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Critiques de Yasmine Khlat (28)
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Cet amour

Le sujet est assez étonnant. Une femme, la cinquantaine, clouée dans son appartement parisien par des tocs envahissant qui l'empêchent d'en sortir. Au bord du suicide, un sursaut la raccroche à la vie et elle téléphone à un psychiatre dont la voix l'a mise en confiance dans une émission de radio. S'en suit un dialogue construit comme un huis-clos entre cette femme au bord du gouffre et cet homme qui pourrait porter un espoir de résilience.



Si le récit en lui-même est quelque peu répétitif, il est porté par quelques pages d'une fulgurante poésie pour dire le désespoir et le retour vers la vie grâce à la relation virtuelle mais symbiotique entre les deux personnages. C'est beau de voir la femme se rendre compte qu'elle porte en elle sa capacité à guérir de ses blessures, à commencer par l'enlèvement et la disparition de son frère pendant la guerre civile libanaise.



Ce qui m'a le plus intéressée dans ce roman singulier, c'est justement son arrière-plan géopolitique. J'ai découvert, stupéfaite, l'interdiction officielle pour tout libanais de parler et d'être en contact avec un citoyen israélien. La femme est libanaise, exilée à Paris, le docteur est israélien. Leur conversation, même téléphonique, est donc interdite par l'article 285 du code pénal libanais. En 2017, le réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri a été entendu par un tribunal militaire au Liban, en raison d'un déplacement en Israël contrevenant à la législation du pays ( lors du tournage du film L'Attentat ) !



Forcément, ce dialogue interdit, pacifiste et guérisseur, prend une dimension symbolique. La Libanaise et l'Israélien se reconnaissent, dépassent ce mur virtuel absurdement imposé, sublimant la possibilité d'une réconciliation au Proche-Orient. L'idée est superbe et donne au titre une grande force.
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La dame d'Alexandrie

«  Vous savez , les gens ont l’air d’aller bien, mais chacun de nous a sa nuit » .

«  L’amour se joue dans l’enfance ,après on titube , on court après les ombres. On est aveuglé . On a été ébloui . On cherche parfois ce que l’on a parfois perdu trop tôt » .



Deux extraits de ce petit bijou de littérature : odeurs poudrées , arcs de soleil sur le couvre - lit, huit clos , douceur , atmosphère de langueur et d’urgence à la fois ……jeux imperceptibles de lumière , rideaux de voile gonflant , contemplation des montagnes , oiseaux aux mélodieuses trilles .



Écriture rêveuse , douce , délicate , sensible , fragile , au cœur d’un monde comme oublié : un couvent perdu dans la montagne libanaise , les pas feutrés des religieuses et un huit - clos entre deux femmes , l’énigmatique Hortense Zemina , une «  charmante sociologue d’un certain âge à la chevelure de brume , aux yeux de miel, d’origine égyptienne et italienne, accompagnée de son perroquet Onyx ,aux plumes duveteuses , silencieuse , mystérieuse , angoissée, et sa jeune , fougueuse assistante , Claire , recrutée sur petites annonces .



Ensemble , dans cet endroit feutré , à l’abri du monde, isolées dans ce couvent , elles travaillent à la thèse d’Hortense : le mystère d’une famille décimée par le suicide .

Une certaine chemise verte qui cacherait un mystère , un abandon ? .Un double abandon ? .



Hortense prétend qu’elle doit protéger la confidentialité des données que l’on a bien voulu lui communiquer….

Claire agacée , pressée , n’en démord pas : quelqu’un est en danger .



Pourquoi Hortense serait -elle dans la phase de l’abandon ?



Un roman dont je ne peux rien révéler , auprès de personnages à la délicate désespérance , tissée de spectres et de secrets de famille , bercé par les pas des séminaristes ,traversé de chuchotements , l’odeur d’encaustique, et le regard de Claire , les yeux inondés de vent et d’amour ….



Une fin tout de même prévisible ,…



Très belle présentation de la première et quatrième de couverture aux Éditions Elyzad .



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La dame d'Alexandrie

Deux femmes, deux voix, une rencontre. Claire répond à l’annonce de cette femme, dite sociologue à la recherche d’une assistante pour une thèse sur la souffrance familiale.



Dans l’enceinte d’un couvent, au cœur des montagnes Libanaises, elles vont s’intéresser l’une à l’autre et ensemble se dévoiler, très lentement. Le temps est nécessaire pour ouvrir les fenêtres de son âme. Et ce site dans une nature propice, devient le refuge de la libération.



Se dire, se laisser être en soi et aux yeux de l’autre est un exercice parfois compliqué. le temps, la confiance sont d’ordre et essentiels.



« Vous savez, Claire, je crois que nous avons atteint ce point d’échange où nous sommes l’une à l’autre cristallines. »



Yasmina Khlat, dans un lyrisme bien à elle, nous livre un roman juste et délicat, elle sait de sa plume poétique, esthétique créer une ambiance toute particulière, rare, qui est la veine même de tout œuvre littéraire, n’est ce pas ?



J'ai lu ce roman dans le cadre de la Masse critique et je remercie vivement d'avoir comblé ce choix de lecture ! Je suis fascinée par chaque livre de cette maison d'édition que j'affectionne beaucoup !
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Égypte 51

Égypte 51 est un roman épistolaire où l'on découvre Mia, une très jeune fille, qui se remet difficilement d'un chagrin d'amour platonique car inconcevable par la différence de milieu social et Stéphane, médecin, la quarantaine, qui se présente comme rassurant, protecteur à l'écoute de la jeune femme un peu perdue....En cette année 1951, l’Égypte n'est pas encore dans le tourment de la révolution qui va aboutir à la conquête du pouvoir par Nasser et la nationalisation du canal de Suez, et pourtant la tension monte au fil des échanges de lettres qui permettent d'imaginer les premiers heurts au Caire.

Vingt-cinq ans plus tard, c'est à Beyrouth que l'on retrouve une deuxième génération qui va connaître également les tourments de la guerre, tout en continuant le récit familial et en donner une autre version dramatique...



Si j'ai aimé l’ensemble du récit, j'ai eu un peu de mal avec les premiers échanges épistolaires, avec une relation sentimentale que j'ai trouvée un peu mièvre, Mia m'apparaissant plus comme une petite fille capricieuse et son histoire d'amour très éthérée, peu touchante...les évènements relatés sont quelquefois amenés de façon maladroite - écrire une lettre où l'on se déclare et bifurquer sur l’historique de la construction du canal - m'a paru mal adapté. En revanche, la partie concernant les enfants - devenus adultes m'a intéressée, peut-être parce que plus contemporaine et plus réaliste et dramatique.

Égypte 51 est écrit sous forme de conte, c'est Joe, le vieux gardien qui a connu parents et enfants qui relate la chaîne des évènements et qui confie les lettres de la famille à un interlocuteur que l'on ne connaîtra pas... Du Caire à Monrovia, en passant par le Liban et Paris, c'est l'histoire tumultueuse et contrariée de l'Afrique et du Moyen-orient qui est évoquée au travers cette correspondance intime mais aussi universelle.

Un roman intéressant et touchant qui m'a permis de découvrir la belle prose de Yasmine Khlat, une auteure dont je vais lire, sans doute, d'autres écrits.
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La dame d'Alexandrie

Claire a vécu treize ans au Liban. "Une histoire de chavirements sauvages où tout s'était perdu. Mais rien n'est à jamais perdu".

Alors,lorsqu'elle découvre la petite annonce d'une sociologue à la retraite qui cherche une collaboratrice pour écrire une thèse sur la répétition de suicides dans une famille, et que ce travaille se déroulera dans un couvent au Liban, elle sait que c'est à elle d'y répondre !

Ce petit roman commence par des réflexions psychologiques et des références implicites à l'analyse systémique dans le champs familial, mais imperceptiblement on dérive du sujet pour se laisser absorber par la relation qui s'instaure entre Claire et Hortense. Une relation qui apparaît d'abord bien asymétrique car Hortence joue de son statut d'employeur et de sociologue pour user d'autorité et placer Claire dans une position plus proche de la dame de compagnie que d'une collaboratrice. Pourtant, derrière les apparences, les deux femmes sentent qu'elles partagent des blessures similaires et toute leur énergie va être canaliser par la relation qu'elles construisent,à la fois mêlée de tendresse et de méfiance. Entre silences et confidences leur proximité devient l'unique raison de leur présence dans cet endroit un peu hors du temps et du monde.

Je partage complètement cette phrase de la 4ème de couverture qui parle de " l'écriture rêveuse de yasmine Khat qui nous emporte dans un monde suspendu ".

J'ai parfois eu l'impression de lire uniquement pour me laisser emporter par une ambiance,comme on le fait en écoutant une musique. La fin termine en beauté et tout en finesse ce roman surprenant.
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La dame d'Alexandrie

La rencontre de deux femmes qui se lient autour d'une thèse de sociologie: les suicides répétés au sein d'une même famille. Ces deux femmes ne vont élaborer leurs préoccupations que par sous entendus de vies intimes, elles semblent tenues aux mystères, aux eaux troubles et mouvantes. Un huis clos créé par l'atmosphère dans l'air, l'ambiance du couvent et des vieilles pierres au Liban, les couleurs de saisons, les objets environnants. « Le langage infime de ce qui nous entoure » p104.

Je n'ai retenu ni sons ni émotions. Que des images et des sensations comme langoureusement, délicatement, posément écrites, malgré des révélations qui sentent l'urgence :  « quelqu'un est en danger ». Le roman a été pour moi comme un ensemble de parenthèses offertes au lecteur : nous n'avons pas accès à toutes les coulisses de ce qui se passe entre les deux femmes. Ni à leur vie propre, en dehors de ce couvent. Nous avons des bribes de leurs raisonnement, de leur cheminement, de leur impatience à savoir, de leur patience à ne rien dire. Et nous, là dedans, on dérive avec ce que l'on sait, comme elles. Pour finalement voir arriver de fatales destinées.



Les cinq dernières pages sont, pour moi, un passage un peu…décevant. Comme une nouvelle qu'on voulait clore, offrir la chute sur un papier scenarisé et en italique. Tomber du tourbillon de questions dans lequel j'étais ravie d'être plongée.



J'ai aimé me sentir prise dans des eaux mouvantes, ne comprendre que des bribes, comme ces deux femmes. Et tout remettre en boucle dans ma tête pour échafauder des thèses. Comme ces deux femmes.
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Le désespoir est un péché

Nada a été vendue par sa mère à la famille de Nasri Nassour, un veuf qui règne avec calme sur sa famille. La maison est ordonnée autour d’un patio au milieu duquel coule une fontaine, centre de la maisonnée. « L’eau, me disait mon maître Nasri, l’eau, c’est la vie même. » Nada grandit vaille que vaille dans cette maison tout en accomplissant les tâches d’une domestique ordinaire. Personne ne lui explique les mystères du corps, elle ne reçoit aucune éducation, ou plutôt son éducation se fait par les sensations, les émotions brutes ou délicates, suivant les jours : le bruit du vent, le sang qui coule pour la première fois, le fumet d’un plat, le miaulement d’un chat dans la cour. Le soir, Nada déplie un matelas dans u coi du patio et se replie sur elle-même. En grandissant, Nada devient bossue et est en butte aux moqueries des gamins du quartier. La servante observe les gens de la maison, les filles du maître qui partent l’une après l’autre pour se marier. Dans cette initiation brute à la vie, il y a les hommes : le maitre, toujours paisible et rassurant, auquel la lie un attachement sans paroles, le cousin Teymour, musicien sensible et timide et Ichhane, le fils au regard noir qui terrorise Nada et disparaît un jour sans explication.



Ainsi se déroule la vie de Nada (dont le nom signifie « rien » en espagnol), une existence marquée de silence forcé, de monotonie, une vie qui parait si pauvre, si dépouillée, si instinctive aussi. Une vie à comprendre pourquoi « Le désespoir est un péché ». Le récit de Yasmine Khlat (née en Egypte dans une famille libanaise) est à la fois sec et brûlant, très sensoriel et économe de paroles. C’est un court roman hypnotique dont j’ai un peu de mal à parler mais que je suis contente d’avoir découvert.
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Cet amour

Une femme dont on apprendra qu'elle se nomme Irène vit dans un appartement parisien, en proie à ses démons et à ses troubles obsessionnels compulsifs. Cette femme est d'origine libanaise. Un soir de grande panique, sur le point de sauter par la fenêtre, elle trouve le courage de composer le numéro d'un psychiatre, Dr Rossi dont elle a entendu la voix lors d'une émission radio. Problème, il est d'origine israélienne et la loi libanaise interdit tout contact avec les citoyens israéliens et ce même à l'étranger. Ils parviendront au fur et à mesure de leur dialogue à déjouer ces barrières et à nouer une relation spéciale puisqu'uniquement téléphonique. Irène ira t'elle mieux ? Sera t'elle enfin sereine ? Dr Rossi tirera également beaucoup d'enseignements de cet échange.



Ce roman pourrait être adaptée en pièce de théâtre tant le dialogue commencé aux premières pages est la trame de ce texte. Il y a deux personnages principaux et les autres ne sont bien souvent que des allusions. Tout s'articule entre Irène et Dr Rossi avec un fond très poétique voire relevant de l'imaginaire.



Je m'attendais à plus de rigueur scientifique quant à la description des tocs et surtout les thérapies pour en venir à bout car oui elles existent, même si un passage ici en particulier semble dire l'inverse à savoir qu'on n'en guérit jamais. La lecture a tout de même été plaisante !
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Égypte 51

Tout d'abord je voudrais juste vous dire un petit mot sur cette maison d'édition Elyzad. La connaissez-vous ? C'est un petit bijou de part la qualité de ses choix éditoriaux et de la conception graphique de ses livres. Un plaisir à tenir entre ses mains, le temps d'une lecture, ses jolis et gracieux formats, de tourner les pages d'un papier fin et si agréable. Un bonheur du livre objet !



Ce très beau roman donc nous est présenté sous forme de correspondance, voilà bien une forme que me séduit totalement. L'écriture, cette plume délicate et élégante que je découvre de Yasmine Khlat me ravie à merveille. C'est une envolée romanesque. Une passion délicatement décrite entre deux êtres protégés par leur milieu. Elle, Mia, c'est une artiste, grande rêveuse, fantasque. Lui, Stéphane est médecin et il est éperdument amoureux de cette toute jeune femme rencontrée au Caire. Seulement, elle n'est pas prête pour l'amour, car son cœur s'est épris d'un autre homme, Ramo, pauvre et donc qui lui est inaccessible. Deux mondes aussi différents soient-ils, ne peuvent se mélanger, s'unir. Alors pourquoi penser encore à lui ?



Les évènements tragiques de 1956, lors de la nationalisation du Canal de Suez vont tout faire basculer cet idéal de vie, ce romantisme à fleur de peau et surtout leur avenir.



Je ne peux vous en révéler davantage, c'est impossible, je vous invite à cette très belle lecture sur l'amour, les guerres et l'exil. Un petit roman qui se lit si aisément tant il nous happe du début à sa fin, et je vous confierai que surtout toute la dernière partie m'a pleinement émue, me laissant des larmes de colère, d'incompréhension.... face à l'inexplicable, à la honte humaine des guerres sans nom qui détruisent toujours autant ... hier comme aujourd'hui.



Un très beau voyage entre l’Égypte et le Liban imprégné de sentiments éblouissants de sincérité.
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La dame d'Alexandrie

Claire arrive de Paris et s'installe dans dans ce couvent isolé au Liban afin d'assister Hortense, une dame d'un certain âge, dans sa thèse en sociologie. Le sujet de sa recherche est le suicide répété sur plusieurs générations, au sein d'une même famille.



Au fur et à mesure des jours qui passent, elles vont se dévoiler l'une à l'autre, se découvrir, se livrer à demi-mot sur les blessures qui les façonnent, sur les interrogations qui les habitent.



La nature a une place importante dans ce huis-clos : les orages, le vent, la pluie, la lumière, les odeurs, les couleurs, les sensations, tout les entoure à la manière d'un tableau.



Ce roman très court, où le temps est comme suspendu, est d'une très grande beauté et d'une très grande finesse.



Tout est sensation, délicatesse, poésie. La plume de l'auteur est douce et subtile. J'ai eu envie de rejoindre ce couvent, de me retrouver parmi elle, à boire un thé assise sur le tapis, à écouter l'orage et à regarder les montagnes, à respirer loin de toute agitation, à deviner ce qui se cache sous leurs confidences nébuleuses.



"Vous savez, les gens ont l'air d'aller bien mais chacun à sa nuit."



C'est une très belle découverte, qui fait du bien, qui repose et apaise.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Cet amour

Cet amour de Yasmine Khlat

Paru aux éditions Elyzad



Premières phrases : ” Elle est seule, très dépressive. C'est la fin du jour et elle a peur du noir qui monte. Sa panique est telle qu'elle songe à en finir.”



Cet amour de Yasmine Khlat,

C'est ce moment entre chien et loup, où pleurent les bébés et naissent les angoisses.

C'est un coup de téléphone en fin de journée, à l'heure où chacun termine son activité.

C'est ce dialogue qui va s'installer entre cet homme et cette femme.

C'est cette femme submergée par ses tocs qui refuse d'avancer davantage et qui lance un dernier appel à ce médecin dont la voix entendue à la radio, lui laisse imaginer un avenir.

C'est une patiente qui parle et un psychiatre qui écoute.

C'est une femme qui fut belle et désirable et un homme qui l'imagine.

C'est une libanaise qui était d'un côté et un israélien qui était de l'autre.

C'est une femme qui s'inquiète et un homme qui fatigue.

C'est “Habibi”, mon amour et “Haouitak”, ta pièce d'identité



Cet amour de Yasmine Khlat, c'est un texte magnifique, une écriture douce et puissante. Des mots choisis avec finesse et des dialogues intenses.



Emma aime :

-Le parfum du Liban

-Cette maison d'édition

-L'écoute de l'autre.

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La dame d'Alexandrie

Que de délicatesse dans ce très court roman que l’on dirait écrit à l’aquarelle. Une histoire de femmes et d’abandon, de deuil et d’espérance. Une histoire d’amour fragile comme un souffle. Un décor lumineux où s’affrontent des vents sans nom dans la fureur de l’orage et la douceur d’une fragrance de rose.

On se laisse saisir, bercer par cette écriture fluide et sereine. L’histoire n’est qu’un prétexte pour rencontrer deux femmes, deux âges, deux destins qui se croisent, se défient et se fondent. Ais-je aimé ce livre ? Cette question n’a pas vraiment de sens. Il m’a touché par sa beauté diaphane. Il m’a ravi comme la contemplation d’un coucher de soleil, dernier embrasement avant la nuit et déjà promesse d’une aube nouvelle. Il m’a atteint comme un jour de pluie sale dans le gris d’une ville anonyme. Il m’a bousculé comme un deuil jamais accompli, cicatrice toujours vive.

Ce livre est une poésie qui n’attend pas d’être aimé.

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La dame d'Alexandrie

Nous sommes au Liban, en pleine montagne, dans un couvent de séminaristes, où un huis clos d'une grande intensité se déroule entre Hortense Zemina, septuagénaire et "chercheuse es-suicide" et Claire, son assistante, à peine trentenaire. Seul témoin de la scène, Onyx, un perroquet. Claire tape sous la dictée d'Hortense la thèse dans laquelle elle tente d'élucider le mystère d'une famille confrontée à des suicides répétitifs. Claire y perçoit que « quelqu'un est en danger".

Sauf pour ce travail, peu de paroles s'échangent entre les deux femmes, mais beaucoup de non-dits transpirent de leur regards. Chacune s'observe, "elle me regardait avec compassion, comme si elle savait ce que j'ignorais".

Tour à tour, Yasmine Khlat nous livre les ressentis des deux femmes, leurs pensées, leurs interrogations. Le dévoilement s'opère dans une lente progression qui accroit l'impatience et la curiosité du lecteur. Le flou de la photo de couverture avait déjà laissé planer un mystère que l'on subodore et qui s'éclaircira en son temps.

Le style est soigné et convient bien à l'ambiance feutrée, ainsi qu'à la délicatesse des personnages. On parvient même à sentir l'effluve de rose du parfum d'Hortense.

Un moment de lecture paisible et agréable malgré le sujet dramatique du livre.

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Égypte 51

Egypte 51. S'ouvre l' échange épistolaire conduit par Mia et Stéphane. Issus de familles syro-libanaises, il aura suffi d'une rencontre pour que l'un s'amourache de l'autre. Le coeur de Mia est encore occupé par l'ombre d'un homme. Les lendemains égyptiens verront-ils enfin la naissance d'une idylle réciproque ?

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Je lis les soixante-dix premières pages sans être réellement sensible aux mots de ces deux jeunes gens quand arrive l'année 56. Là, je pressens que l'émotion va me gagner, petit à petit.

56. Agression tripartite contre l'Egypte. L'exil. Monrovia racontée par Jo m'attrape. Je découvre cet homme, suis touchée par sa solitude, ce qu'il me raconte. ça y est. Les mots de Jo et l'évocation de ses souvenirs m'ont ferrée. Je suis prise dans les rets de cette histoire familiale dont je n'avais vu que l'ébauche. Mon coeur est touché.

Liban 75. Quelques lettres de Mia et Stéphane. Je les retrouve. Il est des exils et des guerres qui rassemblent et d'autres qui séparent. Pourtant je suis confiante, l'amour est là. Fuir Beyrouth. Gagner ensemble Faraya. Oui, rester ensemble à tout jamais.

Liban 84. J'esquisse un sourire me disant que les histoires familiales peuvent se répéter, prendre une même tournure lorsque je découvre les mots de Téo. Mon coeur se serre à la lecture de sa fragilité, sa solitude et cet espoir qui s'écrivent sous mes yeux. Je voudrais la sérénité pour lui, voir ses espérances prendre forme. Quelques-uns en auront décidé autrement. Mon coeur se serre, explose, fait jaillir mes larmes. Bouleversée par cette fin.
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Partition libre pour Isabelle



Yasmine Khlat, née en 1959 à Ismaïlia dans une famille libanaise, est une comédienne, réalisatrice, traductrice et romancière. (Wikipedia)



Jean-Maïssa, le frère et la soeur réunis pour un voyage aux confins de la vie. L’intrigue est ténue, le roman court, très court, mais nous n’avons pas besoin de plus. C’est le style, poétique et tout en retenu, qui fait la beauté de l’oeuvre. Il faut lire lentement pour bien l’apprécier.



Le titre fait allusion à Isabelle Rimbaud qui resta de longs moments au chevet de son frère Arthur. Voici le chant autre de Jean et de Maïssa. Voici le vent, les allées du chat et du chien, de Magda et de Marguerite qui ponctuent le récit et lui donnent les airs familiers du quotidien alors que se joue le drame de la maladie, de la souffrance de Jean et de celle qui l’accompagne. Voici un livre étrange et beau, tout en douceur malgré la douleur et l’effroi.

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La dame d'Alexandrie

Dans le quasi silence et la retenue qu'impose ce couvent sis dans les montagnes libanaises, Claire veut faire entendre sa voix auprès d'Hortense.

Tandis qu'à l'entour la nature se manifeste par ses couleurs, sons et souffles et que l'atmosphère à l'intérieur est feutrée, les coeurs et cerveaux des deux femmes pulsent, s'agitent.



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Yasmine Khlat décrit les tourments de Claire qui voudrait qu'Hortense ne se contente pas de se servir des données qu'elle a recueillies à la seule fin de nourrir sa thèse. La jeune française voudrait convaincre celle qui l'emploie d'aider cette famille à mettre un terme à ces suicides qui frappent chaque génération.

Elle nous mène de l'Égypte au Liban, de la France au Liban pour nous dévoiler la vie de ces familles et révéler leurs secrets.



Une très belle histoire à l'atmosphère douce avec des personnages sensibles.
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Le désespoir est un péché

c'est un livre d'une grande intensité émotionnelle,court,93 pages,émouvant ,,à la fois ,lumineux et sombre ,d'une grande beauté,poétique où l'auteur:Yasmine khlat excelle à rendre les odeurs de là- bas.

On sent les odeurs entêtantes du jasmin et du magnolia.

Une petite fille est placée,à l'âge de 7 ans ,chez les Nassour une importante famille de propriétaires terriens,dont le maître,Nasri Nassour est inconstetablement,le chef.



Elle grandit sans sa mère qui l'avait vendue,elle n'avait pas de père.

Elle pènétra dans cette demeure,à l'heure ,où l'épouse de son maître ,énorme et

hâletante s'éteignait.

On lui coupa ses longs cheveux à cause des poux,d'une manière violente,on la revêtît de vieux vêtements....

il faut dire : - qui allait s'intéresser à une servante bossue?

Ainsi va se dérouler la vie d'un cœur simpleNada....c'est son nom, lavait les latrines, portait les poubelles ,ramassait les détritus.

Au sein de cette. fratrie il y a Ichhane l'aîné,dont elle doit affronter la haine ,qui la poursuit de ses quolibets[Laide,sale,désordonnée, chienne,chienne d'esclave.enfant de pute].

NAda ne comprenait pas et ne trouvait aucun sens à ces invectives.

Malgrè ce malheur ,se mêlait le bonheur de faire partie de cette famille:il y avait

aussi:Moha,Nour qui va se marier,Omar et Narimane........

C'est un roman douloureux ,lancinant,sublime auquel on pense longtemps après

L'avoir refermé,
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La dame d'Alexandrie

Huis-clos situé dans un couvent au cœur des montagnes libanaises, le roman met en scène deux femmes, réunies dans ce lieu isolé à l'automne 2000, pour élucider les secrets d'une lignée brisée. Hortense Zemima, sociologue septuagénaire, rédige une thèse sur une famille meurtrie, dispersée entre l’Égypte et le Liban, frappée à trois reprises par le suicide. Claire, son assistante venue de Paris, retourne pour la première fois dans son pays natal, quitté à l'âge de treize ans pour fuir la guerre civile. Fascinée par son énigmatique employeuse, tour à tour charmeuse et lointaine, la jeune femme ne peut pourtant se départir d'un sentiment de malaise. Comme si un danger couvait sous les brumes nappant leur belvédère et les paisibles vallées alentour. Au fil des jours, alors que leur intimité progresse au gré de l'inventaire des archives d'Hortense, les liens qui unissent leurs destinées se dévoilent imperceptiblement. Chacune à son tour narratrice, les deux femmes ne laissent filtrer que des bribes de leurs vies passées. Ce chassé-croisé de pensées et de sensations, amenées avec une grande finesse, aboutit à un final attendu mais révélé sans pathos. La conclusion toute en douceur d'une quête des origines marquée par la mélancolie de l'exil. L'atmosphère feutrée empreinte de langueur créée par la plume rêveuse de la romancière fait de cet ouvrage une lecture délicate que je conseille à tous les publics amateurs d'ambiance poétique.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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La dame d'Alexandrie

L'écriture de Yasmine Khlat est poétique mais un peu trop abstraite à mon goût. Comme un tableau impressionniste, elle raconte par petites touches de couleur, de senteur ; des bribes de pensée des personnages.

Et la fin est plus qu'improbable...

Une lecture agréable, mais sans enthousiasme.
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La dame d'Alexandrie

Une atmosphère douce et délicate où deux femmes, deux voix se rencontrent au sein d'un couvent. Se raconter. Se dévoiler. Se livrer. Ouvrir son âme pour se libérer d'une histoire, d'un secret, d'un poids.

Une histoire à l'ambiance délicate qui se lit et se savoure très lentement. Magnifique roman.
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