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Critiques de Virginia Reeves (129)
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Un travail comme un autre

Tout commence sur ces «terres maudites, où son épouse l'avait forcé à s'installer» et tout s'achève quelques années plus tard, au même endroit. Entre temps, le monde a basculé pour Roscoe.

Il y a la prison de Kilby dont la violence pourrait le briser, et ce même si elle s'enorgueillit d'être l'une des prisons les plus modernes des États-Unis. Il y a la mélancolie et la culpabilité qui pourraient le dévorer à petit feu pour avoir entraîné dans sa chute son fidèle compagnon, un homme de couleur dont on ne donne pas cher de sa peau dans cet Alabama des années vingt. Enfin, il y a la faille immense qui le sépare de sa femme et le ressentiment qui pourrait les y précipiter.

Un travail comme un autre a tout du roman noir et désenchanté, mais il n'est pas totalement dénué d'espoir.

Peut-être parce que Virginia Reeves reprend les codes de la littérature du Sud américain, on retrouve dans ce récit : des vies cabossées, des rêves brisés ou laissés en chemin, des hommes mis à rude épreuve ; mais aussi une certaine mystique de l'existence régénératrice qui donne profondeur et douceur à l'histoire. C'est toujours captivant de suivre la mue d'un homme alors que le monde ne lui donne guère de raison d'espérer.



Ce premier roman est séduisant, non seulement parce qu'il s'inscrit dans «un courant littéraire» (si on peut l'appeler ainsi) que j'apprécie, mais aussi parce qu'il obéit à une construction habile qui isole chacun des époux dans leur narration et fait télescoper passé et présent pour donner du relief à l'histoire.

Malgré la brutalité qui irrigue le récit, j'ai également aimé l'idée plus évanescente selon laquelle on peut être prisonnier de murs autres que ceux d'une prison...

Tout comme j'ai goûté la langue cicatricielle de l'auteure qui permet à Roscoe de se confronter au noyau nu de l'existence pour éventuellement saisir le sens des choses... est-ce qu'il saisira pour autant l'occasion de rechercher une sérénité à laquelle on n'accède qu'en faisant la paix avec ses rêves et blessures d'enfant ?



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Un travail comme un autre

Attention...Si vous êtes fatigué, un peu déprimé ,submergé par les soucis,passez votre chemin et remettez à plus tard la lecture de ce roman.Par contre,si tout va bien,laissez vous tenter,vous allez faire une belle découverte, un premier roman d'excellente facture.

Nous voici transportés en Alabama dans les années 1920 et nous faisons la connaissance de Marie,Roscoe et leur fils Gerald.On sent bien que le bonheur a quitté Marie et Roscoe mais on ignore que la situation va encore se dégrader entre eux. Et puis,il y a Wilson et Moa....et puis...

On découvre la vie quotidienne dans les prisons de l'état à cette époque, la violence,les activités ,la chasse aux fugitifs,les chiens,les relations avec la hiérarchie ,le cynisme du système. Au debut,les noirs n'y sont pas,délégués par l'état dans les sociétés minières de la région où leur sort n'intéresse personne, où leur mort passe inaperçue aux yeux mêmes de leur famille qui ignore tout ,n'a plus espoir de les revoir....Terrible.

Entre Marie et Roscoe ,le maître mot sera CULPABILTE....Jamais un geste de tendresse,des accusations,de la rancoeur,de la haine peut être. ..Aucun moment de sourire,aucune situation cocasse ou simplement amusante,non,que de la souffrance physique et morale....

Je vous aurai prévenus. ....Prévoyez une lecture plus sympa pour "après "car je vous le dis aussi,,ce livre,vous le lirez,il est fort,puissant,dur maisil vaut vraiment notre attention.
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Un travail comme un autre

Cela aurait du être un travail comme un autre, ce métier d’électricien que Roscoe aimait par-dessus tout. Aussi passe-t-il par-dessus les vœux de sa femme qui veut faire de lui le fermier de l’exploitation familiale, et, un peu, par-delà la loi pour amener l’électricité jusqu’à sa ferme encore hors du monde dans ce fin fonds de l’Alabama des années 20. Ce choix aura des conséquences dramatiques, dont Roscoe ne finira jamais de payer le prix.



Décidément la moisson de jeunes auteurs découverts grâce au festival America est particulièrement riche cette année !

« Un travail comme un autre » est un très beau premier roman, dur et profond, à l’écriture tactile et onirique, qui explore jusqu’au fond de l’âme et des souffrances de ce pauvre Roscoe les thèmes de la culpabilité, du sens de ses actes et de l’absence désespérante de liberté dans ce bas monde, surtout quand on est en bas de l’échelle, pauvre, noir, prisonnier, et plus encore dans le Sud des Etats-Unis du début du dernier siècle.

Il est douloureux de voir se déliter au fil des pages, comme une ampoule qui s’éteint inexorablement, l’énergie première de Roscoe, accablé par sa femme, brisé par ses geoliers, énergie que ceux qui finiront par lui pardonner ne parviendront pas à raviver, laissant Roscoe errer sans fin sur le chemin d’une rédemption impossible.

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Anatomie d'un mariage

Edmund Malinowski est psychiatre comportementaliste, il est marié à Laura, artiste peintre. On lui offre la place de directeur d'une clinique dans le Montana. Il touche son rêve du doigt, il a 36 ans. Mais son travail absorbe beaucoup Ed qui rentre tard le soir et consacre peu de temps à sa femme, d'autant plus qu'il est toujours préoccupé par ses patients, en particulier, la jeune Penelope, belle jeune fille de 16 ans, atteinte d'épilepsie. Il a un coup de foudre pour cette jeune patiente et il est complètement obsédé par son cas. Aveuglé par son attirance pour Penelope, Ed se rend il vraiment compte qu'il délaisse Laura de plus en plus ? Celle-ci semble s'etioler et dépérir, sa jalousie envers la jeune fille , elle, enfle de plus en plus. Quand Laura tombe enceinte, Ed n'en sera averti qu'à son quatrième mois de grossesse. Quand elle accouche, elle est seule, Ed est au chevet de Penelope encore une fois. Cette fois ci la coupe est pleine et Laura le quitte.

A ce niveau de lecture du roman, je me suis dit :"bon, c'est un nième roman sur le couple et le divorce, c'est pas très original...

Mais l'auteure abat sa carte maîtresse.Elle prend un virage à 180 degrés et nous livre une seconde partie de roman, émouvante, pas du tout sur le même registre. Et là, j'ai trouvé le roman passionnant, profondément humain, les personnages ont pris de la profondeur et deviennent sympathiques et attachants en particulier Ed m'a fait monter les larmes aux yeux. Ce personnage m'a beaucoup touchée et j'ai continué à penser à lui après avoir terminé ma lecture comme si c'était une personne réelle.
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Un travail comme un autre

En juillet j'avais découvert l'adaptation de ce roman en bd par Alex Inker. J'avais aimé l'ambiance et le graphisme qui m'avaient replongée dans l'univers américain de Steinbeck. L'histoire violente de Roscoe qui provoque accidentellement la mort horrible d'un employé d'une compagnie d'électricité,et se retrouve incarcéré pour dix ans,tandis que son métayer est envoyé dans les mines m'avait touchée. Cependant j'avais regretté le peu de profondeur des personnages, un manichéisme qui effaçait finalement l'impact du contexte socio- économique. J'ai donc voulu découvrir le roman et j'en suis enchantée. V.Reeves dresse des portraits très fins et rend avec force la complexité des sentiments, la subtilité des relations humaines,les enjeux conscients et inconscients qui dirigent les hommes. Le contexte ségrégationniste est parfaitement développé et donne une dimension fondamentale à ce drame humain, ainsi qu'un sens profond au comportement de Marie qui n'apparaît pas dans la BD. L'auteure nous fait également découvrir de l'intérieur ,la brutalité du milieu carcéral de cette époque et la hiérarchie dans l'horreur qui est imposée aux détenus, là encore avec un traitement différents selon qu'ils soient noirs ou blancs.

C'est un magnifique roman dont je conseille vivement la lecture.
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Anatomie d'un mariage

Hommes, femmes, mode d’emploi.



Attiré par quelques chroniques louangeuses ci-et-là, je m’étais précipité dès sa sortie et par impulsion sur Anatomie d’un mariage de Virginia Reeves, traduit par Carine Chichereau. Et puis, lecteur de peu de foi, le doute m’a saisi en regardant de plus près cette étonnante couverture et ce pitch de 4e - « Le genre de roman que l’on n’oublie jamais » - qui

fait généralement clignoter mes avertisseurs de survente.



Une chose est sûre : c’est bien survendu et je ne pense pas me tromper en disant que je l’oublierai. Ce qui ne veut pas dire que ce livre n’ait pas ses charmes, bien au contraire. Lu quasi d’une traite en quelques heures, il m’aura laissé une impression mitigée, peinant à son début mais emporté par la dernière partie.



Car – et c’est là le point faible – le livre oscille longtemps entre bluette déjà lue/vue et réflexion plus profonde sur la complexité et les paradoxes du couple. L’histoire d’Ed et de sa femme Laura débarquant dans le Montana paumé après un début de vie commune plus trépidant près des grands lacs ressemble fort à du bovarysme au pays des Rocheuses.



Psy comportementaliste envoyé sauver un établissement d’accueil, Monsieur bosse à tout en oublier tandis que Madame s’ennuie. Elle veut un enfant quand lui n’a d’yeux que pour une jeune patiente. Elle prend un amant, tandis qu’il lui achète un chien. La venue d’un enfant n’y changera rien, et la séparation qu’on sent venir inéluctablement sera bien au rendez-vous.



Si cette première partie est donc un peu trop convenue, la suite monte en puissance et permet - après un twist bienvenu - à Virginia Reeves d’entrer pleinement dans son sujet et de renverser la table. Elle se met alors à explorer à 360° cette étrange alchimie qui unit certains hommes à certaines femmes, toile de liens invisibles mais indélébiles que rien, même pas les affronts répétés, ne peut annihiler. Je t’aime, moi non plus disais Gainsbourg. Je ne t’aime plus, moi aussi lui répond Reeves.



Toujours queutard invétéré (car il faut bien que le corps exulte, hein Jacques ?) mais en partie calmé, Ed se révèle alors touchant dans sa solitude, amoindri et dépendant mais toujours fier et aimant. Et Laura se révèle à elle-même et au lecteur, merveilleuse d’abnégation et de compréhension, enfin équilibrée après avoir appris à vivre avec ses contradictions.



Un livre surprenant donc, que je ne regrette absolument pas d’avoir lu ne serait-ce que pour y avoir retrouvé au détour d’un chapitre « April comme she will », chanson dont l’émotion explose en moi dès que Paul et Art s’y collent.
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Un travail comme un autre

Les grandes étendues de l'ouest américain notamment célébrées par le photographe Robert Adams m'ont toujours fascinée.

Je retrouve dans le roman de Virginia Reeves la même ferveur à raconter son pays, et ceux qui y vivent.

L'auteure le fait ici de manière tout à fait originale, par le petit trou de la serrure d'une prison qui a réellement existé, la prison de Kilby.

Nous sommes en Alabama, dans les années 20, les hommes travaillent à la mine ou à la ferme. Roscoe lui, n'a qu'une passion, lire les livres de Faraday sur ce courant invisible qui fait battre son coeur : l'électricité.

Il veut en faire son métier.

Pourtant, ce courant électrique à la fois dangereux et fasicnant lui fera éteindre sa liberté pour plusieurs années à la prison de Kilby que l'on découvre grâce aux recherches de l'auteure dans les archives de son pays.

Une prison qui se voulait être un lieu de réadaptation éducatif et social à une époque où l'on rattrappait les fugitifs avec les chiens en laisse autour du cou du poursuivant.



J'ai vraiment adoré ce roman qui a reçu cette année le prix Festival América. Il est réaliste et tout en finesse psycholoqique qui fait que je me suis attachée à Roscoe pour son talent et sa vision avant-gardiste du progrès technoloqique (mais aussi ses revers diaboliques avec la terrible Yellow Mama) et detesté l'atttitude de Mary qui est en fait une défensive pour elle et son fils.

Ce livre parle également d'une réalité très dure à entendre dans laquelle les hommes de couleur sont vendus à des propriétaires privés pour travailler à la mine comme forçats. Il dit aussi les réticences et les frayeurs devant les avancées technoloqiques, où beaucoup voit encore en Roscoe, un apprenti sorcier, un illuminé à qui l'on défend de toucher l'électricité.

Heureusement, il reste Maggie, un personnage fidèle à Roscoe qui va l'aider à vivre et survivre à la prison.



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Un travail comme un autre (BD)

J'ai aimé cet album pour le talent d'Alex.W.Inker à créer l'ambiance bien particulière de l'Alabama du début du XX ème siècle. On retrouve le contexte déjà décrit par des auteurs comme Steinbeck dans des souris et des hommes, d'une pauvreté liée à la désorganisation du système esclavagiste et d'une industrialisation encore en devenir. J'ai beaucoup apprécié l'originalité du dessin et des couleurs,la variété du format des planches qui soutiennent parfaitement le texte et mettent en exergue les émotions. L'histoire est tirée du roman de Virginia Reeves que je n'ai pas lu. Je suis donc dans l'incapacité de mesurer les libertés qu'A.W.Inker a pris ou pas avec l'œuvre originale. C'est une histoire violente parce qu'elle met en scène l'injustice et les drames qui peuvent anéantir toute une vie. Elle décrit un destin terrible auquel le personnage principal ne peut échapper.

Ce que j'ai moins aimé c'est qu'au delà de l'impact du contexte socio- économique sur le drame qui va se jouer,les personnages principaux ne sont pas attachants. Là où j'aurais aimé trouver de la solidarité,de l'amour,de la compréhension, je n'ai trouvé que de l'égoïsme et du jugement intransigeant. Je pense surtout à Mary,la femme de Monsieur Roscoe qui n'endosse aucune responsabilité dans l'accident qui va conduire" son homme" à la prison et qui va même monter leur fils contre lui. Dès le début on la voit tout mettre en oeuvre pour le contraindre à répondre à ses propres aspirations au mépris de sa passion pour l'électricité et lorsqu'il commet l'irréparable involontairement elle le condamne sans le moindre état d'âme. Cette personnalité en arrive presque à minimiser le rôle du contexte social dans le malheur qui s'abat sur cette famille pour recentrer sur les responsabilités individuelles. Je suis tentée de lire le roman de Virginia Reeves pour vérifier si je retrouve la même impression.
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Un travail comme un autre (BD)

Cette BD est l’adaptation du roman éponyme de Virginia Reeves.

Cela se passe en Alabama, aux alentours de l’époque de la crise économique de 1929. Roscoe est un agriculteur qui essaie juste de s’en sortir. Il a travaillé auparavant pour la compagnie d’électricité. Il parvient alors à détourner de l’électricité pour pouvoir faire tourner son exploitation. Mais ce détournement va provoquer un accident grave et il va se retrouver en prison.

Le graphisme est en trichromie, noir, bleu horizon et orange pétant, avec une trame (les petits points) grossière et unique pour les nuances. Cela retraduit les impressions d’ouvrages illustrés de l’époque, un côté vintage pour se mettre dans l’ambiance rétro du récit. Le graphisme est du genre réaliste, un peu glauque, la laideur est légèrement accentuée, le trait est épais, les noirs très présents mais contrebalancés par la vigueur de l’orange. Il fait chaud et sec. Ce graphisme sert parfaitement l’atmosphère du récit, il l’incarne même tellement bien qu’il est dur d’imaginer le récit sans ces illustrations. Même sans avoir lu le roman, je trouve que le graphisme a su parfaitement se l'approprier.

C’est le récit d’une descente aux enfers, un récit social. Roscoe n’est pas du genre rebelle, au contraire, il se plie aux contraintes et se fait même bien voir par le directeur de la prison mais sa vie s’écroule tout de même sans qu’il n’y puisse rien. En toile de fond, la chaise électrique apparaîtra comme un leitmotiv dans la narration : l’accident provoqué par Roscoe s’apparente à la mise à mort par cet engin, il sera aussi demandé à un ébéniste de la prison de construire une chaise à cet usage, et Roscoe se portera volontaire pour en concevoir le système électrique… L'histoire dépeint l’Amérique des années 30 dans les états ruraux, et l’univers carcéral de l’époque. Un récit social assez dur, un peu sordide, mais plein de compassion pour son personnage, dans la lignée de Steinbeck.

Parce que le graphisme sert idéalement le texte, parce que le personnage est attachant malgré ses erreurs, et parce qu’il y a un peu du style Steinbeck, c’est une lecture qui vaut vraiment le coup. J’ai aimé.

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Anatomie d'un mariage

J'ai lu Anatomie d'un mariage dans la cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche 2023 donc sans idée préconçue sans même en connaitre le sujet et je dois dire que je suis assez séduite.

D'une écriture élégante, douce et en alternant les chapitres du point de vue du mari puis de l'épouse, nous rentrons dans l'intimité d'un couple.

Il est questions de délitement, de non-dits, de désintérêts, d'égoïsme, de jalousie et de monotonie bien sûr.

Mais il est aussi questions d'abnégation, d'amitié, de résilience, de pardon et d'amour malgré tout.

C'est mélancolique et émouvant.

J'ai lu ces 400 pages d'une traite.

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Anatomie d'un mariage

J'ai essayé et j'ai renoncé quand j'ai lu cette métaphore hilarante proférée lors d'un gros câlin conjugal : « Soudain, il s'arrache à son étreinte, le cri qu'il pousse n'est pas humain, tel le rugissement d'un élan qui court se cacher, le ventre déchiré... » Faut pas exagérer quand même, un élan qui rugit ...





L'histoire est irréaliste, invraisemblable et inintéressante. Elle est écrite au burin, les dialogues sont involontairement désopilants, la vision donnée d'un établissement psychiatrique où il faut des bières et des clopes pour supporter d'y bosser, est affligeante mais ce qui m'a le plus dérangée, ce sont les idées véhiculées par ce roman, qui selon mes critères, est un parfait manifeste anti-féministe. Ed est le stéréotype du gros naze ayant un sexe pour cerveau, qui lutte-mais-si-peu pour ne pas sauter une patiente mineure – ça resterait immonde si elle était majeure -, à haut potentiel intellectuel, experte en poésie, internée par ses parents. Soit ! A la maison, il se comporte aussi en mister beauf. Un soir, sa femme refusant ses hommages, il se lève et fonce voir une professionnelle pour vidanger ses gonades avant de boire une bière. Il offre à son épouse une voiture à boîte automatique parce que passer les vitesses la rend nerveuse, quelle cloche sa gonzesse ! Et puis, une petite attention peut gommer des années d'indifférence. Personnellement, je ne trouve pas. Un des personnages assène ce truisme : « Il est méchamment difficile pour les hommes de changer. Ils font des efforts. Ils essaient. Mais c'est comme demander à un chien de se comporter comme un chat. Ce n'est pas dans leur nature. » D'accord, je préfère les élans rugissants.





Quelques mots sur Laura l'irresponsable. Sa grossesse arrosée au champagne, elle continue à fumer avec la bénédiction de son toubib car il trouve le risque encouru minime, un poids plus faible à la naissance facilitant la venue au monde de l'enfant ; si elle fume, pourquoi ne pas boire ? le médecin est toujours d'accord à condition de ne pas atteindre un pack par jour. Elle s'en fout Laura, elle préfère le rouge, et revendique sa consommation : « Je suis en état de conduire, j'ai seulement bu 3 verres de vin ». C'est une femme enceinte qui cause, et ça ne s'arrange pas après la naissance, elle n'allaite jamais loin de son verre de pinard. le bébé est mûr pour une cure de désintoxication, ce n'est pas si rare ! Par décence, je passe sous silence les nombreuses scènes de sexe misérables, parfois dans des toilettes, toutes remèdes contre l'amour et exaltant les compétences de mâles virils. Pitoyable !





Toutes ces outrances pourraient s'avérer utiles si elles avaient un rôle dénonciateur, mais il n'en est rien, tout est plaqué au premier degré. Bref, en raison de l'intrigue inepte, des personnages caricaturaux, du style médiocre, de la syntaxe approximative, et surtout des idées douteuses propagées sur la psychiatrie, le couple, l'alcoolisme et la tabagie en cours de grossesse, ce roman paru en 2021 m'est tombé des mains.
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Un travail comme un autre

Un roman du Sud des Etats-Unis, un roman à la Faulkner, un roman qui colle au destin de Roscoe T Martin, un fermier contrarié. Les champs de maïs à perte de vue, le bétail ce n’est pas son truc, son truc à lui c’est l’électricité, il est persuadé que son avenir est dans cette science en pleine expansion.



C’est justement en détournant clandestinement une ligne à haute tension pour alimenter son exploitation que la vie du fermier va basculer.



Emprisonné pour la mort accidentelle d’un agent de la compagnie électrique, il voit son ouvrier agricole condamné pour complicité, et sa femme et son fils se détourner de lui. Roscoe restera neuf années à Kilby, la prison du comté.



Roman doux et grave, portraits d’hommes fiers et bons, destins brisés, vies imposées, Virginia Reeves aimes ses personnages et leur donne le choix de se racheter.



Un roman à lire en imaginant un film de John Ford ou Kelly Reichardt, des photos de Walker Evans ou Dorothea Lange, et bien sûr l’ombre bienveillante de Steinbeck au-dessus de l’épaule de la romancière.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Anatomie d'un mariage

Survendu ? Passionnant ? Bien construit ? Etonnant ? Stylistiquement inégal ? Il m'a semblé que ce roman est un peu tout cela à la fois. Un psychiatre, sa femme, une jeune patiente dont il est trop proche... Ca c'est le pitch de départ, mais le livre nous emmène loin et il y a quelque chose d'assez brillant.

Toutefois je rejoins certains avis que j'ai pu lire, c'est écrit de manière un peu inégale, parfois très prosaïque (on pourrait être chez Douglas Kennedy) parfois c'est plus subtil.

Quoiqu'il en soit j'ai tout de même été touché par cette histoire, par une certaine profondeur, par l'ancrage dans le Montana (certes loin de la beauté de la nature filmée par Redford...). Reste à savoir désormais si ce livre sera vite oublié ou si l'on se souviendra longtemps de Laura et Ed...

Un ouvrage vendu curieusement par l'éditeur avec une photo qui ne colle guère au livre et des avis excessivement laudatifs dont il est possible qu'ils desservent finalement la cause du roman.
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Anatomie d'un mariage

J'ai été agréablement surprise par la lecture de ce roman .

Certes ce n'est pas le roman de l'année, mais il se lirait bien d'une traite sans ennui.

Un couple fusionnel fait face aux difficultés de la vie commune; rare présence du mari absorbé par son travail (psychiatre en Institut) , il est aussi diablement charmeur , tout le monde l'aime et pourquoi pas une de ses jeunes patientes . Il oublie de venir près de sa femme lors de son accouchement.

L'épouse ne se morfond pas, et travaille discrètement à l'extérieur, mais l'amour s'use , séparation, mais un lien très fort les unit jusqu'au bout d'une vie précocement abîmée de l'ex époux.

Pas de guimauve , pas de sentiments surjoués, une belle traduction.
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Anatomie d'un mariage

Ed Malinovski, psychiatre de son état, succombera-t-il au charme de sa jeune et séduisante patiente ?

Le bon docteur auquel tout semble réussir, resistera-t-il aux avances de cette Pénélope encore mineure ?

Son épouse Laura en doute d’autant moins qu’elle sait son mari très porté sur la chose.

Elle se sent terriblement délaissée, plus vraiment vue et encore moins regardée pour ce qu’elle est, dans ce Montana où elle a fini par accepter de s’installer.

Nature sauvage, paysages grandioses, montagnes, forêts et rivières. Le Montana : le trou du cul du monde : l’Amérique profonde quoi.

Tim est moins beau, moins extravagant, moins charmeur mais lui ne voit qu’elle. Tout est plus tranquille avec lui, plus routinier et prévisible, mais il ne voit qu’elle. Laura tombe amoureuse de Tim,malgré ou à cause de ses mains calleuses. Chabada bada. Chabada bada.

Il n’empêche : je n’ai pu lâcher ce scénario de télé novela entre « Amour, gloire et beauté » et « les feux de l’amour » tant l’écriture de VR nous accroche. Mi chirurgien mi dentelière elle nous retient dans ses filets et nous met sous tension.

On a toujours l’impression que quelque chose d’imprévu va arriver.

Ce n’est jamais vraiment le cas et de clichés du genre en clichés du genre on arrive au dénouement.

Tout ça pour ça ?

Certes, mais on a réellement cru que VR nous révélerait une issue originale ou qu’un autre possible pouvait advenir, et on ne peut nier qu’elle nous a fait passer un vrai bon moment. Alors…
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Un travail comme un autre

Alabama, 1925. Roscoe T Martin, fils de mineur, est fasciné par l'électricité. Quand sa femme décide de revenir vivre sur les terres de sa famille, c'est le début d'une longue descente aux enfers : le travail à la ferme le déprime, l'exploitation tourne difficilement, la faillite n'est pas loin; il a alors l'idée de détourner une ligne électrique de l'Alabama Power, jusqu'au drame qui coûtera la vie à un homme. Et pour Roscoe, 9 années de prison.



Dans l'ambiance lourde du sud des États Unis, aux odeurs de maïs et d'arachide, on découvre le fonctionnement d'un pénitencier du début du 20ème siècle, ses rouages et sa violence. En parallèle il y a la vie des proches de Roscoe : sa femme qui le rejette, son fils laissé de côté, son employé noir, complice malgré lui, en proie aux usages ségrégationnistes de l'époque.

Un roman d'atmosphère, âpre, rude, sur la culpabilité.

Une lecture intéressante, mais qui n'a pas réussi à me happer totalement.
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Anatomie d'un mariage

Nous sommes en 1971 lorsqu'Edmund et Laura Malinowski s'installent dans le Montana. Il prend la direction d'un établissement psychiatrique tandis que sa femme tente de reprendre son activité artistique : la peinture. De guerre lasse, elle intègre Boulder pour y animer un atelier artistique, dans l'espoir de renouer les fils de leur mariage. C'était sans compter sur les patient.e.s qui accaparent Ed, surtout une patiente : Pénélope, jeune épileptique. Car oui, dans les années 1970, le "grand mal" était encore traité en H.P.

L'ouvrage se termine 10 ans plus tard : leurs situations a bien changé, mais Boulder reste leur point de mire.



J'étais attirée par le thème principal du roman : le traitement psychiatrique dans les années 1970. Même si le sujet a visiblement été fouillé par l'autrice pour que son roman soit au plus près de cette réalité, ce thème m'est finalement apparu plutôt secondaire. L'autre axe important de cette Anatomie d'un mariage est évidemment l'amour conjugal : comment le quotidien, la jalousie, les aspirations et défauts des membres d'un couple peut renforcer ou gâcher les liens qui les unissent ? Je ne me suis pas vraiment attachée au personnage mais j'ai aimé suivre leurs pérégrinations. Surtout celles de Laura, qui livre ses sentiments à la première personne. La vision d'Ed est racontée à la troisième personne, ce qui met une certaine distance entre lui et nous.

Le style de Virginia Reeves agréable, la construction simple (intermittence des visions d'Ed et de Laura) et le rythme tranquille rende le roman facile et rapide à lire. Il m'a cependant manqué cette pointe d'originalité dans l'écriture, malgré les quelques surprises narratives, pour m'impliquer vraiment dans cette lecture. Mon avis est donc plutôt mitigé : peut-être suis-je passée à côté de l'essentiel ?
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Un travail comme un autre

Roscoe T Martin n’a jamais voulu être fermier. Pourtant, quand son épouse, Marie, a hérité de la ferme paternelle, il l’a suivie. Mais Roscoe est passionné par l’électricité et c’est avec regret qu’il a abandonné son emploi chez Alabama Power. « On naît avec quelque chose dans les veines, pour mon père, c’était le charbon, pour Marie, c’est la ferme, pour moi, un puissant courant électrique. » (p. 67) Il a alors l’idée de tirer illégalement une ligne jusqu’à la ferme pour faciliter le travail et augmenter le rendement. Hélas, un employé d’Alabama Power trouve la mort en examinant son transformateur clandestin. Roscoe est reconnu coupable et écope de vingt ans dans un pénitencier d’État. Son ami Wilson, un noir qui vivait et travaillait avec lui à la ferme, est envoyé dans les mines. En 1920, en Alabama, la détention d’un homme de couleur avait des relents d’esclavage. Pendant des années, Roscoe purge sa peine en enchaînant des emplois plus ou moins plaisants en prison : affecté à la laiterie, puis à la bibliothèque, il finit sa peine dans le chenil, à entraîner les chiens lancés aux trousses des fugitifs. À la ferme, Marie est écrasée par les dettes et la honte : à cause de son époux, un homme est mort et leur ami souffre dans les mines. « Je te voyais passer ton temps en prison et ça aussi ça me met en colère, contre toi, parce que tu t’es infligé ça, parce que tu nous as abandonnés. » (p. 324 & 325) Marie ne rend jamais visite à Roscoe et ne répond pas à ses lettres. Et elle fait tout pour éloigner Gerald, leur fils, de ce père criminel. « Je vais lui écrire, et je lui dirai que c’est à cause de toi que je n’ai pas écrit plus tôt. Et tu vas me laisser lire ses lettres. » (p. 224) Quand Roscoe sort de prison grâce à une libération anticipée, il a encore l’espoir de retrouver sa famille, mais que reste-t-il pour lui, dans cette ferme qu’il n’a jamais aimée ?



Avec ce premier texte, Virginia Reeves propose un roman américain âpre et puissant dont le style rappelle celui de Jim Harrison ou des autres auteurs du grand Ouest. Sous la chaleur accablante de l’Alabama, l’électricité met le feu aux poudres. Pour Marie, on est loin de la Fée bleue qui apporte confort et facilité dans les ménages. « Elle ne se fiait à personne qui touchât de près ou de loin à l’électricité. Toute cette entreprise était visqueuse, malhonnête, changeante. Le courant était là, puis il n’y était plus. » (p. 194) Ce roman propose le portrait indulgent et émouvant d’un homme dont le crime est d’avoir passionnément aimé son métier et voulu aider sa famille. J’espère que Virginia Reeves continuera d’écrire : son premier roman est une vraie réussite !
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Un travail comme un autre (BD)

Couverture cartonnée aux teintes sépia-orange, tranche foncée, graphisme aux faciès caricaturaux proche des pieds nickelés, l’ouvrage est déjà précieux. Nul besoin d’une poussière imaginaire sur laquelle souffler pour être propulsé dans le passé. Fin des années 20, Alabama, la course à l’industrialisation et l’ère de prospérité ont laissé la place à la grande dépression qui a gangrené jusqu’aux campagnes laissant les agriculteurs sans ressource. Roscoe, fermier malgré lui, homme bourru, buté mais cultivé et passionné par l’électricité, a décidé d’agir. Ces choix hasardeux vont malheureusement briser des vies ainsi que la sienne. Pour lui, ce sera le poids de la culpabilité dans un univers carcéral glauque où la fée électricité sert à prendre des vies. Il trouvera refuge dans la lecture et dans « un travail comme un autre » peu reluisant mais restera pour toujours marqué par le dépit. Un roman graphique remarquable qui dépeint avec réalisme la misère sociale qui pousse à bout et conduit à des erreurs irréparables. Roscoe avec son parcours chaotique est la figure torturée de tous ceux qui souffrent. D’un caractère antipathique, on est pourtant ébranlé par cet homme qui a tout perdu. Une adaptation très réussie qui a su me plonger avec rudesse et émotion dans l’obscure histoire américaine.

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Un travail comme un autre (BD)

L'électricité, cette invention géniale n'est pas pour plaire à tout le monde. A son arrivée, on la regarde d'un mauvais oeil, d'autant plus qu'à cause d'elle, certains tombent dans la misère. La concurrence avec les machines n'étant pas tenable. Roscoe T Martin a pourtant une idée qui lui paraît lumineuse - sans mauvais jeu de mots. Il décide de détourner l'électricité à son profit.



Alex Inker dresse un portrait social et économique des Etats-Unis du début du 20e siècle. On y suit les conséquences de l'arrivée de l'électricité, le délitement d'un couple, la ségrégation, le milieu carcéral, la violence, etc. J'ai suivi le personnage principal avec beaucoup d'intérêt tant le propos est réaliste. Quant aux illustrations - qui rappellent un peu le style des comics d'il y a quelques années - elles sont maîtrisées et détaillées.



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