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Critiques de Vladimir Maïakovski (33)
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Le nuage en pantalon

“Je ne veux plus jamais rien lire de ma vie. Les livres ? Je m'en fiche, des livres !”



écrivain maudit… m'enfin je commence à m'interroger : est-ce vraiment un signe distinctif dans la jeune Russie soviétique (cf Akhmatova, Boulgakov, Blok, Pasternak, Mandelstam et Tsvétaieva… ) ?



“Dites à vos pompiers que coeur en feu a besoin de caresses. Je m'éteindrai tout seul. Pomperai par tonneaux dans mes yeux enlarmés”



Le Nuage en Pantalon, paru en 1915, est un poème explosif, agité, exaspéré, sensuel, insolent mais, déjà, désespéré. 



“Je reste le plus beau”. Maïakovski, poète national sous l'ère communiste, contraint d'abdiquer son anarchisme pour un bolchevisme docile, entretint sans doute un rapport plus contrasté avec l'idéologie du régime que la version stalienne post-mortem.



Le jeune poète géorgien connaît son charme, et après Lili Brik et Elsa Triolet, c'est carrément la vierge Marie qu'il tente de rencarder dans son poème “je demande simplement ton corps, comme le demandent les chrétiens : « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. » Marie, donne !”



Même Dieu en prend pour son grade: “Écoutez, monsieur Dieu ! N'en avez-vous donc pas assez de tremper toute la sainte journée vos vieux yeux gonflés de bonnasserie dans la gelée des nuages ?”



Vladmir Maïakovski nous fait sentir toute la tourmente et l'insécurité causées par la création poétique, confessant qu”avant qu'on ne commence son chant, on erre longtemps, les pieds couverts d'ampoules”, état pitoyable où le poète avoue que “la carpe stupide de l'imagination patauge mollement dans la vase du coeur”. Il faut rester patient, sacrifier au doute et à l'angoisse mais ne pas abandonner même si l'on ne sait pas encore où tout cela mène, ce qui me rappelle Gérard Macé, qui souligne dans La Pensée des Poètes, “c'est souvent après coup que le poète découvre ce qu'il avait à dire.”



Pourtant, son énergie poétique reste funeste, il ne croît pas aux lendemains qui chantent, et pour cause il mettra fin à ses jours quinze ans après ces lignes: “Rien ne se fera. La nuit surviendra, mâchera, avalera.”



Qu'en pensez-vous ?
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Ma découverte de l'Amérique



Cela vaut incontestablement la peine de lire les impressions de l'enfant terrible de la poésie russe sur la grande puissance de l'autre côté de l'Atlantique. Vladimir Maïakovski, qui à 32 ans, se rend en 1925 à Cuba, au Mexique et aux États-Unis.



Cet auteur est caractérisé brillamment dans la préface comme : "futuriste empathique, poète amoureux de la technologie, dandy méprisant les richesses, gueulard démonstratif qui, en général, n'écrivait pas plus de dix lignes par jour". La préface est l'oeuvre de l'écrivain irlandais, Colum McCann, l'auteur du best-seller "Et que le vaste monde poursuive sa course folle" de 2009.



À notre amie sur Babelio, Maryna Uzun, un mot suffit pour le caractériser : "Maïakovski c'est le phare". Voir son commentaire sur mon billet du livre d'Anne Bernays "Back Then", du 3 février dernier.



Au Mexique, notre voyageur est reçu par le grand artiste, connu pour ses peintures murales, Diego Rivera (1886-1957) et j'étais légèrement choqué qu'il parle de l'épouse du peintre sans même mentionner son nom. Après vérification, il est clair que je me suis trompé. Ce n'est que 4 ans plus tard que le maître mexicain se maria avec la talentueuse Frida Kahlo (1907-1954). En 1925, son épouse s'appelait Guadeloupe Marín (1895-1983). C'est grâce à sa première épouse, l'artiste-peintre russe, Angelina Belova (1879-1969), que les 2 hommes pouvaient s'entretenir, en l'occurrence en Russe, Maïakovski étant monoglote. Bien que dans son rapportage d'Amérique, il aime truffer ses observations de mots américains, fraîchement découverts.



Si le Mexique a laissé une impression favorable sur notre auteur - "Je quitte le Mexique avec regret" - Il n'en est pas du tout de même des États-Unis. Converti au bolchevisme à l'âge de 15 ans, en 1908, Maïakovski, comme chef du LEF (Levyi Front Iskusstv ou Front gauche des Arts, 1923-1929), fait des conférences à New York, Chicago et Detroit. Déjà impressionné par le système des transports, des effets de l'électricité, de la construction en hauteur, de la frénésie industrielle et de l'omniprésence des publicités, il se rend très vite compte de la place du Dollar : la petite rue de Wall Street contre Washington, où réside le président Calvin Coolidge (1872-1933) (un précurseur Républicain de la trempe du fiston Bush et Trump), le sénat, congrès et administration fédérale. Il est aussi confronté aux problèmes raciaux, au phénomène du Ku Klux Klan et de l'injustice sociale, notamment l'Affaire Sacco et Vanzetti.



Notre poète estimé le nombre de communistes aux États-Unis à 60.000, mais comme il y a parmi eux un grand nombre de récents immigrés, il ne faut pas s'attendre à des miracles, en dépit des bons efforts des journaux "Novy Mir" (ou "Nouveau Monde", russe), "Freiheit" (ou "Liberté", juif), "Chodenni Visti" (ou "Nouvelles Quotidiennes", ukrainien) et l'organe central du Parti, le "Daily Worker".



Une phrase souvent citée de cet ouvrage, figure à la page 101 : "Aucun pays ne profère autant d'âneries moralisatrices, arrogantes, idéalistes et hypocrites que les États-Unis". C'était l'époque de la prohibition avec son énorme trafic d'alcools interdits par les "bootleggers", ("Tout le monde vend du whisky" note-t-il ), des speakeasys (bars clandestins) et le début de la fortune des Kennedy.



La visite de Vladimir Maïakovski à l'usine de Ford, où 7000 bagnoles neuves sortent tous les jours de la célèbre chaîne de production, vaut absolument la peine d'être lue. Ses conclusions sont bien à lui : "On a beau avoir vu le processus au cinéma, on sort de là complètement baba" (page 140 et sur la page suivante) "Detroit est la ville qui compte le plus de divorces. Le système fordiste rend les ouvriers impuissants ".



Ce qui a carrément dégoûté notre voyageur russe, ce sont les colossaux abattoirs en plein centre de Chicago. Une page, que contrairement à la visite-Ford, on tourne à toute vitesse.



Bien que "New York croule continuellement sous des tas de pierres et d'armatures en métal, au milieu du vrombissement des perceuses et des coups de marteaux", cela ne l'a nullement empêché d'écrire ses magnifiques poèmes du Pont de Brooklyn et de Broadway.



Et cette constatation vaut, en fait, pour l'ensemble de ce petit ouvrage, qui est, à mon avis, avant tout une curiosité.

Vladimir Maïakovski n'est au départ pas un auteur de guides touristiques, qui en plus, était handicapé par son ignorance de la langue du pays visité. Toutefois, son esprit original lui fait observer des choses qui passeraient inaperçues à tout le monde et rendent ce petit opus de justes 150 pages remarquable.



Pour son génie comme poète, il vaut mieux lire les superbes 4 ouvrages sortis par la maison d'édition L'Harmattan : Poèmes, de 1913 à 1930, traduits par l'éminent Claude Frioux (décédé récemment), qui a également écrit une biographie "Maïakovski par lui-même" (1961).



La courte vie de ce géant de la poésie, qui s'est malheureusement suicidé en 1930, à l'âge de 36 ans, a été très bien captée par 2 auteurs : Elsa Triolet, femme de lettres et résistante française d'origine russe (1896-1970) "Maïakovski " de 1939 et l'auteur suédois, Bengt Jangfeldt, "La vie en jeu : Une autobiographie de Vladimir Maïakovski" et paru chez Albin Michel en 2010.

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A Serguéi Iessénine

Sergueï Essénine s'est pendu dans une chambre de L'Hôtel Angleterre à Saint-Petersbourg dans la nuit du 27 au 28 décembre 1925, après s'être ouvert les veines pour écrire un poème d'adieu avec son sang. Les derniers vers en sont :

"Mourir n'est pas nouveau dans cette vie,

Mais vivre assurément n'est pas plus neuf"

Du moins est-ce la version officielle.

Les Russes adoraient Essénine. Il était le chantre de la Russie éternelle, le "poète paysan". C'était aussi un beau jeune homme aux boucles d'ange. Tout l'opposait apparemment à Vladimir Maïakovski, le poète futuriste, le poète de l'avant-garde à la mâchoire carrée. Ils entretenaient une rivalité certaine mais les deux hommes se respectaient et s'estimaient. L'annonce de la mort d'Essénine entraîna une vague de suicides en Russie. C'est pourquoi Maïakovski achève son poème ainsi :

"Dans cette vie

Mourir est trop facile.

Refaire la vie

est bien autrement dur".

Il n'empêche que quatre ans plus tard, Vladimir Maïakovski mit fin à ses jours.
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Prikaz pour l'armée de l'art

Vive Maïakovski ! Ses poèmes sont toujours vivants, jeunes, frais, utopistes, violents, ils déménagent ! A bas les vieux cornichons confits, la poésie niaiseuse, niannian, grise et dépressive ! Ah ouvrons les fenêtres bon sang de bois ! Descendons dans la rue, avant qu'on n' soit perdu, colorons nos vies ! Fermons nos Google et ouvrons nos gueules ! Brisons tambours et pianos pour faire vacarme et tonnerre ! A bas les bas ! Vive les guiboles à l'air ! Faisons l'amour mieux que naguère ! Nous ne sommes pas des légumes, bravons l'écume ! Et dare-dare, dix-sept steaks tartares ! Réveillez votre gros pouvoir du rêve ! balancez-leur à la gueule ! y'en a marre de leur "c'est pas possible" et de leur rampez- "c'est comme ça" ! Debout la-dedans ! Sus aux bobos !









C'est une critique participative ! Si vous avez un slogan bien saignant dans l'esprit , je l'ajoute camarade babeliote !
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A pleine voix. Anthologie poétique, 1915-1930

Le souvenir de l’Histoire n’est jamais neutre. Il se raconte en fonction de ce que la mémoire collective a décidé de mettre en avant tout en repoussant dans l’ombre d’autres faits. Prenez le communisme par exemple, sa simple évocation amène le même lot d’images mentales chez beaucoup d’entre-nous : La gouaille de Lénine, le marteau et l’enclume, la moustache dictatoriale de Staline, les camps de travail forcé du goulag, les millions de mort et la politique de la délation généralisée ! Il faudrait être fou pour nier ces faits de l’Histoire mais il s’agit aussi d’un carcan dont l’imaginaire collectif a du mal à sortir, allant même jusqu’à fantasmer ce qui l’a précédé: le tsarisme.



Loin du faste des palais et de l’argenterie des tsars, une majorité de russes vivaient dans le dénuement. Nombre d’entre eux étaient des moujiks qui croupissaient dans les miasmes et n’avaient pas réellement de droits. Un pas de travers ou une opposition vis-à-vis du pouvoir en place et c’était un billet assuré pour la katorga, un camp de travail qui avait déjà tout du goulag.



Le poète Vladimir Maïakovski fut un de ceux qui fit le trait d’union entre l’Empire tsariste et la Russie communiste. Ses poèmes sont connus pour avoir chamboulé la langue russe et donnent à voir, entre autres, ce qui animait le cœur d’un révolutionnaire communiste au début du XXème siècle. “À pleine voix” est un recueil qui reprend ses textes de 1915 à 1930 dont voici la petite analyse.



Qui était Maïakovski ?



Vladimir Vladimirovitch Maïakovski est né le 7 juillet 1893 à Baghdati (Géorgie). Il passe son enfance dans cette région du Caucase jusqu’à la mort de son père en 1906. La famille déménage alors à Moscou et Maïakovski commence à fréquenter le milieu bolchevique, ce qui lui vaudra d’être arrêté trois fois pour conspiration et d’être incarcéré, pendant cinq mois, en cellule d’isolement à la prison de Boutyrki. Il est alors à peine âgé de 16 ans ! C’est durant cette incarcération que l’auteur russe écrit ses premiers poèmes et à sa sortie de prison il s’inscrit aux Beaux-Arts et se lie à un groupe d’artistes qui portent le courant futuriste russe dont il sera bientôt la figure de proue. Les futuristes réinventaient une nouvelle culture en rejetant les formes anciennes de l’art. Maïakovski s’emploie alors à dépoussiérer la poésie russe en composant des textes au rythme syncopé, qu’il déclamera à qui veut bien l’entendre au quatre coins de la Russie.



En 1915 il rencontre pour la première fois Lili Brik (la sœur aînée d’Elsa Triolet) avec qui il ne cessera d’avoir une relation tumultueuse. Ils se sépareront à de multiples reprises, feront ménage à trois, se quitteront à nouveau mais garderont cette passion destructrice jusqu’au bout.



Lors de la Révolution d’Octobre de 1917, Maïakovski est évidemment du côté des bolcheviques. Il crée des affiches et ses poèmes prennent une portée politique. Il continue sa recherche artistique sous de nouvelles formes telles que le théâtre, le cinéma tout en continuant l’écriture de ses textes. À partir de 1929, le poète russe se rend compte de la dérive autoritaire du parti communiste, crée des pièces satiriques et traite la révolution “d’opéra-bouffe” et se rend compte qu’il a été le poète de l’appareil d’État. Trop tard. Le 14 avril 1930 Vladimir Maïakovski se suicide d’une balle dans le cœur. Son nom sera tour à tour porté aux nues, déconsidéré, oublié, réhabilité, mis à l’index et finalement redécouvert par les générations suivantes.



[...] Dans mon dos délabré ricanent et hennissent les candélabres.



On ne pourrait ici me reconnaître :

boule de nerfs

crispée

qui se lamente.

Qu'est-il besoin pour un tel double-mètre ?

Mais tant de choses le tourmentent !



Qu'est-ce que ça peut bien faire

et que l'on soit de bronze

et que le coeur soit un morceau de fer ?

Son bruit, la nuit, on désire l'éteindre

dans quelque chose de tendre,

de féminin.



Me voici

colossal,

arc-boutant la fenêtre.

De mon front je fais fondre la vitre.

L'amour va-t-il ou pas naître ?

Quel amour —

un grand amour ou une amourette ?



De quelle part un grand amour dans un tel corps :

ce devrait être une petite

amourette paisible

qui prend la fuite devant les cornes d'automobiles

et qui raffole des grelots des trams hippomobiles [...]



Cet extrait du long poème Le nuage en pantalon montre l’imagination débordante du poète russe que l’on surnommait le « double mètre » dû à sa très grande taille. Maïakovski se déjoue alors de la poésie classique et mène une réflexion artistique mêlant réalisme et absurde. Le côté ampoulé de la poésie russe est remisé au placard. L’auteur apporte une vraie rupture de style grâce à un rythme effréné et saccadé. On retrouve dans ses textes une irrésistible envie de rompre avec la tradition esthétique afin d’entrer de ce qu’il considérait comme la modernité. Certains de ses poèmes sont des machines lancées à toute vitesse qui eurent un écho considérable dans toute la Russie lors du début du XXème siècle. Imaginez un peuple habitué aux classicisme qui voit arriver un gaillard charismatique de deux mètres, et qui déclame des vers exaltés tel un long cri révolutionnaire.



[ ...] Stop !

Je dépose sur un nuage

la charge

de mes affaires

et de mon corps fatigué.

Endroit propice où je n'étais jamais venu avant.



J'examine le lieux.

Ainsi

ce poli bien léché,

c'est donc cela le ciel que l'on nous vante.



Nous verrons, nous verrons !



Ça étincelle,

ça scintille,

ça brille

et

cela bruit —

un nuage

ou bien

des esprits

qui glissent sans bruit [...]



Ce recueil poétique permet aussi d’apercevoir cette passion dévorante qu’avait Maïakovski pour Lili Brik puisque beaucoup de poèmes sont dédiés à celle qui l’embarqua dans une histoire d’amour chaotique. Le poète russe se sent désabusé et derrière la façade des mots futuristes (pour l’époque) Maïakovski laisse apparaitre une faille béante : son incapacité à être heureux en amour. Seule la mort lui fera cesser d’écrire des textes pour « sa » Lili.



Enfin, et c’est aussi ce pour quoi Vladimir Maïakovski est connu, il écrivit des poèmes révolutionnaires tels que 1 500 000 où il prend la voix de cent cinquante millions de russes ou encore le texte sobrement intitulé Vladimir Ilitch Lénine qui est un hommage à l’homme d’État communiste alors que ce dernier ne fit aucun cadeau au poète russe, notamment en qualifiant certains de ses poèmes de « prétentieux et stupides ». Maïakovski était comme cela, emporté par ses idéaux politiques sur fond de Révolution d’Octobre alors que la suite de l’Histoire aura montré l’Horreur du communisme à la face du monde. Un révolutionnaire dans l’âme qui fut, après sa mort, récupéré, utilisé et étiqueté poète de l’appareil d’État soviétique. Qu’en aurait pensé le poète russe? 😉



Il reste un poète visionnaire en Russie mais aussi de part le Monde puisqu’il exerça une influence considérable sur Pasternak, Aragon ou encore Brecht.



À bientôt
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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A pleine voix. Anthologie poétique, 1915-1930

« A pleine Voix », Anthologie poétique (1915-1930) est composé de onze chapitres traitant de la guerre, de lui-même dans l’homme, de son amour pour Lili et de politique. L’homme engagé est déçu par la révolution !

Ce beau ténébreux, cet amoureux fou de Lili Brik la sœur d’Elsa triolet est souvent malheureux et souffre tragiquement. Il écrit ses premiers poèmes en 1912 lors d’un séjour en prison.

Il déteste la guerre et pourtant il est sensible aux idées révolutionnaires, lors de meetings politiques il prend la parole, la foule l’écoute, il a un charisme fou.

Maïakovski, il faut le lire à haute voix, le déclamer pour bien profiter des sonorités, du rythme et s’en imprégner.

J’ai particulièrement aimé, « Nuage en pantalon » et « Ça va bien » la forme, et la disposition des vers de « ces narrations versifiées » donnent du rythme à sa poésie aux tonalités lyriques ou militantes.



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Océan Atlantique

1925 Lili Brik l'a plaqué : "Je ne t'aime pas". Maïakovski embarque pour l'Amérique à bord du paquebot Espagne. Au retour il publie un récit de son voyage (Ma découverte de l'Amérique) et une série de poèmes. Océan Atlantique en fait partie. Ne vous attendez pas à un poème vague à l'âme cucul la praline. Oh que Non, de sa poitrine athlétique tantôt laborieux, tantôt ivre mort, l'océan va soupirer et gronder et faire la révolution, c'est parti, ça pétarade, ça tonne, les vagues prêtent serment au Comité central de toutes les eaux de ne pas rendre les armes jusqu'à la victoire...

Le poème est drôle et plein d'imagination. On entend la voix de stentor de l'océan-Maïa , gronder, pétarader, gémir et il vous scrute de son œil atlantique. Ne vous avisez pas de rire Camarades...

Le poème bilingue est présenté dans un petit livret prêt-à-poster avec une couverture superbe imitant une affiche constructiviste soviétique.
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Ma découverte de l'Amérique

En 1925 le poète futuriste Vladimir Maiakovski (1893-1930) a l'intention de faire le tour du monde. Mais, arrivé à Paris, on lui fauche son portefeuille. Il doit donc réduire la voilure et se contenter d'un voyage en Amérique. En première classe quand même car le gaillard est en mission officielle pour le Commissariat de l'Instruction publique et il a par ailleurs quelques généreux amis parisiens. Il embarque donc à Saint-Nazaire le 28 octobre 1925 sur le paquebot Espagne, "quatorze mille tonnes, un petit bateau genre du grand magasin GOUM". Il fait escale en Espagne puis à La Havane, Veracruz, Mexico, Laredo, New-York, Chicago, Philadelphie, Detroit, Pittsburgh, Cleveland, Le Havre. de retour à Moscou, il publie des poèmes mais aussi de petits textes dans les journaux soviétiques : anecdotes, portraits, dialogues, analyses rapides.

Le ton est vif et souvent drôle. Maïakovski se révèle un excellent conteur qui a le souci d'instruire sans ennuyer son lecteur. Il ne parle pas plus espagnol qu'anglais et " n'a de toute façon pas assez vécu pour pouvoir tout décrire parfaitement en détails". Mais il a un sacré sens de l'observation, du portrait saisissant, du détail qui tue, de l'aphorisme drôle. Ses descriptions sensorielles et métaphoriques sont celles d'un poète. Il décrit à merveille l'océan atlantique, les cactus mexicains, l'insolente Broadway ou la carte hallucinatoire du réseau ferroviaire des Etats-Unis, Maïakovski observe et saisit les inégalités sur le bateau, les comportements faussement philanthropiques et la cupidité omniprésente. A Cuba, l'énormissime entrepôt empli de whisky qui va se déverser sur les Etats-Unis en "période de sobriété". Au Mexique, sa plume est plus pittoresque pour brosser le portrait de Diego Rivera qui l'a invité, décrire malicieusement la culture révolutionnaire locale et les fameuses armées mexicaines mais aussi les jeux des gamins ou la cuisine incendiaire. Il ne tarit pas d'éloge sur l'hospitalité des gens. Et puis il arrive à New-York. Il se retrouve au poste car il n'a pas de visa et refuse de signer un formulaire qu'il ne comprend pas. S'ensuit une saynète absurde et rigolote comme du Daniil Harms. Aux Etats-Unis, Maiakovski est tout à la fois dépaysé, charmé et fasciné par le gigantisme et la technologie en marche. Il se retrouve complètement dans cette démesure et cette rapidité. Il s'enthousiasme comme un enfant pour les gratte-ciel et les ascenseurs vertigineux, le fantastique et très futuriste réseau ferroviaire, la circulation frénétique des automobiles. Mais lucide il n'oublie pas de démonter le système et d'évoquer l'exploitation des ouvriers chez Ford à Detroit ou de dénoncer la ségrégation raciale. de retour en France, les masures lui font pitié et il semble regretter de ne rencontrer qu'une seule automobile sur le trajet vers Paris mais il loue l'acharnement séculaire des gens à faire pousser violettes et salades sur leur petit lopin de terre.

Je vous encourage vivement à lire ce livre. Sur le site de l'éditeur, on peut découvrir la préface de Colum McCann et les premières pages.





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A Serguéi Iessénine

Merci à mh17 pour m'avoir fait découvrir ce court poème d'une belle densité.

C'est accessible en téléchargement libre de droit.

La vie de Vladimir Maïakovski mérite le détour, et me fait penser (modestement, désolé) à ma dernière lecture contemporaine pseudo-russe "Un gentleman à Moscou" et à l'ami poète Michka du héros.

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Ecoutez : Si on allume les étoiles...

Cela faisait un certain temps que j'avais envie de découvrir la poésie de Vladimir Maïakovski. Figure emblématique du mouvement futuriste et de l'avant-garde soviétique du début du XXème siècle, poète, dramaturge, scénariste, publiciste mais aussi fervent activiste du parti bolchevique, il fut de son vivant autant vénéré que détesté dans les milieux politique et artistique. Aujourd'hui, sa personnalité et son oeuvre poétique sont quelque peu reléguées dans l'oubli. Elles restent pourtant incontournables pour qui veut découvrir le mouvement littéraire d'une époque, d'un pays où l'art « officiel » servait de porte-étendard au pouvoir politique.



« Ecoutez : si on allume les étoiles… » est une petite anthologie publiée en 2005 au Temps des cerises. Elle regroupe un ensemble de poèmes écrits par Maïakovski de 1913 jusqu'en 1929.



Dès les premières pages, L'écriture de Maïakovski se fait alerte, vive, comme née de l'instant. Il n'y a pas chez Maïakovski d'introspection, de recherche de style mais un sentiment débordant à décrire les scènes de la vie quotidienne, les rencontres, son séjour à Paris mais également ses amours et son grand engagement politique.



Dans un style épique et lyrique, avec un bel usage de la métaphore, Maïakovski se jette dans la mêlée du quotidien, mêlant le thème individuel au collectif, le temps présent au passé et à l'avenir. Au travers de l'écriture, l'auteur veut s'émanciper d'une pensée qui s'enliserait dans un étroit confort. Maïakovski mêle la tension dramatique, à l'humour et à la gouaille populaire pour s'en préserver.



Toujours chez lui, subsiste les traces d'un idéal romantique, le rêve d'un homme nouveau. Espoir souvent déçu quand il se rend compte de la médiocrité de la société, de la soumission des hommes.

C'est dans cette confrontation de l'homme avec L Histoire que Maïakovski s'était imaginé, c'est là qu'il s'est perdu à l'âge de 37 ans, en se tirant une balle en plein coeur.



Lire la poésie de Vladimir Maïakovski, c'est éprouver tout l'idéal d'un homme, tout l'espoir placé dans l'écriture, dans la poésie, vue comme une action concrète. Mais c'est aussi ressentir la désillusion qu'apporte la réalité, celle d'une société qui vit au jour le jour, rivée à elle-même et subissant les injonctions d'une doctrine, d'un pouvoir politique omniscient.

C'est sur cette ligne de partage que va la poésie de Maïakovski, porteuse d'une belle et étrange lumière.



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La punaise

Le camarade Vania Polivarnov quitte Zoïa Bouleaunova pour « une autre plus jolie qui a la poitrine serrée dans une belle jaquette » : « Notre amour est liquidé. Ne faites pas obstacle au libre épanouissement d’un sentiment civique, sinon j’appelle la milice. » Un incendie détruit la maison où se déroule la noce. Un corps ne sera pas retrouvé dans les décombres.



Plus tard, les médias communistes du monde entier annoncent que le président de l’Institut des résurrections humaines estime possible le retour à la vie de cet individu congelé il y a 50 ans, tout en veillant à « prévenir tout risque de propagation des bactéries “lèches-bottes“ et “m’as-tu vu“, caractéristiques de l’année 1929 ». Il sera exposé au jardin zoologique, à côté de l’unique spécimen d’une punaise : « Ils sont deux – de taille différente mais de nature semblable : il s’agit des célèbres “punaisia normalis“ et « p’tit bourgeois vulgaris“. Tous deux complaisent sur les matelas moisis de l’époque. »



Avec un sens certain de la satire, Vladimir Maïakovski brosse le portrait décapent d’un parvenu en bottes et complet veston. Les illustrations de Macha Poynder, puissantes et tonitruantes, explosent en rouge et noir, à chaque double page. Au-delà de son contexte un peu daté, cette peinture de caractère, par sa férocité, demeure indémodable.



Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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A pleine voix. Anthologie poétique, 1915-1930

Difficile d'exprimer une autre vision que celle du gigantesque artistique, pour ce recueil avant-gardiste futuriste, révolutionnant la poésie russe et européenne au même titre que le mouvement surréaliste en occident. Poète d'une nouvelle ère, d'un univers de chaos ressuscité, naissant du tourbillon violent de la révolution russe de 1917, Maïakovski bouleverse le monde littéraire, artistique russe, bousculant les codes anciens, faisant table rase d'un passé honni. Agissant comme un Phoenix des temps modernes, un messie de l'art révolutionnaire, il est sur tous les fronts pour transcender la pensée slave, créer l'homme nouveau à l'esthétique rénovée, fusionnant avec l'idée de progrès, d'urbanité renouvelée. Sa poésie est surhumaine, incarnant un monde aux vastes étendues expérimentales infinies, elle hurle comme un slogan, une révolte culturelle permanente, constructions poétiques affichées comme des tableaux abstraits, mélangeant dialectique politique, rhétorique exaltée, mise en page didactique à la manière d'un artiste cubiste. Vladimir Maiakovski est un poète unique par son charisme artistique, mais aussi par son intransigeance face au réel décevant, l'entraînant dans un fatalisme existentiel à l'issue irréparable.



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Ma découverte de l'Amérique

Pendant très longtemps, je ne connaissais de Vladimir Maïakovski et Lili Brik que ce qui s'en disait à l'arrière des taxis :



« Vous les avez connus ceux qui

Dans un élan de poésie

Mal contrôlé

A cent à l'heure sur les boulevards

Sur les banquettes de moleskine

En s'en remettant au hasard

Sans plus se soucier de Lénine

S'aimaient à l'arrière des taxis

Ils s'aimaient à l'arrière des taxis

Tant que les heures passent

Tant que les heures passent

Peu importent les années

Et peu importent les villes

C'est Paris, Moscou Berlin

Berlin l'enchanteresse...

Et le déjà vieux règne de l'électricité

Partout même sous nos peaux

La cicatrice aux néons

Et les égouts qui debordent

En pensant à Lili Brik

Et Volodia Maïakovsky

Ils s'aimaient à l'arrière des taxis

Ils s'aimaient à l'arrière des taxis

Tant que les heures passent

Tant que les heures passent

Vous les avez connus ceux qui

Emportés par leur fantaisie

Ludique

Mais en pensant à Lili Brik

Et Vladimir Maïakovsky

Et leurs sourires à peine éteints

Et les cent-vingt croix de leurs mains

Leurs mains qui glissaient sur leurs skins

Se perdaient sur la moleskine

Ils s'aimaient à l'arrière des taxis

Ils s'aimaient à l'arrière des taxis ».



Ma découverte de l'Amérique de Vladimir Maïakovski, publié par Les éditions du Sonneur qui se se font fait des adeptes de l'exhumation de textes oubliés et préfacé* par Colum McCann, m'a permis de descendre des taxis pour aller à la découverte de Vladimir Maïakovski - ici, il n'est pas question de Lili Brik.



En juin 1925, Maïakovski quitte Paris, traverse en paquebot l'Atlantique et découvre la Havane, le Mexique et les États-Unis (entre autres, New York, Detroit, Chicago). Pour le poète russe, voyager est nécessaire :



« J'ai vraiment besoin de voyager. Avoir affaire au vivant remplace presque pour moi la lecture. Aujourd'hui, ce sont les voyages qui emportent les lecteurs. Les choses ennuyeuses inventées de toutes pièces, les images et les métaphores sont remplacées par les choses vivantes, intéressantes en elles-mêmes. J'ai trop vécu pour pouvoir tout décrire parfaitement en détail. J'ai peu vécu mais suffisamment pour rendre fidèlement la globalité. » (p. 13)



À la manière d'un Tintin reporter, d'un Michaux relatant sa découverte des Andes, de l'Équateur et du Brésil dans Ecuador ou d'un André Gide de Retour de l'U.R.S.S., à son retour en U.R.S.S, Maïakovski publie dans des journaux ses carnets de voyage qui sont pour la première fois intégralement publiés en langue française dans Ma découverte de l'Amérique.



Lors de cette découverte de l'Amérique, Maïakovski trouve des manifestations de son attirance pour le futur, la modernité, la technologie et le progrès sans en oublier les conséquences négatives - « Detroit est la ville qui compte le plus de divorces. le système fordiste rend les ouvriers impuissants. » (p. 141). Mais Maïakovski s'intéresse également aux habitants de l'Amérique, « dépeint une Amérique inégalitaire, violente, monstrueuse de gigantisme et de précipitation, moralisatrice et corrompue, en pleine évolution accélérée, ne laissant guère de place à l'homme, au collectif, peut-être même à la vie » comme l'a écrit Alex Jenni dans une critique** et de noter que « Aucun pays ne profère autant d'âneries moralisatrices, arrogantes, idéalistes et hypocrites que les États-Unis. » (p. 101)



Même si le monde que décrit Maïakovski n'est plus, comme Colum McCann le rappelle dans sa préface : « Et cependant Ma découverte de l'Amérique est un document d'une importance incontestable. En dehors du fait qu'il s'agisse là du regard que porte un étranger sur les Etats-Unis à une période cruciale (les années 1920, l'après-guerre, la prohibition, les douleurs du modernisme, les prémices de la Grande Dépression, etc.), c'est aussi un point de vue intime sur la vision communiste dans ce qu'elle a d'idéaliste et de cynique » (préface, p. 8). le tout est très largement servi par une écriture belle, lyrique, mordante et même drôle par certains moments.



La prochaine fois que vous serez à l'arrière d'une voiture de transport avec chauffeur ou un taxi si ce mode de transport existe encore, pensez à découvrir Maïakovski avec Ma découverte de l'Amérique.



* C'est celle de la version anglaise publiée en 2005.

** https://www.revue-etudes.com/article/ma-decouverte-de-l-amerique-18479
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Lettres à Lili Brik, 1917-1930

Enfin je l'ai lu cet ouvrage.

Enfin j'ai accédé à ce mythe.

Oui car pour moi, Maiakowski et ses lettres passionnées à Lili relèvent d'une sorte de mythe. L'amour au plus haut, entre autres. Et bien sûr le personnage lui-même du poète, du créateur.

En conséquence j'avais en face de moi trois mythes.

Qui m'emmenaient au quatorzième ciel, minimum.

D'abord en tant que lecteur et imaginant des "collègues", la lecture de cet ouvrage est à la fois difficile, intéressante mais compliquée. Pourquoi ? parce que toutes les pages sont annotées d'indications, qui sont très instructives, mignonnes, mais leur lecture devient plus importante que la lecture des lettres elles-mêmes.

Donc il reste les lettres... mais qui n'en sont pas vraiment. Bien souvent, il s'agit de télégrammes, de quelques lignes (et encore). Qui n'ont donc pas beaucoup d'intérêt.

Je m'attendais à des lettres, des échanges montrant l'amour fou entre Lili et Vladimir. Une relation hors du commun, une relation au dessus des planètes.

Oui, pour comprendre et apprendre ce que cet homme a vécu, ce en quoi il a cru, ce pour quoi il a combattu, oui, mais non je n'ai pas compris pourquoi il s'est suicidé, pourquoi l'amour qu'il avait pour Lili ne lui a pas suffi.

J'étais entrée dans cette lecture emplie d'envie de comprendre, d'apprendre, et j'en ressors déçue car ce que j'ai appris est venu des notes de l'éditeur et non pas de l'écrivain lui-même, et ce que cet homme a écrit et qu'on a publié me paraît aujourd'hui, comment dire, hors du" sujet-temps".... si je puis me permettre d'inventer cette formule.



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La punaise

Cette pièce écrite fin 1928 est une comédie satirique en cinq actes et neuf tableaux accompagnée d’une partition musicale de Dimitri Chostakovitch, dont la première eu lieu en février 1929. Elle appartient au genre satirique mais Maïakovski l’avait intitulée comédie féérique. Je l’ai lu dans une traduction de Jean Jourdheuil et Alexandre Skirda, les noms propres ne sont pas toujours traduits de la même manière que dans la version illustrée par Macha Poynder.

A l’époque de la NEP un ouvrier, Prissipkine (dans ma version, Polivanov), cherche à découvrir les plaisirs de la vie bourgeoise, lassé des privations des années de guerre civile. Il va jusqu’à changer son nom (en Skripkine, ou en Violonov dans ma version, sachant que «skripka» signifie «violon») et délaisser sa fiancée et ses anciens camarades. Il va épouser la fille d’un coiffeur, mais le repas de noces tourne au drame avec une bagarre générale et un incendie. Tous les convives meurent et Prissipkine se retrouve congelé dans un bloc de glace.Cinquante ans plus tard, en 1979, lors de travaux, son corps est retrouvé. Sa résurrection est votée, il est ranimé et se retrouve dans un monde qu’il ne reconnaît plus. En même temps que lui une punaise a été décongelée, tous deux finissent au zoo de la ville comme exemplaire rarissime de “punaisia normalis“ et « p'tit bourgeois vulgaris“. Avec la pièce « Les bains » écrite pendant que l’on commençait à jouer « La punaise » il raille le phénomène bureaucratique, mais cela se sent déjà ici même s'il raille surtout la nouvelle bourgeoisie soviétique, les deux tendances qui sont en train de tuer ses rêves révolutionnaires de poète. J’avais déjà lu cette pièce, j’apprécie encore plus maintenant la caricature, qui ne grossissait peut-être pas tant que ça quand on voit les « nouveaux Russes » de la période post-soviétique ! C’est triste mais Maïakovski rend tout cela drôle, burlesque, et le plus triste c’est que ce sont les derniers soubresauts de créativité libre avant longtemps...
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A pleine voix. Anthologie poétique, 1915-1930

À pleine voix, livre a-t-il jamais aussi bien porté son titre... À pleine voix et d'une voix pleine, ce recueil est un cri, déchirant. Certains ne sont pas simplement des poetes, ou des auteurs. Pas même des maîtres. Ils sont une plaie vive et ce qui s'en écoule est plus que des mots.

Je n'aime pas Maiakovski, je me courbe sous sa plume, je l'idolâtre.

On referme le recueil comme secoué, quelque chose de violent s'est produit. Les vers de Maiakovski résonnent fort et longtemps. Pour toujours je l'espère.
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Le nuage en pantalon

Vladimir Maïakovski a une place importante sur la scène littéraire en Russie dès le début du 20ème siècle.

Il va écrire très jeune ce long poème fondateur "Le nuage en pantalon" présenté dans une édition bilingue par une maison d'éditions que j'aime bien, le temps des cerises.



Né à la fin du 19ème siècle, Maïakovski s'engage très jeune et devient militant bolchevik dès l'adolescence. Il va devenir meneur du futurisme russe, mouvement artistique et social qui a pris naissance en Italie au début du 20ème siècle.

"Le nuage en pantalon" est un titre qui doit faire référence à ce groupe de poétes mais ce qui est important c'est que ce poème est marquée par une langue parlée et des ruptures de rythme, ce qui est totalement nouveau en 1915. On peut donc dire que Maïakovski a révolutionné la poésie en libérant les vers, en quelque sorte.

Mais j'ai été surprise par le contenu. Je pensait que le poète révolutionnaire était beaucoup plus matérialiste. Dans ce texte, il brasse plusieurs thèmes : le thème individuel comme le thème collectif, le réalisme le plus précis et l'imagination la plus délirante, ce qui ne facilite pas lecture.



Enfin, je ne peux pas m'empêcher de citer le préfacier, Charles Dobzynski, qui écrit "Pour tout homme qui aime et qui espère, les paroles de Maïakovski restent gravées en lettres de feu dans la chair et le sang de ce siècle".

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Lettres à Lili Brik, 1917-1930

Témoignage d'un amour fou et passionné, ces lettres ont été écrites lors des multiples voyages de Maïakovski entre 1917 et 1930 (année de son suicide).

Avant de tomber éperdument amoureux de Lili Brik, Maïakovsky avait d'abord rencontré sa jeune sœur Elsa Triolet.

Lili Brik est mariée à Ossip Brik lors de leur rencontre. Une amitié liait déjà les deux hommes, elle se poursuivra après que Lili ait annoncé à son mari ses sentiments pour Maïakovski.

Ils vivront même ensemble tous tes trois. C'est une histoire d'amour et d'amitié exceptionnelle dans une période de grands bouleversements.

Les lettres de Maïakovski sont toujours courtes -à quelques rares exceptions-, une bonne partie de cette correspondance est même constituée de télégrammes ; et pleines d'humour.

Maïakovski va développer une activité fébrile et intense et faire de très nombreux voyages dont le but est de faire des conférences sur son art et sur la révolution et le rôle de l'art dans cette dernière. C'est un artiste au service de la Révolution, il écrit des poèmes, des pièces de théâtre, des scénarios de films, fait des affiches (les fenêtres Rosta)...

Il se battre jusqu'au bout de ses forces et de ses idées avec le soutien continuel de Lili Brik et de son mari. Cependant, une lassitude, l'incompréhension de ses compatriotes ainsi qu'une mélancolie inhérente à sa personnalité auront raison de sa résistance et de sa force bagarreuse et en apparence inépuisable.

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A pleine voix. Anthologie poétique, 1915-1930

D'une beauté démesurée....
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Lettres à Lili Brik, 1917-1930

Si Maïakovski connût nombre de femmes, il n'en retint qu'une : Lili Brik. Elle fût tout : son amie, sa muse, son amante. Pris dans le tournant d'un ménage à trois, oui Lili est marié à un de ses amis, Maïakovski respire et étouffe. Il éprouve le besoin de s'exiler mais ne supporte pas d'être loin de Lili. Malmené par le contexte politique, il ne se fit qu'à un seul point d'attache : Lili. Peu importe où il est, dans quel état, il ne cessera jamais de penser à elle, et à Ossip, son mari.

Ce livre compile les lettres envoyées à Lili de 1917 à 1930, qu'elles soient pleines d'amour, de jalousie, ou de tendresse. L'écriture quotidienne de Maïakovski reste chargée de sens, intense. Les mots sonnent et claquent, les images sont belles. L'écrivain résonne.
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