AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Wajdi Mouawad (506)


Le philosophe me dit : raisonne.
L’anthropologue me dit : observe.
Le sage me dit : accepte.
Et le psychanalyste me dit : assume.
Et moi qui désire simplement
Que,
Par amour,
On touche ma peau pour y laisser la marque de la tendresse.
Commenter  J’apprécie          220
Côte à côte, ils avaient l'attitude mélancolique des statues. Ils devenaient complices des oiseaux.
Commenter  J’apprécie          210
Il y a des abysses insondables. Cette voix en est un. Pas de fond à atteindre ni de ciel à gagner tant elle semble avoir perdu ses modulations. C'est une voix sans chute ni élévation. Elle plane, portée par le vent des douleurs. Qu'elles cessent et ce sera sa ruine, qu'elles persistent et ce sera les confins de sa raison.
Commenter  J’apprécie          210
C'était l'heure du thé, mais le thé, vert ou noir, qu'il soit au gingembre ou à la menthe, m'indispose. Je préfère le Coca-Cola light. La sensation gazéifié de cette boisson m'étonnera toujours. J'aime sa couleur rubis, sa légèreté, sa fraicheur et son gout caramélisé. J'aime en particulier cet instant où, affleurant par magie au milieu des glaçons, sa mousse brunâtre se met à pétiller à mesure que le liquide se déverse dans le verre jusqu'à en atteindre le rebord sans déborder pour autant à l'extérieur. Le thé n'a pas autant de talent, c'est une boisson prudente et austère qui exige un cérémonial où la température de l'eau et le temps requis pour une juste infusion ne peuvent souffrir la moindre approximation. Si la diversité des teintes et des parfums en émeuvent plus d'un, pour ma part elle me laisse indifférent. Son heure, seule, me ravit.
Commenter  J’apprécie          210
Le monde est vaste, mais les humains s'entêtent à aller là où leur âme se déchire.
Commenter  J’apprécie          200
Les humains sont seuls. Malgré la pluie, malgré les animaux, malgré les fleuves et les arbres et le ciel et malgré le feu. Les humains restent au seuil. Ils ont reçu la pure verticalité en présent, et pourtant ils vont, leur existence durant, courbés sous un invisible poids. Quelque chose les affaisse ... Ils espèrent les dieux et cependant ne voient pas les yeux des bêtes tournés vers eux. Ils n'entendent pas notre silence qui les écoute. Enfermés dans leur raison, la plupart ne franchiront jamais le pas de la déraison, sinon au prix d'une illumination qui les laissera fous et exsangues. Ils sont absorbés par ce qu'ils ont sous la main, et quand leurs mains sont vides, ils les posent sur leur visage et pleurent. Ils sont comme ça.
Commenter  J’apprécie          190
- L'amnistie est devenue amnésie, a dit Jean.
Commenter  J’apprécie          190
Une réserve amérindienne, c'est comme un animal blessé. Ça survit et c'est toujours en guerre. Ça a peur de la mort, mais ça meurt pas. C'est vulnérable et c'est dangereux.
Commenter  J’apprécie          190
Littoral est donc né d’abord et avant tout d’une rencontre et a pris son sens par les rencontres. C’est-à-dire ce besoin effrayant de nous extraire de nous-mêmes en permettant à l’autre de faire irruption dans nos vies, et de nous arracher à l’ennui de l’existence.
Commenter  J’apprécie          180
Vous ne connaissez pas le malheur.
Vous avez des jouets dans vos armoires.
Nul récif
Dans la mer de vos yeux
Pour crever le navire des certitudes.
Des insouciants.
Vous ne connaissez pas le malheur.
Commenter  J’apprécie          180
Profitant de leur inattention, j'ai grimpé sur le comptoir, j'ai couru, je me suis arrêtée à sa hauteur et j'ai courbé mon thorax : je le voyais enfin comme je désirais le voir. J'ai pu ressentir sa nature, la déceler de l'intérieur. Au-delà de sa parure humaine derrière laquelle il se camouflait, cet être était emmailloté au cœur d'une toile invisible tissée d'une soie née de sa propre chair, et la bête odieuse qui le tenait prisonnier, se nourrissant à même ses viscères, n'était nulle autre que lui-même.Il était sa propre proie et son propre piège.
Commenter  J’apprécie          180
L'enfance est un couteau planté dans la gorge et tu as su le retirer.
Commenter  J’apprécie          180
CHAMSEDDINE :

Tu comprends bien : il a torturé ta mère et ta mère fut, oui, torturée par son fils, et le fils a violé sa mère.
Le fils est le père de son frère, et de sa sœur : Tu entends ma voix, Sarwane ?
Commenter  J’apprécie          170
Le monde est vaste, mais les humains s’entêtent à aller là où leur âme se déchire.
Commenter  J’apprécie          170
Invitons ce qui n’existe pas à se joindre à nous qui existons
Pour que l’illusion et la réalité
Ensemble réunies
Puissent se retrouver attablées autour de la même noce
Et célébrer la grande joie des hommes.
Commenter  J’apprécie          170
Parle parle
Ânonne
Dans la respiration hoquetante du malheur
La puissance de la vie qui malgré tout continue et poursuit.
Commenter  J’apprécie          170
[...] Tu entends ma voix ? Je le répète : tu peux me faire trancher les bras, les jambes, la tête, faire jeter tout ça en pâture aux chiens, aux oiseaux, me brûler, me noyer, me donner à manger au boa dans sa cage, tu ne verras pas chez moi l'ombre d'un regret ni l'ombre d'une peur.
Il s'était levé. Mille sensations m'ont traversé. Moi j'aurais voulu le regarder et l'entendre parler sans relâche, sans que quiconque ne songe à l'interrompre, tant la déflagration de sa voix, dans la musculature de son corps, enflammait ma mémoire. La colère ! la rage !la peine ! le chagrin ! Voilà que, sans prévenir, s'éveillait la douleur d'avoir été arraché, il y a longtemps, à l'insatiable liberté de mes jungles et de leurs ciels, lorsque, sautant entre les branches, dévorant des espaces de plus en plus vertigineux, je voyais la virginité du monde se déployer sous mes yeux dans sa bouleversante enfance. Toutes les nuances du vert des vies sages et sauvages, où sont-elles ? Où sont-elles ? Voilà qu'un homme, sans me les rendre, me ramenait à elles parce que sa voix, sa parole, qu'aucune hésitation ne perturbait et qu'une même folie habitait, devenaient miennes. Cet homme parlait pour moi qui ne savais pas parler : ses sons étaient mes sons, sa voix était ma voix et sa langue, dépliée comme jamais, faisait vibrer ma raison en lui ouvrant la fenêtre du souvenir.
Commenter  J’apprécie          170
NAWAL. Mais tu veux convaincre qui ? Tu ne vois pas qu'il y a des hommes que l'on ne peut plus convaincre ? Des hommes que l'on ne peut plus persuader de quoi que ce soit ? Comment tu veux expliquer au type qui hurlait aux oreilles de cette femme "Choisis !" pour l'obliger à condamner elle-même ses enfants, qu'il s'est trompé ? Qu'est-ce que tu crois ? Qu'il va te dire "Ah ! Mademoiselle Sawda, votre raisonnement est intéressant, je cours tout de suite changer d'avis, changer de cœur, changer de sang, changer de monde, d'univers et de planète et je vais m'excuser sur-le-champ" ? Qu'est-ce que tu penses ? Qu'en allant faire saigner de tes mains sa femme et son fils tu vas lui apprendre quelque chose !

25. Amitiés
Commenter  J’apprécie          160
Mais je préfère errer sur les chemins
Que de participer à la chute du monde.
Commenter  J’apprécie          160
[ mère atteinte d'un cancer ]
Dans le meilleur des cas, elle s'évanouissait ; dans le ire, elle pleurait. La douleur était grande et il n'y avait rien à faire. Rien. Je restais là à la regarder brûler et je ne savais plus qui j'étais. Et parce que le silence qui s'installait était à vomir, à tuer, à égorger sans pitié, à écraser, je finissais par lui demander : 'Qu'est-ce que je peux faire ? Mais qu'est-ce que je peux faire ?' et c'était comme lorsque j'étais petit et que je revenais en pleurant pour trouver consolation entre ses bras. Mais là, ses bras étaient coupés et il n'y avait plus de consolation possible. Plus de consolation. Simplement le métal foudroyant de la réalité. Elle, avec son visage inconnu, elle me regardait, et je pense qu'elle était peinée par ma peine. Touchée par ma peine, comme si elle venait d'apprendre qu'elle était quelqu'un pour qui on peut éprouver de la pitié.
(p. 27-28)
Commenter  J’apprécie          160



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Wajdi Mouawad Voir plus

Quiz Voir plus

Monde

Comment est le monde de Branwell Brontë selon Daphné DuMaurier :

Génial
Infernal
Merveilleux

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}