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Citations de Victor Pouchet (89)


C'était une évidence dont j'attendais qu'elle soit si explicitement formulée : j'avais la vie sur le bout de la langue.
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J'aime bien l'idée d'Avril de "l'option légère", de prendre face aux bouleversements la voie de la légèreté. Ce n'est pas du déni ou de la dérision, parce que la réalité de la catastrophe n'est pas effacée, mais c'est un angle face au réel. D'un coup, on regarderait les choses en se rendant compte qu'on n'y est pas complètement, qu'on peut les observer de biais, ave attention et douceur. On pourrait frôler le monde et ce serait déjà pas mal. Mais je ne sais pas bien comment on fait. (p. 110)
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25 octobre

Je repense à la conversation de dimanche avec Elias. Son rapport à l'invisible m'attire. Impression que derrière lui, il y a un autre monde. (p; 129)
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Il faut tellement d'acceptation de soi, des autres et de l'espace pour que ça marche un corps, que ça ne subisse pas le réel mais que les gestes l'habitent paisiblement, avec la bonne tension. Les animaux sauvages, eux ne connaissent pas la maladresse. Le léopard ne se pose pas la question de sa démarche, le vol de l'aigle n'est jamais ridicule, les sauts de chevreuil sont toujours coordonnés. Leur corps n'échappe jamais à leur contrôle alors qu'il me semble parfois qu'il faudrait toute une vie pour apprendre à ne pas rougir quand je cours dans la rue et à marcher tranquillement sur le chemin vers la mer. (p. 109)
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28 novembre

(...) La qualité du ciel ici réconcilie à vie avec le ciel, même si je n'ai jamais été fâchée avec lui. Le plaisir très particulier d'ouvrir une maison fermée pendant plusieurs mois, comme si on embrassait la belle au bois dormant. (p. 133)
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2 janvier
Pas vraiment d'avis sur les chiffres et les nouvelles années. mais j'aime bien ces moments et l'impression de page blanche, les voeux et les résolutions, quand elles sont à la bonne échelle. (...) J'adorais l'idée de remplir les pages petit à petit, de rendre le monde cohérent en y ajoutant des choses. (p. 141)
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Je le regarde d'abord en souriant mais tout d'un coup, je me dis que quelque chose ne va pas, je vois un être complètement bancal, j'ai l'impression de ne plus voir que ça. La maladresse qui me touche habituellement se met à me gêner pour lui et pour moi, comme si elle contaminait l'espace. Je ressens une forme de pitié étrange, désagréable. Puis ça passe. (p. 145)
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Il [jeune frère du narrateur ] continuait à parler en permanence. Ce n'était plus pour raconter des histoires mais pour faire des discours: c'est peut-être ça, sortir de l'enfance. (...)

Je n'ai sauvé ni ma mère, ni Ann, après. Mais peut-être que le grand accident m'a sauvé des sauveurs. (p. 115)
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Il me dit que tout le monde parle trop, les gens parlent trop de leur vie, sur les réseaux, dans la rue même au boulot, ça le rend dingue. Il dit : "La solution c'est pas de parler, c'est de déparler". Il insiste plusieurs fois sur le verbe. (p. 126)
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Autour du moi aujourd'hui, j'ai l'impression qu'une grande partie des gens sont déguisés en fin du monde, chacun arborant un costume différent: certains sont habillés en commerçants de ruines, d'autres en pilleurs de grains, quelques contemplatifs désespérés, des sauveteurs en haute mer, des survivalistes en appartement, des aveuglés volontaires, des éco-anxieux et des effondrés avant l'heure. Ils ont des discussions sur les massacres au Soudan, sur la montée des eaux, sur les armes à feu aux Etats-Unis, sur la disparition des oiseaux, sur l'intelligence artificielle, sur le chômage de masse, sur l'acidification des océans, ils s'inquiètent de l'égalité fiscale et des conflits sociaux, ils débattent et manifestent. Je les admire, c'est peut-être grâce à eux que le monde tourne, mais je ne sais pas comment ils font. Où trouvent-ils cette énergie pour s'indigner ? Comment réussissent-ils à se saisir des nouveaux drames qui s'ajoutent sans cesse aux anciens ? (p. 110)
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A certains moments je voudrais que toute cette enfance se détache, ces morceaux de moi qui ne sont plus moi (...)
Pendant toute une partie de mon enfance, j'ai voulu m'échapper, je guettais l'évasion, je sentais que tout ça n'était pas normal et qu'il fallait trouver le cheval le plus rapide pour fuir. (p. 113)
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J'aimais marcher dans la forêt avec mon père. Sur ces chemins, il parlait moins, ou alors ses discours qui d'habitude m'épuisaient me semblaient plus supportables. Peut-être est-ce une question d'horizon. Sa parole était espacée par la marche, dérivée par les arbres autour. (p. 91)
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Il (père du narrateur) parlait pendant des heures des animaux, qui avaient tant à nous apprendre. Un jour, il me dit qu'il fallait que je trouve quel était mon animal totem. (...)
Mon père me faisait vivre une sorte d'hypnose chamanique dont il venait d'apprendre le fonctionnement. Une fois entré en transe, il fallait faire venir les animaux à soi, les laisser délivrer leurs messages. (p. 103)
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J'ai l'impression qu'elle m'en veut de ne pas prendre la parole, de ne pas faire de grands récits habiles. Elle devient alors volubile, séduit tout le monde autour d'elle et je n'existe plus, je n'ose même plus la regarder. J'ai l'impression qu'elle veut m'effacer, comme si j'étais un animal bizarre qui traînait avec elle. Dans ces moments-là, je voudrais être véritablement chevreuil pour partir vite et loin.

il paraît que lorsqu'il y a des séismes, les chevreuils sentent longtemps avant les hommes que la terre tremble et qu'il faut fuir. S'ils sont près des côtes, ils vont se terrer dans l'intérieur des terres. (p. 105)
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Elle [la grand-mère ] me demandait si mon père me nourrissait comme il fallait, elle me posait plein de questions sur lui, sur ce qu'il faisait, sur la maison, sur ses consultations de magnétiseur. Je ne répondais pas à toutes ou du moins, je restais assez vague, car j'avais un peu honte. Dans ces moments-là, je me sentais solidaire de lui, de son étrangeté, de ses grandes idées sur le monde et la vie. (p. 75)
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Je suis toujours étonné par ceux qui réussissent à tisser des fils si clairs de leur existence, comme si le réel était un grand chemin transparent, une belle surface plane où l'on peut construire de beaux bâtiments, des dessins parfaits.
J'ai la sensation que la vie progresse comme une série de parenthèses, des parenthèses pas refermées, encastrées les unes dans les autres, parenthèses de parenthèses, décevant toute syntaxe acceptable. À l'échelle d'un homme, l'histoire ne bégaye pas, elle déraille, intervertit les syllabes, elle fourche à chaque mot et on n'apprend presque jamais de ses erreurs de prononciation. (p. 87)
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Il voulait me montrer comment sculpter la terre avec ses mains et comment y placer des ondes favorables. Il me dit : " Tu sais, nous sommes responsables de notre façon de toucher . Elle n'a pas toujours été la même. Les hommes de Néandertal ne touchent pas de la même façon qu'un Grec ancien qui ne touche pas de la même façon qu'un homme du Moyen-âge.Je ne sais pas d'où il tirait tout cela. (...)
A la Renaissance, Michel-Ange a même eu le rêve de sculpter une montagne en entier. C'est possible, s'inquiétait mon père, qu'aujourd'hui, nous oubliions cela, que nous touchions très autrement le monde, que nous nous contentions de le flairer, de loin. En repensant à ça, j'ai l'image des doigts glissant sur les écrans des téléphones, toutes les images que l'on déroule sans y penser, que l'on caresse de loin. Mon père voulait m'apprendre à toucher et tenir les choses comme avant. Il prit mes mains et me fit plier et onduler le mélange de terre et d'eau. Je me sentais à ce moment un peu comme un dieu capable de faire surgir des figures de la Terre originelle.
(p. 43)
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Plus tard, mon père m'avait expliqué ce qu'il appelait "le coup de sang sur les murs". Il disait que c'était une démonstration. C'était pour leur montrer que la maison nous appartenait. C'est notre territoire: les Aztèques faisaient pareil sur leurs pyramides, disait-il, des grandes traces de sang, c'est une façon de rappeler que notre maison est notre corps, le prolongement de notre corps. (p. 25)
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Mon père avait un don qu'il n'avait évoqué que deux ou trois fois, mais qui me terrifiait: il pouvait, disait-il, connaître la date et la manière dont les gens allaient mourir. (p. 31)
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Avril avait vu un documentaire où cet ancien rite tsigane était rapporté : quand un homme mourait, on ne partageait pas ses affaires; sa caravane et avec elle tout ce qui lui avait appartenu étaient incendiés jusqu'à disparaître. Les proches n'héritaient de rien. Chacun pouvait garder au mieux un objet sans valeur en souvenir, mais le reste devait s'effacer dans le feu de l'habitation où le défunt avait vécu. (...)
Ce feu était une façon d'alléger les morts de leurs plaisirs et souffrances passés mais surtout un moyen de protéger la famille. Ainsi, l'âme du défunt ne pouvait plus tourmenter les esprits des vivants, revenir agacer ceux qui restaient. Les choses importantes, les photos et documents qui forment la matière et le récit d'une vie brillent une dernière fois, intensément, et disparaissent. On passe par un grand désordre pour créer un peu d'ordre, c'est une libération par allègement. (p. 12)
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