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Citations de William Blanc (49)


La figure de Charles Martel est-elle forcément associée, dans l'espace politique, à l'extrême-droite ? La question mérite d'être posée. C'est à la fin du XIXème siècle, alors que s'affirme le sentiment national, que naît en France le courant nationaliste contemporain. Celui-ci ne se construit plus seulement sur le désir d'un retour à un ordre ancien fantasmé, mais sur l'affirmation d'une forme exclusive de la citoyenneté. Alors que se crée dans les années 1880 un nouveau «nous» - le corps civique - s'affirme en parallèle un nouveau «eux», une figure inédite de l'étranger que le personnage du Juif va incarner.
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Loin d'exonérer les communards de quoi que ce soit, nous avons simplement voulu montrer ce que pouvait être le travail d'un historien. Confronter les sources, aller dans les archives, dépasser les légendes et surtout, surtout, ne pas en créer d'autres. Il ne s'agit pas non plus de se poser en procureur ou en défenseur de quiconque, pas non plus de «juger», mais d'expliciter les faits et de les expliquer. Tout l'inverse du propos de Lorànt Deutsch.
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La mémoire historique d'un groupe ou d'une nation n'existe pas sans réalité matérielle pour la traduire, que ce soit à travers des textes, des images, des objects décoratifs, des célébrations, toutes ces expressions qui dépassent et débordent les livres écrits par des historiens, encore aujourd’hui réservés principalement (et malheureusement) à un public de spécialistes. En fin de compte, ce sont les fictions romanesques qui vont toucher le grand public.
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La bataille de Poitiers est intervenue dans ce contexte, à la suite de la conquête par les Sarrasins de l'Espagne wisigothique et de la Septimanie. Mais il a également fallu tenir compte du côté franc : affaiblissement de la dynastie mérovingienne, indépendance fragile de l'Aquitaine, montée en puissance des Pippinides. La célèbre bataille, si elle n'a pas eu l'impact que certaines idées reçues le laissent à penser, a été importante pour la Gaule, et plus encore dans son utilisation postérieure, par la propagande, dès Charles Martel lui-même.
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Certes, l'importance de la bataille de Poitiers fait débat, mais la discussion n'occupe pas historiens et écrivains plus que de raison. Si on parle de 732, c'est au détour d'un paragraphe, d'une note de bas de page, pas plus, et Charles Martel ne devient pas l'objet central d'une polémique majeure. Mesurant la fortune éditoriale des grandes figures médiévales dans les biographies et les livres d'histoire entre 1790 et 1990, Christian Amalvi montre que c'est Jeanne d'Arc (780 oeuvres), suivie de loin par saint Louis (325), puis Charlemagne (170) et Louis XI (140) qui ont suscité le plus de travaux. Le vainqueur de Poitiers n'apparaît pas dans les 15 noms les plus cités.
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Au-delà de l'aspect idéologique, le roman national est aussi un business, que ces historiens de garde exploitent avec beaucoup de cynisme, et un populisme à peine masqué, en déclinant leurs travaux sur tous les supports possibles et imaginables.
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10 - Les femmes pirates

[Chapeau] Le monde des pirates est surtout composé d'hommes, peu de femmes sont admises sur les navires. Celles qui ont réussi à intégrer un équipage ont dû faire leurs preuves.

Beaucoup de pirates ne possèdent rien avant de s'embarquer sur un navire au pavillon noir? Ils n'ont donc pas de quoi faire vivre une famille et sont généralement célibataires. En plus, la plupart des équipages refusent d'embarquer des femmes : ils pensent que cela porte malheur. Néanmoins, il existe quelques cas connus de femmes ayant rejoint les navires pirates.

Les deux femmes pirates les plus célèbres sont sans aucun doute Mary Read et Ann Bonny.
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C'est sans doute là que se situe la différence majeure entre «les historiens de garde» et les tenants de toute forme de roman national et nous [les historiens "scientifiques"]. Nous fouillons le passé pour partir à la rencontre d'un Autre et tenter de le comprendre. Eux tente de tordre le passé pour justifier leurs choix et leurs obsessions d'aujourd'hui. Loin d'apercevoir une altérité dans le passé, ils ne partent qu'à la recherche de leur propre reflet égocentrique.
Cette mise à distance de soi qui définit, bien plus qu'aucun titre universitaire, la pratique historienne, ne fait pas de ceux qui en font leur métier et leur passion des surhommes. Quiconque a fait des recherches historiques sait pertinemment à quel point nos recherches restent imparfaites. On ne peut reconstituer exactement le passé, notamment celui des sociétés où les sources sont rares, malgré l'apport précieux de l'archéologie. C'est encore plus vrai pour les catégories sociales les plus modestes qui, jusqu'à une date récente, ont laissé peu de traces. Et si nous pouvons parfois avancer quelques certitudes, celles-ci pèsent toujours bien peu face à la masse de notre ignorance.
Cet état de fait enseigne au pratiquant de l'histoire - car oui, l'histoire est avant tout une pratique qui ne nécessite en rien des grades académiques - la modestie et à considérer que le récit du passé n'est jamais clos. C'est pour cela que les affirmations péremptoires des «historiens de garde» qui prétendent en trois lignes analyser des phénomènes historiques complexes nous font réagir.

[Extrait de la postface à l'édition de 2016]
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L'histoire est un combat, ne serait-ce que parce qu'elle est attaquée par un double phénomène qui relève à la fois d'un repli sur le roman national à des fins identitaires et par des stratégies marketing dont le but n'est ni plus ni moins que de transformer des citoyens libres en consommateurs d'images d’Épinal. Il ne s'agit plus d'aiguiser l'esprit critique, de susciter des découvertes puis des analyses, mais de vendre une forme de bien-être nostalgique.
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Le très large consensus médiatico-politique entourant Métronome est symptomatique de la coupure existant entre la société et l'histoire scientifique. Derrière ce fossé se cache une absence de réflexion sur la rôle que l'on assigne à cette discipline, qui est au mieux assimilée à une culture de niche réservée à une élite. La faute en incombe peut-être aux historiens, mais surtout aux politiques et au monde médiatique. Métronome correspondrait, selon eux, au goût du public. Mais en le soutenant, en lui permettant d'occuper un espace sans commune mesure avec ses qualités intrinsèques, n'ont-ils pas imposé l'ouvrage de Lorànt Deutsch dans les goûts du grand public ? Pensent-ils que l'histoire n'a comme vertu que d'être le levain du patriotisme le plus primaire ? L'idée, en tout cas, n'est pas neuve.
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Si au temps de Lavisse le roman national permettait d'insuffler un sentiment patriotique aux soldats, il devrait aujourd'hui, pour M. Casali, servir à préparer des futurs VRP aptes à gagner des parts de marché en usant de l'histoire et du patrimoine comme d'un produit touristique et ludique. Cette dystopie entrepreneuriale a un ennemi : l'histoire scientifique, critique et publique, qui enseigne la distance, la réflexion, et qu'il faut en fin de compte étouffer ou contourner. Ces dernières années, rarement l'offensive aura été aussi ample.

[Cette conclusion de chapitre suit la retranscription d'une intervention radiophonique de M. Casali dans l'émission d'Eric Brunet sur RMC.
M. Casali y développe l'intérêt éminemment économique, touristique et même marchande de l'histoire vue comme un roman national.]
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La popularité de Roland est symptomatique d'une époque. Le XIX siècle est à la fois marqué par un engouement sans précédent pour le Moyen-Âge et par l'émergence de l'idée nationale, qui induit la création d'un récit historique unificateur, mettant en avant des figures et des événements non pas analysés, mais mythifiés, dans le but de créer un sentiment d'appartenance. Dans ce «roman national» en construction, Charles Martel reste une apparition fugace.
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[Petite mise en garde personnelle : l'extrait qui suit est tiré d'un des pires livres jamais écrit en langue française, du moins parmi les écrits "modernes". L'un des pires, car non seulement il eût une immense popularité pour son temps - la fin du XIXème siècle - mais parce qu'il fonda pour une large part ce que l'on pourrait qualifier d’ "antisémitisme scientifique" et eût des répercussions bien après sa publication. Cet extrait intéresse les deux auteurs de ce livre car, s'appuyant sur l'histoire pour démontrer ses théories mortifères, Drumont, l'auteur fumeux de "La France juive", cite Charles Martel en exemple. De ce point de vue, il est essentiel de le lire (un peu) afin de mieux comprendre d'où viennent certaines thèses délétères actuelles. Les premières lignes ci-après sont des deux historiens. Suit un long passage tiré de l'essai polémique de Drumont :]

Mais Drumont s'appuie aussi sur l'histoire. Pour lui, le Sémite - qui englobe comme nous le verrons plus que le Juif - a toujours menacé la France et, plus largement, l'Aryen :

«Le rêve du Sémite, en effet, sa pensée fixe a été constamment de réduire l'Aryen en servage, de le mettre à la glèbe. Il a essayé d'arriver à ce but par la guerre et Littré a montré, avec sa lucidité habituelle, le caractère de ces grandes poussées qui faillirent donner aux Sémites l'hégémonie du monde. Annibal qui campa sur les murs de Rome fut bien près de réussir. Abdéramane qui, maître de l'Espagne, arriva jusqu'à Poitiers, put espérer que l'Europe allait être à lui. Les ruines de Carthage, les ossements de Sarrazins que la charrue rencontre parfois dans les champs où triompha Charles Martel, raconte quelle leçon fut donnée à ces présomptueux.
Aujourd'hui le sémitisme se croit sûr de sa victoire. Ce n'est plus le Carthaginois ou le Sarrazin qui conduit le mouvement, c'est le Juif ; il a remplacé la violence par la ruse. À l'invasion bruyante a succédé l'envahissement silencieux, progressif, lent. Plus de hordes armées annonçant leur arrivée par des cris, mais des individualités séparées, s'agrégeant peu à peu en petits groupes [...]. Au lieu d'attaquer l'Europe en face, les Sémites l'ont attaquée à revers : ils l'ont tournée ; dans les environs de Wilna, ce "Vagina Judeorum", se sont organisés des exodes qui ont occupé l'Allemagne, franchi les Vosges et conquis la France.»
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L'historien serait donc confiné, selon l'un des conseillers de l'ex-président de la République [NB : Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy], à un rôle de vérification chronologique et à taire toute interprétation. Autant dire qu'il ne sert à rien. pourtant l'affaire "Métronome" peut aussi être un moyen pour les historiens de réaffirmer leur rôle dans la cité, un rôle engagé, qui, sans donner de leçons, rappelle simplement les limites entre affabulation, mythes (qu'ils soient nationaux, religieux, politiques) et histoire. C'est pour cela que petit à petit, nombre d'entre eux (citons entre autres Nicolas Offenstadt, Gérard Noiriel, Christophe Prochasson, Joël Cornette) ont fini par critiquer ouvertement les ouvrages de Lorànt Deutsch, qui, contrairement à ce qu'il affirme, n'est pas confronté à une cabale de militants politiques, mais bien à des professionnels qui entendent défendre une histoire de qualité pour tous.
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Deutsch reprend à son compte une pratique courante des milieux royalistes qui cherchent à rendre la monarchie désirable en la parant de toutes les vertus et en la faisant apparaître comme un âge d’or.
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La fantasy est fille de la modernité. Elle tire certes son inspiration de récits légendaires médiévaux, comme ceux de la Table Ronde, mais ne peut s'expliquer sans les craintes que fait naître la révolution industrielle au XIXè siècle. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le genre apparaît en Angleterre, pays qui, le premier, a fait l'expérience souvent brutale pour son environnement et son tissu social de la mécanisation et de la pollution, notamment dans les villes comme Manchester, véritable «cheminée du monde» durant l'ère victorienne.
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L’Histoire est un combat, ne serait-ce que parce qu'elle est attaquée par un double phénomène qui relève à la fois d'un repli sur le roman national à des fins identitaires et par des stratégies marketing dont le but n'est ni plus ni moins que de transformer des citoyens libres en consommateurs d’images d’Épinal.
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Cette exaltation du patriotisme et des grands hommes cache mal une vision téléologique de l'histoire de France, rythmée par des grandes dates sacralisées, visant à démontrer la continuité historique d'une "France éternelle".
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Depuis les années 1940, Captain America reprend régulièrement du service pour pointer du doigt les éléments qui menaceraient l'unité nationale et la pérennité du melting-pot et combattre aux côtés de super-héros qui incarnent des communautés accédant à la pleine citoyenneté. 
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[Cette grande bataille fut décisive, et l'Europe doit encore aujourd'hui son existence, sa religion et sa liberté à la victoire remportée devant Poitiers par Charles, le martel des Sarrasins
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