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Citations de Yasmine Ghata (77)


Yasmine Ghata
Entre deux marches et deux jambages métalliques, les pieds à l'aplomb du vide, elle avait soudainement compris qu'observer, c'était d'une certaine façon déjà écrire, déjà raconter.
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Yasmine Ghata
Une chanson de Fairuz accompagnera en fond sonore cette silhouette toute de nostalgie vêtue.
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Dans sa tête, elle note tout ce qu'elle voit, les choses mineures illuminant des traces majeures.
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Un concerto improvisé se jouait sous mes yeux : le calame était flûte entre mes doigts, son support s'essayait comme archer, et le papier devenait portée musicale pour les besoins de tous.
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J'aimais reproduire ses gestes comme pour le faire apparaître. Contrefaire son âme pour tromper la mienne.
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Profession : Écrivain. Ma mère complétai cette rubrique administrative par le mot « poétesse ». Un métier comme un autre que j'avais appris à reporter dans la case réservée au père, la mention "décédé ", sans les larmes ni le drame. Ces deux mots résumant la singularité des premières années de ma vie.
Le monde réel fut d'emblée relégué sur les bas-côtés, ma mère n'y voyait rien de capital à m'enseigner. Tout était prétexte à sonder l'imaginaire. Le premier degré, l'analyse des faits étaient le point de départ d'histoires où le mythe auréolait des acteurs inconscients de leurs propres rôles. Le monde réel était transformé par des mots sans modération et sans mesure. Tyrannie de notre imaginaire et personne pour le contester. (p1112)
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L'instrument m'a résisté, refusant de libérer les accords mystiques qui font la gloire des musiciens d'Iran. Sous mes doigts, il ne semblait plus qu'un morceau de bois sans sève. Etais-je maudit ? Quel crime devais-je donc expier ? A moins que ce ne fût le târ qui portât un secret trop lourd pour vibrer comme autrefois.
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Je n'étais pas en mesure d'exister sans mon père, ma propre identité reposant sur la sienne. Je n'étais plus personne, imaginais sans cesse les instants privilégiés qu'il vivait loin de ma présence. Mon père était inaccessible, introverti et absent mais il était ma raison d'être...
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Je roule ses dessins, les retire de leur vue et les range pour écourter leurs bavardages acerbes. Je les maudits en silence, exècre leur mépris. Je plains leur ignorance, leur inexpérience et leur imbécillité. Ils n’accéderont jamais à la beauté et resteront asservis à l'illusion d'une perfection et d'une excellence.
Mon père cherche un point central et non le meilleur point de vue, fuit les univers divinement ordonnés. Il cherche la ligne pure sans sophistication, il cherche une présence.
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Un père nous ouvre le monde, construit votre être loin des peurs archaïques et vous donne de l'amour pour toute votre vie...
Seul un père donne une valeur...on naît pas femme sans la reconnaissance d'un père. Il faut sans cesse réparer les manques, raccommoder cette lourde lacune de la vie...
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C’était la saison sèche, le lacis tortueux et caillouteux semblait sans fin. Tu suçais des cailloux, histoire d’avoir quelque chose en bouche. Chaque matin, un même miracle se produisait, des gouttes d’eau recouvraient le couvercle de ta valise, tu te faufilais habilement à l’extérieur en l’ouvrant doucement et léchais en large et en travers le couvercle. Tu passais d’un angle à l’autre, avide, insatiable, veillant à plaquer ta chemise contre ton estomac pour ne pas en perdre une goutte. Recueillir l’eau sur son couvercle te l’a rendue encore plus maternelle : elle te donnait à boire chaque jour à heure fixe comme si c’était son devoir de le faire, un minimum vital pour ne pas te perdre, toi qui n’avançais plus qu’en titubant, écrasé par la fatigue et le désespoir. Vous étiez deux sur ce chemin. Seul, tu n’aurais pas survécu.
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Mon père avait atteint l'extrémité droite de son long rouleau, les personnages démoniaques y dansaient comme ils l'avaient fait sous nos yeux. Leurs corps abominables paraissaient tournoyer encore sur la surface lisse du papier lustré… Cette soirée m'avait changée à jamais.
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Des émissions radiophoniques à caractère religieux incitèrent à la prière et encouragèrent le pèlerinage à la Mecque. [...] Les écoles religieuses rouvrirent leur lourds volets de bois. La ferveur anima les rues et les maisons, alors que le souvenir du laïque Ataturk continuait à régner sur les esprits.
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Le 6 avril 1941. L'Allemagne attaqua la Yougoslavie et la Grèce. Leurs bombardiers ne aventureusement pas plus loin. [...]
Le régime se rigidifia et l'Islam refit son apparition dans la vie politique. Les religions, chose connu, émergent en temps de guerre. Le monde entier brulait, à nos oreilles parvenaient des rumeurs de massacres et de génocides. La prière était notre seul bouclier.
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"Ataturk a chassé Dieu du pays" répètent les calligraphes. Désormais, seul au pouvoir, le Loup gris [Ataturk], admirateur de la culture occidentale, ennemi de illettrisme, a réformé l’écriture, comme on substitue un lait maternel. Élimination des mots arabo-persans, remplacés par les mots turcs. La nouvelle langue dispose de huit voyelles phonétiques, là où l'arabe n'en a que trois, les lettres ne sont plus liées. Les caractère n'ont plus d'accent et les lettres ne changent plus de forme selon leur position dans la phrase. Nous écrivons désormais de gauche à droite. On raconte que les spécialistes linguistiques ont demandé cinq ans à Ataturk pour définir un alphabet, il ne leur a accordé que trois jours. - p55
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J'ai quand même posé la question, par cruauté ou par innocence, peut-être, je ne sais plus.
"Il va revenir aujourd'hui, papa ? "
A six ans, jouer l'ignorance quand on a parfaitement compris.
Mourir n'empêche pas un père de revenir à la maison. Mourir est un acte comme un autre.
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Nous vivions muettes, les mots n'avaient pas leur place ici...
La mer écumait le bord des mots, raturait les lettres inutiles...
La disparition de mon père avait inspiré ses plus beaux poèmes, mais la vie tout entière était devenue à ses yeux une strophe de poème où le mot "mort" est sans cesse paraphrasé...
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J'ai dessiné un graffiti sur la table, un cœur sans doute, à l'aide de mon index...
elle dessina deux autres cœurs sur la table à proximité du mien. Je compris ce qu'elle voulait me dire. Sans un mot je traçai une ligne séparatrice qui lui signifiait que l'un d'eux était passé de l'autre côté.

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Regarder les choses revient à se regarder soi-même.
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Des fumées dérivées par les vents contraires jaillissaient des habitations, tu as vu des corps joncher le sol, tombés, foudroyés. Ta maison en pisé semblait muette, couvrant les corps des biens comme un linceul.
Tu aurais voulu crier le prénom de ton père, de ta mère et de ta grand-mère, tu n'eus pas ce courage. Ta tête ne dépassa pas les feuilles hautes. Tu n'y es pas allé, ton pied n'a jamais franchi la bordure de pierre du promontoire bâti par tes pères.
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