare. On y aborde l'art, son histoire et sa nature. Très intéressant pour quiconque veut en savoir plus sur la philosophie de Hugo. Il y reprend les thèses qu'il a développées dans sa Préface de Cromwell dans une version ici plus complète, plus mature.

La partie la plus intéressante pour le lecteur contemporain est un long exposé sur les statues et autres hommages érigés à la mémoire des figures historiques. C'est un débat qui revient souvent de nos jours. Devrions-nous déboulonner ces artistes/politiciens/militaires dont l'oeuvre a mal vieilli, qui ne répondent pas à l'évolution des normes morales?

La réponse de Hugo est un "Oui" retentissant. Déboulonnons-les tous!

Pour lui, on n'érige pas une statue à un homme, mais à une idée, et les idées que l'on décide d'honorer doivent briller comme des phares dans la nuit. Une nation ne devrait jamais chercher à élever un homme en lui bâtissant un tel hommage, elle devrait chercher à s'élever elle-même en honorant un symbole dont elle s'espère digne. Elle doit mettre de l'avant des valeurs plus grandes qu'elle, et s'efforcer d'en être digne.

En ce sens : Napoléon, César et Alexandre peuvent bien être oubliés. Leur mérite vient du sang qu'ils ont versé.

Shakespeare, par contre, n'est pas un homme. C'est un idéal. L'Angleterre ne lui rend pas hommage en affichant son buste. Elle s'enorgueillit d'avoir pu donner naissance à son génie.
Commenter  J’apprécie          400
Hugo en plus de 500 pages parlant de Shakespeare, de lui-même en exil, du génie, de tout, on est dans l'immense
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Shakespeare, dit Forbes, n’a ni le talent tragique ni le talent comique. Sa tragédie est artificielle et sa comédie n’est qu’instinctive. » Johnson confirme le verdict : « Sa tragédie est le produit de l’industrie et sa comédie le produit de l’instinct. » Après que Forbes et Johnson lui ont contesté le drame, Green lui conteste l’originalité. Shakespeare est « un plagiaire » ; Shakespeare est « un copiste » ; Shakespeare « n’a rien inventé » ; c’est « un corbeau paré des plumes d’autrui » ; il pille Eschyle, Boccace, Bandello, Hollinshed, Belleforest, Benoist de Saint-Maur ; il pille Layamon, Robert de Glocester, Robert Wace, Pierre de Langtoft, Robert Manning, John de Mandeville, Sackville, Spencer ; il pille l’Arcadie de Sidney ; il pille l’anonyme de la True Cronicle of King Leir ; il pille à Rowley, dans The troublesome reign of King John (1591), le caractère du bâtard Falconbridge. Shakespeare pille Thomas Greene ; Shakespeare pille Dekk et Chettle. Hamlet n’est pas de lui ; Othello n’est pas de lui ; Timon d’Athènes n’est pas de lui ; rien n’est de lui. Pour Green, Shakespeare n’est pas seulement « un enfleur de vers blancs », un « secoue-scènes » (shake-scene), un Johannes factotum (allusion au métier de call-boy et de figurant) ; Shakespeare est une bête féroce. Corbeau ne suffit plus, Shakespeare est promu tigre. Voici le texte : Tyger’s heart wrapt in a player’s hyde. Cœur de tigre caché sous la peau d’un comédien (A Groatsworth of wit, 1592).
Commenter  J’apprécie          90
Un génie est un accusé.

Tant qu’Eschyle vécut, il fut contesté. On le contesta, puis on le persécuta, progression naturelle. Selon l’habitude athénienne, on démura sa vie privée ; on le noircit, on le calomnia. Une femme qu’il avait aimée, Planesia, sœur de Chrysilla, maîtresse de Périclès, s’est déshonorée devant l’avenir par les outrages qu’elle adressa à Eschyle publiquement. On lui supposa des amours contre nature ; on lui trouva, comme à Shakespeare, un lord Southampton. Sa popularité fut battue en brèche. On lui imputait à crime tout, jusqu’à sa bonne grâce envers les jeunes poètes qui lui offraient respectueusement leurs premières couronnes ; il est curieux de voir ce reproche reparaître toujours ; Pezay et Saint-Lambert le répètent au dix-huitième siècle :


Pourquoi, Voltaire, à ces auteurs
Qui t’adressent des vers flatteurs,
Répondre, en toutes les missives,
Par des louanges excessives ?



Eschyle, vivant, fut une sorte de cible publique à toutes les haines. Jeunes, on lui préféra les anciens, Thespis et Phrynichus ; vieux, on lui préféra les nouveaux, Sophocle et Euripide. Enfin, il fut traduit devant l’aréopage, et, selon Suidas, parce que le théâtre s’était écroulé pendant une de ses pièces, selon Elien, parce qu’il avait blasphémé, ou, ce qui est la même chose, raconté les arcanes d’Eleusis, il fut exilé, il mourut en exil.

Alors l’orateur Lycurgue s’écria : Il faut élever à Eschyle une statue de bronze.

Athènes, qui avait chassé l’homme, éleva la statue.

Ainsi Shakespeare, mort, entra dans l’oubli ; Eschyle, dans la gloire.
Commenter  J’apprécie          60
Homère, pour les grecs, était dieu ; il avait des prêtres, les Homérides. Un rhéteur s’étant vanté de ne jamais lire Homère, Alcibiade donna à cet homme un soufflet. La divinité d’Homère a survécu au paganisme. Michel-Ange disait : Quand je lis Homère, je me regarde pour voir si je n ’ai pas vingt pieds de haut. Une tradition veut que le premier vers de l’Iliade soit un vers d’Orphée, ce qui, doublant Homère d’Orphée, augmentait en Grèce la religion d’Homère. Le bouclier d’Achille, chant XVIII de l’Iliade, était commenté dans les temples par Danco, fille de Pythagore. Homère, comme le soleil, a des planètes. Virgile qui fait l’Enéide, Lucain qui fait la Pharsale, Tasse qui fait la Jérusalem, Arioste qui fait le Roland, Milton qui fait le Paradis Perdu, Camoëns qui fait les Lusiades, Klopstock qui fait la Messiade, Voltaire qui fait la Henriade, gravitent sur Homère, et, renvoyant à leurs propres lunes sa lumière diversement réfléchie, se meuvent à des distances inégales dans son orbite démesurée. Voilà Homère. Tel est le commencement de l’épopée.
Commenter  J’apprécie          60
Dans Shakespeare, les oiseaux chantent, les buissons verdissent, les coeurs aiment, les âmes souffrent, le nuage erre, il fait chaud, il fait froid, la nuit tombe, le temps passe, les forêts et les foules parlent, le vaste songe éternel flotte. La sève et le sang, toutes les formes du fait multiple, les actions et les idées, l'homme et l'humanité, les vivants et la vie, les solitudes, les villes, les religions, les diamants, les perles, les fumiers, les charniers, le flux et le reflux des êtres, le pas des allants et venants, tout cela est sur Shakespeare et dans Shakespeare, et, ce génie étant la terre, les morts en sortent.
Commenter  J’apprécie          71
Homère, Job, Eschyle, Isaïe, Ézéchiel, Lucrèce, Juvénal, saint Jean, saint Paul, Tacite, Dante, Rabelais, Cervantes, Shakespeare.

Ceci est l’avenue des immobiles géants de l’esprit humain.

Les génies sont une dynastie. Il n’y en a même pas d’autre. Ils portent toutes les couronnes, y compris celle d’épines.

Chacun d’eux représente toute la somme d’absolu réalisable à l’homme.

Nous le répétons, choisir entre ces hommes, préférer l’un à l’autre, indiquer du doigt le premier parmi ces premiers, cela ne se peut. Tous sont l’Esprit.
Commenter  J’apprécie          62

Lire un extrait
Videos de Victor Hugo (315) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor Hugo
Quatrième technique pour être sûr de convaincre lors de vos prises de parole : le storytelling. L'avocat Bertrand Périer vous apprend à utiliser cette arme déterminante, grâce à l'aide de deux experts parmi les experts en ce domaine : Victor Hugo et Barack Obama.
Dans cette saison 1 du podcast “Ma parole !”, l'avocat, Bertrand Périer vous apprend à apprivoiser les meilleurs outils de l'éloquence pour prendre la parole en public, défendre vos arguments lors d'un débat ou déclarer votre flamme.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-comment-convaincre-avec-bertrand-perier
#eloquence #discours #apprendre _____________ Retrouvez-nous sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
Et abonnez-vous à la newsletter Culture Prime : https://www.cultureprime.fr/
+ Lire la suite
Dans la catégorie : EssaisVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Essais (404)
autres livres classés : essais critiquesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (78) Voir plus



Quiz Voir plus

Victor Hugo (niveau facile)

Lequel de ces livres n'est pas de Victor Hugo ?

Les Misérables
Notre-Dame de Paris
Germinal
Les Contemplations

10 questions
1239 lecteurs ont répondu
Thème : Victor HugoCréer un quiz sur ce livre

{* *}