Citations de Yves Thériault (103)
- Il est tout de même fou, ou en amour, ce qui est tout comme.
Je voudrais voir les seins blonds d'Annette, au soleil de mer qui a des choses de lumière bleue dans le jaune.
Cette année-ci, le blé sera beau ; la terre a bu le sang de l'homme.
Il faut que je tue ce que j'aime...
Il est un devoir sacré des chefs d'habiter les lieux les plus escarpés de l'honneur. C'est la condition première de ceux à qui les dieux ont confié un destin de puissance. Nul ne peut régner qui a perdu la face, car alors son règne serait une duperie.
Il est des signes dans le ciel qui interdisent la levée des guerriers. Et il n'est point de combat plus guerrier que le combat de l'homme contre la nature. Le combat de l'homme contre l'homme n'est qu'une gymnastique d'insectes et aucun dieu ne s'en préoccupe.
Pourquoi me dire inférieur à toi qui périras au bout de trois jours en mes forêts?
Je n'ai rien vu d'écrit dans le ciel qui me fasse, moi le Peau-Rouge, inférieur au Premier Ministre blanc qui règne à Ottawa.
Tu es probablement un Blanc qui se croit savant et n'a jamais appris la seule science qui compte, celle de vivre.
Intégrer, cela veut dire absorber en soi un peuple jusqu'à ce que rien ne subsiste de lui qu'un souvenir et les mensonges odieux des manuels d'histoire.
Les Indiens cruels,les Indiens hypocrites et rusés !
Ces êtres qu'on disait immondes d'avoir seulement voulu défendre leur pays contre l'envahissement des Blancs.
Ashini, moi ,le roc,le granit tenace, la haute pierre des sommets mangée par le vent, polie par les pluies froides.
Ashini,possiblement roi de tout ce grand lieu.
Seul de cette semence, seul de cette servitude.
Mais seul.
Je crois que je voudrais savoir pleurer.
L’essentiel en ce pays étrange était la ruse.
Condition de vie, condition de survie. A la ruse des bêtes dont on tire tout, opposer sa ruse à soi, humaine, mais délibérément ravalée au niveau animal.
(p. 201, Chapitre 31, “Pilayi - Les bouchers”).
Le mal du Blanc proliférait, cette évolution de l’individu s’opposant de plus en plus aux conditions. Chez Agaguk, la fuite vers la solitude, la libération. Chez les autres, quelle forme prendrait cette émancipation nouvelle ? Agaguk pouvait-il compter que l’on s’en tiendrait aux stricts diktats de la tradition alors que lui-même s’en était si peu soucié quand il s’était agi de partir avec Iriook ?
(p. 46, Chapitre 8, “Inu.sik - La vie”).
C'est une suite de preuves dans la vie. On vit en se prouvant les décisions, en se prouvant les actes.
Il y a toujours de la joie dans la musique.
C'était de l'eau bonne, vivante sur la langue quand on la lampait. De l'eua engendrée par Kije-Manito et rendue aux gens de Sang.
Ikoué le savait, qui venait de découvrir le ru caché, qui y avait trempé les doigts pour goûter l'eau neuve.
Lorsqu'il repartit cette deuxième fois vers le mikiouam de son père et avant que de quitter le ruisseau, Ikoué s'étendit un dernier moment à plat ventre sur la berge. En geste de boire cette eau, il la toucha de sa bouche, comme s'il voulait poser sur l'onde mouvante un tendre baiser.
C'en était fait, l'eau et lui s'appartenaient maintenant l'un l'autre.
Tu n'a peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi-même. C'est la pire de toutes les peurs.
"Mais soudain les bras ne voulurent plus tenir la marmite et ils se replièrent, et l'Edith laissa glisser son fardeau vers le sol, et elle se laissa glisser elle aussi à côté, et elle se mit à pleurer, avec de la rage dans les pleurs, et un malheur immense et un son qui était celui des vents d'automne, et de la feuille mutilée, de la louve à qui l'on vient de tuer le petit.
Une plainte qui montait de la chair, et qui avait des sons venus des origines mêmes."