Citations de Åke Edwardson (180)
C’est l’époque qui veut ça, songea Ringmar, et ce n’est pas plus mal. Dans mon jeune temps, on était toujours furieux contre quelque chose ou quelqu’un. Des révoltés.
S’il dessinait une voiture, elle était à l’intérieur. Un cheval, elle le montait. Un petit enfant, elle le tenait par la main. Ils marchaient sur une pelouse parsemée de fleurs rouges et jaunes.
Il dessinait un champ. Et la mer après le champ.
Le soir, il faisait le lit pour sa maman. Il avait une petite banquette dans sa chambre, alors il mettait une couverture et un oreiller. Si elle revenait, elle pouvait dormir là. S’allonger directement, sans faire le lit, pas de problème.
Winter l'avait souvent vu : les proches de victimes de meurtres n'avait nulle part où se tourner, puisque le présent était fichu, le passé dévasté et l'avenir désespéré. Le temps ne cicatrisait rien du tout. Jamais.
- D'accord, dit-elle. Quelle couleur ?
- Blanche.
- Il n'y a pas de pierres blanches, papa.
- Il y a d'autres plages. Il faut chercher partout.
- Comme toi, dit-elle. Tu l'as trouvé, ce méchant bonhomme ?
- Il y en a toujours d'autres, ma grande.
Winter s'assit dans un fauteuil en cuir. Ça sentait l'argent dans cette pièce. Ça ne servait à rien à l'homme qu'il avait en face de lui. L'argent ne servait jamais à rien. Si les gens savaient ça, les casinos fermeraient, les loteries. Les criminels deviendraient gentils.
- Qu'est-ce qui n'est PAS absurde, Fredrik ?
- Un café avec une brioche.
Était-il né vieux ? Non, juste différent. Il fallait bien que quelqu'un soit différent.
La vengeance est un plat qui se sert froid. Ou s'il est servi brûlant, il se mange froid. Ça dépend peut-être d'une personne à l'autre, d'un crime à l'autre, d'un souvenir à l'autre.
L'appartement était négligé et crasseux comme seuls les membres de la haute société pouvaient se le permettre, tout comme ceux qui étaient tout en bas de l'échelle sociale. C'étaient les deux classes qui se ressemblaient le plus.
Avril était un mois sans couleurs, il n'y avait qu'un vent dur et terne et une terre qui se demandait encore si se réveiller une fois de plus valait la peine. Les personnes enclines à la dépression évitaient avril comme la peste, préféraient sauter par-dessus ce merdier et fuir vers d'autres mondes.
- Qu'est-ce que c'est que tous ces gens, là ?
- Comment ça ?
- Ils sont tous fous ?
- Pas plus que d'habitude.
S'il pouvait juste se trouver au bon endroit au bon moment, sa chance serait au rendez-vous. Elle le prendrait par la main.
Au cours de sa longue carrière, il avait rencontré des gens qui n’avait rien d’autre que des pierres au fond des yeux, ou des blocs de charbon. Mais il en avait aussi rencontré les yeux pleins de diamants,de blocs de charbon devenus diamants.C’était merveilleux quand cela se produisait. Ça n’avait pas de prix .
Tu ne sais pas qu’il à fallu dix millions d’années à cette pierre pour rejoindre la terre ferme, et que tu l’as renvoyée en dix secondes.
Mais les catastrophes rapprochaient toujours les gens, Winter l’avait souvent constaté. Les catastrophes étaient ce dont l’humanité avait besoin pour rester unie.
- Vous voulez dire qu'il bégayait?
- Oui, quand il est ému.
Parfois, Ringmar se disait qu'il n'irait au ciel que si l'enfer affichait complet mais, parfois, il osait se croire meilleur que ça. (p.230)
C'était comme si beaucoup de temps avait passé. Ces derniers jours, Winter avait voyagé à travers sa vie.
Il se leva et alla chercher sa serviette sur les carreaux en damier de l'entrée. Nous sommes les pions d'un jeu, pensa-t-il, et ce n'était pas la première fois. Il devrait peut être faire remplacer ce carrelage par quelque chose d'uni, qui ne provoque pas d'associations d'idées.
Il examina son visage dans l'ascenseur . Dans cette lumière franche , il semblait vieilli , l'âge menaçait . Mais ce n'était encore qu'une menace, c'était dans l'ordre des choses . A cinquante -deux ans, on avait le visage qu'on méritait