Citations de Vidar Sundstøl (17)
Il savait mieux que quiconque que rêver est essentiel à la vie. Il souffrait terriblement de ne plus rêver. Davantage même que de ne pas avoir de contact physique avec quelqu’un. (Grasset, p.135)
Sa bouche est grande ouverte, ses yeux révulsés. Mais j’arrête pas. Je veux le tuer. Ça fait du bien de tuer. Et ne pas être tué, c’est encore mieux.
(Grasset, p. 158)
Il voyait l'homme de dos. Assis penché en avant, l'homme avait remonté les genoux sous le menton. Lance l'avait reconnu. Il espérait seulement que la silhouette n'allait pas se retourner et le dévisager, comme elle l'avait fait près du phare à Grand Marais. Il redoutait de croiser à nouveau ce regard, tout en ayant la certitude que cela se produirait.
Sinon maintenant, une autre fois.
Sinon ici, ailleurs à un autre endroit du lac.
Ce n'est que le début, pensa-t-il.
Il lui paraissait impensable que l’été pût un jour revenir. C’était comme si l’hiver n’était plus une saison, mais un lieu hors du temps duquel aucune route ne permettait de s’échapper.(Grasset, p. 164)
Sous la neige et le clair de lune, avec le ciel étoilé dans toute sa splendeur au-dessus du lac Supérieur, tout blanc et sans fin, cette vue était encore plus magnifique que d’habitude, à la limite du cosmique, comme si cela se passait sur une planète qui n’avait qu’une vague ressemblance avec la nôtre.
(Grasset, p. 104)
— Toi et moi, on est comme des corbeaux qui traversent les épreuves de l’hiver. On résiste à tout. Rien ne peut nous abattre. […]
— Non, nous ne sommes pas les corbeaux, dit-elle. On est des cadavres en putréfaction sur lesquels ils s’acharnent avec leurs becs.
(Grasset, p. 245)
Il y eut un silence. Lance regarda l'attrape-rêves sur le mur au-dessus du canapé. Il pensa que c'était le contraire de ce dont lui-même avait besoin. Lui avait besoin de quelque chose qui libère les rêves. Car c'était comme si tous ses rêves, les bons comme les mauvais, étaient happés par un attrape-rêves invisible suspendu au-dessus de son lit.
Et puis cette langue où je comprends que dalle. A part quelques mots, yes, now, ticket, dollar, food, train, rom, water. La lune, ça se dit mon. Et pourtant c'est la même que par chez nous.
Il va donc revenir ici, pour nous juger tous, qu'on soit vivants ou morts. Mais où, sur terre, trouvera t il les morts ? Jésus va t il ouvrir les tombes ? Chaque tombe sur tous les cimetieres du monde entier ? Il trouvera plus que des squelettes ou des cadavres à moitié pourris. Si c'est comme ça, le jour de la résurrection, ça va pas sentir bon. Et ça sera pas beau à voir.
Ne rien dire avait toujours été la solution pour régler les problèmes. Sur ce plan, rien de nouveau. Mais découvrir cette attitude déjà plus de cent ans auparavant, l'avait rendu infiniment triste.
Au fond, c'est juste comme une parenthèse de cinquante ans, se dit il. On joue, on pêche et on s'amuse, puis un jour commence soudain la vie ennuyeuse d'adulte avec toutes ses obligations. Enfin, cinquante ans plus tard, la parenthèse se referme et l'on peut se remettre à pêcher.
Si c'était lui ou moi, jusqu'où serai-je prêt à aller ?
Personne ne sait ce que cela signifie d'être mort. Personne ne sait où sont les morts.
Il savait que sa mère était derrière lui et attendait qu'il se relevât, mais il ne bougea pas. Il caressa l'herbe de la main, comme s'il caressait les cheveux de quelqu'un. Un jour, lui aussi serait enterré ici. Et comme Thormod, il emporterait aussi son secret avec lui. Seulement, cette fois-ci, la victime ne serait pas Swamper Caribou, mais Lenny Diver. Pour Lance, les deux se confondaient presque, à présent. Il comprit qu'il ne lui serait pas accordé l'oubli. Voilà le prix à payer.
Lance devait à présent retourner dans ce monde là : celui où les gens se levaient tôt pour aller au boulot, tous les jours, que ça leur plaise ou non. Un monde qui, vu de l'extérieur, n'avait pas l'air d'avoir un sens, mais qui, pour la plupart des hommes, en avait pourtant un.
-Si on veut s'amuser, à Finland, qu'est ce qu'on fait ? S'enquit il.
-On déménage.
-Quelle genre de personnes se marie à seulement vingt ans ?
- Une personne naïve, répondit Nyland.
- D'accord, mais est-ce que tous lesjeunes de vingt ans ne sont pas naïfs par définition ?
- Une personne extrêmement naïve alors.