Citations de William Carlos Williams (126)
J'avais une machine à écrire dans mon cabinet. Je travaillais à toute allure. Si un patient venait à la porte au milieu d'une phrase, j'écartais d'un coup la machine et j'étais médecin.
Toi poivrot
titubante
cloche
ô Jésus
malgré toute
ta crasse
vraiment sordide
je
t'envie
C'est le visage
de l'amour
même
abandonné
dans cet impuissant
enfermement
du désespoir
(p.43)
Une chanson d'amour
Qu'ai-je à te dire
Quand nous nous reverrons ?
Pourtant...
je suis allongé ici en pensant à toi.
La tache de l'amour
est sur le monde.
Jaune, jaune, jaune,
Il ronge les feuilles,
Enduit de safran
Les branches cornues qui s'appuient
lourdement
Contre un ciel lisse et violet.
Il n'y a pas de lumière
- Seulement une tache épaisse de miel
Qui coule de feuille en feuille
Et de branche en branche
Gâchant les couleurs
Du monde entier.
Je suis seul.
Le poids de l'amour
m'a soutenu jusqu'à
ce que ma tête heurte
le ciel.
Regarde moi!
Mes cheveux dégoulinent de nectar—
Les étourneaux le portent
Sur leurs ailes noires.
Vois, enfin
Mes bras et mes mains
Sont inactifs.
Comment puis-je savoir
si je t'aimerai à nouveau
comme je le fais maintenant ?
Entre les murs
les ailes arrières
de l'
hôpital où
rien
ne poussera gisent des
cendres
où brillent
les morceaux brisés d'une bouteille
verte
Fleurs au bord de la mer
Quand au-dessus du bord fleuri et pointu du pâturage
, invisible, l'océan salé
lève sa forme - la chicorée et les marguerites
attachées, libérées, semblent à peine des fleurs seules
mais la couleur et le mouvement - ou la forme
peut-être - de l'agitation, alors que
la mer est encerclée et ondule
paisiblement sur sa tige végétale
This Is Just To Say
I have eaten
the plums
that were in
the icebox
and which
you were probably
saving
for breakfast
Forgive me
they were delicious
so sweet
and so cold
Jeune sycomore
Je dois vous dire
ce jeune arbre
dont le tronc rond et ferme
entre le trottoir humide
et la gouttière
La brouette rouge
tant dépend
d' une brouette
rouge imbibée d' eau de pluie à côté des poulets blancs .
Poème (Comme le chat)
Lorsque le chat a
grimpé par
-dessus
le placard à confiture, d'
abord l'
avant-pied droit
avec précaution,
puis l'arrière
est descendu
dans la fosse du pot de fleurs
vide.
A Love Song
What have I to say to you
When we shall meet?
Yet—
I lie here thinking of you.
The stain of love
Is upon the world.
Yellow, yellow, yellow,
It eats into the leaves,
Smears with saffron
The horned branches that lean
Heavily
Against a smooth purple sky.
There is no light—
Only a honey-thick stain
That drips from leaf to leaf
And limb to limb
Spoiling the colours
Of the whole world.
I am alone.
The weight of love
Has buoyed me up
Till my head
Knocks against the sky.
See me!
My hair is dripping with nectar—
Starlings carry it
On their black wings.
See, at last
My arms and my hands
Are lying idle.
How can I tell
If I shall ever love you again
As I do now?
Russian Dance
If I when my wife is sleeping
and the baby and Kathleen
are sleeping
and the sun is a flame-white disc
in silken mists
above shining trees, --
if I in my north room
dance naked, grotesquely
before my mirror
waving my shirt round my head
and singing softly to myself:
"I am lonely, lonely.
I was born to be lonely,
I am best so!"
if I admire my arms, my face
my shoulders, flanks, buttocks
against the yellow drawn shades, --
who shall say I am not
the happy genius of my household?
A rumpled sheet
of brown paper
about the length
and apparent bulk
of a man was
rolling with the
wind slowly over
and over in
the street as
a car drove down
upon it and
crushed it to
the ground. Unlike
a man it rose
again rolling
with the wind over
and over to be as
it was before.
There are no perfect waves—
Your writings are a sea
full of misspellings and
faulty sentences. Level. Troubled
A center distant from the land
touched by the wings
of nearly silent birds
that never seen to rest—
This is the sadness of the sea—
waves like words, all broken—
a sameness of lifting and falling mood.
I lean watching the detail
of brittle crest, the delicate
imperfect foam, yellow weed
one piece like another—
There is no hope— if not a coral
island slowly forming
to wait for birds to drop
the seeds will make it habitable
The enter the new world naked,
cold, uncertain of all
save that they enter. All about them
the cold, familiar wind -
THIS IS JUST TO SAY
I have eaten
the plums
that were in
the icebox
and which
you were probably
saving
for breakfast
Forgive me
they were delicious
so sweet
and so cold
Avec de l'imagination l'écrivain se sentirait dispensé d'observer les choses dans le seul but de les mettre par écrit ensuite. Il serait là pour apprécier, pour goûter, pour convier le monde libre, pas un monde qu'il transporterait comme un sac de provisions, craignant toujours de laisser échapper quelque chose ou qu'un autre ait plus que lui.
Dans cette énorme et microscopique course du temps, tel un cheval sauvage lancé sous les étoiles dans une pampa sans bornes, décrivant sur le turf compact des cercles immenses et microscopiques de ses sabots, galopant sans s'arrêter pendant un millionième de seconde jusqu'à ce que la vieillesse et l'épuisement fassent de lui un tas d'os, de peau et de sabots déchiquetés – Dans ce majestueux progrès de la vie, qui donne exactement la même impression que la frise de Phidias où, bien qu'ils semblent d'une rigidité de marbre, hommes et bêtes au contraire se meuvent à une rapidité aveuglante, bien que nous n'ayons pas le temps de le remarquer, leurs jambes avançant d'un millionième de centimètre tous les cinquante mille – Dans ce progrès-là de la vie qui paraît dans l'ensemble de ses mouvements l'immobilité même – enfin le PRINTEMPS approche.
Oh vie, volatile bizarre, de quelle couleur sont tes ailes ? Vertes, bleues, rouges, jaunes, violettes, blanches, marrons, orange, noires, grises ?
Le monde s'étend
pour moi comme une fleur qui s'ouvre — et
se fermera, pour moi, comme une rose — qui
se fanerait et tomberait
et pourrirait pour se redresser
et former une fleur nouvelle.
Paterson repose dans la vallée sous les Chutes du Passaic
dont les eaux usées dessinent la ligne de son dos. Il
gît sur le flanc droit, la tête près du tonnerre
des eaux qui emplissent ses rêves ! Éternel endormi,
ses rêves hantent la cité où il persiste
incognito. Des papillons se posent sur son oreille de pierre...
Immortel il ne bouge ni ne s'éveille et se montre
rarement, bien qu'il respire et que les subtilités de ses machinations
tirant leur substance de la rumeur déferlante du fleuve
animent mille automates. Qui parce qu'ils
ne connaissent ni leur source ni le seuil de leurs
désillusions errent séparés de leur corps sans but pour la plupart,
verrouillés dans l'oubli de leurs désirs - assoupis.
***
Paterson lies in the valley under the Passaic Falls
its spent waters forming the outline of his back. He
lies on his right side, head near the thunder
of the waters filling his dreams! Eternally asleep,
his dreams walk about the city where he persists
incognito. Butterflies settle on his stone ear.
Immortal he neither moves nor rouses and is seldom
seen, though he breathes and the subtleties of his machinations
drawing their substance from the noise of the pouring river
animate a thousand automations. Who because they
neither know their sources nor the sills of their
disappointments walk outside their bodies aimlessly
for the most part,
locked and forgot in their desires-unroused.