Citations de Ysabelle Lacamp (103)
Arrivée au détour de la longue galerie ouvragée qui relie le Pavillon des femmes au bâtiment principal, Shu-Meï ralentit l'allure et se compose un visage de circonstance.
La lune est claire et ronde
je navigue sur le fleuve
au-dessous de moi, l'eau, c'est le ciel.
[Les nazis tournèrent à Terezin des films de propagande, visant à montrer ce camp comme un "ghetto idéal" pour les juifs.]
Un film, oui, censé montrer la journée type du juif le plus heureux sur terre grâce à la magnanimité et à la munificence du Fürher.
Match de foot, atelier de couture bourdonnant, folle et trépidante session de jazz au Stadtkapelle : «Regardez comme ils sautillent ! Regardez-les se tortiller ! »
Un film, un vrai, avec ses décors en trompe-l’œil, ses fausses échoppes où rien n'était vendu, son café musical où l'on ne pouvait pas boire de café, ses bains publics sans canalisation, sa banque aux faux clients et aux faux caissiers, et même ses dizaines de landaus tout neufs paradant sur la grand-place au soleil à défaut de ne jamais voir l'ombre d'un bébé !
Je reste fasciné par tes yeux qui me fixent, comme deux énormes lacs transparents, si clairs, si profonds, si sincères, que j'aimerais me perdre dans leur onde.
Il suffisait que sa porte s'ouvre et que je me réfugie dans ses bras pour oublier ce brouillon de culture grouillant de mensonges qu'était devenue mon existence.
Si l'Amour avait le pouvoir de soulever des montagnes, de bouleverser l'Ordre et de se rire de la Loi, la Société, elle, pour ne pas sombrer, veillait à ce que les préjugés ne s'éteignent jamais. Voilà pourquoi il était si difficile de s'aimer quand on n'était pas de la même race ni de la même couleur.
Assis à ton chevet, j'observe les petits poissons transparents battre des nageoires derrière tes paupières, puis ta nuit d'aquarium se dissiper lentement.
La vrai beauté, ce n'est pas forcément ce qui est parfait. tu peux la trouver dans la laideur comme tu peux admirer une toile de maître sans que son esthétique te fasse vibrer.
Oui, une femme, et alors ! Depuis quand l'amour doit-il avoir un sexe ?
Terezín, au doux nom choisi en l'honneur de la mère de l'empereur, qui aurait cru alors que tu deviendrais tombe à ciel ouvert de milliers de Juifs?(...)
Terezín...étrange Babel du désespoir ou l'on parquait les Juifs pour mieux les envoyer mourir...
Le « Livre des Rites » restait toujours le même.
Que l’on en juge plutôt :
« La force est la vertu du Yang, la soumission constitue l’utilité du Yin »
« On honore l’homme pour sa puissance, on loue la femme pour sa faiblesse. »
A cette époque comme sous la précédente dynastie Tang, les moeurs étaient relativement permissives, surtout si l'on tient compte d'une certaine décadence engendrée par cette situation anarchique.
Mais pourquoi la toute-puissance siégerait-elle toujours "du côté de la barbe" ? Pourquoi serait-ce à l'épouse de renoncer à ses opinions et de faire fi d'elle-même pour la bonne marche du ménage ?
Tsao lève les yeux du Livre de la voie et de la Vertu et médite sur ce qu'il vient de lire :
Qui aime avec excès s'épuise,
Qui amasse gros perdra gros,
Content de peu n'a pas à craindre
Vous êtes-vous un jour demandé pourquoi vous aviez cessé de manger et comment vous pourriez vous en sortir ?
- ... Vous guérirez le jour où vous saurez dire "merde" aux autres sans culpabiliser.
Pandore a craqué. Curiosité ?
Pandore a soulevé le couvercle de la jarre que les dieux, lui avaient fait jurer de garder fermée, laissant tous les maux, s'échapper sur la terre. Quand elle l'a refermée, il ne restait plus, paraît-il que l' "espoir" au fond du récipient !
Qui mieux qu’une femme pouvait à sa façon défendre ce symbole en revendiquant tout d’abord son droit de vivre, de choisir et d’aimer une société patriarcale qui préférait reléguer ses femmes dans leur prison dorée !
La vrai beauté, ce n'est pas forcément ce qui est parfait. tu peux la trouver dans la laideur comme tu peux admirer une toile de maître sans que son esthétique te fasse vibrer.
Ainsi, je venais de perdre "mon premier amour", celui qui marque le plus douloureusement; sans doute parce qu'à mon âge, stupidement, on a la naïveté de le croire éternel. Mais s'il l'était vraiment "éternel" l'appellerait-on encore premier ?
Alors, Yumi se détourna. Elle n'avait pas envie de voir et d'entendre la souffrance des autres. Elle cacha son visage entre ses mains pour oublier cette nature ivre qui exultait, insouciante, presque indécente, s'obstinant à donner un sens à la vie quand la violence et la bêtise humaine la rendaient aussi vaine.
Elle ne parvint pas à rester sourde aux claquements secs des armes automatiques quand la folie des hommes recommença.