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Citations de Yamen Manai (144)


Au-dessus de l'infini bleu de l'océan, la poésie de Salam toucha au sublime. Il dit des vers jamais transcrits, et avec sa viole d'amour, joua des notes jamais reportées. Et dans ses vers et dans sa musique étaient dévoilés le ciel, le vent, la mer, leurs colères, leurs stases et leurs clémences. L'expédition avança comme un voilier sur un lac, jusqu'au Nouveau Monde.
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Après des décennies de dictature, ce peuple avait surpris son monde. Il s'était soulevé, avait réalisé la révolution et appelé à l'auto-détermination et à la démocratie. À la bonne heure ! Qu'y a-t-il de plus facile à détourner que la démocratie ? Comme la plupart des choses du domaine de l'Homme, la démocratie était avant tout une affaire d'argent, et le prince n'en manquait pas.
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Le yacht long de cent mètres quitta la Sardaigne tôt le matin. Hormis l'équipage sobre par obligation, toute l'embarcation souffrait d'une gueule de bois et il n'y en eu pas un ou une qui ne peinât à retrouver ses sous-vêtements au réveil. (premières phrases du roman)
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Encore une fois, l'homme en quête de territoire distribua à ses semblables la peste dans le plis de ses offrandes.
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Dans la mémoire du monde, il avait retrouvé la sienne. Enfin, la vision du coeur triompha sur le mirage de l'orgueil.
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Loin de l'agriculture massive, de ses champs uniformes et de ses pesticides mortels, les abeilles butinaient toutes sortes de pollen, s'aventurant même dans les bois au pied de la montagne. C'est cette nature épanouie que le cœur épris du Don mettait en pot. Et comment pouvait-il ne pas être épris de ses abeilles, elles qui lui avaient sauvé plusieurs fois la mise ? Il vivait avec elles une relation fusionnelle et ne portait quand il les visitait aucune protection. Elles ne le piquaient jamais quand elles se baladaient sur ses mains, se laissant même caresser leur abdomen strié d'or et de miel tout dodu : un corps aussi fin et doux qu'un pouce de bébé, des pattes délicates légèrement velues et des ailes qui scintillaient tels des diamants quand le soleil inondait la campagne de Nawa.
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Parfois le bonheur est un sandwich au thon. (p.122)
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Au contraire, je n’ai jamais considéré les mots comme une contrainte, et le langage comme une loi, dit-il en portant la tasse à sa bouche à son tour. Mettre des mots sur des émotions est le plus grand défi pour l’imagination d’un homme, non pour sa raison. Il ne s’agit pas d’équation, mais d’invention, d’invocation.
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Et Ibrahim acquiesça en musique, le front perlé de sueur et la figure marquée par l’émotion. Que tu as raison répondit-il, ma viole, mon amour, mon trésor ! Nous voilà pourchassés sur notre propre terre, nous voilà les esclaves de cette foutue Révolution. Mais sommes-nous des Hommes aux cœurs battants ? Avons-nous suffisamment d’âme pour sculpter les lignes de notre destin ? Avons-nous suffisamment de courage pour affronter ce cyclone qui s’abattra dans une semaine ?
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Couvertures, chaussures, sacs de vêtements, sacs de riz, cartons de conserves, cartons de savons cageots de viandes, cageots de légumes, paquets de gâteaux... Jamais de leur vie les Nawis n'avaient fait l'objet d'une telle sollicitude ; c'était pour eux comme si le Paradis leur ouvrait u. Instant ses portes. La ruée dura à peine une demi-heure et du stock il ne restait plus rien. [...]
-Mes frères, mes sœurs, c'est moi qui vous remercie du fond du cœur. Grâce à vous, aujourd'hui, la journée est belle et au Paradis, j'ai gagné une parcelle. Que peut- il arriver de mieux à un homme, que de préparer sa demeure éternelle en suivant sans sa vie profane le chemin de l'Eternel ? C'est la raison de ma présence parmi vous, de cette main tendue. Dieu est mon choix, Sa parole, la loi, alors quand viendra l'heure, faites comme moi, choisissez Dieu ! Quand viendra l'heure du vote, votez pour le parti de Dieu !
Puis, le ton de sa voix se fit plus pédagogue et un poil autoritaire tandis qu'il déployait sous leurs yeux un bulletin de vote aux multiples cases face à de multiples emblèmes :
- une fois dans l'isoloir, vous cochez ici, cochez le pigeon ! Expliqua-t-il.
Le pigeon était l'emblème du parti de Dieu.

La semaine qui précédait les élections fut douce au village. La nuit, les Nawis dormirent le centre plein, sous des couvertures chaudes, et au réveil, ils revetirent des tuniques neuves. Je joue dit, tous ceux qui étaient en âge de voter pointèrent à la première heure et cochèrent le pigeon.
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Le mois d'octobre, à la fin duquel se tiendraient les premières élections nationales véritablement démocratiques, ne se contenta pas de faire fleurir le romarin dont raffolent les butineuses. Il cachait dans les plis de son manteau d'automne de drôles d'oiseaux qui constituaient un nouveau genre de caravane.
Contrairement à la précédente, majoritairement composée de jeunes hommes et femmes qui arboraient le drapeau du pays, celle-ci ne comportait que des hommes barbus qui arboraient un drapeau noir floqué d'un pigeon blanc. Les allures comme les discours dénotaient aussi. Les caravaniers précédents parlaient le dialecte standard - language imparfait stigmatisé par l'histoire - et portaient les vêtements qu'on connaissait aux gens de la ville, cependant que les nouveaux caravaniers étaient affublés de tuniques, comme les bédouins de l'Arabie Moyenâgeuse, même s'il convient de dire que très peu de choses ont évolué en Arabie depuis le Moyen-Âge. Les références à ce temps révolu ne s'arrêtaient pas
aux Barbès et aux habits, ces ornements étaient sublimés par un language d'époque, foisonnant de mots sacrés, miroir d'une rhétorique rigoriste que les Nawis ne tarderaient pas à découvrir.
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Avant que le destin ne te mette à ma porte, cette maison était le quai de la gare du train funeste, et je l’y attendais en me demandant chaque jour pourquoi il était si en retard. Mais en te trouvant dans cette corbeille, j’ai compris pourquoi les balles qui atteignaient les hirondelles ont épargné ma tête.
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S’emparer d’une arme à feu n’a rien de compliqué. On a employé du génie pour qu’elle soit conçue comme une extension de la main. À cette main qui nous a offert d’être des hommes, qui a saisi une branche à part pour nous extraire du monde des bêtes, on lui a offert un cadeau taillé sur mesure. La bestialité d’un claquement de doigt.
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[L'écrasante majorité] est fâchée avec les livres, il faut se l'avouer. Vous connaissez ce proverbe ? La parole de nos ancêtres ? Elli kraw métou : Ceux qui ont lu sont morts, eux aussi. Oh mes aïeux ! Lire ne donne pas de pouvoir, lire ne sauve pas ? Cela ne fait aucune différence, on finit toujours les pieds devant ? Ok, lire ne rend pas immortel, je vous l'accorde, mais ça rend moins con, et ça, c'est déjà beaucoup.
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Ainsi, à force de me camoufler dedans, j'ai fini par lire, par apprécier, puis par aimer à ne plus savoir m'en passer. Avant Bella, c'était ma principale compagnie. Ça m'a donné des mots, des idées, une force à l'intérieur que je n'osais pourtant pas exprimer tant j'étais frêle et gringalet.
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-Vous aimez le café?
Pouvait-il ne pas aimer quelque chose que ses mains avaient frôlé? Il essayait de dominer la naïveté de ses sentiments qui l'avaient replongé dans une sorte d'adolescence, cette époque où l'amour, avec si peu de choses, fait des hécatombes.
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Le soir s'annonçait comme tous les soirs et vieillissait d'un jour supplémentaire la terre et les créatures de Dieu qui la peuplaient. Le soleil perdait de son éclat et virait à l'orange pâle. Sa rondeur demeurait belle et intacte, et lentement embrassait les reliefs immuables de l'horizon lointain.
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Il retira un par un les cadrans du couvain et inspecta le petit monde grouillant sous ses yeux, si dense qu'il était difficile de distinguer l'individu de la masse. Les abeilles circulaient tous azimuts, animées d'une énergie débordante. Pas de temps pour les fausses politesses ou les embrouilles mesquines, chacune savait que sa congénère œuvrait pour le bien de toutes et aucune ne se vexait si elle était bousculée. Elles ne formaient qu'un seul corps.
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Les caravaniers précédents parlaient le dialecte standard - langage imparfait stigmatisé par l'histoire - et portaient les vêtements qu'on connaissait aux gens de la ville, cependant que les nouveaux caravaniers étaient affublés de tuniques, comme les bédouins de l'Arabie moyenâgeuse, même s'il convient de dire que très peu de choses ont évolué en Arabie depuis le Moyen Âge.
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La caravane partit aussi soudainement qu'elle n'était apparue, laissant derrière elle de la poussière et du papier, des kilos de tracts présentant la soixantaine de partis politiques convoitant les sièges confortables qui avaient vu le jour en quatre mois. Et rien qui ne se mangeât. rien qui ne se portât.
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