Cette pièce écrite fin 1928 est une comédie satirique en cinq actes et neuf tableaux accompagnée d'une partition musicale de
Dimitri Chostakovitch, dont la première eu lieu en février 1929. Elle appartient au genre satirique mais Maïakovski l'avait intitulée comédie féérique. Je l'ai lu dans une traduction de
Jean Jourdheuil et
Alexandre Skirda, les noms propres ne sont pas toujours traduits de la même manière que dans la version illustrée par
Macha Poynder.
A l'époque de la NEP un ouvrier, Prissipkine (dans ma version, Polivanov), cherche à découvrir les plaisirs de la vie bourgeoise, lassé des privations des années de guerre civile. Il va jusqu'à changer son nom (en Skripkine, ou en Violonov dans ma version, sachant que «skripka» signifie «violon») et délaisser sa fiancée et ses anciens camarades. Il va épouser la fille d'un coiffeur, mais le repas de noces tourne au drame avec une bagarre générale et un incendie. Tous les convives meurent et Prissipkine se retrouve congelé dans un bloc de glace.Cinquante ans plus tard, en 1979, lors de travaux, son corps est retrouvé. Sa résurrection est votée, il est ranimé et se retrouve dans un monde qu'il ne reconnaît plus. En même temps que lui une punaise a été décongelée, tous deux finissent au zoo de la ville comme exemplaire rarissime de “punaisia normalis“ et « p'tit bourgeois vulgaris“. Avec la pièce « Les bains » écrite pendant que l'on commençait à jouer «
La punaise » il raille le phénomène bureaucratique, mais cela se sent déjà ici même s'il raille surtout la nouvelle bourgeoisie soviétique, les deux tendances qui sont en train de tuer ses rêves révolutionnaires de poète. J'avais déjà lu cette pièce, j'apprécie encore plus maintenant la caricature, qui ne grossissait peut-être pas tant que ça quand on voit les « nouveaux Russes » de la période post-soviétique ! C'est triste mais Maïakovski rend tout cela drôle, burlesque, et le plus triste c'est que ce sont les derniers soubresauts de créativité libre avant longtemps...