Citations de Victor Pouchet (89)
Je suis toujours très en retard
d’un amour et d’une émotion
d’un roman et d’un rendez-vous
J’aime la femme qui me quitte
réécris le livre d’avant
Je ne serais jamais présent
À chacun ses malédictions
Il faudra cesser de m’attendre
Si je disparais pour de bon
Tu pourras penser simplement
Que cette fois c’est comme ça :
je suis en retard pour toujours
La chanson
que tu m'as envoyée hier
je l'ai eue en tête
tout l'après midi
J'ai couru avec
jusqu'à la grande ferme
et puis au retour
j'avais oublié
les derniers couplets
ça fait parfois ça :
à force de répéter les choses
elles finissent par disparaitre.
Quand dans une chanson
j'oublie les paroles
à la place
je mets souvent
le mot dauphin
ça marche toujours
mais pas
forcément
Il faut essayer
si ça se presente
Ne me quitte pas
des chants de joie
bondissent hors de l'eau
je pourrais faire un poème
je pourrais faire un poème
jeu-concours
à renvoyer
jusqu’au 7 mai
avant minuit
cachet de la poste
faisant foi
Découpez votre solitude
en suivant bien
les pointillés
Peut-être que chaque jour
Peut-être que chaque jour
il y a une chose qui
mérite un poème,
un non-événement
qui laissera une trace
plus forte qu’une tempête
de pluie et de grêle
Quelques jours après
le ruisseau d’en bas
deviendra torrent
on saura pourquoi.
si une pierre te parle
si une pierre te parle
iras-tu le dire ?
Je crois en fait que les poèmes
Je crois en fait
que les poèmes
servent juste à
découper des phrases
pour qu’on les voie mieux
prendre de la place
même si on y met
rien de plus que :
j’ai faim je vais sortir
du lit, crois-tu qu’il va
encore faire beau
Peut-être que
c’est déjà beaucoup.
C'est peut-être ça qu'il faut chercher : le bon naufrage.
QUE SONT MES AMIS DEVENUS …..de Rutebeuf
« Depuis à peu près l’an
Mille deux cent soixante et un
( On ne sait pas la date exacte )
Rutebeuf chante doucement
Sa grande complainte infidèle
Que sont mes amis devenus ?
Qu’il avait de si prés tenus
Et tant aimés
Depuis, il n’y a pas un jour
Où on ne verse larme exquise
Avec lui et avec eux
Je crois le vent les a ôtés
Ils ont été tant clairsemés
L’amour est morte
Il a nommé en claudiquant
Ressassement simple et parfait
L’exil que font dans le cœur
L’amitié et la distance
( Elles marchent ensemble tu vois )
Depuis nous ne faisons que
Le redire comme on peut :
Ce sont amis que vent emporte
Et il venta devant ma porte
Les emporta . »
Il paraît que la fatigabilité est liée directement au niveau d'angoisse que provoque le monde. On s'en protège en faisant en sorte que notre corps et notre esprit n'aient plus à l'affronter debout, mais couché, de loin, les yeux mi-clos.
C'est à Vaishali, faubourg de Jaipur, dans les jardins de Sheyhavan. Autour des bassins losangés, de grandes tables sont dressées. Des voiles de soie du Pendjab pourpre à franges d'or s'tendent depuis le mur des écuries jusqu'à la première terrasse du Palais des Vents.
Assez souvent je lis des choses
qui ne semblent écrites
pour personne ou bien disons
pas pour moi, mais pour qui d'autre ?
Tout semble possible :
se faire un café
marcher sous la pluie
seront conquêtes
à ma mesure
Tremblez, empereurs,
je vais peut-être
me lever.
Je voudrais être capable
de mieux aimer
les gens que j'aime
On dirait qu'il suffit
de réfléchir
juste un peu trop
pour rater
son poème
- et sa vie ?
ça manque de
péripéties
Il suffit pourtant
de s'imaginer
chevaliers errants
après quelque chose
Et si nous sommes
dans un bois sombre
c'est juste qu'ici
la nuit tombe très vite
Plus rien de Rome en Rome dit-il,
plus grand-chose non plus de Paris,
chacun semble errer loin des autres
Ce sont amis que vent me porte
comme vers tournent dans ma tête
et me rassurent dans le ville morte
Marcadet ainsi est peuplé
tant de complaintes me précèdent
Que sont mes amis devenus
ceux du treizième siècle et les autres
porteront-ils toujours un masque?
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
Il y a beaucoup
de peut-être
dans ces poèmes
C'est par précaution
pour anticiper
sur l'incertitude
Je parle trop vite
donc je me protège
et j'aime les deux mots
comme j'aime le début
d'une histoire nouvelle
Peut-être que ta main
s'est formée à l'issue
d'une explosion solaire.
C'est ainsi dans l'entrouverture
je revois encore son visage
aux angles aigus à Lisbonne
et dans l'église de Lugo
J'aperçois aussi celle qui boxe
le soir dans une ville lointaine
avec ses angoisses et les miennes
Je te sens aussi tu es là
derrière mes épaules et esprit
Tu me racontes des histoires
et me comprends sur le chemin
comme on regarde à travers vitre
Je devrais mieux ne rien dire
c'est vrai que vous êtes nombreuses
et je ne confonds jamais vos noms
et je vous aimerai toujours
Tu sais souvent je le regrette
je ne peux pas faire autrement
je ne ferme jamais la porte.
la plupart des choses nous échappent et il nous reste à rire de nos mauvaises interprétations
Même la pluie
fait un bruit bizarre :
on dirait qu'elle tombe
pour la première fois.