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Critiques de Zygmunt Bauman (19)
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In Search of Politics

Bauman était un juif polonais, ses parents ne fréquentant pas la synagogue . L'invasion nazie les repousse vers l'est, en Union Soviétique. Il est engagé ou embrigadé dans une unité militaire polonaise où il devient officier politique. Il participe aux combats, y compris la prise de Berlin, est décoré et monte progressivement les échelons , travaillant dans le renseignement militaire. C'est un communiste convaincu. En 1968, son père visite l'ambassade d'Israel, avec des vues d'immigration. Le fils - un des plus jeunes majors de l'armée polonaise ( sous contrôle soviétique) - est immédiatement viré de l'armée. Il termine sa maîtrise en sociologie, devient professeur ( non titulaire) à l'université de Varsovie. Il s'éloigne progressivement de l'orthodoxie marxiste. En 1968, une purge le contraint à quitter le pays. Il part enseigner en Israel, puis à l'université de Leeds. L'on considère Bauman comme un neo-marxiste très éloigné du marxisme-léninisme à la soviétique.



( informations de wikipedia - j'ai voulu comprendre un peu de quel angle venait Bauman).



Dans ce livre - publié une année avant "La Modernité Liquide" - Bauman fait le diagnostic de la société post-moderne. Il y voit avant tout la disparition du lien social, de la communauté, et de l'agora où celle-ci débat de son avenir. La disparition du politique sauf sous une forme très diminuée , le pouvoir véritable étant ailleurs.



La grande cause lui parait, effectivement, être le transfert de pouvoir du politique, nécessairement territorial car lié à des communautés, vers ceux qu'il ne nomme pas, les extra-territoriaux , qui sont vraisemblablement les marchés financiers, les fonds de pensions, les banques d'affaires et autres traders. Ceux-ci, en diminuant les options ( !) disponibles au politique ( plan d'assainissement des finances publiques ou menaces à cet effet, délocalisation de la production, substitution de travailleurs par l'automation ) ont créé une incertitude permanente sur les marchés du travail. Celui qui craint pour sa capacité à gagner sa vie ne s'intéresse plus guère au bien commun, ne croit plus en la capacité de la politique à " changer la vie" , et se replie sur lui-même. D'autant plus que les politiques clâment leur impuissance devant des "lois du marché" présentées comme ces lois naturelles que l'on découvre en physique ou ces commandements divins que l'on présentait au catéchisme. C'est bien sous la menace de précarité que le contrôle social est le plus efficace.



L'humain, dépolitisé, recherche, s'il le peut, la sécurité ou la satisfaction dans la consommation à outrance, faisant ainsi tourner la machine économique. S'il le peut, et s'il ne peut point, il fait partie des exclus qu'il convient de garder à leur place. Encore servent ils, dans leur malheur, d'avertissement aux autres : voici ce qui arrive aux perdants ! Eheu Victus ! Ils peuvent aussi, si nécessaire, servir de boucs émissaires, quand la situation devient trop tendue. Il est donc expédient que beaucoup de personnes marginalisées soient étrangères, parlent d'autres langues, ont une couleur de peau différente - pour les désigner à la vindicte.



Pour commencer à sortir de cette impasse, Bauman propose la création d'un revenu minimum , afin de réduire les angoisses liées à l'exclusion toujours possible. Il souhaite l'établissement d'une entité politique qui puisse rencontrer l'ennemi sur son domaine extraterritorial. Sans préciser. Et il espère une réalisation du caractère polyculturel de toute société. Là il s'en tient à " pouvoir s'entendre", ou du moins s'arranger,sur base de notre humanité commune, sous-jacente aux cultures.



Contrairement à Bauman, je n'ai jamais été marxiste, ni orthodoxe, ni neo-, ni post-. Toutefois, je trouve cette analyse très pertinente, encore actuelle, et fort bien argumentée. Il a vu juste.



C'est, bien sûr, dans le domaine des remèdes que les choses tournent un peu court. Personnellement, je crois que la première chose à faire est de reconstruire des communautés, et la politique locale. C.à.d. la base. Je ne crois pas qu'il y ait un programme, d'où qu'il vienne, qui puisse faire grande différence, s'il n'y a pas de base pour l'acceuillir et le porter. Et c'est le travail de plusieures années.







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La vie en miettes

« Il devient de plus en plus difficile d’être prudent et prévoyant, de penser à l’avenir, dans la mesure où accumuler des capacités pour lesquelles il n’y aura peut-être plus de demande demain n’a pas grand sens, pas plus qu’économiser de l’argent qui, demain, peut perdre une grande partie de son pouvoir d’achat. Au moment où de jeunes gens s’engagent dans le jeu de la vie, il leur est impossible de savoir à quoi les règles du jeu ressembleront, au fil du temps ; ce dont tout le monde peut être tout à fait sûr, c’est qu’elles auront changé plus d’une fois avant la fin de la partie. »





ZB situe la naissance de la modernité avec la fin de l’Ancien Régime (rationalité, loi, abandon de la tradition, culte du progrès). Il en situe la fin avec la chute du mur de Berlin. Après trois années de latence, une nouvelle période se révèle avec la signature du traité de Maastricht. Bienvenue dans la post-modernité, c’est-à-dire dans l’époque qui n’a pas d’autre nom que d’être la suite d’une suite de transitions qui ne savent pas où elles vont. Mon favori, Philippe Muray, a bien décrit cette période d’auto-célébration. L’Empire du Bien n’allait cesser de se féliciter d’être si permissif, si festif, si tolérant, si bienveillant. Le délire n’a pas duré plus de trois décennies. C’est ça d’oublier l’enseignement des religions ou, dans une autre veine, c’est ça d’oublier la psychanalyse freudienne ; c’est ça de croire que c’est la société qui crée la contrainte alors que c’est parce que l’homme est structurellement lié à la contrainte qu’il forme une société. Enlevez-lui artificiellement ses contraintes, il les fera ressurgir d’ailleurs, encore plus contraignantes, encore plus délirantes.





La première partie du livre de ZB sera consacrée à l’analyse des phénomènes de la vie postmoderne. Vous pouvez toujours la lire si vous avez envie de vous rappeler de bons vieux souvenirs désormais révolus. A l’époque, on s’en plaignait, maintenant on est contents d’en être débarrassés, mais ce qui remplace l’expérience postmoderne n’est pas franchement bandant non plus. Surgit dans cette partie l’heureuse invention épistémique de « société liquide ». Pas besoin de faire un dessin.





La deuxième partie s’interroge sur l’éthique et la moralité qui peuvent émerger de cette société liquide. Si les valeurs et les principes qui ont régi le monde jusqu’à présent sont condamnés à s’écouler eux aussi avec l’eau des chiottes de la mode, comment s’assurer d’une stabilité permettant de continuer d’émettre des jugements ? Plutôt optimiste, ZB considère que la moralité naît naturellement dans la rencontre avec l’autre. Des codes propres à chaque époque et à chaque lieu infléchiraient toutefois la direction de cette moralité : religieux à l’époque prémoderne, légaux à l’époque moderne, consuméristes à l’époque post-moderne. Arrivé là, l’homme se transforme en consommateur. Il lui importe de situer sa moralité dans sa manière de consommer le monde, aussi bien ses produits que ses habitants et ses habitats. Si la terreur morale de l’individu moderne était de révéler sa non-conformité, celle de l’individu postmoderne est de faillir à se créer l’identité qui attesterait de sa bonne implication dans le monde des produits, des services et des loisirs du monde marchand. Dans ce rapport à soi-même, l’autre devient outil ou ennemi de la réalisation de l’apparence. Il peut aussi ne servir à rien, et c’est la pente sur laquelle s’est dirigée la post-modernité pour arriver à aujourd’hui. Aujourd’hui, elle est quoi notre moralité ? La question, elle est vite répondue. Elle consiste, encore une fois, à se vouer aux « offrandes aux dieux obscurs ». Chacun responsable d’un autre fétichisé, personne responsable de soi.





Souhaitant peut-être ne pas contribuer à l’ambiance mortifère de la postmodernité, encore jeune et fraîche à l’époque où il publie son livre (1995), ZB tente de conclure son essai par une pensée optimiste. Si, pour l’instant, le constat est aussi déprimant, c’est peut-être que parce que nous n’avons pas encore trouvé la posture adéquate face à la nouvelle configuration des phénomènes et des événements. ZB suggère : « ce qui peut se révéler utile […], c’est la conscience de la relation (et non de la contradiction) intime unissant le citoyen autonome et indépendant sur le plan moral (et donc souvent indiscipliné, peu maniable et gênant) à une communauté politique à part entière, autocorrectrice et qui réfléchit par elle-même ». C’est beau mais le temps de l’idéalisme a cessé. Par le péché originel dont nous parle le christianisme, ou par l’inconscient dont nous parle la psychanalyse freudienne, nous savons bien que ce n’est pas un défaut de volonté qui empêche le gouvernement des hommes et les hommes eux-mêmes d’être bons mais que cette impossibilité est structurelle, qu’elle définit notre condition et que nous ne pouvons rien faire de mieux que de nous en prémunir. Ce n’est pas en nourrissant des rêves niais que nous pourrons parvenir à cette vigilance de tous les instants.





Je ne critique pas ZB car je suis sûre qu’il ne croyait pas non plus à son optimisme. Mais il essayait de le faire croire à ses lecteurs, et c’est une bonne intention. ZB est un mec bien, et son livre vaut le détour.

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La vie liquide

L'auteur décrit une société postmoderne asservie à la psychologie du marché et dominé par la recherche d'un

bien-être éphémère et transitoire, dans ce système économique et sociale les biens de consommation représentent

les valeurs et le choix de l'individualisme est basé sur le conformisme.
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Les riches font-ils le bonheur de tous ?

Rien de bien nouveau, les hauts fonctionnaires d'état ne peuvent rien contre les véritables décisionnaires de notre avenir. Ce livre appel a la prise de conscience ou de la réflexion sur le capitalisme et pourquoi pas se libérer un peu de la pensée unique qu'on tente tant de nous imposer. Intéressant comme petit livre même si parfois trop répétitif.
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Les enfants de la société liquide

Le grand sociologue et critique du capitalisme, inventeur de la notion de « société liquide » déclinée dans plusieurs titres de ses travaux, avait entrepris, au crépuscule de sa vie, de se pencher sur les nouvelles générations. Cet ouvrage posthume est constitué d'un dialogue entre Zygmunt Bauman et un journaliste italien, Thomas Leoncini, de soixante ans son cadet, lequel, malheureusement, est clairement inachevé. Trois thèmes très intéressants sont effleurés dans le texte qui reste, à mon sens, une esquisse ou plutôt une étape préliminaire d'une étude importante sur l'identité des jeunes :

Chap. 1 : « Transformations à la surface de la peau : tatouages, chirurgie plastique, hipsters... »

Chap. 2 : « Transformations de l'agressivité : le harcèlement »

Chap. 3 : « Transformations sexuelles et amoureuses : déclin des tabous à l'ère de l'amour en ligne ».

Suit une postface qui réfute la « lutte générationnelle ».

Il faut préciser que, malgré la différence d'âge et le statut de journaliste de Leoncini, il s'agit là d'un véritable dialogue et non d'une série de questions et réponses : celui-ci apporte en effet des données et des points de vue, parfois sollicités par le vieux professeur, qui envisageait à l'évidence cette ultime publication comme un livre écrit à quatre mains. Mais il est aussi évident qu'il était conscient que le temps lui était compté : ses références sont très rares, ses argumentations à peine des indications de balises pour ne pas sortir du chemin... Il est assez coquasse d'apercevoir par moments que, bien que Bauman fût un penseur plutôt pessimiste, le plus passéiste des deux auteurs, c'est le jeune !
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L'Amour liquide : De la fragilité des liens e..

Avis aux futurs lecteurs. Le sous titre ("de la fragilité des liens entre les hommes") ou l'avant propos ( "le héros principal c'est la relation humaine") sont plus représentatifs du sujet abordé que le titre "l'amour liquide".

En effet la première partie est certes centrée sur l'amour (largement abordé sous l'angle des "bénéfices attendus").

En revanche, le propos est ensuite étendu à l'analyse des "capacités de socialité" elles aussi abordées (certes pas exclusivement) via une approche consumériste : "traiter les autres humains selon le volume de plaisir qu'ils peuvent offrir", bref, "en avoir pour son argent".

La thèse en très (trop) résumé est celle d'un individualisme que l'on doit assumer (principe de réalité) sous peine de désillusion. D'où la préconisation d'une "relation pure" qui offre à chacun la possibilité d'y mettre fin plus ou moins délibérément à n'importe quel moment. En déroulant le fil, cette possibilité de rupture doit inciter à ne pas trop "investir ses sentiments".

Peut être vrai. Mais combien triste!
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Les riches font-ils le bonheur de tous ?

Bauman a le mérite de dépasser le simple constat pour aborder les sous-bassements intellectuels de notre tolérance grandissante aux inégalités. Des choses plus originales ont sûrement été écrites à ce sujet mais il faudra vraisemblablement les répéter encore longtemps.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le présent liquide : Peurs sociales et obsess..

Voici l'un des ouvrages qui démonte avec la plus grande vigueur le mythe de Pernaut et du Fn. Le fait est que le monde change oui , cela nul n'y peut rien et il doit changer pour évoluer . Pour autant certains sont à la traine , ne veulent pas de ce changement , et ceux là peu a peu deviennent peureux . Et qu'advient 'ils des peureux ? Ils se radicalisent . Par le biais des médias qui n'on de cesse de dresser un tableau totalement faux de la société , afin que ces peureux deviennent dépendants et que leur esprit soit conditionné . Ce qui aprés en fait de parfaits moutons pour les populistes . Ce livre là c'est la preuve indéniable que l'homme siil ne se donne pas les moyens de grandir , devient un étre que la peur habite , et quelles sont les conséquences de la peur ? Un ouvrage brillant , a faire lire a tous !
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Vies perdues : La modernité et ses exclus

Zygmunt Bauman. “Vies perdues”. Notre planète est pleine de déchets, terme qui désigne aussi les “déchets humains”, une population en surnombre d’êtres qui sont rejetés, exclus, qui ne peuvent rien faire de leur existence. Alors que la production de déchets humains se poursuit sans faiblir, et atteint de nouveaux sommets, la planète se trouve à court de lieux de décharge et d’outils de recyclage. Absolument passionnant!!! A lire et relire, un livre de chevet. (A rapprocher du livre de Michel Agier qu’il cite lui même, “Aux bords du monde, les réfugiés”.)
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Ma vie en fragments

A 70 ans, Bauman commencer à écrire à ses filles pour raconter une vie traversée par les drames du siècle. De ces lettres, «éditées, complétées et agencées» par Izabela Wagner, professeur à l’université Paris Cité, est née cette autobiographie, en tous points captivante.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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L'âge de la régression

Le désarroi et l’instabilité sont devenus les traits caractéristiques de notre époque. Cet ouvrage les prend à bras-le-corps pour repenser le monde social et politique.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le présent liquide : Peurs sociales et obsess..

Petit livre synthétique sur la pensée du sociologue britannique disparu récemment. Quelques réflexions intéressantes sur les pratiques sécuritaires et comment elles renforcent les peurs qu'elles sont censées combattre. Rien de très nouveau ni de très original cependant dans ce livre qui peine le plus souvent à dépasser le seuil du bavardage sympathique , tapissé de bonnes intentions et dénué de tout travail de conceptualisation véritable y compris pour ce qui concerne la notion de liquidité. Et puis qu'attendre réellement de quelqu'un qui cité Jacques Atalli et Hugues Lagrange.
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Les riches font-ils le bonheur de tous ?

Une très bonne introduction à l'étude des inégalités et à leur acceptation ...
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Les riches font-ils le bonheur de tous ?

Il n’appelle pas aux armes, mais à la réflexion, une réflexion apte à faire comprendre comment consommation frénétique, compétition et rivalité ont anesthésié tout ce qui attache les hommes à la démocratie, à la coopération amicale, la mutualité, le partage, la reconnaissance réciproque, la confiance - et qui ne peut être compensé par la seule croyance que «le chemin du bonheur passe par les magasins».
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Ma vie en fragments

Le recueil de plusieurs récits de vie du grand intellectuel, mort en 2017, forme une captivante autobiographie.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Ma vie en fragments

Dans ce récit autobiographique posthume, le sociologue Zygmunt Bauman revient sur sa traversée des totalitarismes et invite à la lucidité.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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Le présent liquide : Peurs sociales et obsess..

A moitié convaincu par cet essai dont le titre me faisait déjà miroiter des détails, des faits, des pensées beaucoup plus poussées quant au thème de la sécurité dans nos sociétés. Beaucoup de paragraphes à rallonge, un style qui manque de direct et de compréhensibilité. On a pourtant un final différent, une métaphore du chasseur et du jardinier qui aurait pu donner le ton beaucoup plus tôt dans ce livre et constituer un fil conducteur intéressant.
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Retrotopia

Dans ce dernier livre, Zigmunt Bauman (1925-2017) explore les tendances passéistes de notre modernité, pour mieux nous prémunir contre leurs séductions.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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L'âge de la régression

Une analyse du recul de la démocratie libérale et de ses valeurs par quinze intellectuels, qui n’esquisse guère de voies de sortie.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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