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Citations de Yann Moix (600)


Le point fort des faibles est de savoir détecter les points faibles des forts.
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Elle examinait mes réactions, car hurler était destiné à me planter ses cris dans le cœur.
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On pourrait désormais faire de moi ce qu'on voudrait, je possédais un pouvoir irrévocable : écrire.
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Maternelle. - Le monde rouillait. Derrière la fenêtre, c'était l'automne. L'air jaunissait. Quelque chose d'inévitable se déroulait dehors : la mort des choses. La cour de récréation, mangée par une marée de pénombre, revêtait des reliefs alambiqués. Je ne reconnaissais plus l'univers.
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Je sentais de manière brouillonne, sans verser une larme, intime déjà avec la douleur de l'humiliation, que le souvenir de cette femme formerait une souillure.
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_ Je comprends.
_ Vous dites sans arrêt que vous comprenez sans que je comprenne vraiment ce que vous essayer de me faire comprendre que soi-disant vous comprenez.
_ Je ne comprends pas.
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Je ne dirai pas que je suis un homme hésitant : l’hésitation est la forme même de mon existence ; chaque choix fait, loin chez moi d’opérer une coupure, d’œuvrer comme une délivrance, se charge de l’hésitation qui perdure, intacte, comme si sa tête n’avait point été tranchée. Si bien qu’une fois entré dans l’univers que telle option ouvre et propose, l’univers concurrent me poursuit en imagination, me hante, me nargue, me lamine de regrets jusqu’à devenir lumineusement le choix qu’il fallait faire et que je n’ai pas fait.
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Je pensais à cela quand Valérie Darule entra, pour m’y rejoindre, dans le plus miteux bistro qui fût. J’avais adoré la demi-heure de retard qu’elle eut ; cela m’avait permis d’être ni tout à fait seul avec moi-même, puisque la perspective de la voir servait d’imminence joyeuse à mon existence, ni tout à fait en sa compagnie – compagnie que je redoutais une fois établie, consacrée, réalisée. Tant que Valérie Darule n’était point arrivée, je me trouvais en sa présence ; or, la présence m’a toujours mieux convenu que la compagnie. La présence est une compagnie d’où l’autre est absent. La femme attendue plane, qui jamais ne nous interrompt ; elle réside dans l’air que nous respirons. Aussitôt qu’elle arrive en chair, plantée devant nous dans son vrai corps, elle interrompt ce dialogue entre elle et nous ; nous lui en voulons d’exister à ce point.
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Les mots meurent comme les hommes, avec les hommes et à cause d’eux.
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Certains individus sont conçus pour avoir vingt-sept ans, d’autres pour accéder au jour de leurs quarante-huit printemps. Avant leur âge idéal, ils ne sont que des brouillons, des préparatifs ; au-delà, une certaine obsolescence s’empare de leur figure, leur être s’englue dans une nasse boueuse, qui finit par faire pitié tant on les sent déçus de n’avoir pu se maintenir plus longtemps dans l’idoine quantité de leurs années. J’ai eu des amis qui, sans le savoir, visaient l’âge de soixante ans ; d’autres qui, franchi le cap de la trentaine, étaient bons à jeter au vide-ordures.
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Il était temps de devenir écrivain. J’arrivai à Paris sans un sou, comme dans les mauvais romans qui avaient précédé ma naissance indigne.
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Il y a des hommes que la lumière insulte ; qui, enveloppés par des ténèbres invisibles à l’œil nu, voués tout entier à l’épuisement d’être, sont absents de la vie. Ils se tiennent là, parmi nous, à côté de nous, ils nous frôlent, nous les effleurons, ils sourient poliment, parlent, se montrent affables mais, abattus, vaincus depuis leur naissance, ils se situent – avec les débris et les spectres – sur le versant funèbre de l’existence. Ils ignorent l’impatience, la frivolité, les cimes ; ils rampent sur les jours, surnagent au milieu des heures, aggravent l’âge venant leur destin de poids morts. Sans volonté véritable, ils acceptent les fatalités et accueillent les accidents avec l’impassibilité d’un caillou que trimballent les courants marins. Ils n’évoluent jamais, se répandent dans l’avenir à la façon d’un gaz parfait remplissant selon la loi de Mariotte le volume qu’on lui octroie. Ils subissent sans se plaindre. Ils souffrent moins que n’importe quel apologue du bonheur ; le bonheur déçoit toujours, la tristesse, jamais.
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Le roman, me dis-je cette nuit-là, était encore trop scientifique ; il s’encombrait de logique et de déductions ; il n’était pas réalisable sans architecture. Il s’établissait sur le froid. Il exigeait des plans, sous-entendait des calculs. Il réclamait des échafaudages, des lignes, des fortifications ; il était gourmand d’efficacité. On ne pouvait l’appréhender sans règles. Le roman était l’ennemi des disproportions, de la folie fondamentale. Il n’était jamais complètement exempt de procédés – le roman était indirect, la poésie était directe. Il me limiterait ; j’étais friand de maladie, de
précipitation – d’excitation. Me réfréner, c’était mourir – écrire un roman
revêtait les apparats d’un exercice synthétique.

Je m’endormis sur ces conclusions que la découverte quelques semaines plus tard de Paradiso, de José Lezama Lima, allait faire voler en éclats. Lezama Lima qui, comme Proust, comme Joyce, était parvenu à tordre le roman, à l’extirper de la seule intelligence pour le soumettre à l’orgiaque appétit des sens, ennemi de l’algèbre et de la cohérence, avait concocté une chimie spéciale qui à jamais me soulagea ; moi aussi, un jour, j’écoulerais ma triste mélancolie par jaillissements permanents, dans une œuvre sans bornes et fourre-tout ; moi aussi, demain, ou après-demain, j’exploiterais mes fabuleuses obsessions dans une somme intempestive, et deviendrais à mon tour un illuminé – un illuminé du langage. Un fou.

Ma « vocation » irait se perdre dans l’excès – dans l’excès d’excès. Je pourrais libérer mes impatiences et lâcher mes chiens. J’y placerais mes flottements, m’y livrerais frénétiquement, jusqu’à ce que tout le monde se moque de moi – nul n’aurait suffisamment de patience, ni assez d’oreille, pour se vautrer dans cette débauche de pages musicales, énervées, aberrantes, magnifiques, juteuses, luxuriantes, merveilleuses – fécondes. J’y multiplierais les références, les jeux de mots. Jamais je n’y aurais peur d’être moi-même, c’est-à-dire ridicule. J’y serais ahurissant, définitif, drôle – qui est incapable d’humour est incapable de littérature.
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Les jours succédaient aux jours par empilement, non par écoulement. Rien ne nous rapprocherait jamais du dehors ; pour que le temps pût faire son travail (passer), il fallait s’en défaire, l’oublier, s’en éloigner, cesser de l’accompagner dans sa progression, de l’appréhender comme un mouvement.
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Egoroff voulut savoir si je croyais en Dieu. « Je voudrais me débarrasser de cette question », ajouta-t-il en se grattant les testicules.
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Il avait vécu jusque-là dans le coton des enfances préservées, insouciant du réel, préservé des brutalités. L’humanité, par ce qu’elle avait de pire à offrir, c’est-à-dire moi, s’était invitée dans son existence naïve, le laissant, hébété pour toujours et se tortillant comme un vermisseau sur le bitume froid, faire connaissance avec le réel.
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Il m’apparaissait aussi puéril et arbitraire de ranger les êtres par « préférences » sexuelles que de les juger sur leur couleur favorite. Le seul classement que j’eusse supporte, eût été de reléguer sur la rive gauche de la Loire, estampillés comme infréquentables, ceux qui n’avaient pas aimé Les Caves du Vatican, et de loger sur l’autre rive, dans les quartiers les plus chics, ceux qui l’avaient lu et adoré.
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Ce type était absolument fascinant. Je l'avais baptisé 'le lapin 'un peu trivialement je l'avoue. Mais il niquait comme un malade, sans jamais faire de pause : les seules pauses qu'ils s'autorisaient, c'était pour changer de préservatif parce qu'en limant la même fille pendant près de deux heures, il fallait de temps en temps faire attention à ce que la capote ne brûle pas, avec les frottements incessants de la bite contre la paroi vaginale ou anale. Pas loin de lui, dans ses parages, ça sentait vraiment comme une odeur de caoutchouc brûlé. Comme quand on conduisait quelques kilomètres en ayant oublié de débloquer le frein à main. Mais lui, le lapin, il ne freinait pas. Il ne freinait jamais. Il attaquait, il se saccadait, il donnait ses petits coups de reins frénétiques, presque fous, avec les yeux ronds, presque impassibles d'un robot, et fracassait les côtes, le cul, les cuisses, les reins de tout ce qui lui passait sous la verge : des petites et des rondes, des intellectuelles et des vieilles, des rousses et des Blacks, des Blacks rousses, des sublimes cochonnes et des moches relativement mal à l'aise, des bombes et des très peu sexys, des vicieuses et des scolaires, des vendeuses de parfum et des philosophes.
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Le "brassage républicain" s'avérait une chimère ; c'étaient de pauvres garçons, arrachés à leurs milieux malaisés, qui quittaient leur famille pour se mélanger à eux-mêmes, côtoyer leurs guenilleux pairs ; les autres, les frais diplômés, les enfants de l'avenue Victor Hugo (Paris XVIème), iraient sous les cocotiers servir comme expatriés ou seraient tout simplement remis à l'eau, libres de laisser leurs frères républicains former les abrutis contingents dont l'armée réclamait la ponctualité expresse et les brodequins parfaitement cirés (pages 96-97).
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Les femmes savent que le mysticisme n'est jamais très éloigné du sexe, que de l'extase eucharistique à l'orgasme humain, il n'y a qu'un pas sur l'eau.
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