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Critiques de Virginie DeChamplain (72)
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Avant de brûler

Dans un futur, peut-être pas si lointain, le désordre climatique est si intense, les tremblements de terre, déluges, ouragans, sécheresses, canicules si nombreux, et si meurtriers qu’ils ont obligé la population à fuir les villes et à se réfugier loin des côtes.

C’est le cas pour un homme et une femme, la narratrice, qui après la sidération, l’abattement, ont finalement trouvé un équilibre de vie fragile dans une maison à l’orée d’une forêt. Jusqu’à l’arrivée de Farah et de ses trois enfants. Jusqu’à l’apparition de la biche.

Ce court roman sonne juste et c’est sans doute pour cela que je l’ai trouvé différent d’autres romans du genre. Petit à petit on découvre l’histoire douloureuse de cet homme, force tranquille du trio, et de ces deux femmes, traumatisées par ce désordre, ce déchaînement de violence des éléments et par les pertes qui l’accompagnent, les leurs.

La forêt dans laquelle elles vont chaque jour, est certes réparatrice et nourricière mais également violente et menaçante.

Comment projeter un avenir dans ces conditions ? Et lequel ?

Bravo à Virginie DeChamplain qui signe un deuxième roman lumineux et maitrisé.

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Avant de brûler

On voudrait parfois ne pas dire grand-chose d’un texte, juste garder un silence stupéfait et respectueux, et exprimer ainsi, par ce mutisme même, notre totale admiration, notre profonde adhésion à ce que ses mots nous ont donné. Et c’est bien le cas, à cet instant, en refermant le nouveau roman de Virginie DeChamplain, on aimerait lui épargner le bavardage du commentaire, à peine célébrer son étrange beauté et en quoi les histoires dont il est tissé nous touchent au plus intime, tant ici, comme dans le récit Farah le dit à un moment de l’œuvre de Margaret Atwood, on peut apprécier tout l’art mis par l’autrice pour laisser « la réalité se lover dans la silhouette terrifiante de la fiction ».

L’allusion à Margaret Atwood est, d’ailleurs, bien justifiée, puisque le roman de Virginie DeChamplain emprunte une voie narrative proche de celle de l’auteur de La Servante écarlate, en offrant comme décor à l’intrigue un monde à peine différent du nôtre, notre monde de demain peut-être, certains diront post-apocalyptique, en tout cas un monde bouleversé par les sombres évolutions politiques que nous pouvons redouter et les menaces climatiques que nous devons craindre.

La société dans laquelle vivent les personnages du roman a laissé les murs se construire de plus en plus haut autour d’elle, pour interdire l’accès au territoire à d’indésirables étrangers. Mais ces solides frontières n’ont en rien arrêté les ouragans, les vagues des flots déchaînés, les incendies violents, générés par un changement climatique, désormais incontrôlable… Cela vous rappelle quelque chose, non, ce paysage pas si dépaysant ?

Tous ont été contraints de fuir les villes, leur cadre de vie habituel, pour se réfugier là où c’était encore possible. Au cours de cet exil, la narratrice, dont on ne connaîtra jamais le nom, a rencontré Marco, un homme qui deviendra son compagnon, un ami bientôt, un amant merveilleux mais occasionnel, quelqu’un en tout cas avec qui envisager de reconstruire un monde. Ils habitent, désormais, au cœur d’une forêt, assez proches d’un village pour y proposer leurs services, mais assez éloignés aussi pour ne pas s’encombrer de trop de présence humaine, préférant à leurs congénères leur chien Django. Un jour, la jeune femme, en quête de vivres dans ce bois que hantent désormais les loups, découvre Farah, une mère entourée de deux enfants qui s’agrippent à ses jambes, et portant encore un bébé dans ses bras. Le premier contact est difficile, presque hostile, tant la rencontre semble menaçante. Mais Farah la suit, et très vite, la cohabitation s’organise, favorisée par l’attitude paternelle de Marco à l’égard des enfants et la danse joyeuse du chien autour d’eux…

Farah et la narratrice s’observent, se cherchent, lentement s’apprivoisent, apprennent à crier ensemble. L’une et l’autre sont habitées par leur passé, la disparition dans le déluge de leurs compagnes respectives, les traces récurrentes de deux amours fous. L’une et l’autre, aussi, sont en quête de reconstruction. Si leurs histoires divergent, elles ont toutes les deux, et il y a ici comme une mise en abyme de la fonction de la romancière dans son texte, une même passion pour l’écriture, Farah, comme chercheuse universitaire et journaliste critique, quand la narratrice, elle, cherche à garder trace des choses du monde et de leur transformation dans des carnets où elle consigne les détails de la « flore » et de la « faune » (« Flore » et « Faune » sont aussi, tiens donc, les titres des deux premières parties du roman), mais aussi dans de courts poèmes, qui cristallisent l’impression d’un moment.

Dans la forêt aussi, il y a la bête, une biche, orpheline de son faon, sans cesse pourchassée par les loups, mais qui sait que les deux « humaines » peuvent la protéger… Trois femmes, en somme, et leur désarroi face à un monde dont elles ne savent pas comment il va tourner, vers la mort ou un renouvellement de la vie ?, « tombeau ou matrice » ?, cette expression revenant dans leur esprit comme une antienne. Et ce sera peut-être finalement au lecteur de décider, avec ou sans elles, du nouveau cours des choses…

On sent bien, oui, que nous y sommes également, lecteurs, dans cette forêt, pris, comme les deux héroïnes humaines, dans une « rencontre-miroir » et la même quête de sens. Mais pris au piège aussi d’une narration captivante et aux charmes d’une écriture où traîne parfois un accent québécois, d’une langue capable de nous donner un « chat tempête », « une femme racine », « une femme pilier », des « baiser orages et ruines…, baiser ongles et morsures », d’imaginer des « bras caverne », de décrire un Marco, amant protecteur, comme faisant partie « de cette catégorie secrète des garçons cathédrales, à la structure imposante, mais à l’intérieur remplis de chants chorals »… Oh oui, comme nous aimons, nous, ce roman cathédrale et les mots caverne de ce texte! Et vous aussi, maintenant, « avant de brûler» ?

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Avant de brûler

L’une a survécu à un incendie (avec ses enfants), l’autre à une inondation (avec un presqu’inconnu). Toutes les deux se rencontrent, tous ensemble ils se retrouvent au cœur de la forêt, depuis laquelle les observe un animal.

Pour reprendre pied il leur faudra réapprendre la faune, la flore, le rythme des saisons, la douceur des peaux, comment dire et quoi se dire, entre survivants faire famille et avancer.

C’est avec une sublime langue venue de chez nos amis les québécois, une plume urgente de poésie et brûlante de beauté que Virginie DeChamplain signe un nouveau roman d’après le monde.

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Avant de brûler

Apocalypse des fantômes, des souvenirs ; accueillir les vivants, les revenants, leur inventer des vies : survivre à l’écoute, dans l’enregistrement des altérations, dans le contact des sylvestres efflorescences. Roman envoûtant, inventif, Avant de brûler rejoue les codes du roman apocalyptique et ceux de l’éco-poétique pour spéculer sur le souvenir et la perte, deuil et mémoire, poésie et attention à un monde qui se noie et brûle. Virginie DeChamplain s’approche au plus près des sensations éperdues de son héroïne, ses inquiétudes et reconstructions, la subsistance de la beauté qui offre à son roman un au-delà d’une destructrice survie, un effarement animal pour se massacre dont personne ne réchappe.
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Avant de brûler

La Québécoise Virginie DeChamplain signe un roman gorgé d'humanité autant que de sensualité.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Avant de brûler

Une fin du monde faite de déluges et d’incendies.

Elle est réfugiée avec Marco et le chien Django dans une maison isolée de la ville.

Lors d’une sortie en forêt, elle découvre Farah avec ses trois enfants, les pointe avec le “gun”, pose des questions sans réponses, barrière de la langue oblige.

Elle hésite, ne sait pas quoi faire, s’avance vers eux en ayant baissé le canon du “gun”, et d’un geste les invite à les suivre afin de les ramener dans la maison.

La bête, à l’abri de la canopée, surveille avec ses grands yeux noirs cette vie humaine, tout en se méfiant du cri des loups.



D’un thème qui pourrait paraître récurrent, mais tristement d’actualité, Virginie De Champlain livre une vision pleine d’espoir d’une fin du monde suite à un changement climatique.

Pas de zombies, de tribus anthropophages ou de luttes fratricides.

Non, juste une rencontre entre deux femmes, une sororité, mais aussi un accueil sans questions, un altruisme sans attente d’un retour.

Deux langues se comprennent sans mots, juste des regards, des gestes, des attentions.

L’espoir d’un monde nouveau, construit sur des ruines fumantes, basé sur l’empathie et l’écoute.

“Il faudra montrer à nos enfants comment prendre des chemins qui mènent ailleurs, quelque part où on pourra aspirer à autre chose que se détruire encore.”

Un livre qui apaise, qui réconcilie l’humain avec la nature et le monde animal.
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Avant de brûler

« Avant de brûler », l'effusion insurpassable qui cristallise le sacre de ce livre.

L'écriture poétique, charnelle, somptueuse est déjà, à elle seule, l'entrée dans le grandiose.

« Il y a toujours quelque chose qui passe… Ici tout laisse une trace. »

La jeune narratrice est à la lisière du monde. L'ère post-apocalyptique, le dérèglement climatique, entre les pluies diluviennes, les feux dévastateurs. Elle est en repli dans les bordures de la forêt, et la clairière qui élève le vrai langage. La résistance face aux alias irrémédiables.

Le récit est une chapelle qui reste sur ses gardes et prend soin des personnages qui savent l'heure précieuse. Les petits riens qui sont dans cette orée des urgences vitales.

La trame est une feuille cousue d'or.

« Depuis que je suis ici, je note des choses… Je note parce qu'il est pas question que je me fasse encore surprendre par la fin du monde. »

Elle vit avec Marco, un compagnon, un allié, un homme amical et doux. Django son chien et son chat qui vit d'indépendance. Comme l'arche de Noé en quelque sorte.

« Moi je l'appelle Rien parce qu'il n'appartient à personne. »

Dans la forêt, il y a des meutes de loups. Tout semble renouer avec l'imprévisible. Et là, elle croise une biche. « La bête l'ignore, mais elle est depuis quelques heures la dernière représentante de son espèce. »

Dans un même cycle, à l'instar d'une fusion, d'un magnétisme, d'une destinée révélée, elle rencontre sur le seuil de la canopée fragilisée, Farah. Une jeune femme, avec ses trois enfants, dont un bébé dans ses bras. Une corbeille féminine. L'aura qui élève la fièvre essentialiste.

« Je me rappelle Farah comme un coup de poing dans le ventre. »

Elle est d'eux. Ils sont d'elle et des enfants. Ils vivent en fusion, en communauté, « et un semblant de routine s'est posé dans la maison comme de la neige sur la mousse. Je me réveille au son des enfants. »

L'hospitalité comme cercle, ils sont soudés dans cette vulnérabilité. le temps d'avant est rompu.

Ils ne travaillent plus. Le rien est devenu matière. L'autarcie et le végétal pour rideau. Ils ne vont que peu dans le monde d'avant qui s'écroule peu à peu comme une feuille qui se meurt, craquante et fragile.

Tout est transformé, défiguré, comme hors du temps et de l'espace. La narratrice rassemble l'épars. Compte les pas, cueille les plantes, retient et prend garde au moindre mouvement furtif.

Marco est le socle. Paternel avec le bébé, tendre et intuitif, la bonté naturelle. Il est la marche de leur antre de survie.

Théologal dans sa pureté. Il est l'homme qui n'attend plus rien du monde. Ils sont dans cette échappée, cercle où la biche est l'emblème de la genèse agonisante. Unique.

La trame spéculative vaut mille vies. Elle retient les gestuelles. Elle sait l'heure de la déliquescence. L'omniprésence de la mort, la dégénérescence.

« Je vais m'installer dans le divan opposé à Farah et j'observe à la dérobée cette femme dompteuse de chaos, observe sa vie qui s'immisce maintenant dans tous les interstices de ma maison. »

Ils sont naufragés. La nature signe peu à peu l'advenir de ces êtres dont la maison, plus qu'un refuge est l'Alcazar. « Se bâtir quelque part où peut rentrer et descendre les épaules. « À la place je regarde Farah dormir sur le divan, en cuillère avec ses enfants. »

Farah et la narratrice déambulent dans la forêt. Toujours en quête de semences, d'essences, de bois craquant sous leurs pas. La biche happe leurs présences, cherche, elle aussi, un point d'appui dans ces miraculeuses connivences.

Le périple est un havre de verdure, salvateur. Sylvestres et conscientes de la fin du monde.

« Elle avait lu Margaret Atwood, et depuis quelques années elle observait, un rire jaune coincé dans la gorge, la réalité se lover dans la silhouette terrifiante de la fiction. »

« Avant de brûler » est un livre qui tresse la lecture à voix haute. L'écoute en veillée dans ce qui va advenir. Ce grand texte cardinal de Virginie DeChamplain qui honore la féminité, la solidarité-soeur, la biche, parabole d'un même coeur, l'union dans le délitement du monde vivant. Ce livre est une ode à la nature. Un texte fascinant d'empathie. Un lanceur d'alerte. Publié par les majeures Éditions La Peuplade.

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Avant de brûler

"Je la vois la beauté d'ici. Je la comprends. Mais elle m'arrive de tellement loin qu'elle se dissipe avant de se rendre à moi. La brume se glisse entre les troncs d'arbres, se déploie au sol comme un drap de soie sous un lit."



Derrière une trame de fond de fin du monde, avec cette planète Terre qu'on malmène indûment et qui nous fait graduellement payer notre ingratitude et notre inconscience par toutes sortes de cataclysmes, il y a la plume d'une infinie douceur de Virginie DeChamplain. Ses mots qui apaisent la souffrance et la peur, ses mots qui nous rapprochent de la nature, ses mots qui tricotent délicatement la beauté au travers les brins de la désespérance. Une plume qui caresse et qui enchante.



Un cri, une ode à la nature et à la vie dans toute sa splendeur. J'ai adoré.
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Avant de brûler

Non ce n’est pas déprimant. Je n’ai pas lu La Route (honte à moi!!!) donc je ne peux pas dire si c’est le pendant féminin de ce récit. Ici, ce je peux dire c’est que c’est charnel, chaleureux et en même temps glaçant. C’est parfois dur mais à côté de cela tu as des moments d’une poésie magique. Un roman à découvrir d’urgence. C’est beau à pleurer. Un roman québécois, le deuxième de l’auteurice, un monde qui pourrait être le nôtre d’ici peu. J’en sors à l’instant toute bouleversée. Bon j’arrête là. 😉
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Avant de brûler

Virginie DeChamplain nous offre Avant de brûler, un deuxième roman qui confirme son talent.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Avant de brûler

Dans ce roman incandescent à l’allure de fin du monde, subsiste l’espoir ; celui qui infuse sous notre peau et fait crépiter nos particules les plus infimes. La langue chantante de la canadienne Virginie DeChamplain nous éclabousse de mille feux pour nous parler de l’urgence à ne pas baisser les bras. ‘AVANT DE BRÛLER ‘ nous sonne, nous étourdit et nous intime l’ordre de tirer les conséquences de nos actes, d’ajuster notre tir avant qu’il ne soit trop tard.



Au lendemain de feux incontrôlables, d’inondations meurtrières, de tremblements d’une Terre qui n’en peut plus, animaux comme humains apprennent la survie, regardent autour d’eux, se cognent à leurs propres solitudes et finitudes. Tous et toutes ont perdu un être cher imprimé dans leur chair. La forêt ne résonne plus des mêmes appels, les loups ont étendu leur territoire et une biche à la rêverie fragile ne sait même pas qu’elle est depuis quelques temps la dernière de son espèce.



Dans ce chaos, deux femmes vont se percuter au détour d’un chemin : l’une, Farah, a fui la ville avec ses 3 enfants et l’autre a tant bien que mal inventé une façon de continuer, hagarde, aux côtés de Marco, homme tronc, le chien Django et Sac à Puces, un chat qui déboule dans vos jambes comme un coup de vent. L’arrivée de Farah va bouleverser l’ordre bancal établi. Les cris joyeux d’enfants vont résonner dans la maison de la forêt : les 2 humaines elles vont se calquer l’une sur l’autre. Chacune trimballe son passé, son drame personnel : aucune n’est prête à en parler comme si évoquer l’horreur c’était la revivre. Mieux vaut enfouir.



Si l’une est femme pilier et racine portant le gun à l’épaule, l’autre serait plutôt roseau qui ne rompt pas, en quête avide de chaleur humaine. Une biche à l’esprit calme continue ses errances, tout en veillant sur ces humaines qu’elle croise au loin lors de promenades en forêt. Son œil ourlé de cils soyeux est sans cesse braqué vers ces deux humaines: serait-ce pour les avertir du cataclysme imminent qui se profile au loin, par-delà la clairière ?



Dans l’urgence d’une langue indocile et sensuelle Virginie DeChamplain imagine une post-apocalypse féminine où le présent est accueilli comme un miracle. Le passé lui, a disloqué des cœurs et des corps, asséché les espèces animales, fait trembler des certitudes. Quand tout vacille, le futur n’est que brume ; la magie de cette plume qui nous vient du Canada, nous éblouit avec des chapitres courts – infimes goulées d’air salvatrices – traversés par de brefs poèmes déclarations de paix à l’existence.



La réincarnation semble possible, tout n’est que renouvellement encore faut-il que l’humain cesse de contrôler. Humains et animaux veillent les uns sur les autres à l’approche d’une menace sournoise ; la terre sera-t-elle tombeau ou matrice ? Ce qui bouleverse dans ce roman hautement inflammable, c’est l’évocation ultra-sensible et poignante du lien unissant êtres vivants humains et non humains. La biche est vigie, la femme est navire. Farah a porté ses enfants, la narratrice a bâti son refuge dans lequel elle peut rentrer en baissant les épaules, signe qu’il fait bon y vivre.



Le chaos extérieur est d’un calme déroutant presque réconfortant contre le chaos intérieur. L’autrice très touchée par l’éco anxiété qui l’habite sait porter la réflexion de manière juste et fait mouche avec cette plume irriguée d’ombres et de lumières. D’une façon ou d’une autre la forêt et tout ce qui l’habite rétablissent toujours ce qui doit être rétabli. C’est ainsi. Dans le passé les humains ont tenté de modifier le temps en ensemençant les nuages. Ils n’ont pas compris le danger et la futilité.



« On voulait pousser la technologie pour sauver les îles, renflouer les lacs, rééquilibrer les saisons, réherber les savanes, remplir les nappes phréatiques, recréer des espaces verts vivants et invulnérables, recréer la nature, recréer le monde comme il était juste avant qu’on avance collectivement le pied au-dessus du gouffre ».

La couleur des bleuets, la texture des premiers bourgeons, une lumière qui passe à travers le noir de nos âmes douloureuses et qui tombe en diagonale sur l’herbe encore un peu mouillée : la force d’évocation de la plume chantante de Virginie DeChamplain fait résonner ce roman « AVANT DE BRÛLER » telle une ode à la nature que nous malmenons tant. Un chant du cygne qui nous intime l’ordre de montrer à nos enfants comment prendre d’autres chemins, là où l’on aspire à autre chose qu’à se détruire encore.



« avant de partir nous

écrirons des guides de révolution

des cartes pour ne plus qu’on nous perde

et puis nous

brûlerons tout pour mieux rebâtir »

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Avant de brûler

Virginie DeChamplain livre un récit d'anticipation apocalyptique ancré dans le territoire.
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Les falaises

Il y a V., une fille qui danse dans le salon de sa maison d'enfance.

Pas facile, l'enfance. le père inconnu au bataillon, ou c'est tout comme. La mère, une funambule sur le fil du rasoir, qui fuit l'hiver comme la peste, emmenant autour du monde ses deux filles dans des voyages où tout peut basculer à chaque instant. Toujours l'air d'être sur le point de craquer, Frida, pas vraiment le modèle rassurant d'une maman gâteau et verre de lait... Les chagrins, c'est blotties l'une contre l'autre que V. et sa soeur les affrontaient.



Et puis voilà. Ce jour-là elle a sauté, Frida. Silhouette blanche qui avait hésité plus d'une fois et qui avait fini par faire le dernier pas, celui où l'on s'en remet au vide, advienne que pourra.



Dans "Les Falaises", il y a les mots, qui sentent le vent et l'air humide du Saint-Laurent. Les phrases de Claire, la grand-mère, qui de carnet en carnet dévident les méandres d'une vie sans racines. Claire qui sécrète les bourgeons incandescents qui écloront dans la poitrine de sa fille. Une bombe à retardement.



En vidant la maison familiale, V. boit les rêves de sa grand-mère, boit les verres que lui sert Chloé, la barmaid au visage de renarde. Fascinante, réconfortante Chloé. Une ancre dans la tempête. Un corps auquel s'accrocher. V. fait ce qu'on fait toutes dans ces moments-là : elle fait comme elle peut. Elle cherche, elle trouve, elle se saoûle, elle se souvient. Elle part, pour faire le point.



"Les Falaises" débute par un suicide et nous aspire au coeur du deuil. Ne passez pas votre chemin. Rien de plombé, dans la prose de Virgine DeChamplain qui nous offre cette histoire de femmes fortes, un peu fées, un peu fêlées. le parler, poétique et enveloppant, nous donne envie de Québec et de liberté, d'amour et de sororité. Ce livre nous rappelle que la route est accidentée, qu'on s'y écorche parfois les genoux, mais que la vie continue, malgré tout. On le sait, mais dit comme ça, ça change tout.



La mort, ça niaise. "J'ai une falaise au bord des lèvres", dit V.

Et nous donc.


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Les falaises

Roman tout en émois dont je sors de la lecture frustrée car l’auteur a choisi de laisser aller sa plume, avec un certain brio cependant, au détriment du contexte. Et pourtant il y avait matière à développer : l’exil de la grand-mère, la fuite de la mère, la peur de la folie de la fille, ce qui nous pousse à fuir un coin perdu pour mieux y revenir plus tard (Chloé), la beauté des paysages gaspésiens, la dureté de la vie des femmes de pêcheurs etc.

Un roman ne peut être fait que d’émotions balancées au fil des pages. Il faut l’étoffer d’une histoire et ce, même si l’écriture et le style de l’auteur véhiculent ces émotions avec puissance comme c’est le cas dans ce livre.

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Les falaises

Vertige littéraire. Les Falaises est un grand livre en devenir. A l'aide d'un style tout en simplicité, le roman nous fait la promesse, dès les premières lignes, qu'une histoire hors du commun se profile à l'horizon. C'est l'histoire d'un voyage intérieur et de la rencontre de ses racines à travers l'exploration d'une maison familiale à l'abandon. Mais des ruines peut renaître un royaume flamboyant.

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L'autrice dessert là une œuvre pleine de sens et de justesse pour qui a connu la difficulté du deuil. Tout au long du roman on rencontre des personnages, des situations, mais surtout l'Islande et ses falaises, monuments incontestés de ce pays fantasmé. Il sera ici sublimé.

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A travers les lignes, De Champlain restitue toute la tristesse et la mélancolie des souvenirs égarés, ces souvenirs qu'il faut se réapproprier afin de faire comprendre à l'héroïne qui elle est, qui elle peut être et qui elle deviendra. A travers sa mère et sa grand-mère elle renaîtra, phoenix de glace, à travers ces deux femmes gelées, la chaleur d'être quelqu'un lui refera espérer qu'un chaud avenir est à sa portée.

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Mais avant de renaître, il faut comprendre, partir à la recherche de toute les pièces du puzzle, ce jeu d'énigme qui lui fera traverser les paysages les plus sublimes du Nord de l'Europe, falaises, montagnes, lacs, à travers des personnages chauds et rassurants. Représentant très certainement une étape très personnelle de ce deuil si particulier, chacun des protagonistes apportera des réponses et un sens à certaines pièces de ce puzzle.

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L'écho du deuil résonne à travers les falaises. Montagnes de pierre abruptes, qui sous leurs vertiges minéraux cache la beauté brute et sublime de la nature, sauvage et indomptable. La chute et c'est fini.
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Les falaises

*lecture terminée*



Les falaises de Virginie DeChamplain publié chez @harpercollinsfrance.



Après avoir appris le décès de sa mère, V. est de retour sur sa terre natale, Gaspésie. Elle y retrouve sa sœur et sa tante. Le mot est lâché, Suicide. Son corps a été retrouvé tel une sirène échouée. Au cours de son séjour, elle va retrouver des journaux intimes de sa grand mère. Elle va les lire avec frénésie pour essayer d'en apprendre plus sur cette maman un peu sauvage.



Ce roman est assez particulier, les phrases sont courtes et percutantes. On dirait que notre personnage essaye de nous raconter son histoire à toute allure. On y sent une certaine urgence. Elle essaye de comprendre le passé de sa famille. C'est une histoire sur l'héritage intergénérationelle. On remonte jusqu'au passé de la grand mère. On voyage au Canada et on y découvre ses expressions assez particulières (elles ne m'ont pas dérangées, on comprend le sens de la phrase) et on va jusqu'en Islande et ces nombreuses falaises. Falaises, comme l'abîme qui nous habite.



C'est une façon particulière d'aborder le deuil mais j'ai trouvé une certaine poésie dans les phrases et beaucoup d'émotions.



Je ne peux pas dire que j'ai aimé cette histoire mais l'histoire se lit très vite et on y rentre facilement malgrès sa particularité.



Tu connais? Il te tente?



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Les falaises

Le fleuve, le vent, les criques et les falaises.

Des femmes éparpillées, déconnectées.

Un deuil.

Une quête personnelle.

Un bistrot et encore une femme.

Un voyage.

Fuir puis revenir.

La Gaspésie, les rives du Saint-Laurent et au loin l’Islande.

Le poids des non-dits.

Une ambiance, un rythme, un style.

De la poésie, de la poésie qui sent la terre.

Une langue totalement libre.

C’est beau.

C’est rare un premier roman comme celui-là.
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Les falaises

Premier roman très particulier que celui de Virginie DeChamplain.

Parsemée de mots et expressions en québécois, sa lecture en est parfois fluide, parfois à la limite du décousu et souvent surprenante.

La poésie quant à elle n'est jamais très loin grâce aux pages des manuscrits de l'un des personnage.



C'est en Gaspésie que Je, la narratrice, accompagnée tout d'abord par sa jeune sœur Ana, puis seule, va remonter le temps de son histoire familiale. Leur mère, Claire, celle qui criait avoir perdu son prénom à la naissance de ses enfants, a été retrouvée morte.

Il est temps pour "Je" de débarrasser la maison, de s'en séparer, de tourner définitivement la page d'une période de sa vie qu'elle a du mal à supporter, d'oublier sa mère vagabonde et sa grand-mère aventureuse.

Mais la découverte dans le grenier, des manuscrits de cette grand mère qu'elle n'a pas connue, vont changer les choses : petit à petit la narratrice découvre son histoire familiale, va mieux comprendre les sacrifices de cette mère si particulière.



Roman sur le deuil, sur la vie après le départ d'êtres incompris, sur le besoin et la difficulté de l'oubli;

mais aussi odes aux femmes insoumises, roman sur l'amour filial.

Tels sont les thèmes que Virginie DeChamplain nous propose de parcourir, à sa façon.



Certes certains passages sont émouvants, bouleversants mais le mélange de la langue parlée et de la poésie ont réellement altéré mon plaisir de lecture; trop de grand-écarts... aussi, je ne saurais classer ce texte dans une PLL (pile de livre à lire)











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Les falaises

Dans ce roman onirique, la narratrice V. est de retour dans sa maison d’enfance, au bord du fleuve Saint-Laurent, après le suicide de sa mère. Tandis qu’elle se charge de faire le grand ménage et de vider l’habitation, des journaux manuscrits laissés par sa grand-mère rouvriront des blessures du passé et lui permettront de retracer l’histoire des femmes de sa lignée, de la Gaspésie (province du Québec au Canada) à un petit village d’Islande.

 

C’est un court livre de 200 pages, à l’histoire simple mais qui ne ressemble en rien à ce que j’ai pu lire par le passé. Déjà particulier dans sa construction mêlant poésie au récit, le style de l’auteure est tout aussi original et peu conventionnel.



J’ai apprécié l’utilisation de la langue québécoise, toujours cash et à laquelle il faut s’habituer de prime abord, me rappelant les nombreux bons souvenirs de mes différents séjours à Montréal. Ce roman profondément féminin est un joli voyage vers l’introspection.
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Les falaises

La narratrice, V., vient d'apprendre la mort de sa mère. Elle se rend à sa maison d’enfance, au bord du fleuve Saint Laurent où s'est glissée sa mère, dans le but de vider l'habitation, mais aussi de renouer les liens distendus de cette famille matrilinéaire où les hommes ne faisaient que passer, occupés par d'autres voyages.

D'octobre à mars, nous suivons V. dans un périple d'abord immobile, découvrant les écrits de sa grand-mère, née en Islande, évoquant les souvenirs de sa mère, marquée par une grande instabilité psychologique, mais emmenant ses deux filles, V. et Anaïs aux quatre coins du monde.

Bientôt V. partira sur les traces de son ancêtre, mais elle sait déjà que ce sera pour mieux revenir.

Femmes sauvages, femmes à la fois faibles et fortes, marquées par leur amour de la nature, Virginie DeChamplain leur offre une voix poétique, ultra sensible qui parfois broie le cœur. La lettre que la grand-mère écrit à sa fille nouvelle née est parmi l'une des plus belles lettres d'amour que j'ai lue.

Un texte au plus près des corps, des émotions, de la nature, qui ne fait pas l'économie de la souffrance ,mais sans jamais tomber dans le pathos. Une langue libre qui se réinvente pour mieux dire l'amour et la mort Un texte puissant et marquant qui file sur l'étagère des indispensables.
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