Citations de Ysabelle Lacamp (103)
Si l'Amour avait le pouvoir de soulever des montagnes, de bouleverser l'Ordre et de se rire de la Loi, la Société, elle, pour ne pas sombrer, veillait à ce que les préjugés ne s'éteignent jamais. Voilà pourquoi il était si difficile de s'aimer quand on n'était pas de la même race ni de la même couleur.
La lune est claire et ronde
je navigue sur le fleuve
au-dessous de moi, l'eau, c'est le ciel.
Il avait patiemment attendu que les nuages gorgés de pluie qui passaient dans ses yeux veuillent bien s'en aller plus loin.
Alors, Yumi se détourna. Elle n'avait pas envie de voir et d'entendre la souffrance des autres. Elle cacha son visage entre ses mains pour oublier cette nature ivre qui exultait, insouciante, presque indécente, s'obstinant à donner un sens à la vie quand la violence et la bêtise humaine la rendaient aussi vaine.
Elle ne parvint pas à rester sourde aux claquements secs des armes automatiques quand la folie des hommes recommença.
Ainsi allait la vie, avec ses privilégiés et les autres auxquels il ne restait pour survivre que la débrouille, la tentation de voler et de trahir, ou la faculté de gémir.
La main de Yumi s'abattit sur la bouche de Yu-Pok pour l'empêcher de hurler. A quelques pas d'eux, les deux corps s'étaient écroulés. D'abord la mère, petit paquet de chiffons froissant le parterre de roses, puis le père, à genoux, comme s'il demandait pardon à ses enfants de les abandonner si tôt.
Oui, une femme, et alors ! Depuis quand l'amour doit-il avoir un sexe ?
Mais pourquoi la toute-puissance siégerait-elle toujours "du côté de la barbe" ? Pourquoi serait-ce à l'épouse de renoncer à ses opinions et de faire fi d'elle-même pour la bonne marche du ménage ?
Qui mieux qu’une femme pouvait à sa façon défendre ce symbole en revendiquant tout d’abord son droit de vivre, de choisir et d’aimer une société patriarcale qui préférait reléguer ses femmes dans leur prison dorée !
comme si l'incident avait libéré ses forces créatrices, Minsky s'est remis au travail dès le lendemain avec une vigueur et un acharnement que je ne lui connaissais pas.
(p.283)
Steve, le neveu de Sir Charles, m'appelle de temps à autre. Au début, sa voix traînante et ses silences semblaient charrier un tel ennui que je me demandais vraiment pourquoi il se donnait cette peine. J'ai fini par m'y habituer.
(p.180)
Mr Willis, qui me guette chaque jour derrière sa fenêtre, ne sait qu'inventer pour me faire plaisir. Je le soupçonne aussi de sortir plus souvent son chien pour pouvoir converser avec moi. Ca lui réussit bien. Il a maintenant le teint rose et l'œil plus brillant.
(p.156)
J'en venais à être jalouse de Phrat, même si j'étais fière qu'il fasse activement partie de cette génération qui assurerait la relève du pays. Lui agissait, moi je végétais. Il fallait que je réussisse mon bac coûte que coûte.
(p.80)
J'ai coupé les ponts avec ma famille. Plus rien ne me lie à personne. Ivresse de l'inconnu. Impression de naître pour la seconde fois, de me trouver tout nue devant mon destin comme dans ce drôle de cauchemar que je faisais petite fille.
(p.15)
Le lendemain matin, la natte était vide. Perle trouée s'était envolée.
Personne ne l'avait aperçue à l'exception du frère portier qui lui avait laissé passage. Du haut de son échauguette, il avait vu la fillette s'enfoncer d'un pas décidé dans la forêt.
(p.190)
Les jours passèrent. L'épidémie faisait rage. Kum-San était maintenant coupée du reste de la province, et l'approvisionnement en nourriture se faisait rare.
(p.169)
Le vent ne mollissait pas. La pluie tombait toujours aussi dru.
Un petit groupe s'était rapidement formé autour de YI-Shou. Ce Chinois dont la femme était si bonne ne pouvait être aussi cruel ni aussi inhumain que son prédécesseur.
(p.146)
Soudain tout bascula. Sans montrer plus de résistance, Shu-Meï se laissa envelopper par les bras protecteurs. Dans un élan désespéré, le silence venait de s'abattre sur leurs deux solitudes.
(p.98)
Les grandes malles d'osier étaient bouclées. Dans trois jours, une caravane acheminerait Yi-Shou et son épouse jusqu'au port de Guang-Zhou où ils attendraient des vents favorables pour entreprendre la traversée de la mer Jaune.
(p.90)
Pourquoi les hommes sont-ils tellement sensibles au score ? Seraient-ils complexés ? Prétentieux ? Ou les deux à la fois ?