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Critiques de Yves Navarre (73)
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Une vie de chat

Alors qu'il a déjà rejoint l'au-delà, Tiffauges, le gros chat noir et blanc d'Yves Navarre, écrit son autobiographie et raconte comment il a été aimé et choyé par son maître, l'accompagnant de son domicile parisien jusqu'à la maison du sud... Une vie de chat d'écrivain, sautant sur le bureau, frôlant la machine à écrire, foulant des liasses de papiers... chat observateur, philosophe, intellectuel, réfléchi, compagnon des bons et des mauvais jours...

Un texte réservé en priorité aux amoureux des chats, qui seuls peuvent comprendre leur ressenti. Un roman plaisant qui se lit avec facilité.
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Une vie de chat

J'ai lu "Une vie de chat" d'Yves Navarre après avoir visionné par hasard un reportage de "Trente millions d'amis" consacré à l'écrivain qui venait de mourir. J'avais été touchée, en amoureuse des chats, par l'humour et l'autodérision de l'auteur, nous montrant ses petits rituels avec son chat, leur complicité dans l'humour, sans bêtification excessive mais avec une tendresse que seuls les amoureux des chats peuvent comprendre.

C'est ce regard raffiné, ironique et intelligent que j'ai retrouvé à la lecture d'"Une vie de chat". Ici, tout naturellement, c'est le chat qui écrit, ce qui est bien normal quand on connaît les chats, leur entêtement acharné à nous imposer en douceur et en roublardise leur mode de vie, de pensée, à faire de nous leurs esclaves consentants !

Lecture très agréable, dans un style travaillé sans ostentation, un récit à deux voix, l'une féline et l'autre humaine, que je recommande à ceux qui veulent approcher le mystère insondable des chats... et de la littérature !
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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La ville atlantique

Un roman très court, composé de cinq parties qui n'ont pas forcément de lien entre elles. Pourrait-on dans ce cas-là les qualifier de nouvelles ou simplement de réflexion ? Bien que j'avoue m'être un peu perdue au départ et ne certainement pas avoir saisi toute la profondeur de ce texte, je me suis finalement laissée emportée par le tourbillon de l'écriture. Heureusement que je suis extrêmement obstinée et me force, une fois un livre commencé, à aller jusqu'au bout car si je m'étais écoutée sans respecter cette règle d'or que je me suis fixée, j'aurais abandonné cette lecture au bout de la vingtième page et cela aurait été dommage. Dans le premier chapitre, qui couvre à lui tout seul, plus de la moitié de cet ouvrage, l'auteur nous fait une sorte de biographie de celui qui a décidé de s'appeler Abel Klein. Notez bien, j'ai bien dit, décidé de s'appeler, s'agit-il donc d'un double d'Yves Navarre ? Cela a été ma conclusion mais peut-être en aurez vous d'autres en lisant cet ouvrage par vous-mêmes, qui sait ?



Le chapitre qui m'a le plus plu, est le dernier présenté ici et le plus court en l’occurrence, intitulé "Rue Milton" (oui, tous les chapitres portent un nom de rue). Pourquoi ? Tout simplement, parce que l'auteur nous parle, à nous, lecteurs, de ce que l'on ressent lorsque l'on appartient à un mouvement littéraire en particulier. Ce cloisonnement dans lequel l'auteur se retrouve confiné et qui pourtant, est une ouverture extraordinaire sur le monde. Il est également beaucoup question de souffrance dans cet ouvrage et surtout dans ce dit chapitre où la souffrance est celle de la disparition de l'être aimé. L'écrivain, à quelques mouvement littéraire qu'il appartienne, en faisant mourir certains de ses personnages, serait-il un meurtrier ?



Un ouvrage que je ne peux que vous recommander ce dernier se lit très vite et, comme je le disais en introduction de cette critique, même si je n'ai pas tout compris et n'ai pas réussi à m'immerger complètement dans cette lecture, il y demeure de très belles phrases et pensées qui méritent d'être lues et relues !
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Le jardin d'acclimatation

Par chance j'avais lu précédemment "Biographie", son roman qui résume et englobe une partie de son œuvre (avant 1981). Dans le cas contraire je n'aurais sans doute pas terminé la lecture de ce livre.

Yves Navarre se nourrit du ressassement d'une douleur née au sein de sa famille. Jamais fardeau n'a semblé aussi lourd, ne pouvant en aucun moment s'estomper, véritables chaines qui ont entamé sa chair et dont les plaies ne se sont jamais refermées.

Roman qui cherche son équilibre sans jamais le trouver, optant pour différents visages sans qu'aucuns ne possèdent des contours limpides.

Des fulgurances parfois qui laissent un peu d'espoir au lecteur - la scène où le père conduit son chien chez le vétérinaire pour une euthanasie - mais qui sont trop rares et ne peuvent que constituer un bon recueil de nouvelles.

Yves Navarre propose trop de chemins qui deviennent un labyrinthe dans lequel le lecteur s'égare inexorablement.

Une question s'impose quand même : comment, pourquoi cet ouvrage a-t-il été couronné en 1980 par le Prix Goncourt ?

L'année précédente Antonine Maillet avait reçu ce prix.

Le jury a-t-il voulu faire moins "terroir", plus "intellectuel" cette fois-ci ?

Mais d'ailleurs l'ont-ils lu en entier ? car il faut une certaine abnégation pour aller jusqu'au bout d'un tel livre débordant de "Blabla" interminable.

Comme bien trop souvent un Prix Goncourt à oublier et choisissez un autre livre si vous voulez découvrir Yves Navarre.

Auteur qui le mérite.



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Louise

André Gide a écrit "Famille je vous hais".

Yves Navarre dans un élan d'introspection fredonne "Famille je vous pleure".

Comme une ritournelle, de livres en livres, il dissèque les piliers de la structure familiale. Il observe sous son microscope les germes de ce levain qu'il a tant de mal à phagocyter.

"Famille je vous pleure" certes, "mais pour ce que je n'ai pas eu de vous" murmure-t-il le ventre noué par une douleur qu'il n'a jamais su faire taire sa vie durant.

Louise c'est le livre de la création littéraire qui se nourrit d'une famille sans jamais prendre son élan. Un clan qui étouffe les mots, les gestes, les regards et finalement l'amour. "Louise ou l'échec incertain" qui pourrait bien être encore une fois Yves Navarre masqué.

Le temps passe, casse, lasse. Toute la famille s'agite et Louise égrène les heures d'un tic-tac lancinant sans jamais sortir de sa nuit.



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Une vie de chat

C’est Tiffauges, le chat d’Yves Navarre qui écrit, euh… qui parle, enfin…., qui raconte, quoi.

Oui, l’auteur fait parler son chat pour nous raconter sa vie avec lui, leur vie tout court, leur tendre complicité, leurs amours respectifs.

Une véritable osmose. Quand l’un va mal, l’autre aussi.

Le ton est vif, on sourit parfois, on s’attendrit souvent.

Par la « bouche » de Tiffauges, Yves Navarre se dévoile, « se met à nu » comme il l’a fait une fois dans un magazine américain. Mais il le fait avec délicatesse et retenue et sans prendre la vedette à Tiffauges, qui a aussi une vie compliquée.

C’est d’ailleurs toute la prouesse de ce livre, passer si habilement de l’un à l’autre, nous attacher autant à l’un qu’à l’autre.

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Le petit galopin de nos corps

Il existe des livres que j'aime, au-delà des mots qu'ils transportent, au-delà de l'auteur.

Ils m'ont choisi, pas le contraire, et je deviens leur valet pour toute une vie.

Plus jamais je n'oserai les ouvrir, comme un sacrilège, l'angoisse d'en perdre la sève me paralyse les mains.

Sont entré dans ma vie, oriflamme et trompette, maitres de la nuit qui enfante mes rêves, je les honore comme un dieu mystérieux.

Je serai seul à connaitre leur filtre.

Dans la barque profonde où phlégyas me couche, ils dorment à mes cotés, et celui-ci avec.
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Les loukoums

Yves Navarre n'a jamais trouvé "la Porte Étroite" qu'André Gide nous avait indiquée. Il se cogne contre les murs qui l'enserre ou sur le vitrage qui laisse poindre une lueur illusoire. Pour lui aucune issue n'est envisageable.

Les loukoums sont les pièces d'un puzzle qui s'imbriquent avec une précision chirurgicale.

Comme dans tous ses romans Yves Navarre nous parlent d'amour, avec des garçons, car le contraire équivaudrait pour lui à prendre sa mère. L'Amor : qu'il faut comprendre la mort des corps qui vieillissent inexorablement en rencontrant parfois la maladie, mais toujours avec certitude l'anéantissement.

Voilà un roman qui aurait demandé au jury du prix Goncourt un brin de courage pour oser le couronner. Bien loin de ceux qui sont susceptibles de plaire à un large public, c'est une rude escalade qui réserve des moments d'émerveillement prenant encore davantage d'intensité au fil du temps.

Je vous invite à découvrir cet auteur qui ne laisse jamais le lecteur indifférent pendant et après une lecture.

Tentez la traversée si vous aimez la houle.
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Ce sont amis que vent emporte

Il vaut mieux avoir le moral avant de lire ce roman d’Yves Navarre. Mais si vous l’avez, cela ne durera pas car c’est un livre désespéré et désespérant à plus d’un titre.



Roch et David, sculpteur et danseur, vivant une histoire d’amour depuis vingt ans, installés à Montréal, sont tous deux atteints du Sida et en phase terminale. David, le danseur, a décidé d’arrêter tout traitement, et Roch l’accompagne dans son agonie et en fait le récit pour l’après, l’après lui, et l’après eux, puisqu’il va mourir deux mois après David.



Le contexte est celui du début de ce que l’on a appelé les années Sida, et David et Roch se sentent pestiférés, et dans l’expiation de quelque chose. Comme si le destin (ayant frappé sous les traits d’un jeune garçon croisé en vacances et doublement consommé) jugeait et condamnait leur couple, leur sexualité, leur créativité. Roch va se transformer en Michel-Ange et nous dépeindre le jugement dernier. Ce sera terrifiant, mais ce sera beau, esthétique, jusqu’au bout.

Roch va relater le quotidien en sublimant par l’écriture la tragédie de la fin.

Je dois dire que si comme pour ses autres œuvres je reconnais à Yves Navarre un style magnifique, ici, cette volonté de sublimation, de lyrisme parfois, m’a embarrassée et même laissée incrédule, avec une pointe de colère.

Roch décrit David comme un Dieu subissant une épreuve mythologique. Lui le veille, l’assiste, l’observe dans tous les gestes les plus sublimes comme les plus triviaux, et plus le récit avance, s’acharne à vivre le plus abject comme un moment d’amour.

Le récit commence au moment où le couple se coupe de tout volontairement.

Les deux hommes ont décidé de ne plus voir leurs amis, pourtant très présents, danseurs et artistes pour la plupart, qui n’ont pas de rejet envers eux parce qu’eux-mêmes plus ou moins concernés.

Du côté des familles, si l’acceptation de l’homosexualité des deux hommes a été difficile, puis de leur couple, à cause de la personnalité difficile de David, au moment de la maladie les sœurs et les mères essaient de garder le contact, même maladroitement. En vain.

Bien que vivant dans l’aisance financière, David et Roch ne travaillant plus, leur situation matérielle se dégrade également, mais Roch fait en sorte que David ne manque de rien. De toute façon, il ne mange presque plus, et il n’y a plus de médicament à payer.

C’est ainsi que les deux amants deviennent une bulle, un monde clos. Leur amour est bouleversant, mais pour moi, Roch/Yves, s’il ne nous épargne rien de la dégradation des corps, nous montre deux personnes exemplaires, sans colère, presque résignées, attendant la mort quasiment comme l’ultime représentation artistique. Le récit de Roch s’envole en fictions lyriques, ce ne sont plus des hommes, ce sont des divinités, avant de devenir des anges. Roch porte David jusqu’aux toilettes, et c’est la descente du Christ en croix. Il le lave, et c’est Marie-Madeleine essuyant le Christ. J’avoue qu’ici je n’ai pas pu suivre. Je ne peux pas adhérer à la transcendance d’un tel fléau. Oui, par amour, certaines personnes sont aptes à supporter des horreurs, mais, si je ne soupçonne pas l’auteur de complaisance, on est loin je pense de la majorité des cas en réalité.



Mais ce roman n’est pas un documentaire, par conséquent mes réserves ne sont pas très recevables, mais elles sont le fruit de mon expérience, pour avoir – non pas au quotidien, mais d’assez près, accompagné un ami séropositif jusqu’au bout de ses quinze ans de lutte, et ayant connu le très relatif confort de la trithérapie, ce qui n’est pas le cas de Roch et David. Sans doute cette expérience m’a trop marquée pour que je puisse accepter ce roman comme tel.



Toutefois, Yves Navarre, et Roch, arrivent à une impasse, puisque la fin survient. Roch trouvant David mort évoque un tableau, toujours la vie transcendée par l’art, mais ce n’est pas lui qui termine le récit, mais le docteur qui avait suivi les malades, après l’inéluctable mort de Roch.

Le récit du docteur n’est en rien lyrique, si ce n’est qu’il y est inclus la lecture de la dernière lettre de David à Roch, le jour même de sa mort, lettre magnifique, certes, mais je n’y étais plus.



J’ai fermé ce livre déprimée, car j’ai une fois de plus pensé que cette œuvre d’Yves Navarre n’est que le constat d’un échec, dans sa tentative désespérée à croire que l’écriture sauve de tout.

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Le coeur qui cogne

Le roman commence sur un rythme rapide, saccadé, qui ne laisse pas rêvasser le lecteur.

Dialogues et souvenirs se mêlent et se bousculent.

Tout se passe sur deux jours. Au Vivier, la maison familiale, toute une famille se retrouve à l’occasion d’un baptême.

Le père, qui a été toute sa vie autoritaire et carriériste

La mère, neurasthénique, qui est depuis trop longtemps en cure dans un hôpital

Les deux sœurs, qui se détestent

Le fils, spectateur

Les deux gendres, si différents.

Les petits enfants

Les deux domestiques, plus la baby-sitter.

Et puis…, Jacques, le frère absent, le frère si original, le frère mort en Algérie, mais si présent en chacun.

Tous ces gens qui se voient très peu dans la vie, n’ont rien à se dire, ou tout à se dire. C’est le fils, Pierre, qui raconte. Pierre qui préfèrerait être avec sa compagne, Sarah

Le poids de la famille est à la limite du soutenable

C’est un huis clos étouffant, mais criant de réalisme et de vérités.

Toutes ces tendresses et ces souffrances en chacun, mais comment se rejoindre ?

C’est beau, dur émouvant, désespérant.

Un très beau roman écrit avec talent.

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Fête des mères

J'ai bien tardé pour me décider à faire cette critique. Mais j'ai des excuses. Pensez donc, quand j'ai lu l'interview de Guillaume Teisseire expliquant que Babelio comptait 170 000 inscrits et que chaque mois les visiteurs de passage sont au nombre de 2,8 millions par mois (chiffres en augmentation constante) j'ai été pris de vertiges.

Lourde responsabilité que de faire une critique sur ce livre qui n'a eu à ce jour que huit lecteurs inscrit sur Babelio. Je ferme les yeux et je saute...

"C'était un vendredi matin, l'avant-veille de la fête des mères. Elle avait simplement laissé un petit mot sur la table de la cuisine, bien en évidence, avec, pour seul texte, - je reviendrai - "

C'est ainsi que débute ce roman qui met en scène Claire Brévaille, femme mariée avec enfants, qui part de chez elle sans but précis sinon de se sentir vivre pour elle-même, pour accomplir un face à face bienfaiteur. Elle a emporté l'argent des futures vacances, qui immanquablement devenaient un séjour chez les beaux-parents.

Elle est heureuse de ce départ, trop longtemps en laisse, pleine d'espoir et seule avec ses souvenirs.

Pour ce roman de moins de 200 pages, la lecture se fait sans accrocs car Yves Navarre parvient malgré la petitesse du scénario à construire un personnage qui suscite la curiosité du lecteur. L'auteur est très adroit pour analyser l'âme humaine et ses personnages sont toujours très complexes.

Car finalement pourquoi Claire Brévaille quitte son foyer, sachant qu'elle va y retourner, créant on l'imagine au sein de sa famille une angoisse insupportable ? Pourquoi se laisse-t-elle séduire par cet homme rencontré au hasard des rues, coucher avec lui une nuit, pour finalement le rejeter ?

Est-ce que Claire Brévaille a la réponse ? Pas certain.

Cela me rappelle la réflexion d'un habitué de Meetic qui assure que ce sont les femmes les plus âgées qu'il rencontre qui sont les meilleures au lit : Elles craignent toujours que ce soit la dernière fois.

Est-ce le cas de Claire Brévaille ? Yves Navarre ne le laisse pas penser.

A moins qu'elle ait lu "La femme parfaite est une connasse" ?

Dans cet ouvrage de haute philosophie il est indiqué qu'il faut absolument coucher la première fois.

Comme disait ma grand-mère : un tiens vaut mieux que deux tu l'auras !

Yves Navarre indique en fin d'ouvrage : "Il n'y aurait pas de morale à son histoire de trois jours. Cela demeurait une affaire entre elle et elle-même, un constat, un rappel à l'ordre et à une résignation dont elle découvrait bien l'audace."

Yves Navarre ne fera pas de Claire Brévaille l'héroïne d'une tragédie.

Juste une petite escapade de quelques jours pour faire ses gammes de romancier.
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Le coeur qui cogne

Incommunicabilité et désirs inassouvis sont souvent les ingrédients qui constituent les romans d'Yves Navarre. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Une famille se retrouve dans une maison de campagne pour la dernière fois avant la vente, maison familiale pleine de souvenirs pour certains, pour d'autres simple lieu de passage. Un huis clos où la rancoeur s'invite, incapacité du langage à exprimer la tendresse. Constat tragique de l'auteur dont la vérité de soi se dérobe et qui remet en scène au fil de ses romans cette famille qui devient aphone quand elle devrait parler d'amour. Yves Navarre met encore une fois sa vie en scène, comme un diariste inlassable et inconsolable.
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La dame du fond de la cour

La lecture de ce roman est pour le lecteur particulière, car ce texte de 1992 est posthume, (édité en 2000), et suivi d’un « Journal de relecture » de l’auteur (de 1992 également). Il y a donc fiction, mais cette fiction est doublement infiltrée par les éléments biographiques de l’écrivain puisque le deuxième texte, le journal, a été délibérément ajouté par l’éditeur au premier.

La quatrième de couverture nous informe qu’Yves Navarre, avec ce roman, fait ses adieux à la littérature. Si j’ajoute qu’avant d’entamer ma lecture je savais qu’il s’était suicidé en 1994, soit deux ans après son écriture, et que par ailleurs on apprend dans le journal qu’il n’y aura pas de publication vu la réticence des éditeurs, (qui a eu raison du peu d’énergie de l’auteur), rien ne laissait présager de quoi se vraiment se réjouir à la perspective de me plonger dans le récit.



Seulement voilà, il s’agit avant tout avec Yves Navarre, dont je connaissais la voix si talentueuse, de littérature, et pour prendre un certain contrepied à l’expression du poète, tout le reste est… secondaire.



Faisons fi de tout contexte biographique et attachons-nous au plus important : le texte.

Dès les premières pages, j’ai retrouvé le style d’Yves Navarre : raffiné, élégant, très français, d’une musique mélodieuse et d’apparence simple. On sent tout de suite l’amoureux des mots et de l’écriture, l’exigence de faire surgir une singularité, la force d’une volonté d’être à la hauteur de son ambition. L’auteur ne triche pas, ne cherche pas la facilité. En effet, une fois de plus, comme tout livre réussi, le roman nous raconte l’histoire de personnages mais aussi une idée de la littérature.

Evidemment, ce qui est troublant, et parfois envoutant, est que le personnage principal, Camille, est un auteur, femme, visiblement double d’Yves Navarre (il le confirme dans son journal), Camille que l’on découvre lors d’un week-end de Pâques à Paris, de nuit, sous la pluie, seule et handicapée, toujours non remise de sa rupture avec son amour de vingt ans, Eric, survenue il y a sept ans, ayant à ce jour écrit tous ses livres sous un faux nom et décidée à écrire son dernier sous sa vraie identité. Fatiguée de tout, déprimée, cette dernière entreprise sera pour elle une façon d’atteindre sa dernière limite, de faire face à sa vérité ultime, ce qui lui permettra d’enfin réussir son suicide : plusieurs tentatives ont échoué. Comme dit Camille, la première fois on vous plaint, la seconde on essaie de vous soigner, la troisième tout le monde s’éloigne, lassé de ce qui n’est plus qu’un événement banal auquel on vous associe.

Pour être honnête, même si le roman est éclairé par un couple d’immigrés Algériens dont Camille fait la connaissance qui la soutient et la sort de son isolement, et même si la fin est apparemment ouverte et presque heureuse, Yves Navarre dépeint le plus longuement la dépression de Camille, ainsi que sa volonté de mourir. Son renoncement. C’est horrible de le dire, mais ces lignes-là sont les plus belles, les plus âpres, les plus marquantes. Et c’est ainsi que je rejoins cette idée que l’écrivain n’a pu qu’éprouver les mêmes états d’âme que son héroïne. Les questions que Camille se pose, sur l’écriture, la famille, l’amour, Yves Navarre a dû se les poser. Et, finalement, la question que l’on peut à notre tour se poser, et ce fut mon cas, est de savoir si au fond le vrai sujet du livre n’est pas « ah quoi bon de continuer à écrire même si c’est la seule chose qui nous fait vivre ? ».

Par ailleurs, dans son « Journal de relecture » qui suit le roman, nous assistons à l’épuisement d’Yves Navarre à satisfaire ses divers éditeurs qui les uns après les autres refusent le roman, ou demandent tant de corrections, sans doute effrayés par son côté morbide ou pour le moins déprimant, qu’Yves Navarre finit par jeter l’éponge. Et il est vrai que dans son abandon à l’idée de publication résonne l’écho d’un renoncement à la vie. Comme Camille, Yves Navarre vit et meurt d’écrire.

Arrivée à la fin de l’ouvrage, je suis un peu mal à l’aise, déchirée entre plusieurs sentiments.

Indéniablement il y a de la beauté et de la vérité, une mise à nue sans concession mais aussi sans complaisance chez Camille et Yves, et les mots que l’un et l’autre choisissent à s’en rendre malade sont magnifiques. Je trouve que la plupart des romanciers français actuels ont perdu ce goût du risque qui est d’oser inventer un style personnel qui tout en étant héritier du dépouillement du nouveau roman assume sa part d’introspection en transcendant le fond par la forme. A aucun moment du roman d’Yves Navarre j’ai été lassée des tourments, dilemmes de Camille. Cette femme est touchante par sa sensibilité, ses faiblesses diversement assumées, et si ce n’est pas l’humour (absent du livre) qui la sauve, c’est une part d’humanité au fond d’elle-même que fait subtilement transparaître Yves Navarre dans laquelle on peut éventuellement se retrouver, un certain idéal de vie, un désir un peu désespéré d’un idéal dont on ne sait pas vraiment s’il se trouve dans la tentative artistique, la sublimation d’un amour qui ne veut pas mourir, le courage de vouloir demeurer maître d’un corps diminué qui vous trahit, l’étincelle d’une solidarité possible au-delà des différences sociales et identitaires…

Si la fin esquisse l’idée d’un nouvel élan, celui de l’auteur visiblement a faibli. Quand il ne parle plus de l’auteur Camille (qui refuse le « e » au mot auteur), Yves Navarre perd de sa combativité. Le journal de relecture, très bref, parcouru en suivant, accentue cette sensation. Je comprends l’intérêt de cette juxtaposition, mais lorsque l’on referme le livre définitivement, ne reste qu’une grande tristesse et le goût de la défaite.


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Poudre d'or

Wanderlust , vieil homme de théâtre peine à vivre, dans tous les sens du terme, depuis la disparition pas si mystérieuse que ça de son amour et complice de scène Cécile Sarlat.

L’écart entre la réalité et le théâtre est mince.

Chacune de ses journées est rythmée par une occupation précise avec un personnage différent.

Et c’est l’occasion d’une belle galerie de portraits : le politicien, le cordonnier, l’ancien gendarme, la serveuse, la vieille baronne, les enfants sourds…..

J’ai aimé certains passages plus que d’autres, comme celui-là, clin d’œil à Apollinaire :

« Un jeune homme blond, aux yeux verts, le jeune homme d’un soir de demi-brume à Londres, s’approcha comme si Wanderlust l’avait hélé. »

Même si je n’avais pas trop l’esprit à cette lecture, et, du coup ne l’ai certainement pas apprécié à sa juste valeur, j’ai encore une fois admiré la plume d’Yves Navarre.

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Une vie de chat

Tiffauges c'est le village du Poitou (vers Cholet) où Gilles de Rais avait un château.



Gilles de Rais c'est celui qui faisait kidnapper les adolescents pour de sombres dessins.
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La ville atlantique

Cinq chapitres portent chacun un nom de rue. Cinq nouvelles ?

L’écriture est très belle, mais j’avoue n’avoir pas tout compris, si ce n’est que ces notes sont le bilan d’une souffrance, d’une émotivité exacerbée, d’une grande solitude.

Dans le premier chapitre, Abel Klein est blessé, tourmenté, c’est un être d’une extrême sensibilité. Je l’ai assimilé à Yves Navarre lui-même.

Un court recueil que j’ai aimé lire, mais qui demanderait à ce que je l’approfondisse pour tenter d’y voir plus clair.

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Le temps voulu

Le roman ? récit ? est marqué d'une désespérance et d'une solitude bouleversante.



Presque quadragénaire Pierre, enseignant parisien, éloigné d'une famille qui ne le comprend pas, entoué d'une famille de coeur, ses voisines Marie et Mariette, va de rencontres amoureuses écrasées par l'échec en rencontres sans plus de lendemain.

Son enfance, son adolescence, le non-dit de cette époque (les années 70) , une vie qui se déroule des Batignolles à Peyroc, une tentative de suicide ratée, la rencontre avec le jeune Duck de 22 ans qu'il pressent sans avenir. Duck auquel il s'attache pourtant sans illusions, buvant en quelque sorte le calice jusqu'à la lie, n'est pas vraiment méchant, ni même profiteur. Il est jeune tout simplement, vit le moment présent, ne s'attache guère.



Yves Navarre nous fait ressentir avec force, émotion, vérité combien la vie de Pierre est meurtrie, combien il n'a aucun don pour le bonheur, combien se taire, dissimuler, ne rien dire peut étouffer.



C'est terriblement beau et terriblement triste.

Après cette découverte, d'autres Navarre suivront nécessairement.





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Poudre d'or

C'est drôle, je n'arrive pas à me mettre dans la tête le titre de ce livre d'Yves Navarre. Je pense à "Poussière d'or", plutôt qu'à " Poudre d'or"...

Wanderlust (Poquin, Roger) originaire de Guéret, a longtemps joué sur la scène d'un théâtre parisien, avec comme partenaire Sarlat, Cécile, disparue il y a dix-sept ans.

Wanderlust vit toujours dans ce théâtre, dont les loges ont été transformées en cuisine, chambres, bureau...

La disparition de Cécile (Cilou) est vite élucidée dans ce roman étonnant.

Chaque jour Wanderlust a une occupation bien définie et Yves Navarre nous y emmène avec lui: chez Monsieur Cas, son élève, chez Monsieur Fracas qui paie son silence, chez La baronne Tas, qui reçoit le tout Paris, mais aussi chezTaralon, chez le cordonnier, chez les enfants sourds du jeudi et chezOlga.

Si je pense à la poussière, c'est que j'ai vu dans ce théâtre une poudre grise qui recouvre peu à peu le passé de Wanderlust, et qui le pousse progressivement vers l'oubli.

C'est triste, c'est parfois drôle et souvent cruel.

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Le jardin d'acclimatation

C'est un livre que j'ai lu il y a 25 ans. J'en garde un souvenir troublant. Je me souviens bien de toutes les interrogations qu'il avait soulevé chez l'étudiante que j'étais. Le thème m'avait bouleversé à l'époque : Comment dans une famille bourgeoise parisienne, le père qui ne supporte pas l'homosexualité de son dernier fils, règle le problème en lui faisant subir une lobotomie... En me remémorant cette lecture, je revis tout mon émoi de cette époque là. Je crois que je vais me replonger dans cette lecture.
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Le jardin d'acclimatation

J'avais lu le jardin d'acclimatation à sa parution il y a près de 40 ans. J'avais toujours su qu'un jour viendrait où je le relirai. C'est chose faite.

Au delà du sujet qui peut paraître daté aujourd'hui il demeure deux éléments distincts. D'abord le titre qui est toujours d'actualité. Nous sommes tous dans un jardin où on s'évertue à nous acclimater. Aujourd'hui à la mondialisation, à la consommation etc... Bertrand tente et parvient à y échapper.

D'autre part le style du roman déroutant, labyrinthique, paraissant bavard, aphorique est fait pour nous perdre, installer en nous un vertige, une mise en abyme qui nous ramène à soi.

Jamais un livre est venu à ce point interroger mon intimité.

Enfin, Yves Navarre auteur de théâtre écrit ici une pièce de théâtre. Le décor est planté. Les personnages sont prêts, les dialogues écrits. Il ne reste plus qu' à rassembler au fil des pages, les différents éléments qui feront les trois actes de cette pièce: "La Maiinmorte" - le titre en dit long sur le roman - et dont le manuscrit reste enfoui au 2, Place d'Antioche, Paris 17°.

Nous sommes tous un peu Bertrand Prouillan, le jeune homme lobotomisê pour avoir refusé de s'acclimater.

A lire de toute Urgence.
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